Cette question est extrêmement large et la littérature en traite abondamment. Lintention ici nest pas de faire une revue de littérature sur chacun des différents facteurs de risque et de décrire lintervention appropriée, mais plutôt de suggérer des pistes dintervention pratiques en fonction de certains sous-groupes de personnes à risque. Le défi est grand puisquil nexiste pas de consensus très clair quant aux meilleures modalités dintervention. Les recherches évaluatives sur les meilleures pratiques en fonction des différents sous-groupes de personnes suicidaires ne sont pas très nombreuses, du moins pas suffisamment pour dégager des constats précis. Pour cette raison, une évaluation rigoureuse et systématique des interventions entreprises devrait être réalisée et rendue disponible. Nous devons savoir ce qui fonctionne avec quel sous-groupe de personnes suicidaires et ainsi cesser de reproduire des interventions qui nont aucun effet. Pour linstant, le défi consiste donc, tout en sappuyant sur un cadre théorique de référence, à agencer les modalités dintervention en fonction des buts poursuivis et des meilleurs moyens dont les intervenants disposent pour y parvenir.
Nous suggérerons certaines pistes en fonction des sous-groupes cibles, selon lâge, les événements et les types de crise.
Nous avons déjà mentionné, et dautres auteurs lont également fait, que les problèmes de santé mentale, les tentatives de suicide antérieures et la psychopathologie familiale figurent parmi les facteurs de risque les plus importants de décès par suicide. Ainsi, les stratégies mises de lavant au moment de lintervention auprès de personnes présentant des signes de pathologie mentale constituent des interventions appropriées.
Lintervention psychiatrique suivant une tentative de suicide comprend plusieurs visées :
Selon la situation vécue par la personne ayant tenté de se suicider, différentes approches peuvent être employées afin de laider à surmonter la crise suicidaire. Les études empiriques (avec groupe contrôle), qui veulent évaluer lefficacité des approches psychothérapeutiques intensives suivant une tentative de suicide, dévoilent des données ambiguës quant à leur efficacité (Möller, 1992). Ces différentes approches thérapeutiques auprès de personnes souffrant de problèmes de santé mentale ont précédemment fait lobjet dune discussion (se reporter à la question no 1). Cependant, il importe doffrir des soins aux personnes venant deffectuer une tentative de suicide, puisquelles sont à risque de recommencer.
Une intervention efficace qui vise à soutenir la population à risque (les personnes ayant des troubles affectifs, des problèmes dalcoolisme et de toxicomanie, des troubles de la personnalité, etc.), en offrant des programmes mieux adaptés, mieux ciblés et largement disponibles, peut aussi constituer une piste dintervention apte à diminuer les comportements suicidaires.
Les programmes dintervention devraient définir des cibles bien précises. Ainsi, mieux connaître les événements les plus stressants pour les hommes et pour les femmes en fonction de lâge devrait permettre dorienter les actions auprès des groupes les plus à risque, particulièrement si les personnes qui font partie de ces groupes vivent des situations difficiles et susceptibles de précipiter un geste suicidaire.
La littérature scientifique associe souvent la famille et le milieu de vie à des facteurs de risque suicidaire. Plusieurs auteurs, (Brent, 1994, 1997; Shaffer, 1988; Shafii, Carrigan, Whittinghill et Derrick, 1985) suggèrent que cest dans le milieu familial dadolescents suicidés que lon observe des taux plus élevés dantécédents familiaux de troubles psychiatriques, de troubles de la personnalité antisociale, de troubles dépressifs, dabus dalcool et de drogues, de comportements violents et de gestes suicidaires. La plupart des études qui ont analysé les facteurs de risque des tentatives de suicide et des suicides chez les jeunes ont relevé des antécédents familiaux de suicide, de maladie mentale, de problèmes dabus, de négligence et de conflits familiaux importants.
