ENQUETE CAS-TEMOINS SUR LES AUTEURS PRESUMES D'AGRESSIONS
SEXUELLES INCARCERES
ANALYSE DES DONNEES
Françoise CASADEBAIG et
Nicole QUEMADA
JUIN 1996
Enquête
réalisée par
C. BALIER, A. CIAVALDINI et M.
KHAYAT
financée par la Direction
Générale de la Santé
Table des matières
I.
Présentation
de l’enquête
I.1.
Nature
de la recherche
I.2.
Hypothèse
générale
I.3.
Objectifs
de la recherche
I.4.
Méthodologie
.... ........
I.5.
Partenariat
scientifique .
I.6.
Temps
de recherche ....
I.7.
Mise
en place d'une "trame relationnelle thérapeutique"
II.
Principaux
résultats
1. Description
générale des Cas et des Témoins 8
1.
Données
socio-démographiques
2.
Nature
du délit ............
3.
Antécédents
judiciaires ......
4.
Investigation
de la vie sexuelle
5.
Investigation
de la personnalité
6.
Investigation
familiale .........
7.
Investigation
somatique
8.
Evaluation
par l'investigateur
2. Description des
agresseurs sexuels et de leur acte
1.
Nature de l'acte -
2.
Description de l'acte
3.
Perception de l'acte par le sujet
3.Comparaison Cas
/Témoins
1.
Données
socio- démographiques
2.
La
victime
3.
Vie
sexuelle des agresseurs
4.
Investigation
de la personnalité
5.
Difficultés
relationnelles
6.
Comportement
relationnel avant l'incarcération
7.
Comportement
émotionnel avant l’incarcétation
8.
Comportement
relationnel pendant l'incarcération
9.
Antécédents
psychiatriques
10.
Addictions
11.
Investigation
familiale
12.
Evaluation
par l'investigateur
III Conclusion
I. PRESENTATION DE L'ENQUETE
par A. CIAVALDINI
La
constatation depuis un quart de siècle de l'augmentation
constante des délits et
crimes sexuels, l'accélération depuis ces 10 dernières
années de l'incarcération des sujets agresseurs sexuels
(>110%) place les systèmes publics. tant judiciaire que de
Santé, devant une responsabilité éthique, que ce soit face
aux victimes à qui il convient d'apporter une aide thérapeutique,
ou face aux agresseurs qu'il convient de prendre en charge, tant
pénalement que thérapeutiquement, afin de protéger d'une
éventuelle récidive tous les citoyens, enfants et adultes,
victimes potentielles.
S'intéresser
aux agresseurs sur un plan thérapeutique pose la question du traitement
et donc de l'aide à apporter à ces personnalités. De
manière sous jacente est implicitement posée la question de la
prévention, voire de la prédiction de tels actes. Avant de
parvenir à développer des moyens d'actions efficaces, il est
nécessaire d'évaluer le fonctionnement mental de tels sujets afin
de comprendre l'économie psychique de l'acte d"'agression
sexuelle". Une telle démarche suppose un temps d'étude des
données recueillies différencié du temps d'application du protocole de soins.
Cependant, dans le cadre de cette
étude, la sensibilité du
thème traité, les
contraintes institutionnelles du milieu carcéral (non
disponibilité, mobilité des sujets, séparation des
sphères santé / justice) rendait nécessaire un abord
concomitant des deux temps. Il était donc impératif que le
recueil des données, permettant l'évaluation de la
personnalité de ces sujets, soit en même temps pour eux une
expérience thérapeutique. Il s'agissait pour nous de trouver les
éléments
permettant de construire une
solution intégrée à notre culture
française. en utilisant les
moyens déjà en place permettant l'accueil de ce type de
population, à savoir les SMPR. Nous avons donc choisi la modalité
d'une "recherche-action" dans la quelle nous avons impliqué
les équipes des SMPR ayant accepté de travailler avec nous.
1 – NATURE DE LA RECHERCHE
La nature de cette recherche
s'inscrit dans une optique thérapeutique selon un axe de
compréhension psychanalytique. Cependant compte tenu des prémisses
nécessaires de connaissance des sujets, elle se situe dans un champ
d'épidémiologie clinique dont l'approche proprement dite sera
psychologique.
2 - HYPOTHÈSE
GÉNÉRALE
Le délit sexuel n'est pas
exclusivement l'œuvre de personnalité à organisation
“perverse", mais appartient à un tableau
économico-dynamique complexe dont il constitue, à un moment
donné, un point de rupture mais peut-être aussi une ultime
tentative de mise en forme de ce qui n'a pu venir se représenter
psychiquement.
L'acte délictueux ne doit pas
masquer ce qu'il représente pour le sujet qui l'accomplit, à
savoir la mise en œuvre d'un mécanisme de sauvegarde psychique et
non un simple système de réponse à une excitation. Il
serait le signe d'un inachèvement
des processus de transitionnalité
psychique.
3 - OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
L'objectif sous-jacent à ce
travail de recueil des données est de mobiliser les volontés des
membres des équipes autour d'un projet de recherche permettant de
développer une meilleure compréhension de ce type de
criminalité et donc une meilleure efficience thérapeutique.
L'espoir à terme étant de : réduire le taux de
récidive par le développement de protocoles d'aide et de suivi
thérapeutique de l'agresseur; définir des critères de
"bons répondeurs" à un traitement psychique; mettre en
lumière les éléments prédicteurs des conduites
délictueuses de cet ordre.
Notre procédure de recherche
repose donc sur un double axe évaluatif et thérapeutique.
Axe
évaluatif
L'évaluation
s'est effectuée sur la base d'un questionnaire élaboré
avec la collaboration de l'équipe du SMPR de Varces
pré-testé et testé in situ par celle-ci. Un an fut
nécessaire à sa mise en œuvre après 12 versions
successives.
