Question 13 -  QUEL EST LE ROLE DES PATHOLOGIES MENTALES, DE L'ALCOOLISME ET DU CONTEXTE FAMILIAL ET SOCIAL CHEZ LES AUTEURS D'AGRESSIONS SEXUELLES ?  

(Dr Laurence Lemaître)

 

A)   Troubles psychiatriques comorbides chez les délinquants sexuels :

 

Depuis l'émergence de modèles multivariés insistant sur la multiplicité des causes impliquées dans les agressions sexuelles, plusieurs études réalisées auprès de populations d'agresseurs sexuels [67, 68] ont rapporté un taux très important de troubles psychiatriques comorbides, en particulier l'existence de troubles de l'humeur, d'abus de substances (majoritairement l'alcoolisme), de troubles anxieux, de troubles de l'impulsivité, et, de troubles de la personnalité narcissique ou antisociale. Alors que les résultats négatifs des programmes de soins sont souvent attribués à un manque de motivation, un défaut d'attention, une résistance, voir un déni de la part des agresseurs sexuels, la fréquence importante de troubles psychiatriques comorbides pourrait bien contribuer aux difficultés rencontrées par certains délinquants sexuels au moment de s'engager dans un processus thérapeutique.   

 

 

1 - Les troubles de la personnalité antisociale chez les délinquants sexuels :  Parmi plusieurs études réalisées auprès de communautés estudiantines hétérosexuelles [63, 62, 69] le comportement antisocial évalué par le Psychopathy Checklist-Revised (PCL-R, 1992) de Hare, apparaît comme un haut facteur de risque du comportement agressif sexuel vis à vis des femmes.

 

Ce comportement antisocial semble relever plus d'une tendance antisociale générale que d'une tendance spécifique au domaine sexuel et l'on ne trouve pas de différence significative entre les populations de délinquants sexuels et non sexuels.

Notons que le niveau de psychopathie est également considéré par plusieurs auteurs comme un facteur prédictif de récidive des agressions sexuelles.

 

Dans une étude comparant trois groupes distincts de délinquants sexuels : violeurs hétérosexuels, pédophiles extra-familiaux et incestueux, Firestone [8] compare les liens entre psychopathie et déviance sexuelle (évaluée par des mesures phallométriques en réponse à différents stimuli audiovisuels). Il trouve une corrélation significative entre déviance sexuelle et indice de psychopathie exclusivement dans le groupe des agresseurs sexuels pédophiles extra-familiaux. Alors que l'indice de déviance sexuelle est le principal facteur prédictif de récidive dans ce groupe, la combinaison avec un haut niveau de psychopathie augmente encore plus le risque de récidive. Le groupe des violeurs hétérosexuels est celui qui comporte les plus fortes tendances psychopathiques alors que l'indice de déviance sexuelle n'apparaît pas important. Le score de psychopathie des violeurs hétérosexuels reste cependant inférieur à celui rapporté dans d'autres études chez les "violeurs en série" ou "violeurs sadiques" qui peuvent aller jusqu'à tuer leurs victimes après l 'agression sexuelle.

 

Certaines études [70, 71] ont tenté d'établir empiriquement l'association clinique et théorique évoquée fréquemment entre sadisme et psychopathie. Dans ces études les traits de personnalité sadiques (mesurés par l'échelle Personality Disorders Examination, le Millon Clinical Multiaxial  Inventory-II et le DSM-IV) et antisociales sont corrélés positivement et de manière significative. Cependant, le niveau de sadisme n'apparaît pas plus important chez les délinquants sexuels comparativement aux délinquants non sexuels. Le sadisme défini comme le plaisir éprouvé à infliger la douleur ou dans la domination d'autrui pourrait correspondre à une sous dimension de la personnalité antisociale.