Plusieurs types dinterventions thérapeutiques visent à intervenir au près de la famille; le programme suivant vise à intervenir au domicile de la famille. Bishop et McNally (1993) décrivent un programme intensif sétendant sur une période de 4 à 6 semaines et ayant comme objectif la résolution des crises familiales. Ce programme a pour but de permettre aux individus de reconnaître la crise lorsquelle survient, de prévenir lhospitalisation psychiatrique dun membre de la famille, denseigner de nouvelles stratégies de résolution de problèmes et ainsi de prévenir déventuelles crises. La famille apprend donc à gérer les crises par lentremise dun processus dempowerment, dappropriation du pouvoir. Les parents en particulier y font lacquisition de nouvelles habiletés de gestion de conflits familiaux. Les interventions sont surtout de type éducationnel et adoptent une approche comportementale et cognitive. Ce programme permet de réduire le nombre dhospitalisations, diminuant ainsi les coûts de prise en charge.
Bien quefficace, ce type dintervention est contre-indiqué dans plusieurs situations : lorsque la famille entière vit une crise suicidaire, lorsque le milieu familial est la source de la crise, lorsquun enfant présente des symptômes psychotiques ou une déficience mentale, et/ou lorsque la personne suicidaire est à risque élevé de suicide.
Tout programme qui vise à soutenir les familles à risque ou les familles vulnérables pourrait avoir une action positive dans la réduction du taux de suicide.
Lenfance
Le suicide chez les enfants est un phénomène rare mais troublant lorsquil survient. Les jeunes enfants sont souvent perçus par les adultes comme vivant une période heureuse de la vie. Par conséquent, leur souffrance, leur détresse et leur malheur peuvent, dans certains cas, navoir aucun écho auprès des adultes de leur entourage. Ce nest pas parce les enfants jouent quils sont forcément heureux. Il faut être capable de reconnaître les indications de détresse chez les jeunes enfants. Ces symptômes et ces comportements doivent être enseignés clairement aux parents et aux adultes qui jouent un rôle significatif dans lentourage des jeunes. Informer plus et mieux les parents, en début dannée scolaire, sur les signes et les symptômes de la dépression et leur faire connaître les ressources dorientation disponibles pour eux et pour leurs enfants savèrent des stratégies efficaces.
Il est aussi nécessaire dinformer les parents quant aux difficultés associées à la résolution des deuils chez les enfants. Que ces deuils surviennent à la suite dune perte traumatique, dun suicide ou dautres pertes affectives, ils ne seront pas vécus par lenfant de la même manière que par ladulte, mais lenfant en sera tout aussi bouleversé. De plus, si les parents vivent le même deuil, il est possible que lattention et le soutien que reçoit lenfant de la part des adultes de son entourage soient insuffisants, exacerbant ainsi le contexte de solitude et faisant naître un sentiment dabandon chez cet enfant. Lintervention auprès des enfants doit nécessairement inclure les parents et la famille.
Dépister et intervenir auprès des familles vulnérables, auprès des familles en crise, auprès des jeunes enfants, soutenir et donner du répit aux parents, toutes ces interventions constituent des stratégies prometteuses en vue de diminuer les comportements suicidaires. De même, plus le dépistage des difficultés se réalise de manière précoce, plus laide apportée est efficace.
Ladolescence
Beaucoup de programmes qui visent les adolescents simplantent en milieu scolaire, puisque les jeunes y passent une grande partie de leur journée et que cest un milieu où il est facile de les joindre. Cependant, ce serait une erreur de se concentrer uniquement sur le milieu scolaire. La présence dintervenants dans le milieu de vie des jeunes à lextérieur de lécole est aussi souhaitable.
