Pour la Recherche n° 14, Septembre 1997 : Economie et Santé mentale


Evaluation économique
des interventions en santé mentale*
 
 
Définitions
 
o Deux types d'approche sont retrouvés dans les études portant sur l'évaluation économique des interventions en santé mentale :
 
u l'analyse globale, qui implique 4 paramètres :
- coût (exemple : comparaison d'une hospitalisation brève et d'une hospitalisation standard)
- coût-efficacité (les résultats prennent en compte le poids pour les familles, le recours à l'hospitalisation, le fonctionnement social et de santé, l'attitude professionnelle).
- coût-bénéfice (évaluation de la santé en termes monétaires)
- coût-utilité (intègre à la fois les effets en terme de qualité de vie et de durée de vie gagnée)
 
u l'analyse partielle réduite au coût, dans un lieu et à un moment donné. Ces études essayent de déterminer le coût total pour la société, incluant la perte de productivité liée à l'absentéisme ou à l'invalidité.
 
o Dans les études économiques, une distinction est souvent faite entre coûts directs et coûts indirects.
u Les coûts directs impliquent les frais relatifs à une maladie ou un trouble, incluant les dépenses hospitalières ou de soin et de garde à domicile, les actes médicaux et des autres professionnels de santé, les médicaments, les appareils, la réhabilitation.
u Les coûts indirects concernent la valeur des changements dans l'état de santé et la productivité qui résultent des troubles, pour le patient et ses proches y compris le cas où survient une mort prématurée.
 
La mesure des coûts utilise donc différentes modalités allant de l'individu au groupe élargi.
 
En psychiatrie, les situations peuvent être diverses, certains patients participant directement à la chaîne de productivité, d'autres indirectement (par l'intermédiaire de leurs proches), en plus de la population médicale concernée.
 
L'opportunité du coût d'une activité exprime sa mise en perspective avec une approche alternative qui aurait pu être réalisée avec les mêmes ressources.
 
 
Méta-analyse des études sur le thème
 
o Il existe peu d'analyses d'évaluation économique en santé mentale.
 
o Parmi les difficultés propres à la psychiatrie : définition diagnostique, variabilité de la tolérance sociale à tel ou tel comportement qui va conduire à inclure ou exclure plusieurs millions de personnes de la population mentalement malade ; défaut de consensus à propos de l'étiologie et du traitement approprié de nombreuses maladies mentales ; difficulté des patients à exprimer une évaluation ; variation de l'effet d'un traitement d'un patient à l'autre, difficulté de définir à quel moment on peut parler de guérison ; concernant l'emploi et la productivité, la perte d'emploi peut avoir lieu avant l'affirmation de la maladie mentale.
 
o La plupart de ces analyses se réduit à une étude des coûts. Les études épidémiologiques sont considérées généralement comme les plus rigoureuses du point de vue scientifique ; cependant, elles ne sont souvent pas vraiment réalisables en psychiatrie. Seuls quelques articles correspondent aux critères d'une bonne évaluation économique.
 
* Dr J.M. Thurin, à partir du très bon article de méta-analyse de Evers, Wijk et Ament (voir réf. détaillée p.2)


Dernière mise à jour : 7 juin 99

Monique Thurin





                   
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n° 14