Les auteurs supposent l'existence de deux profils de personnalité antisociale : un premier type sadique avec une tendance plus marquée pour la cruauté et le besoin de domination et un second type moins violent avec une tendance à agir uniquement pour son propre compte. Chez le premier type une motivation sexuelle du registre sadique expliquerait l'agression sexuelle alors que le second type serait mû par des motivations de nature plus opportuniste.     

 

2 - Les troubles psychotiques chez les délinquants sexuels :  la faible proportion de patients psychotiques impliqués dans des agressions sexuelles a peut-être contribué au nombre limitée d'études en rapport avec ce sujet. Plusieurs chercheurs ont récemment tenté d'identifier les motivations qui sont à la base de l'agression sexuelle parmi cette population psychiatrique particulière. 

 

Chesterman et al. [72] ont réalisé une étude sur un échantillon comportant 20 malades mentaux, agresseurs sexuels, incluant 12 hommes schizophrènes diagnostiqués comme psychotiques au moment de leurs agressions. 7 de ces 12 hommes admettent avoir expérimenté des symptômes psychotiques comme des hallucinations ou des illusions perceptives au moment de l'agression mais expriment le sentiment que de tels symptômes n'étaient pas directement liés à l'agression et fournissent plutôt des explications alternatives à leurs comportement comme un sentiment de frustration sexuelle, la colère, une excitation sexuelle. Par ailleurs l'ensemble des patients présentait un haut niveau d'obsession sexuelle, de dysfonctionnement sexuel, de distorsions cognitives et de fausses connaissances concernant le sexe aux différents questionnaires.

Les auteurs suggèrent un chevauchement dans les motivations à la base des agressions sexuelles chez les délinquants sexuels malades mentaux et non malades mentaux. 

 

Dans une étude [73] réalisée auprès de 15 schizophrènes, agresseurs sexuels, les auteurs constatent que bien que 12 d'entre eux étaient diagnostiqués comme psychotiques au moment de l'agression, leurs contacts avec les services de psychiatrie étaient extrêmement erratiques et seulement 4 recevait un traitement médicamenteux.

 

En comparaison avec le groupe témoin constitués de 55 patients schizophrènes sans antécédents d'agression sexuelle, le groupe d'agresseurs sexuels rapportait un intérêt sexuel deux fois plus important associé à des difficultés plus grandes à établir des relations inter-personnelles. Smith [74] a réalisé une étude systématique des différents types de motivations à la base des agressions sexuelles en appliquant le questionnaire MTC : R3 (The Massachussetts Treatment Centre Rapist Typology Version 3) à un groupe de 80 schizophrènes agresseurs sexuels. Seulement 18 schizophrènes présentaient une recrudescence psychotique aiguë caractérisée par des hallucinations ou illusions perceptives et directement liée à l'agression sexuelle (car contenant des éléments sexuels clairement congruents à leurs agressions) au moment de leurs passage à l'acte. 

 

Dans l'ensemble du groupe, les différentes motivations à la base de l'agression sexuelle selon la typologie du questionnaire MTC:R3 étaient respectivement :  

 

-       sexuelles, non sadiques (54%) : ce type de motivation est associé plus fréquemment à un sentiment de frustration sexuelle, d'isolement social, une faible estime de soi et une incapacité à établir des relations intimes avec les femmes.  

 

-       - opportunistes (29%) : l'agression sexuelle n'est pas planifiée, impulsive, liée à des facteurs situationnels et la force utilisée ne dépasse pas l'utilisation de force nécessaire pour obtenir une gratification sexuelles immédiate.  

 

-       - vindicatives (11%) : la femme apparaît la cible centrale et exclusive de la colère de l'agresseur qui présente un parcours psychopathique moins important que dans le dernier type.  

 

 

-       - agressivité (6%) qui apparaît en continuité avec des troubles du comportement psychopatiques. importants où l'homme comme la femme sont la cible de la colère. Les motivations sexuelles, non sadiques sont sur-représentées (67%) dans le groupe de schizophrènes ayant présenté une symptomatologie productive au moment de l'agression. 