Plusieurs études ont démontré que les jeunes qui ont des comportements suicidaires ou qui se sont suicidés se sont confiés à des amis avant de passer à lacte. Ainsi, cette dimension damitié, dintimité et de relations privilégiées est au cur de ladolescence. Sans décrire toutes les étapes de développement associées à ladolescence, il faut, lorsquon établit des modalités dintervention auprès des adolescents, tenir compte du stade de développement dans lequel ils se situent et des caractéristiques associées à cet âge. Par exemple, en fonction du stade de développement moral dans lequel ils se trouvent (Kohlberg et Higgins, 1987), il sera important pour les adolescents de garder un secret. Pour eux, dévoiler un secret pourra être perçu comme une trahison. Ainsi, les programmes qui visent le dépistage entre pairs (les programmes de pairs aidant) peuvent avoir une efficacité mitigée si, au préalable, on namène pas les adolescents ciblés à des changements de perception cognitive à légard du secret. Quel secret peut être respecté et quel secret doit être dévoilé. Le programme devra les amener à réaliser que le dévoilement dune confidence suicidaire peut aider une personne en détresse et briser lisolement dans lequel elle se situe. Nest-il pas plus précieux de sauver une vie que de conserver un secret?
Les adolescents auront des comportements dindividualisation et de distanciation par rapport aux adultes. Compte tenu de leur niveau de développement, les adolescents ne rechercheront pas daide psychologique de manière active sils ont des difficultés. Une attitude plus active de la part des intervenants sera nécessaire pour établir un lien de confiance avec les adolescents. Attendre la demande est une attitude généralement inefficace puisque les adolescents, particulièrement les jeunes hommes, consultent rarement de leur propre initiative les professionnels de la santé mentale. Une pratique différente doit être élaborée auprès des jeunes hommes et des adolescents, une pratique centrée sur létablissement de liens de confiance. Dans ce contexte, lintervention en situation de crise peut souvent se réaliser hors des bureaux dintervenants, directement dans les milieux de vie des jeunes et des adolescents.
Bien que les professionnels de la santé mentale croient en la nécessité doffrir une psychothérapie aux adolescents ayant tenté de se suicider, les preuves empiriques de lefficacité de cette pratique demeurent encore très ambiguës, comme le démontrent globalement les recherches suivantes.
La recherche de Ross et Motto (1984), conduite auprès dadolescents ayant présenté des comportements suicidaires, montre quune intervention de 35 sessions étalées sur 40 semaines, qui consistait à élaborer des stratégies et des mécanismes dadaptation efficaces, à améliorer lestime de soi et à favoriser lemploie du réseau de soutien, a produit des résultats bénéfiques. Au cours dun suivi effectué deux ans plus tard, aucun des jeunes qui ont été joints (n=14) navait fait de tentative de suicide subséquente.
Deykin et al. (1986) ont mené une étude auprès dadolescents ayant fait une tentative de suicide ou ayant des idéations suicidaires : 172 adolescents faisaient partie du groupe expérimental (le travailleur social aidait le jeune et sa famille et leur offrait la possibilité davoir recours à dautres services si nécessaire) et 147 adolescents faisaient partie du groupe contrôle. Les résultats ne démontrent aucune différence quant au nombre de tentatives de suicide ou de comportements suicidaires présents chez les jeunes des deux groupes à la suite de leur participation à une intervention ou à une autre. Létude suggère toutefois des effets bénéfiques en ce qui touche le traitement du groupe expérimental pour les jeunes à risque de récidive élevé.
Rudd et al. (1996) ont effectué une recherche auprès dadolescents et de jeunes adultes ayant des antécédents de comportements suicidaires. Un échantillon de 143 participants faisant partie du groupe expérimental (avec enseignement de moyens de résolution de problèmes, méthode psychoéducative et expression des émotions en groupe) a été comparé à un autre de 121 participants dun groupe contrôle (activités standard). Les résultats dévoilent une meilleure efficacité de lintervention dans le cas du groupe expérimental.
Brent et ses collègues (1996) ont comparé les effets (1) dun traitement cognitivo-comportementale, (2) dun traitement systémique comportementale et familial,, et (3) dun traitement de soutien non directif auprès de trois groupes dadolescents dépressifs et suicidaires. Les résultats révèlent quaucun traitement nest plus efficace quun autre.
En général, les recherches démontrent quun traitement psychothérapeutique est utile pour un nombre considérable dadolescents qui ont fait une tentative de suicide, mais que, pour un certain nombre dentre eux, les bénéfices sont minimes.
