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   Dr. Dan VELEA

 

Chimie Historique Propriétés Terminologie
Loi Consommation Diagnostic Paraclinique
Comorbidité Somatique Thérapeutique Sevrage

Alcoolisation aiguë Alcoolisation chronique Évaluation de la consommation

TYPES DE CONSOMMATION

Il existe deux types de patients. La classification tient compte du terrain et de la personnalité des patients.

  1. Les patients de type I, chez lesquels la consommation excessive d’alcool serait associée à des troubles tels que la dépression ou l’anxiété et des conséquences somatiques importantes.
  2. Les patients de type II chez lesquels la conduite d’alcoolisation serrait plus liée à des facteurs génétiques (antécédents familiaux), au sexe masculin, au début précoce de l’adolescence avec une fréquence non-négligeable de troubles de la personnalité (conduites antisociales).

En fonction de cette classification on doit tenir compte de trois axes : biologiques, socioculturel et psychologique.

Le domaine de la génétique va apporter dans l’avenir quelques éclaircissements dans l’explication de l’alcoolisme. Les expériences sont parties d’un constat : les enfants issus des familles alcooliques qui seront adoptés par des familles abstinentes deviennent facilement alcooliques à l’âge adulte.

Le contexte socio-culturel tient compte du spécifique régional. La " culture " de la cuite et de l’alcoolisation est une constante au niveau des différents nations. Chaque pays présente son propre modèle de relation avec l’alcool. Dans des sociétés en crise, confrontés à la perte de valeurs traditionnelles, l’alcool, comme les autres substances psychotropes, remplit un rôle de ligand, facilitant la communication et l’acceptation d’une réalité de plus en plus rude et difficile à accepter. Il convient de préciser qu’il existe plusieurs façons de consommation : le solitaire - qui boit pour oublier, pour cacher sa détresse –et les fêtards – qui cherchent un milieu protecteur, socialisant, l’alcool étant le vecteur du groupe. Le partage d’un objet-sensation commun – l’alcool – permet l’affirmation de chacun des membres du groupe.

L’aspect psychologique tient compte d’une personnalité prédisposante, marquée par l’impulsivité et l’intolérance à la frustration, par la perte de contrôle. L’existence d’une hypothétique personnalité pré-alcoolique préoccupe de nombreux auteurs. L’existence des personnalités dépendantes et dépressives, susceptibles de basculer vers un véritable alcoolisme est un fait déjà constaté. Ces personnes présentent une diminution de leur capacité d’initiative, une faible autonomie, un manque de confiance en soi. L’alcool apparaît comme la Solution de tous leurs maux, pour certains alcooliques l’alcool représentant une véritable thérapie.

L’alcoolisme augmente la fréquence et la gravité des troubles anxieux ou des troubles dépressifs. L’anxiété induite par la consommation d’alcool se manifeste par une impression de peur sans objet réel. L’alcool peut diminuer de manière passagère l’angoisse. Cependant, l’alcoolodépendance chronique augmente les risques de crises anxieuses. Les troubles dépressifs induits par l’alcoolisme sont la tristesse, la baisse de l’élan et des difficultés d’endormissement. la prise prolongée de l’alcool provoque des perturbations de la vie affective, du caractère et des fonctions intellectuelles.

Selon les critères du DSM-IV, le syndrome de dépendance se caractérise par une combinaison de plusieurs symptômes :

Perte de contrôle, de la quantité et de la durée de l’alcoolisme ;
Désir puissant et compulsif de boire ;
Incapacité à réduire la consommation en dessous d’un seuil d’alcoolisation ;
Temps significatif passé à boire ou à récupérer des effets de l’alcoolisation ;
La poursuite de la consommation malgré la connaissance des problèmes liés à l’alcoolisme ;
La tolérance, qui se caractérise par le fait que l’individu a besoin de quantités de plus en plus importantes ;
L’existence d’un syndrome de sevrage à l’arrêt de l’alcoolisation ; le syndrome de sevrage se définit par la présence :
D’une hyperactivité végétative (sueurs, tachycardie, palpitations)
De tremblements
D’une insomnie ou sommeil avec des cauchemars
De nausées, de vomissements.
Agitation psychomotrice
Hallucinations transitoires.

 

Il existe deux grands types de consommation : aiguë et chronique.

Alcoolisation aiguë
La consommation et l’intoxication aiguë alcoolique ou ivresse alcoolique est caractérisée par la succession de trois phases : excitation, ébriété et dépression.

La phase d’excitation psychomotrice est caractérisée par une impression de facilité intellectuelle et relationnelle, une hyperexpansivité, une libération et une désinhibition.
La phase d’ébriété est caractérisée par une démarche instable, des gestes incoordonnées et dysmétriques, une parole bredouillante, des signes végétatifs – nausées, vomissements, diarrhée.
La phase de dépression se caractérise par une grande fatigue avec endormissement fréquent, quelquefois avec une évolution comateuse.

Le traitement se résume à une surveillance attentive des fonctions vitales, visant à prévenir les traumatismes ou les crises comitiales.

