En cas dagression récente, les prélèvements sont réalisés :
- dans un but médico-légal pour rechercher des spermatozoïdes et permettre une identification génétique de lagresseur.
- dans un but médical pour évaluer létat de santé initial de la victime, bilan de référence.
En cas dagression ancienne, les prélèvements sont réalisés :
- dans un but médical pour dépister au plus tôt les complications (grossesse, MST).
Les prélèvements réalisés pour les analyses à visée génétique sont guidés selon le contexte de lagression (déclarations de la victime et constatations cliniques).
Tous les prélèvements doivent être :
- RÉALISÉS avec des GANTS.
- IDENTIFIÉS (site de prélèvement) et NUMÉROTÉS dans lordre de réalisation.
- ÉTIQUETÉS rigoureusement : nom de la victime, siège, date et heure du prélèvement.
- RÉPERTORIÉS dans le certificat médical initial et le dossier clinique de la victime (nombre et sites de prélèvements).
- SAISIS et SCELLÉS par les enquêteurs.
Dans certains centres où un biologiste de proximité est disponible, cette recherche est effectuable rapidement. Le résultat de cette recherche peut alors être mentionné dans le certificat médical initial.
Prélèvement sur pipette et étalement sur lame puis fixation à la laque (ou écouvillon sec) selon les recommandations du biologiste référent qui effectue la coloration et la lecture.
Ces prélèvements ont pour but de recueillir des cellules provenant du ou des agresseurs pour établir leurs empreintes génétiques et les comparer à celles de la victime.
Ils sont acheminés par les enquêteurs au laboratoire spécialisé de biologie moléculaire qui est saisi par le magistrat.
CONDITIONS :
- le plus tôt possible après lagression,
- sans toilette préalable,
- avec un spéculum ou un anuscope non lubrifié,
- écouvillons de coton sec (type écouvillon pour bactériologie),
- séchage indispensable 30 à 60 minutes à lair libre après leur réalisation, avant de les replacer dans leur tube protecteur,
- au mieux congélation à - 18- C, à défaut conservation à 4- C possible pendant 48 h.
SITES des prélèvements : 4 prélèvements par site.
Le choix des sites de prélèvements est orienté selon les déclarations de la victime :
- vulve et périnée,
- vagin (cul-de-sac vaginal postérieur, parois vaginales), de lexocol et de lendocol,
- anus,
- bouche sous la langue, derrière les incisives et les amygdales,
- peau [compresse humidifiée (1 cm2) pour essuyer la zone tachée, sécher].
Selon le site, le délai écoulé depuis lagression au-delà duquel il devient illusoire de retrouver des spermatozoïdes est variable.
EN FONCTION DES SITES
Anus : 72 heures
Bouche : 48 heures
Peau : 24 heures
- Si possible avec le bulbe
- Conserver dans une enveloppe en papier kraft à température ambiante
- Pas de délai
- Avant toute toilette et désinfection
- Ecouvillonage pour prélèvement de salive
- Délai de 24 heures
- 1 écouvillon humidifié (sérum physiologique) puis 1 écouvillon sec par zone de morsure
- Faire sécher avant de replacer dans le tube protecteur
- Conservation à température ambiante
- Prélèvements en raclant sous les ongles de la victime ou en coupant les ongles
- Prélèvement sous chaque doigt, en identifiant chaque main
- Compresse humidifiée (sérum physiologique) montée sur un bâtonnet ou sur une cytobrosse
- Faire sécher
- Conserver dans une enveloppe en papier kraft à température ambiante
- Faire sécher à lair ambiant si besoin
- Enveloppe de papier kraft
- Conservation à température ambiante
- Pas de limite de délai pour réaliser les analyses sur les supports inertes.
Longtemps après lagression, ces supports peuvent servir de preuve médico-légale en raison de la conservation indéfinie des spermatozoïdes à lair libre.
- Sur sang de la victime
- Prélever 2 x 4,5 ml de sang sur tube EDTA
- Conservation à 4°C
- Sur grattage intra-buccal
- Si refus de la prise de sang, si enfant en bas âge ou si transfusé récent
- 4 prélèvements sur cytobrosse, à la face interne de chaque joue (2 de chaque côté) (une main à plat sur la joue, avec lautre on frotte la cytobrosse en la tournant une dizaine de fois pour racler le revêtement muqueux)
- Faire sécher avant de replacer la brosse dans lemballage dorigine
- Conservation à température ambiante
Les prélèvements sont guidés par le contexte. Les échantillons sont acheminés vers le
ou les laboratoires correspondants.
COMMENT PRÉLEVER :
Site de prélèvement | Germes recherchés | Matériel |
COL/VAGIN | Standard Gonocoque Chlamydia Trachomatis | 2 écouvillons secs 1 écouvillon + milieu stuart milieu Chlamydia |
URÈTRE | Gonocoque Chlamydia Trachomatis | 1 écouvillon + milieu stuart milieu Chlamydia |
URINE | Standard Chlamydia T par PCR | ECBU 1er jet durines |
ANUS | Gonocoque | 1 écouvillon + milieu stuart |
GORGE | Standard Gonocoque Chlamydia Trachomatis | 2 écouvillons secs 1 écouvillon + milieu stuart Gargarisme au sérum phy + milieu chlamydia |
CONSERVATION :
En cas de signe dappel, faire des prélèvements spécifiques (Herpès...).