Axe
thérapeutique :
Le questionnaire est
réalisé de telle manière qu'il fonctionne comme un
“aménageur thérapeutique" permettant, malgré la
contrainte de recueillir des données, une mise en forme, une verbalisation
par le sujet de ses vécus
4 - MÉTHODOLOGIE
Les
outils de recueil des données sont de deux ordres : un
questionnaire et des épreuves
projectives.
4.1 - Construction du
questionnaire
Notre questionnaire comporte 3 types
de questions : ouvertes, semi-ouvertes et fermées.
Le questionnaire nommé QIPAAS
(Questionnaire d'Investigation pour les Auteurs d'Agressions Sexuelles) explore
3 registres complémentaires : épidémiologique,
thérapeutique et préventif (évaluation clinique). Il est
conçu selon une progression hiérarchisée en 11 parties :
1 - Recueil de
critères socio-démographiques;
2 - Exploration de la
nature du chef d'inculpation et de la reconnaissance des faits par le sujet
délinquant,
3 - Nature de l'acte
délictueux,
4 - Description
précise de l'acte;
5 - Perception de
l'acte par le sujet et des conséquences pour
la victime;
6 - Investigation de
l'acte sexuel en dehors de l'acte consigné dans le chef d'inculpation;
7 - Investigation de
la personnalité : angoisses, phobies,
activité
onirique, comportement relationnel et émotionnel avant et pendant
l'incarcération, antécédents psychiatriques,comportements
addictifs, enfance du sujet;
8et 9 - Investigation
familiale : recherche d'éléments ou d'effets de
transgénérationnalité;
10 - Investigation
somatique;
11 - Evaluation par
l'investigateur permettant l'étude du contre-transfert de
l'investigateur.
Le questionnaire a été
testé et validé en situation Pénitentiaire auprès
d'agresseurs sexuels.
4.2 – Populations :
comparaison de 2 groupes : Agresseurs sexuels et Témoins
Le recrutement des populations de
nos deux cohortes est
national. Il a été
effectué à l'intérieur de 18 SMPR et CD et répartis
sur l'ensemble du territoire français.
Notre recrutement comprend :
1 - une population de 176
"agresseurs sexuels", c'est à dire des sujets
incarcérés pour un acte relevant d'une qualification judiciaire
sous les termes d’agressions sexuelles".
2 - Une cohorte témoin de 32
sujets incarcérés pour acte de violence physique sans violence
sexuelle même dans les antécédents judiciaires (Coups et
Blessures Volontaires ayant ou non entraîné la mort).
Dans les deux populations les sujets
sont des "tous venants" prévenus ou condamnés, qui ne
devaient pas avoir eu, depuis l'incarcération en cours, de prise en
charge psychothérapeutique.
3- Un groupe de 30 sujets soumis
à des épreuves projectives, tirés au sort parmi les sujets
répondants aux critères d'inclusion suivants : le fait
d'être incarcéré, l'intitulé pénal de l'acte,
le fait d'avoir répondu au QIPAAS et être âgé entre
25 et 45 ans inclus.
4.3 - Nécessité des
épreuves projectives
Deux épreuves ont
été retenues : le RORSCHACH, qui apprécie
l'intégration libidinale corporelle et le T.A.T, qui explore les
mécanismes défensifs prévalents. Ces preuves relativement
standardisées permettront de valider cliniquement le questionnaire.
4.4 - Recueil des données
Le recueil des données
s'effectue en plusieurs temps.
1 - Entretiens
(en moyenne 3, d'une heure chacun)
permettant de remplir soit le QIPA-AS; soit un questionnaire similaire pour le
groupe témoin dont la partie concernant l'acte sexuel délictueux
a été expurgée.
2 – Formation des
personnels
Pour assurer la pertinence de ces
entretiens et permettre l’homogénéité des
investigations, il a été nécessaire de garantir une
formation continue aux personnels assurant ce recueil. L'ensemble des équipes
participant à 1-1 recherche a été rencontré tous
les mois et demi pendant 2 ans. Ces réunions centrées sur la mise
en œuvre de la recherche et les interrogations que suscitait le recueil
des données auprès des agresseurs sexuels, étaient
émaillées d'apport tant théoriques que cliniques. Ainsi
s'est constitué un travail de liaison et de réflexion entre les
différents professionnels et les différentes équipes
permettant le développement d'une plus grande cohérence dans la
prise en charge de ce type de patients.
3 - Passation des épreuves
projectives pour un
échantillon de nos populations, Rorschach puis TAT, par des
investigateurs différents de ceux qui font passer le QIPAAS. Les
épreuves projectives, passées en aveugle, ont été
traités par d'autres cliniciens projectivement.
4.5 - Traitement des
données
Les diverses données
recueillies sont traitées informatiquement, après codage des
questions selon la séquence suivante : tri à plat, tri
croisé, analyses factorielles(*)
Nous avons opté pour une
triple approche : la première porte sur l'ensemble des sujets agresseurs
sexuels ou non, la seconde est relative aux seuls agresseurs sexuels et la
troisième établit une comparaison entre les cas et les
témoins
La comparaison cas/témoins
est faite par le test du khi2 avec un risque de première espèce
retenu de 5%.
Le traitement informatique des
données a obtenu l'accord de la CNIL (Comité National
Informatique et liberté), par arrêté du 28 mars 1995.
(*) Traitement effectué par
la Société EVAL
5 – PARTENARIAT
SCIENTIFIQUE
- Laboratoire de Psychologie
Clinique de l'Université de Paris V, dirigé par Mine le
Professeur C. CHABERT, pour la passation et le traitement des épreuves
projectives;
- Unité 302 de l'INSERM, Mmes
F. CASADEBAIG et N. QUENL,~£DA,
(CCOMS) pour l'analyse des
données issues du questionnaire.