-        

L'auteur suppose des interactions complexes entre les symptômes psychotiques et le profil comportemental au moment de l'agression sexuelle dont il faudrait tenir compte pour obtenir une classification des différents types de motivations à la base de l'agression sexuelle. En plus de l'évaluation d'une symptomatologie productive associée à l' agression sexuelle, Smith propose d'utiliser plus systématiquement des instruments tels que le questionnaire MTC : R3 chez les agresseurs sexuels psychotiques.    

 

 

3 - Abus de substances chez les agresseurs sexuels  Dans une enquête rétrospective auprès d'un large échantillon de 1273 agresseurs sexuels incarcérés, Peugh et al. [75] rapportent que 1/3 des agresseurs sexuels étaient consommateurs réguliers de drogues ou d'alcool autour de la période de l'agression, 1/5 étaient sous l' influence d'une drogue ou de l'alcool au moment de l'agression.

 

Les agresseurs sexuels pédophiles étaient  globalement moins consommateurs de substances et consommaient préférentiellement de l'alcool (en particulier les agresseurs incestueux). Les consommateurs à la fois de drogue et d'alcool étaient plus souvent célibataires, avec des antécédents d'abus sexuels dans l'enfance, un parcours de criminalité qui les rapprochaient de la population des délinquants non sexuels ; la victime de l'agression sexuelle était  le plus souvent inconnue et adulte.

 

L'étude suggère donc que l'abus de substance, et en particulier l'usage de drogue est un des facteur différenciant les agresseurs sexuels pédophiles et les violeurs dont la cible est un adulte. les auteurs discutent la nécessité d'inclure une évaluation des problèmes d' abus de substances dans les programmes de traitement destinés aux agresseurs sexuels. 

 

Marx et al. [76] ont réalisé un essai contrôlé randomisé auprès d'un échantillon de 141 étudiants afin d'examiner l'impact des effets pharmacologiques et psychologiques de l'alcool sur la capacité des hommes au comportement sexuel agressif ou non agressif à discriminer lorsqu'une femme souhaite que son partenaire interrompe des avances sexuelles. Les différents groupes d'étudiants étaient répartis en différents groupes : comportement sexuel agressif versus comportement sexuel non agressif, effet attendu de l' alcool versus effet non attendu de l'alcool, administration d'alcool versus placebo. Les étudiants étaient ensuite exposés à une cassette audiovisuelle simulant une rencontre entre un homme et une femme.

 

Les participants ayant consommé de l'alcool ou pensant avoir reçu de l'alcool avaient un délai de temps significativement plus long pour déterminer lorsque l'homme devait interrompre ses avances sexuelles.

De plus, les participants au comportement sexuel non agressif avaient un temps de réponse similaire à leurs homologues au comportement sexuel agressif sous l'effet attendu de l'alcool. Ces hommes n'ayant pas "le profil sexuel agressif" interprétaient alors moins bien le message de leur partenaire féminine.

Cette étude suggère que si l'excitation sexuelle occasionnée par la consommation d'alcool est un facteur important, d'autres facteurs plus psychologiques pourraient agir par le biais de l'alcool pour entraîner la désinhibition d'un comportement sexuel agressif.     

 

 

B - Les influences sociales dans les agressions sexuelles : Dans une revue critique de la littérature Seto [77] examine les différentes associations établies entre la pornographie et les agressions sexuelles. Il précise que la première difficulté consiste à définir la pornographie dont la nature est subjective et relative à des valeurs communautaires d'esthétique, de morale et d'acceptabilité dont découle parfois la distinction entre érotisme et pornographie. Cependant, même si la définition reste soumise à un jugement subjectif, l'auteur estime que la distinction entre la pornographie non violente et la pornographie violente et dégradante dépeignant des interactions sexuelles sans affection ou considération pour les acteurs en temps qu'individus, reste possible.