Ainsi, dautres pistes dintervention peuvent être envisagées auprès des jeunes :
Lâge adulte
Les données québécoises démontrent que, chez ladulte, les facteurs de risques associés au décès par suicide se retrouvent surtout dans la population masculine (St-Laurent, 2000), particulièrement chez les jeunes hommes de 20 à 45 ans. Pour la France, les données suivantes (OMS, 2000) décrivent une situation similaire.
Nombre de suicides par âge et par sexe en France, 1997
Âge |
5-14 |
15-24 |
25-34 |
35-44 |
45-54 |
55-64 |
65-74 |
75 et + |
Total |
Hommes |
12 |
534 |
1 206 |
1 634 |
1 590 |
911 |
919 |
1 293 |
8 099 |
Femmes |
11 |
167 |
362 |
519 |
618 |
446 |
404 |
513 |
3 040 |
TOTAL |
23 |
701 |
1 568 |
2 153 |
2 208 |
1 357 |
1 323 |
1 806 |
11 139 |
En France, on a observé (Debout, 1993; Nizard, Bourgoin et Divonne, 1998) que les célibataires, les veufs et les divorcés se suicident plus que les personnes mariées, sans égard pour lâge ou le lieu de résidence. LEnquête sociale et de santé 1993 révèle que les personnes seules ou célibataires présentent davantage didées suicidaires et commettent plus de gestes suicidaires que les personnes des autres catégories.
Le profil social des personnes suicidaires constitue un élément primordial dont il faut tenir compte au moment de létablissement de programmes de prévention et dintervention. Il faut considérer le statut dactivités professionnelles des adultes qui sont ciblés dans un programme de prévention du suicide. Si les jeunes hommes ne fréquentent plus lécole, il faut trouver un autre lieu pour les joindre. Le Center of Disease Control dAtlanta) (CDC) rapportait que la majorité des programmes concernant les jeunes sadressaient presque exclusivement aux adolescents fréquentant lécole. Pourtant, plusieurs jeunes de 16 ans et plus qui ne vont plus à lécole se retrouvent souvent parmi les jeunes les plus à risque de suicide.
Par conséquent, les interventions devraient cibler une plus grande diversité de lieux dintervention, particulièrement dans les domaines ou la population masculine est importante.
Favoriser la mise en place de programmes ou dactivités qui sadressent aux personnes seules et isolées socialement et affectivement pourrait savérer une stratégie efficace.
Une autre stratégie consisterait à informer les proches et lentourage des signes et des symptômes associés aux comportements suicidaires, afin que ceux-ci encouragent ou amènent les personnes en crise suicidaire à consulter. Créer des lieux de consultation plus adaptés aux besoins de la population masculine pourrait également ajouter aux chances de succès dune bonne stratégie.
Au sein de la population adulte, mettre sur pied des groupes de soutien particulièrement adaptés aux besoins des personnes âgées endeuillées, dépister et mieux traiter la dépression chez les personnes âgées, soutenir davantage les intervenants professionnels et les médecins traitants dans lintervention et la prise en charge des personnes souffrant de problèmes de santé mentale et assurer un meilleur contrôle sur les moyens de suicide, en particulier en ce qui a trait à lentreposage des armes à feu, etc. pourraient constituer des stratégies efficaces visant à réduire les comportements suicidaires.
Baldwin (1978) a identifié six types de crises pouvant prendre place dans un même continuum. La sévérité de ces crises augmente lorsque lévénement précipitant provient dune source interne plutôt quexterne (lenvironnement). Dailleurs, lorsque la source de la crise est interne, il faut vérifier la présence dune psychopathologie. Ces six catégories de crise sont ici présentées avec une brève définition ainsi que des principes dintervention sous-jacents.