Enfin, dans le cadre d'une
convention de coopération scientifique antérieurement
signée nous avons collaboré, pour le recrutement
d'étudiants psychologues, codeurs du questionnaire, avec le Laboratoire
de Psychologie Clinique et Pathologique de
l'Université Pierre
Mendès-France, Grenoble 2.
6 - TEMPS DE RECHERCHE
La recherche est actuellement
programmée sur 3 ans et donnera lieu à un rapport fin courant du
second semestre 1996. Deux rapports d'étapes ont déjà
été fournis à la DGS, le premier en décembre 1994,
le second en décembre 1995.
7 - MISE EN PLACE D'UNE
"TRAME RELATIONNELLE THÉRAPEUTIQUE" À ÉVALUATION
INTÉGRÉE
Après la mise en
correspondance des résultats du questionnaire et des résultats
des épreuves projectives, le terme de ce travail sera de constituer un
outil utilisable par les différents personnels soignants exerçant
dans les centres psychiatriques pénitentiaires. Cet outil fournira une
"trame relationnelle thérapeutique" permettant à la
fois de suivre le sujet délinquant sexuel tout en autorisant une
évaluation en continu de sa maturation psychique.
III.
PRINCIPAUX
RESULTATS
1. DESCRIPTION GENERALE DES CAS
ET DES TEMOINS
1.1 DONNEES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES
La population, uniquement masculine,
se compose de : 176 cas d'auteurs présumés d'agressions sexuelles
("cas" ou "agresseurs sexuels") et 32 témoins ou
"non agresseurs sexuels".
58% sont des prévenus et 42%
des condamnés. Il n'y a pas de différence entre les deux groupes.
Le délit date de moins de un an
pour près de la moitié d'entre
eux (45%).
La moyenne d'âge est de 38,5
ans. Les âges vont de 19 à 72 ans,
75% des sujets ont moins de 46 ans.
93% des interrogés sont
d'origine française.
78% des interrogés ont un
niveau d'éducation primaire et 72%
ont entrepris une formation
professionnelle. Pour 80% de ceux-là, c'est une formation manuelle -
artisan.
14% appartiennent à une
catégorie socio - professionnelle de cadres; 2% appartiennent à
une catégorie agricole; les autres sont employés ou ouvriers; 8%
n'ont jamais travaillé et 6% sont actuellement inactifs.
62% exerçaient leur
activité à la date des faits reprochés.
Parmi les 32% qui ne travaillaient
pas, la moitié bénéficiaient d'une allocation (AAH,
invalidité ou compensatrice), 16% étaient en arrêt maladie,
et plus d'un tiers étaient au chômage.
1.2 NATURE DU DÉLIT
Pour les agresseurs sexuels les
inculpations sont
- 94 viols, soit 53%, dont plus de
la moitié sur des mineurs de
moins de 15 ans.
Parmi
ces viols
32 sont des viols incestueux du
père
14 autres viols incestueux (4
frères/soeurs, 3 grands pères,7 beaux pères)
soit au total 46 viols incestueux
(26%).
- 60 agressions sexuelles. soit 34%,
dont les 2/3 sont sur des moins de 15 ans.
- 23 attentats à la pudeur,
soit 13%, dont 60% sur des moins de 15 ans.
Parmi ces agressions sexuelles et
attentats à la pudeur, 27 sont incestueux (15% de l'ensemble), dont la
moitié par le père.
Pour
les non agresseurs sexuels, le chef d'inculpation le plus fréquemment
tenu est coups et blessures volontaires (21 fois) et meurtre (7 fois).
1.3 ANTECEDENTS JUDICIAIRES
2/3 des sujets sont
incarcérés pour la première fois, mais 45% sont
récidivistes, avec une moyenne de 3 récidives par sujet. Les
agresseurs ont, pour un cinquième d'entre eux, moins un
antécédent judiciaire de type sexuel, voire plus.
85% des sujets reconnaissent au
moins partiellement les actes qui leur sont reprochés.
1.4 INVESTIGATION DE LA VIE
SEXUELLE
82%
des sujets ont une vie sexuelle et qui les satisfait pour les 2/3 d'entre eux.
La qualité de cette vie sexuelle est meilleure que celle procurée
par le passage à l'acte pour 59 sujets et moins bonne pour 22. 94 ne
répondent pas à cette question.
Plus d'un tiers des sujets a
débuté sa vie sexuelle sur un mode
Passif (51 non réponses).
43%
des sujets estiment qu'il y a eu une modification
importante de leur vie sexuelle
à un moment donné.
Les 3/4 ne se masturbaient pas avant
l'incarcération mais 26%
le faisaient.
Revues et cassettes pornographiques
ne sont utilisées que par
une minorité de sujets (moins
de 30).
1.5 INVESTIGATION DE LA
PERSONNALITE
- Angoisse, phobie,
activité onirique
Près de la moitié des
sujets disent ressentir de l'angoisse (en
dehors de
l’incarcération).
Les 2/3 des sujets ne craignent pas
d'être dépassés par les événements Les 3/4
n’auraient pas aimé devenir dépendants de quelqu'un, 2 sur
3 ont tendance à se méfier autres mais presque autant
déclarent faire d'habitude confiance aux autres.
La peur d'être
abandonné est admise par 62% des sujets. Près de la moitié
déclarent être assez souvent la proie de peurs intenses.
Ces peurs étant
évoquées plus de sujets depuis l'incarcération alors que
les cauchemars (un tiers des sujets) ne sont pas plus souvent notés
depuis l'incarcération.
50% des sujets ont
déjà eu l’impression que le monde autour d’eux
pouvait s’écrouler et 65% que eux-mêmes pouvaient
s’effondrer.
43% ont eu l'impression qu'ils
pouvaient devenir fous ou
commettre des actes fous.
1/4 à 1/3 des sujets
manifestent des peurs dans des endroits
ferrnés, des espaces publics,
des espaces déserts, des lieux élevés ou face à
certains animaux.