 

Il revoit ensuite les différentes perspective théoriques établissant un lien entre pornographie et agression sexuelle : théories du conditionnement, théories féministes, théories de l'apprentissage sociale ...

 

En conclusion, il déclare que les individus déjà prédisposés à l'agression sexuelle ont probablement le plus de probabilité de subir les effets supposés de l'exposition à la pornographie violente comme l'augmentation du degré d'acceptabilité de la violence sexuelle. Alors que les hommes non prédisposés à l'agression sexuelle ont peu de probabilité de subir les effets de ce type de pornographie. Et si un effet était tout de même possible, il serait probablement transitoire car ce type d'homme ne s'expose pas normalement de lui même à ce type de pornographie. En dernière analyse, l'auteur présente une perspective darwinienne sur les possibles liens entre exposition à la pornographie et agression sexuelle.   

 

 

 

2 – C /  REFERENCES THEORIQUES ET MODELES (question 14)

 

Question 14 - QUELLES SONT LES THEORIES ACTUELLES CONCERNANT LES CAUSES IMPLIQUEES DANS LES AGRESSIONS SEXUELLES ?

 

(Dr Emmanuelle Boë et Dr Laurence Lemaître)

 

Nous évoquons les différentes grilles de lecture du délit sexuel : théories cognitivo-comportementales axées sur les compétences sociales, théories biologiques (génétiques et neurologiques) et enfin théories psychodynamiques.

Un paragraphe à part est réservé aux agresseurs sexuels pédophiles qui constituent un sous-groupe d’agresseurs sexuels particulièrement étudié.

 

I - LES THEORIES COGNITIVO-COMPORTEMENTALES (Dr Emmanuelle Boë)

 

Les compétences sociales sont considérées selon différents angles d’approche : déficit global, capacité d’empathie, mécanismes cognitifs.

 

Déficit en compétences sociales

 

L’activité sexuelle humaine fait partie des interactions sociales : le mode de relation aux autres joue une grande part dans la compréhension actuelle des causes d’agression sexuelle. Les déviances comme l’exhibitionnisme et le voyeurisme, en excluant l’interaction directe avec l’autre, peuvent être considérées des substituts de relation sociale. Ces sujets ont en effet moins de compétences sociales générales que des témoins [78].

 

Selon le modèle de Hudson et Ward [79] le déficit en compétences interpersonnelles joue un rôle central dans la genèse du comportement d’agression sexuelle. Ce déficit a 2 facettes : la faible capacité d’empathie à l’égard de ses victimes, entretenue par des distorsions cognitives et perceptives, et l’impulsivité. L’impulsivité peut se majorer dans des conditions de stress et initier ainsi une carrière d’agresseur sexuel. Elle entraîne une focalisation de l’attention sur le court terme et les aspects concrets.

 

 

Mac Fall (1982), cité par Geer [80], fait l’hypothèse d’une déficience dans la capacité à traiter les signaux interpersonnels chez les agresseurs sexuels. Afin de tester cette hypothèse, il propose de distinguer 3 niveaux de compétence sociale :

1.     L’aptitude à décoder qui consiste à percevoir et à interpréter l’information à traiter.

2.     L’aptitude à décider qui transforme la situation préalablement décodée en un programme comportemental spécifique. La motivation entre en jeu à ce stade.

3.     L’aptitude à exécuter qui confronte la réponse en cours à ses effets, en procédant aux ajustements nécessaires. 

 

Le premier niveau est le plus souvent testé. Auto questionnaires et jeux de rôles permettent de l’évaluer.

En population générale masculine, l’acuité dans la détection des signaux émis par l’autre est diminuée si les stimuli sont érotiques ([80]. Les hommes, toujours en population générale, qui se décrivent comme agressifs sexuellement sont relativement incompétents dans le décodage des émotions féminines. Leur confusion entre l’assurance et l’hostilité, l’amabilité et le séduction, évoque un modèle de méfiance [79].