Crise associée à une situation spécifique
Cette crise se traduit par la présence dune détresse provenant dune situation problématique. Lintervention ne doit pas être dirigée spécifiquement vers la résolution émotionnelle de la crise. Elle implique que lintervenant doit adopter un rôle de référence, déducateur, de déclencheur de laction et de diffuseur de linformation. En général, le traitement de cette crise requiert une clarification de la situation problématique, une mobilisation des services utiles à la résolution de cette difficulté ainsi que loffre dun soutien approprié.
Crise de transition
Cette crise résulte de lanticipation dévénements normaux découlant de transitions de vie, mais que lindividu ressent comme étant hors de son contrôle (ex. : retraite, devenir parent, etc.). Le rôle du thérapeute est daider le client à acquérir une compréhension profonde du changement à venir et de la façon dont celui-ci prendra place dans sa vie, ainsi que de favoriser lexploration de toutes les implications psychologiques associées à cette période de changement. Il est judicieux de travailler avec la personne à lélaboration de mécanismes et de stratégies dadaptation qui seront utiles au moment opportun. Lapproche thérapeutique de groupe peut aussi être envisagée. Les expériences diverses qui sont racontées en thérapie de groupe peuvent aider à la préparation et aux répercussions de la transition de vie à venir.
Crise à la suite dun événement traumatique
Cette crise émerge à la suite dun stress intense résultant dune situation traumatique inattendue et incontrôlable, engendrant une émotion extrême (ex. : viol, perte soudaine dun être cher, etc.). Les mécanismes et les stratégies dadaptation habituels sont alors inefficaces. Lintervention auprès de cette personne implique la mobilisation de tout le soutien social durant la période où limpact de lévénement stressant se fait sentir, jusquau moment où la personne réussit à mobiliser ses propres ressources pour faire face à la situation. Les émotions négatives devraient faire lobjet dune attention particulière. Il faut aider la personne à en prendre connaissance et à les exprimer.
Crise de développement
Cette crise est la conséquence de difficultés relationnelles et interpersonnelles, de difficultés associées à des troubles de dépendance, didentité sexuelle, de conflits de valeurs, etc. Le rôle de lintervenant se résume alors à aider le client à reconnaître et à conceptualiser la tâche de développement non résolue dont découle la présente crise. Il devra aussi non seulement faciliter lémergence de réponses mieux adaptées à la situation présente, mais aider lindividu à résoudre efficacement la tâche de développement qui na pas été positivement résolue.
Crise associée à la psychopathologie
La psychopathologie peut favoriser lémergence de la crise émotionnelle ou nuire et compliquer la résolution adaptée de celle-ci. Dans un premier temps, le thérapeute devrait se concentrer sur la problématique qui a engendré la présente crise, lobjectif étant de stabiliser autant que possible le fonctionnement de la personne. À ce stade, lintervenant devrait éviter daborder directement les conflits émotionnels intenses vécus par la personne. De plus, cette intervention de crise devrait être suivie dune thérapie à long terme où le traitement de la psychopathologie serait alors le principal enjeu.
Crise associée à une urgence psychiatrique
Cette crise résulte dun dysfonctionnement généralisé qui rend la personne en crise incapable dassumer ses responsabilités personnelles, ce qui pourrait justifier tout autant une intervention médicale quune intervention psychologique. Par exemple, ce type de crise pourrait émerger dun trouble psychotique aigu, de problèmes de gestion des impulsions, dune intoxication, etc. Lintervention dans ce cas se réalise en quatre étapes : a) lestimation de la condition psychologique et/ou médicale; b) la clarification de la situation qui a provoqué la crise actuelle; c) la mobilisation des ressources de santé mentale et/ou médicales nécessaires au traitement de la personne; et d) lassurance dun suivi adéquat qui prendra la relève de lintervention en situation de crise.