Des passions envahissantes sont
notées par 61 % des sujets.
- Comportement relationnel avant
incarcération
Près de 40% des sujets
avaient parfois le sentiment d'être regardés de travers dans la
rue et plus de la moitié (55%) se tenaient sur leur garde. 32% avaient
le sentiment d'être
espionnés.
A peu près la moitié
n'aimaient pas du tout être critiqués.
Toutefois, si la critique ait
justifiée, seulement 27% maintiennent cette assertion. La critique
à tort n’entraînait de violence que pour 18% des sujets.
- Difficultés
relationnelles
Un tiers des sujets disent avoir, en
général, des difficultés relationnelles avec les gens;
c'est une minorité (50 sujets) qui précisent avec qui.
Près de la moitié des
sujets disent avoir des difficultés en famille et quart ont des
difficultés dans leur milieu professionnel où les changements
d'emplois ne sont pas rares.
Pendant l'enfance, un sujet sur
trois, a eu des difficultés avec les tres -mais 64 sujets seulement
précisent avec qui. Pour ceux-là, dans la moitié des cas,
s'agit de jeunes du même âge.
Ces observations se retrouvent quand
on interroge les sujets à
propos de leur adolescence. Les
difficultés à l'école (27% des sujets) concernaient aussi
avant tout les autres enfants.
Plus de la moitié des sujets
(54%) admettent être jaloux mais cette jalousie ne rend fou que 17% des
sujets.
Près de la moitié des
sujets pensent être capables de se moquer d'eux-mêmes. 30% ont eu
l'impression que les autres devinaient leur pensée.
La majorité (84%) se
considère comme plutôt tendre et sentimentale avec les autres
-. Comportement émotionnel
avant l'incarcération
La moitié des sujets ont
été souvent amoureux; 72% estiment avoir été un
homme fidèle, 61% ont déjà eu des coups de foudre.
Un tiers des sujets estiment avoir
été plutôt flambeurs mais 50% se considèrent comme
plutôt économes,
Près de la moitié
(43%) disent avoir aimé les situations à risques; un tiers
reconnaît avoir eu des colères violentes et autant être
d'humeur changeante.
Seulement environ 10% se sentaient
plus forts que tous les
autres ou au dessus des autres.
Enfin, pour 41% l'idéal
était de laisser faire les autres mais pour 76% l'idéal
était l'action.
-.Comportement relationnel
pendant l'incarcération
68% des sujets s'estiment
regardés de travers; 73% sont sur
leur garde; 39% ont le sentiment
d'être espionnés; proportions toutes plus élevées
qu'avant l'incarcération.
Pour 47%, la critique n'est pas
gênante, mais autant n'aiment pas du tout être critiqués et
pour un bon tiers d'entre eux, même si la critique est justifiée,
sans que, (pour 87%) cela entraîne de la violence.
La jalousie est moins souvent
reconnue (26%) qu'avant l'incarcération.
Au contraire, plus de sujets(52%)
qu’avant l’incarcération ont l’impression
d’être méprisés et que les autres devinaient leurs
pensées (52%).
- Comportement émotionnel
pendant l'incarcération
Autant (75%) s'estiment un homme
fidèle. Moins de sujets (55%) continuent à s( considérer
comme plutôt tendre et sentimental avec les autres.
Très peu se sentent mieux en
prison qu'à l'extérieur (6%).
Un tiers se sentent d'humeur
changeante, (même pourcentage qu'avant l'incarcération) mais peu
(17%) se mettent souvent en colère, deux fois moins qu'avant,
l'incarcération.
L'idéal reste pour 46% des
sujets de laisser faire les autres mais la proportion de ceux pour qui
l'idéal était l'action a nettement chuté (56%)
La solitude est pesante pour 40% des
sujets et 45% ont connu
des moments de tristesse ou de
dépression.
- Antécédents
psychiatriques
17% des sujets ont eu une
hospitalisation en milieu psychiatrique; 10% ont eu des hallucinations et un
pourcentage identique des délires.
Un sujet sur trois (72 sujets) a
fait au moins une tentative de suicide, du fait principalement de
l'incarcération (15 sujets) ou à cause d'une rupture sentimentale
(8 sujets). Pour 30 sujets, aucune des raisons proposées n'est retenue.
Le médicament (125 sujets),
la pendaison (11 sujets), l'arme blanche (8 sujets) sont les modes les plus
utilisés.
- Comportements addictifs
22% des sujets ont
déjà pris de la drogue vers l'âge de 18 ans en moyenne. Il
s'agit avant tout de shit. Un tiers des sujets toxicomanes en prenaient encore
souvent avant l'incarcération,toujours essentiellement du shit.
49% des sujets admettent avoir
tendance à boire de l'alcool.
- Enfance du sujet
L'école buissonnière a
été assez fréquente pour 28% des sujets.
20% ont été exclus au
moins d'un établissement scolaire. L'âge moyen auquel la
scolarité a été arrêtée, est un peu
inférieure à 16 ans.
23% des sujets ont
déjà fugué plus d'une journée.
La très grande
majorité des sujets (93%) disent n'avoir pas ou
très rarement provoqué
des bagarres et 85% n'ont jamais ou rarement eu des accidents. 31% des sujets
admettent qu'on les considérait comme des menteurs. 34% des sujets
avaient l'impression d'être rejetés. 85% des sujets avaient vers 6
ans environs un animal qui comptait beaucoup pour eux.
28% des sujets ont
été, dans l'enfance ou l'adolescence touchés
sexuellement par un ou des adultes
et pour les trois quarts d'entre eux plusieurs fois.
1.6 INVESTIGATION FAMILIALE
- Situation personnelle avant
l'incarcération
Logement
Les deux tiers des sujets vivaient
chez eux dans un logement auto-financé, 13% seulement vivaient chez
leurs parents, 11 % chez un tiers, 3 % dans un foyer et autant à
l'hôtel. Enfin 5% étaient S.D.F.