Si l’ivresse alcoolique peut se présenter sous cette forme " banale ", on peut pourtant rencontrer des ivresses " pathologiques ", qui se présentent comme des syndromes excitomotrices, hallucinatoires, délirantes, convulsivantes. L’attitude en urgence doit être rassurante – pour l’entourage et protectrice – pour le patient. Parfois il est difficile de contrôler les débordements des patients, situation qui impose le recours à une contention physique avec une éventuelle immobilisation et une injection de Valium 10 mg i.m. ou Droleptan i.m. Le pronostic des ivresses pathologiques est assombri par un plus fort pourcentage de coma. Souvent après l’ivresse, les patients présentent des " trous noirs " - amnésie rétrograde. Pour certains de ces patients, qui présentent un taux de récidive alcoolique élevé, on a avancé l’hypothèse d’une recherche inconsciente de résolution de ces vécus amnésiques. Rarement, l’ivresse pathologique se présente sous la forme d’ " hallucinose des buveurs de Wernicke ", caractérisée par illusions et hallucinations acoustico-verbales. Dans ces formes hallucinatoires délirantes, la prescription d’un neuroleptique incisif comme l’Haldol, 5 à 10 gouttes, 3 fois par jour, peut être indiquée. Dans les formes convulsivantes, la prescription d’une benzodiazépine comme le Valium per os, 10 mg matin et soir, prévient les éventuelles récidives.

Le coma éthylique se présente sous la forme d’un coma toxique ou métabolique. Il existe fréquemment une hypotonie musculaire, une dépression respiratoire, une hypotension, une hypothermie et une polyurie. La conduite à tenir est celle d’une grande urgence :

A l’arrivée aux urgences il faut pratiquer tout de suite une recherche de la glycémie, pour éliminer le diagnostic de coma hypoglycémique pur, recherche de toxique et bien sûr, dosage de l’alcoolémie ;
Remplissage vasculaire, rééquilibration hydroélectrolytique ;
Apport de vitamine (au moins 500 mg de Vit B1 par jour) ;
Sonde naso-gastrique pour éviter les fausses routes ;
Ventilation contrôlée.

En cas d’intoxication majeure (alcoolémie plus de 6 g/l) on peut proposer une épuration extra-rénale.

Les complications d’un coma éthylique tiennent compte de la présence d’un terrain fragilisé par l’alcool : pneumopathie aiguë, hépatite aiguë alcoolique, pancréatite aiguë, rhabdomyolyse par une destruction massive des protéines musculaires et insuffisance rénale.

Il est très important de rechercher les traumatismes – surtout cranio-cérébraux – souvent présent dans ce type de pathologie.

Accidents et traumatismes se rencontrent souvent pendant les alcoolisations aiguës. Des accidents de la voie publique, aux accidents de travail ou ménager, l’alcool est souvent impliqué. Les accidents de la circulation sont particulièrement graves : les accidents mortels imputables à l’alcool tournent autour de 33 à 40%.

La violence fait partie du cortège des méfaits de l’alcool. Les accidents, les comportements criminels et antisociaux (homicides, coups et blessures, délits sexuels, incendies volontaires, vols, vagabondage) ou les suicides (environ 15% des suicidants agissent sous l’influence de l’alcool), ont souvent comme point de départ une alcoolisation aiguë.

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Alcoolisation chronique

Les enquêtes épidémiologiques rapportent que 65% des hommes et 30% des femmes en France, déclarent consommer de l’alcool. Ces consommations sont variables – régulières ou irrégulières -, en moindres quantités chez les femmes que chez les hommes, différentes selon les régions et selon les professions. On rencontre souvent une polyconsommation de substances psychoactives – tabac, café, médicaments psychoactifs.

On décrit plusieurs manière de consommation chronique :

La consommation chronique à risque, représente une consommation régulière, hebdomadaire, supérieure à 28 verres chez l’homme et à 14 verres chez la femme. Le risque relatif de décès augmente. La reconnaissance de ces consommateurs à risque permet d’envisager une meilleure politique de prévention secondaire.

La consommation chronique excessive, est une consommation régulière. Quel que soit le volume et la quantité d’alcool, cette consommation se caractérise par la survenue des dommages somatiques et psychosociaux, avec une alcoolodépendance nulle ou minime.

La consommation chronique à problème, cible une catégorie de sujets qui représente la somme des consommateurs à risque et excessifs. Le concept anglophone de " problem drinkers " désigne des sujets ayant des problèmes de santé en rapport avec l’alcool et une alcoolodépendance nulle ou peu importante. Cette catégorie est souvent méconnue, mais est pourtant représentative pour les patients qui consultent facilement et qui reconnaissent leur perte de liberté envers l’alcool.

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EVALUATION DE LA CONSOMMATION

La consommation se mesure en nombre de verres, qu’il s’agisse de vin, de bière, d’apéritifs ou de digestifs. Un verre équivaut à une unité internationale d’alcool, soit 10 grammes d’alcool pur. On parle souvent des degrés alcooliques : pourcentage en volume d’alcool dans une boisson alcoolisée : ex : 10°=10% d’alcool. La densité de l’alcool = 0,8 donc 1 litre d’alcool pèse 800 grammes. Ainsi 1 litre de vin à 10° contient 80 grammes d’alcool pur.

Il semble nécessaire de préciser la rythmicité de l’alcoolisation : quotidienne et régulière ou les cuites du week-end.

 

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