Quelles sont les spécificités associées à lintervention en situation de crise en fonction des facteurs de risque? Recommandations
La qualité du lien thérapeutique qui sétablira entre la personne en crise et lintervenant sera la clé du succès. Le sentiment dêtre compris et accepté par lintervenant et la capacité détablir un bon contact avec la personne suicidaire ne se substituent à aucune technique, quelle quelle soit. Par conséquent, le clinicien aura à établir un plan dintervention en fonction des différentes dimensions du problèmes éprouvé par une personne particulière. Aucun programme ne doit être appliqué intégralement et ne doit se substituer au meilleur jugement clinique dun praticien bien formé. Une formation adéquate et une supervision continue permettront aux cliniciens de maintenir un sentiment de compétence dans les situations thérapeutiques les plus délicates. Dans le contexte où il est difficile de prévoir qui sera en crise suicidaire et à quel moment, tout comme il est difficile de définir la meilleure approche, il devient important davoir des intervenants bien formés, dans tous les milieux (hôpitaux, écoles, centres jeunesse, etc.), qui auront les compétences nécessaires et seront prêts à intervenir si une situation de crise suicidaire se manifeste. Les jeunes hommes font partie des groupes à risque de suicide; ils consultent peu les services daide et de soins psychologiques. Une réflexion sur nos pratiques actuelles devrait être amorcée afin de mettre en place des services qui répondraient mieux aux besoins de cette clientèle. Les familles et les parents, à moins quils ne soient eux-mêmes en crise suicidaire ou trop vulnérables, devraient être davantage intégrés dans une stratégie globale de protection à légard des jeunes en crise suicidaire. Informer plus et mieux les parents en début dannée scolaire sur les signes et les symptômes de la dépression et sur les ressources dorientation pour eux et leurs enfants constitue une stratégie efficace. |
Lintervention en situation de crise sapplique dans certaines situations précises. Bien que ce modèle soit de conceptualisation simple et offre une méthode et une technique dintervention spécifiques, il y a un danger à vouloir trop généraliser les applications de ce modèle et à vouloir lappliquer à trop de situations psychopathologiques.
Le défi actuel pour les intervenants en suicidologie consiste à élaborer des approches novatrices basées sur un cadre conceptuel précis, puisque force nous est de constater que la mise en place dactivités de prévention et dintervention du suicide ne sappuie pas toujours sur des éléments de connaissances bien établies. Il est donc nécessaire de continuer à documenter le phénomène et de tenter de mieux cibler quels types dintervention sont efficaces auprès de quels sous-groupes de personnes suicidaires. Il faut acquérir une meilleure connaissance des interventions qui pourront servir de protection et aideront à renforcer la résilience des personnes vulnérables en détresse suicidaire.
Lévaluation des différents programmes devrait être systématique et faire partie intégrante de la planification des programmes de prévention ou dintervention. Dans le même ordre didées, la formation et la supervision des intervenants ainsi que le maintien des acquis représentent également des conditions essentielles au succès des interventions, particulièrement en ce qui a trait à la détection et à la prise en charge.
Aidant naturel
Ces termes sont utilisés pour désigner une personne qui, dans un réseau social, fournit une aide informelle à une autre personne.
Intervenant
Ce terme est utilisé au sens large pour désigner un individu qui exerce dans un cadre professionnel ou dans un cadre bénévole de type associatif.
La personne en crise
Ces termes sont utilisés au sens large puisque lon parle ici dindividus pouvant vivre une crise suicidaire sans nécessairement faire référence aux seuls patients psychiatriques.
Paraprofessionnel
Ce terme est utilisé pour désigner un intervenant bénévole (ou non) formé et supervisé.
Ressources
Ce terme est utilisé au sens large pour désigner des services de professionnels ou des services dispensés par des structures de soins.
Stratégies et mécanismes dadaptation
Ces termes sont utilisés pour faire référence aux stratégies et aux mécanismes de coping.