Etat matrimonial
Les sujets étaient
célibataires (36%), mariés (37%) dont les 2/3 depuis plus de 10
ans, 15% étaient divorcés.
22% vivaient seul, 25% vivaient en
concubinage, 59% avaient au moins un enfant dont un tiers avait 4 enfants ou
plus. Dans les 2/3 des cas, les enfants n'étaient pas du même lit.
- Situation-Personnelle depuis
l'incarcération
Dans 113 des cas la situation a
changé depuis l'incarcération et il s'agit avant tout d'un
divorce puis d'une rupture avec la partenaire et sans voir les enfants.
- Composition de la famille
d'origine
72% des sujets ont été
élevés par leurs parents biologiques, mais pour seulement la
moitié, ce fut le cas toute leur vie. Toutefois, cette question comporte
un nombre de non réponses important.
71% des sujets ont connu leur
père et 80% leur mère et dans 69% des cas, les parents sont
mariés.
Le père est
décédé pour 47% des sujets qui avaient plus de 18 ans dans
42% des cas. Ce décès a été mal vécu pour
65% des sujets et pour 30% l'événement leur fut
1ndifférent.
Dans 24% des cas, la mère est
décédée et pour les 2/3 quand ils avaient plus de 18 ans
et cela a été mal vécu pour 3 sujets sur 4.
50% des sujets ont connu leur grands
parents paternels,
aujourd'hui
décédés sauf dans 8% des cas pour le grand-père et
dans 28% des cas pour la grand-mère. Décès vécu de
façon indifférente pour près de la moitié des
sujets (mais 1/3 ne répond pas à la question).
Il faut noter que dans un peu plus
de la moitié des cas, les
sujets disent que les rapports avec
ces grands-parents n'étaient pas bons.
Un peu plus de sujets (63%) ont
connu leurs grands-parents maternels dont les décès et le
vécu de ces décès est assez semblable à celui des
grands-parents paternels. Toutefois, les sujets sont un peu plus nombreux 54%
vs 44% à relever de bons rapports avec les grands-parents maternels que
paternels.
- Traumatismes familiaux dans la
famille d'origine
Dans 31% des cas, on relève
dans la famille d'origine du sujet, la mort d'un enfant. On relève
également pour 59 sujets, une mort brutale concernant un membre de la
famille.
Une maladie grave du père a
concerné 70 sujets et pour 59 sujets, une maladie grave de la
mère. Pour 23 d'entre eux, on note une maladie grave d'un frère
ou d'une sœur et pour 23 sujets d'un autre membre de la famille.
Une hospitalisation du père
est enregistrée pour plus du 1/3
(36%) des sujets, une
hospitalisation de la mère pour 30%, d'un autre parent 19%. Dans
tous les cas, la majorité des
hospitalisations se situe lorsque le sujet a plus de 18 ans, et dans au moins
/4 des cas l'hospitalisation le laisse indifférent.
41 % des sujets ont
été séparés de leur famille et pour ceux-là,
la séparation s'est faite lorsqu'ils avaient moins de 1 an pour 17%, de
2 à 7 ans pour 7%, de 8 à 12 ans pour 30%, de 13 à 18 ans
pour 18,5%. Pour 20%, la séparation tait due à une hospitalisation,
7% à un séjour en maison de repos. Cette séparation a
té bien vécue ou indifférente dans près de la
moitié des cas.
1/4 des sujets ont été
placés et dans ce cas, les 2/3 avaient entre 2 et 12 ans, 13% avant 1
an. La moitié ont été placés en famille d'accueil,
les
3/4 en institution.
-.Evénements - ruptures
dans la vie du sujet
La moitié des sujets ont
connu des ruptures au cours de leur vie. Sur ces 104 sujets ayant connu une ou
des ruptures, les événements considérés comme tels
sont les suivants : déménagement pour 54 sujets (la moitié
avant 18 ans) mal vécu pour 63%.
migration du père 7
migration d'un frère 13
séparation professionnelle 36
départ du père 25
départ de la mère 18
un décès d'un proche 76
une rupture amoureuse 70
un renvoi de l'école 26
autre événement 50
- Traumatismes familiaux dans la
famille actuelle
Parmi les événements
marquants et/ou douloureux survenus dans la famille actuelle, les plus nombreux
concernent les enfants plutÔt que le partenaire. 12% ont connu
l'hospitalisation d'un enfant, 10% celle du partenaire, 7% un accident grave
d'un enfant et 5% une maladie grave. Enfin, la mort d'un enfant concerne 9
sujets (4%).
- Relations familiales
1) Famille d'origine
Relations affectives
Une mésentente entre les
parents est notée par la moitié des
sujets, entre le sujet et ses
frères et sœurs pour plus du tiers (36%).
Les sujets ne se sentent pas
aimés par leur père dans 45% des cas, pas compris dans 68%,
souffre-douleurs dans 14%, non protégés dans 71%, trop
grondés 7%, humiliés 12%.
Par leur mère, ils se sentent
non aimés 30%, non compris 52%,
Souffre douleurs 7%, non
protégés 51 %, trop grondés 15%, humiliés 6%.
Contacts
38% des sujets ont des contacts avec
leurs parents et dans ce cas ils sont le plus souvent réguliers (78%).
78 sujets ont des contacts avec l'un
des parents, 85% de ceux-là avec leur mère. Près de la
moitié (46%) ont des contacts avec un frère et/ou sœur.
Avant l'incarcération, les
sujets voyaient leur parents dans 33% des cas, plus souvent leur mère,
et un (ou plusieurs) de leur frères et sœurs, dans la moitié
des cas.
Logement / relation
La relation avec leur famille
d'origine est jugée en général comme satisfaisante par 65%
des sujets, insatisfaisante par 18% et ni l'un ni l'autre par 17% (sur 186
réponses).