En cas de pénétration vaginale, en raison des conséquences gynécologiques potentielles et de la possible latence de ces MST, il paraît indispensable de réaliser au minimum les prélèvements suivant :
- Examen standard et recherche de gonocoques au niveau du col utérin
- VIH 1 et 2
Bilan à 1 mois après lagression :
- Sérologies VIH 1 et 2, avec éventuellement charge virale VIH 1 en cas de doute clinique sur une primo-infection à VIH (cf chapitre suivi médical ultérieur)
Bilan à 3 mois après lagression :
- Sérologies VIH 1et 2
Bilan à 6 mois après lagression :
- Sérologies VIH 1et 2
En cas dagression récente :
- Bilan sérologique initial
En cas dagression ancienne de moins de 1 an :
- Bilan sérologique initial
En cas dagression ancienne de plus de 1 an :
- Bilan sérologique initial unique.
En cas de mise en route en urgence dun traitement antirétroviral, un bilan sanguin préthérapeutique est effectué selon la prescription du médecin référent des accidents dexposition au risque de transmission du VIH.
Bilan sanguin habituellement recommandé :
But : Identifier une soumission médicamenteuse ou toxique en cas dagression récente.
- Signes dappels : Confusion, amnésie, ivresse, hallucinations, hébétude, malaise...
Signes neurovégétatifs : hypotonie, hypotension, bradycardie...
- Déclarations de la victime alléguant une intoxication volontaire ou non (alcool, toxiques, médicaments...).
- 1 tube sec pour recherche standard de psychotropes : Antidépresseurs tricycliques, Barbituriques, Benzodiazépines
- 1 flacon à ECBU de 30 ml pour recherche de psychotropes : Antidépresseurs tricycliques, Barbituriques, Benzodiazépines, Carbamates, Phénothiazines
Si possible, recueillir le maximum de produit dans un pot en plastique.
Toujours accompagner les échantillons dune fiche de renseignements cliniques adressée en même temps au laboratoire de toxicologie.
Prendre éventuellement contact avec le laboratoire pour expliquer le contexte (clinique et/ou médico-légal) afin de cibler au mieux les investigations.
Dans le cadre d'une réquisition :
- le préciser sur la fiche de renseignements cliniques pour que les prélèvements non utilisés soient réservés.
- faire les prélèvements en double pour une éventuelle contre-expertise.
- faire mettre les scellés par les autorités requérantes.
Délai dacheminement :
- En cas durgence médicale : acheminer sans délai au laboratoire.
- Sinon, en labsence durgence médicale : conservation possible au réfrigérateur à 4- C pendant 48 h, sinon congélation (Sang, Urines, Liquide gastrique).
Germe recherché Après prélèvement
Standard Température ambiante
Gonocoque Température ambiante
Chlamydia Réfrigérateur à 4- C
- Recherche de chlamydia au niveau cervical et urétral (par PCR sur les urines).
2 Bilan sérologique et biologique
a) Bilan sérologique initial recommandé :
- VDRL, TPHA
- HTLV
- Hépatite B : Ag HBs, Ac anti-HBc, Ac anti HBs
- Hépatite C
- Chlamydia, Herpès.
Commentaires :
- Hépatite B : nous recommandons de réaliser la recherche des 3 marqueurs sauf en cas de certitude de vaccination complète, en raison de la méconnaissance fréquente des victimes à ce sujet.
- Chlamydia, Herpès : ces sérologies nauront de valeur quen cas de séroconversion à un mois.
b) Suivi biologique et sérologique ultérieur : calendrier recommandé
;
en cas dagression sexuelle récente :
- En cas de traitement antirétroviral : contrôle de la sérologie VIH un mois après larrêt du traitement, soit deux mois après l'agression si la victime a pris son traitement pendant un mois.
- Ag HBs, Ac anti-HBc : inutile si Ac anti-HBs positif sur le bilan initial
- Hépatite C
- Transaminases
- Chlamydia, Herpès, si les sérologies initiales sont positives.
- En cas de traitement antirétroviral : contrôle de la sérologie VIH trois mois après larrêt du traitement, soit quatre mois après l'agression si la victime a pris son traitement pendant un mois
- HTLV
- VDRL-TPHA
- Ag HBs, Ac anti-HBc : inutile si Ac anti-HBs positif sur le bilan initial
- Hépatite C
- Transaminases.
- Hépatite C
- Transaminases.
c) Adaptation du bilan en fonction du délai écoulé depuis lagression :
- Contrôle du bilan sérologique et des transaminases à 1 mois, 3 mois, 6 mois et 12 mois.
- Contrôle sérologique adapté en fonction du délai écoulé depuis lagression.
BILAN PRÉ-THÉRAPEUTIQUE
- NFS, plaquettes
- Ionogramme, créatinine
- Bilan hépatique : transaminases, gamma-GT, bilirubine totale, phosphatases alcalines
- Amylase, lipase.
RECHERCHE DE TOXIQUES
1. Indications
2. Moyens
Sang :
- 1 tube sec supplémentaire pour autres recherches sur indication particulière.
- 1 tube pour alcoolémie.
Urines :
- 1 flacon supplémentaire de 30 ml pour autres recherches sur indication particulière : Cannabis, Amphétamine, Cocaïne, Méthadone, Ethanol, Opiacés, Ectasy, autres...
Produits de vomissements ou liquide gastrique :
- 1 flacon pour recherche standard : Antidépresseurs tricycliques, Benzodiazépines, Barbituriques, Carbamates, Phénothiazines.
- 1 flacon supplémentaire pour autres recherches sur indication particulière.
3 Acheminement au laboratoire de toxicologie
Dernière mise à jour : mercredi 24 octobre 2001 9:15:36 Dr Jean-Michel Thurin |