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Liste des instruments de mesure en français
Échelle de dépistage du risque suicidaire (EDRS), Grenier, MPs et St-Onge, MPs
Échelles de désespoir de Beck (EDB), Cottraux, MD
Échelles des idéations suicidaires de Beck (EISB), De Man, PhD
Échelle de probabilité de suicide (EPS), Labelle, PhD, Daigle, PhD et Pronovost, PhD
Grille de lurgence/risque suicidaire (GRU), Forget, MPs
Grille du risque/sauvetage (GRS), Wilmotte, MD
Index du potentiel suicidaire (IPS), Labelle, PhD
Indices de détresse psychologique (IDPESQ)
Inventaire de dépression de Beck (IDB)
Inventaire des raisons de vivre (IRV), Labelle, PhD et Lachance, PhD
Questionnaire des idéations suicidaires (QIS), Pronovost, PhD
Questionnaire de souffrance psychologique (QSP), Sheidman, PhD
Questionnaire dopinion sur le suicide (QOS)
Questions de lenquête Santé Québec (QESQ)
Test des attitudes sur le suicide (TAS), Tremblay, MPs
Liste des instruments de mesure en anglais
Adult Suicidal Ideation Questionnaire (AISQ), Reynolds, PhD
Aftermath of Suicide Instrument (ASI), Calhoun, PhD
Beck Depression Inventory (BDI), Beck, MD
Beck Hopelessness Scale (BHS), Bech, MD
Child Suicide Potential Scales (CSPS), Pfeffer
Counselor Checklist for School-Based Suicide (CCSS), Patrick, PhD et Francis, PhD
Factors in Assessing Suicide Lethality (FASL), Battle, PhD
Fear of Death (FD), Lester, PhD
Firestone Assessment of Self-Destructive Thoughts (FAST), Firestone, PhD
Harkavy-Asnis Suicide Survey (HASS), Harkavy, PhD et Asnis, MD
Hopelessness Scale for Children (HSC), Kazdin, PhD
Index of Potential Suicide (IPS), Zung, PhD
Indirect Life Threatening Behavior Scale (ISDB), Franklyn, PhD
Inventory of Suicide Orientation-30 (ISO-30), King, EdD et Kowalchuk, EdD
Lethality of Suicide Attempt Rating Scale (LSARS), Smith, PhD
Measure of Adolescent Potential for Suicide (MAPS), Eggert, PhD
Multi-Attitude Suicide Tendency Scale (MAST), Orbach, PhD
Positive and Negative Suicide Ideation Inventory (PNSII), Osman, PhD
Preventing Teenage Suicide (PTS), William, PhD
Psychological Pain Assessment Scale (PPAS), Sheidman, PhD
Psychological Autopsy (PA), Sheidman, PhD
Reasons for Living Inventory (RFL), Linehan, PhD
Revised Suicide Potential Scale (RSPS), Miskimins, PhD
Risk Estimator for Suicide (RES), Maltsberger, MD
Risk-Rescue Rating (RRR), Weisman, MD and Worden, PhD
SAD Persons Scale for adult (SAD-A), Patterson, MD
SAD Persons Scale for children (SAD-C), Juhnke, EdD
Schedule for Affective Disorder and Schizophrenia (K-SADS), Puig-Antich, MD
Suicidal Behaviors Questionnaire (SBQ), Smith, PhD
Suicidal Death Prediction Scales (SDPS), Lettieri, PhD
Suicidal Ideation Questionnaire (SIQ), Reynolds, PhD
Suicide Assessment Checklist (SAC), Rogers, PhD
Suicide Assessment Scale (SAS), Stanley, PhD
Suicide Circumstances Schedule (SCS), Brent, MD
Suicide Ideation Interview (SPI), Reynolds, PhD
Suicide Ideation Items (SII), Garrison, PhD
Suicide Ideation Scale (SIS), Rudd, MD
Suicide Intent Questionnaire (SIS), Leniehan, PhD
Suicide Intent Scale, Beck, MD
Suicide Intervention Response Inventory (SIRI), Neimeyer, PhD
Suicide Probability Scale (SPS), Cull PhD et Gill, PhD
Suicide Opinion Questionnaire (SOQ), Domino, PhD
Suicide Risk Measure (SRM), Plutchik, MD
You and Death (YD), Shneidman, PhD
Wenz Suicide Potential Scale (WSPS), Wenz, PhD
Dernière mise à jour : dimanche 29 octobre 2000 19:36:11 Monique Thurin