Problèmes
Un problème d'acoolisation
est noté pour 45,5% des sujets. Dans
ces cas, il touche le père
pour 61 %, la mère pour 19%, un frère ou une sœur pour 23%.
La toxicomanie est relevée par 13 sujets touchant 12 frères et 1
sœur.
Pour plus d'1/4 (26%), la violence physique
pose un problème dans la famille, du père sur la mère dans
40% des cas, de violence du père sur un enfant dans 40% . Dans 7 cas, la
violence exercée est de la mère sur l'enfant.
18 sujets (9%) notent une violence
sexuelle, 4 cas du père, 3 de la mère sur enfant.
20% des sujets déclarent
qu'un autre membre de la famille qu'eux même a été
incarcéré.
Pour plus de la moitié, il
s'agit d'un frère.
2) Famille actuelle, Juste avant
incarcération
La relation avec le partenaire
était estimée satisfaisante pour
66% des sujets, insatisfaisante par
27%. Avec les enfants, leur relation est satisfaisante à 85%, non
satisfaisante à 11 %.
Les problèmes notés
sont : d'alcoolisation (20%) dont la grande majorité pour
eux-mêmes, de toxicomanie (6%), de violence physique (16%) exercée
pour la moitié d'entre eux par eux mêmes sur leur partenaire, de
violence sexuelle (13 % dont les 2/3 sur leur fille (18 cas).
- Relations affectives amicales
et sociales
36% des agresseurs disent avoir peu
d'amis, 36% beaucoup, 10%
pas du tout. Sur les 69 sujets qui
disent avoir beaucoup d'amis, 58 (84%) déclarent pouvoir compter sur
eux. Près des 3/4 (73%) ont quelqu'un, ami ou famille qui a
particulièrement compté.
L'appartenance à un groupe
est la suivante :
association 15% dont la moitié avec
responsabilité
club 18%
dont 13% avec responsabilité
groupe 7% dont la moitié avec responsabilité
parti politique 4%
autre 7% dont la moitié avec
responsabilité
1.7 INVESTIGATION SOMATIQUE
Dans l'enfance
89 sujets (43%) ont eu des difficultés
de santé dans leur
enfance. Chez ces sujets, Iles sont
d'ordre
ORL/respiratoire 25%
circulatoire/cardiaque 6%
cérébrale/nerveuse 8%
squelette/articulation 11%
digestion/excrétoire 15%
maladie à
répétition 10%
maladie chronique 8%
survenant en moyenne à 8,9
ans (de 0 à 30 ans)
Actuellement,
75 sujets (36%) présentent
des difficultés de santé, d'ordre
ORL dans 19%
circulatoire/cardiaque 21%
cérébrale/nerveuse 13%
squelette/articulation 21%
digestion/excrétoire 20%
maladie à
répétition 7%
maladie chronique 9%
121 sujets, soit 58%, affirment
avoir eu au moins un accident à l'âge adulte. Parmi ceux-ci,
près de la moitié (48%) a eu un accident de la circulation, 13%
de sport, 5% ménager, 16,5% professionnel. Pour 13 sujets (11%), il a eu
des séquelles.
1. 8 EVALUATION PAR
L’INVESTIGATEUR
Pour 10 sujets, l'investigateur peut
donner un classement de l'acte d'après la CIM 10, pour 7 d'entre eux, il
s'agit d'un "trouble de la préférence sexuelle"
L'investigateur, qu'il soit homme ou
femme, n'est pas à l'aise durant l'entretien avec plus de la
moitié des sujets (51 %) Cependant, le sujet inspire confiance dans 58%
des cas et paraît dans 67% des cas.
Le discours des sujets semble
présenter des bizarreries pour 10% d'entre eux, être toujours trop
vague pour 23%, être trop compliqué dans 5% des cas. Près
du 1/3 des sujets (32%) présentent des affects non adaptés, et
plus du 1/4 (27%) des attitudes non adaptées.
En général, 16% des
sujets évitent le regard, 40% le recherchent. 10% ont tendance à
exagérer leur émotion. Dans 42% des cas le sujet paraît
plus à l'aise dans sa parole en fin d'investigation; 48% étaient
d'emblée à l'aise.
Près de la moitié
des sujets (48%) ne paraissent pas accessibles à une
thérapeutique. 53% n'en font pas la demande.
Pour 61% des sujets
investigués, le questionnaire est une expérience ( positive et
57% des investigateurs déclarent avoir des réflexions
supplémentaires personnelles sur l'entretien ou le sujet.
Pour les sujets ne reconnaissant pas
l'acte d'accusation (14%), dans un cas sur deux,l'investigateur dit avoir une
conviction raisonnable d'innocence du sujet.
Le nombre moyen de séances
par sujet est de 3,18 avec un temps moyen de près de 3 heures et demi.
Pour la moitié des sujets investigués,
l'investigateur a été un homme.
2. DESCRIPTION DES AGRESSEURS
SEXUELS ET DE LEUR ACTE
2.1 NATURE DE L'ACTE
31% des prévenus
reconnaissent avoir eu d'autres comportements susceptibles d'être
jugés répréhensibles sur le plan judiciaire et pour presque
la moitié d'entre eux de même nature que l'acte pour lequel ils
sont incarcérés.
Pour 28% des agresseurs sexuels, il
y a eu progression qualitative ans les actes.
Parmi les répondants à
la question : s'agit-il d'une impulsion, 50% reconnaissent que oui (30
réponses non précisables). Au total, 1 sujet sur 4 avoue avoir
déjà pensé à ce comportement sans passer à
l'acte. Pour 40%, l'acte s'est passé à une époque
particulière e leur vie.
Avant l'acte, il y a eu consommation
d'alcool pour près d'un sujet sur trois, la drogue restant très
marginale, moins de 5%. Dans 6% des cas, l'acte a eu lieu en groupe.
2.2 DESCRIPTION DE L'ACTE
L'âge de la victime a de
l'importance pour un agresseur sexuel sur 3 et le sexe de la victime pour un
agresseur sur 2. Il s'agit dans 80% des cas de filles de moins de quinze ans.
Ce n'est que dans 20% des cas que
l'acte n'a pas procuré de
plaisir ou d'apaisement mais au
contraire du dégoût ou une insatisfaction (50 non
réponses).
Les agresseurs sexuels reconnaissent
rarement (17%) qu'il peut y voir eu contrainte ou violence (11%), ou
humiliation de la victime, 15,%, que cette contrainte ou violence ou
humiliation a pu compter dans leur excitation.
70% des agresseurs sexuels avouent
un sentiment de culpabilité et ou de honte après l'acte.
2.3 PERCEPTION DE L’ACTE
PAR LE SUJET
Pour la majorité des
agresseurs sexuels (73%), l’acte est perçu comme ayant des
conséquences pour eux, surtout sociales. Ils sont beaucoup moins
nombreux à penser qu'il y a des conséquences pour la victime (56%
pensent qu'il n'y en a pas). Toutefois, ils sont largement majoritaires (88%)
pour considérer leur acte comme anormal et 66% pensent ne pas avoir
été dans un état normal au moment de l'acte.
70% des agresseurs sexuels ont le
désir de changer même au prix fort, mais seulement la
moitié d'entre eux ont déjà fait quelque chose pour
changer.
Les 2/3 des agresseurs sexuels
revendiquent la responsabilité de leur acte mais dans la même
proportion se sentent victimes des évènements.
Pour 78% d'entre eux, cet acte ne
devait pas fatalement arriver, et 61 % auraient aimé changer quelque
chose en eux qui auraient permis que l'acte ne se passe pas.
Enfin, 2 agresseurs sur 3 ne se
sentent nullement soulagés
d'être arrêtés.
3. COMPARAISON CAS / TEMOINS
Ce qui les distingue
3.1 DONNEES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES
Parmi l'ensemble des agresseurs
(sexuels et non sexuels), on ne trouve que 3 femmes qui toutes sont parmi les
Cas.
La moyenne d'âge est
significativement plus élevée dans le groupe des Cas (40 ans versus
32 ans). Dans le groupe des 36-55 ans se trouvent 57% des Cas vs 34% des
Témoins.
La répartition par
nationalité fait apparaître que 93% des
interrogés sont d'origine
française,avec un peu plus de français dans le groupe des Cas
(95% vs 84 %) et un peu moins d'Africains
du Nord (2% vs 9%). La
différence est significative (p<05).
La nationalité d'origine des
parents est plus souvent française
pour les Cas, 75% vs 39% et plus
souvent africaine du nord pour les Témoins, 39% vs 7%
(p<001).
3.2 LA VICTIME
Presque trois Cas sur quatre
connaissaient leur victime contre seulement 6% des Témoins.
Un Cas sur trois avait un lien de
parenté avec elle vs 3% % des Témoins et autant avait sur elle un
lien d'autorité vs 3% des Témoins
3.3 VIE SEXUELLE DES AGRESSEURS
-Les Cas sont moins nombreux, 80% vs
94% à avoir une vie sexuelle mais cette différence(p<.06)
n'atteint pas le seuil de significativité retenu. Parallèlement,
les Cas ont tendance à avoir moins souvent une relation sexuelle
constante avec une femme 85% vs 94% (p< 08). Cette relation est aussi moins
souvent notée comme satisfaisante par eux que par les Témoins
(62% vs 75%) mais là encore la différence n'est pas
significative.
Les cas ont significativement moins
souvent commencé leur vie sexuelle sur un mode actif que les
Témoins (60% vs 92% p <.003)
3.4 INVESTIGATION DE LA
PERSONNALITE
Les Cas ont tendance à moins
se méfier des autres que les Témoins (61% vs 78% p <07) mais
la différence n'est pas significative statistiquement.
Ils ont nettement moins souvent que
les Témoins l'impression qu'on les a laissés tomber(78% vs 53% p
<008)
Ils ont moins souvent que les
Témoins l'impression qu'ils pouvaient devenir fous (40% vs 59% p <04
) ou qu'ils pouvaient commettre des actes fous (36% vs 56% p<. 03)
Ils sont moins nombreux à
éprouver "même sans raison" un sentiment de malaise ou
de peur dans les lieux élevés (26% vs 44% p< 04).
En dehors de la prison, les Cas plus
souvent que les Témoins rêvaient de leur travail (53% vs 31%
p<05 ) mais, de façon significative, faisaient moins souvent des
cauchemars (35% vs 53% p< 05).
Ils rêvent moins souvent que
les Témoins aux actes qui leur sont reprochés (13% vs 20%
p<001 ) et ils sont 65% vs 40% pour les Témoins à n'y
rêver jamais (p <001).
3.5 DIFFICULTES RELATIONNELLES
Les Cas ont tendance à avoir
plus souvent eu des difficultés dans leur milieu professionnel, 28% en
ont eu contre 12% des Témoins (p <06)
3.6 COMPORTEMENT RELATIONNEL
AVANT INCARCÉRATION
Les Cas, moins souvent que les
Témoins (35% vs 56% p< 02) avaient parfois 1(sentiment d'être
regardé de travers dans la rue.
Les Cas montrent moins que les
Témoins une tendance à n'avoir pas du tout aimé (
être critiqué même si la critique est justifiée (24%
vs 41 % p <05).
Les Cas reconnaissent moins souvent
que les Témoins que la jalousie pouvait les rendre fous ( 12% vs 41%
p<001)
Les Cas ont aussi moins souvent que
les Témoins l'impression que les autres devinaient leurs pensées
(29% vs 50% p<02).
3.7 COMPORTEMENT EMOTIONNEL AVANT
INCARCERATION
Contrairement aux Témoins, l'idéal
des Cas n'est pas l'action (72% vs 94% p<0 1) et ils reconnaissent moins
souvent que les Témoins qu'ils avaient tendance à se sentir plus
fort que tout le monde ll% vs 28%p<.01.
3.8 COMPORTEMENT RELATIONNEL
PENDANT L'INCARCERATION
Etre critiqué à tort
rend moins souvent violents les Cas que les Témoins (10% vs 28 % p
<004).
La jalousie, comme avant
l'incarcération, a toujours moins de prise sur les Cas que sur les
Témoins lesquels déclarent qu'elle peut les rendre fous à
22% vs 7% pour les cas p<007).
Dans la journée, l'humeur des
Cas change moins souvent que celle des Témoins (35% vs 56% p <02 ) et
ils sont moins nombreux à éprouver des colères violentes
(3% vs 12% p <03)
3.9 ANTÉCÉDENTS
PSYCHIATRIQUES
Pas de différences
significatives entre Cas et Témoins en ce qui concerne les
antécédents psychiatriques sauf un peu plus souvent chez les
Témoins (19% vs 8% p <05 le fait d'avoir eu un délire.
Un Cas sur trois, pendant l'enfance
ou l'adolescence a été touché sexuellement par un ou des
adultes alors que pas un Témoin ne l'a été p<.001) .
3.10 ADDICTIONS
Les Cas sont moins nombreux que les
Témoins à avoir pris de la drogue (18% vs 44% p <001)
3.11 INVESTIGATION FAMILIALE
Les Cas vivaient plus souvent chez
eux (68% vs 34% p< 001) et moins souvent chez leurs parents (11% vs 25%
p<03) ou chez un tiers (8% vs 22% p <02).
Les Cas étaient moins souvent
célibataires (33% vs 53% p <03) et plus souvent divorcés (17%
vs 3% p <04).
Chez les Cas et les Témoins,
la fréquence concernant le décès du père n'est pas
significativement différente mais tous les Témoins disent avoir
mal vécu ce décés alors qu'ils ne sont qu'un Cas sur deux
a avoir mal vécu ce décès <.03).
La fréquence concernant la mort
d'un enfant dans la famille d'origine ne diffère pas significativement
entre Cas et Témoins mais les deux tiers des Cas (22/33 sujets) à
qui cela est arrivé
disent l'avoir mal vécu alors
que tous les Témoins (4 sujets) qui ont aussi une mort d'enfant dans leur
famille disent avoir été indifférents à cette mort
(p <02).
3.12 EVALUATION PAR L’INVESTIGATEUR
L'investigateur s'est moins souvent
senti à l'aise pendant l'investigation avec les Cas qu'avec les
Témoins. Face à 55% des Cas, l'investigateur s'est senti mal
à l'aise contre 34% des Témoins (p<04).
Le discours est resté vague
chez un Cas sur quatre vs 9% des
Témoins (p<.04) et 12% des
Cas ont eu tendance, selon l'investigateur, à exagérer leurs
émotions alors qu'aucun Témoin ne l'a fait (p<.04).
Enfin les Cas ont plus souvent fait
une demande d'aide thérapeutique que les Témoins (p<006). Un
Cas sur deux a fait cette demande contre un Témoin sur quatre.
III CONCLUSIONS
Les agresseurs sexuels sont en
majorité des hommes de 35 à 54 ans, plus âgés en
moyenne que les témoins. Il est normal, de ce fait, de les retrouver
plus souvent vivant dans un logement personnel. Ils sont aussi plus souvent
divorcés.
La violence exprimée par une
personnalité coléreuse, jalouse, suspicieuse et d'humeur
changeante est plus fréquemment constatée chez les témoins
que chez les agresseurs sexuels. Les témoins sont aussi plus souvent
consommateurs de drogues et violents dans leur famille, leur idéal est
l'action et ils ont tendance à se sentir plus forts que tout le monde.
A l'inverse, l'idéal des
agresseurs sexuels est plutôt de laisser faire les autres. Ils expriment
moins souvent un sentiment de méfiance à l'égard d'autrui,
et ont moins souvent l'impression qu'on "les a laissé tomber".
Ils appartiennent plus fréquemment à une association dont ils
sont souvent un responsable. Ils ont moins souvent que les témoins
l'impression qu'ils pourraient devenir fou ou commettre des "actes
fous".
Alors que l'on observe une plus
grande violence de la personnalité chez les témoins, on observe
une violence sexuelle chez les agresseurs sexuels. Pour un tiers d'entre eux,
cette violence sexuelle a été subie pendant l'enfance sous forme d'attouchements
réitérés, à un âge moyen de dix ans la
première fois. Deux sur cinq ont commencé leur vie sexuelle sur
un mode passif. La violence sexuelle qu'ils exercent à l'âge
adulte est infligée le plus souvent à des fillettes de leur
entourage. Les trois quarts des agresseurs sexuels, en effet, connaissent leur
victime et ont souvent un lien de parenté Ou d'autorité avec
elle.
Les agresseurs sexuels ne semblent
pas mesurer la gravité de
l'acte qui leur est reproché.
Ils reconnaissent exceptionnellement avoir exercé une contrainte, avoir
été violents ou avoir humilié leur victime. Ils pensent en
majorité que leur acte a été sans conséquences pour
elle, et ce sont plutôt eux qui se sentent victimes des
événements et craignent les conséquences sociales de leur
acte. Ils rêvent rarement de l'acte qui leur est reproché et ne se
sentent pas soulagés par leur arrestation. Trois sur cinq reconnaissent
que l'acte leur a procuré plaisir ou apaisement. Enfin, il faut relever
que chez un agresseur sexuel sur trois, l'agression actuelle suit, avec une
aggravation de l'acte, une ou plusieurs agressions antérieures.
Dernière mise à jour : dimanche 1 juillet 2001 11:40:13 Dr Jean-Michel Thurin