Lorsqu’une population carcérale est étudiée, les violeurs sont retrouvés comme moins habiles que des délinquants non sexuels dans l’interprétation des signaux féminins. Ce défaut d’interprétation, associé à une impulsivité avec tendance à agir sans anticiper les conséquences, favorise le passage à l’agression sexuelle ([78].

 

Le deuxième niveau est étudié en confrontant des sujets à une scène hétérosexuelle enregistrée et en leur demandant quelle attitude devrait adopter l’acteur masculin. Les violeurs estiment que l’attitude la plus affirmée, voire agressive, est la plus adéquate. À l’opposé, les abuseurs d’enfants choisissent l’attitude la moins affirmée. Le choix d’un partenaire sexuel juvénile pourrait en découler : l’enfant est plus attirant parce que moins menaçant et plus soumis que l’adulte [79].

 

L’anxiété sociale interfère avec les niveaux 2 et 3. Elle peut s’évaluer de 3 façons : soit par auto questionnaire (mais le biais du souhait de conformisme social est important), soit par des indicateurs physiologiques (mesures d’activation physiologique liée au stress), soit par des indicateurs comportementaux (qualité de la voix et niveau d’affect déployé dans un jeu de rôle hétérosexuel).

L’anxiété sociale est plus élevée chez les abuseurs d’enfants que chez les violeurs d’adultes ou des délinquants non sexuels [78].

 

Plutôt que d’étudier les niveaux d’aptitude sociale, Marshall [81, 82] propose de séparer les compétences sociales en domaines interpersonnels et de se pencher sur celui des relations intimes. Sa thèse est la suivante. Les agresseurs sexuels ont échoué dans le développement de la confiance en soi nécessaire et des capacités appropriées à la mise en place de relations intimes avec des pairs. L’intimité relationnelle émerge d’une série d’interactions dans le temps et implique un échange d’affection, une complicité, l’acceptation d’une dépendance affective mutuelle. Cet échec conduit à une expérience de solitude émotionnelle. La solitude émotionnelle correspond à un sentiment permanent de vide relationnel. C’est une anxiété de séparation sans séparation d’avec un objet. Il en résulte un vécu de frustration qui peut favoriser le comportement antisocial, en particulier sexuel (violeurs), ou entraîner une confusion entre intimité relationnelle et activité sexuelle (pédophiles).

Pour cet auteur, le mécanisme explicatif de ce manque d’intimité réside dans le mode d’attachement de l’adolescent ou l’adulte abuseur. La modalité d’attachement mise en place est sous-tendue par un ensemble de représentations mentales constituant un modèle interne opérant. Celui-ci contient des croyances sur les états mentaux de soi et des autres, des attentes sur les rôles de chacun, des stratégies. Ce modèle intervient dans les relations interpersonnelles. Un lien d’attachement insécure s’accompagne d’un manque de confiance en soi et dans les autres, d’une insécurité émotionnelle et d’un défaut d’empathie. Les composants nécessaires à l’établissement d’une intimité relationnelle sont par conséquent défaillants.

Un attachement insécure résulte le plus souvent des expériences précoces infantiles. Une séparation prolongée avec la figure d’attachement ou un abus sexuel (ou physique) peut également modifier le modèle interne opérant et aboutir à un attachement insécure.

Il existe plusieurs types d’attachement insécure chez l’adulte : préoccupé, craintif et méfiant. Les abuseurs d’enfants seraient plutôt préoccupés ou craintifs. Ces 2 types impliquent une vision négative de soi. Les agresseurs sexuels violents seraient plutôt méfiants. Ce type sous-tend une vision négative des autres [79].

En miroir, l’insécurité émotionnelle de l’enfant et son éventuelle privation affective joue un rôle dans sa sélection en tant que victime, Finkelhor (1984), cité par Fisher et al. [78].

 

La capacité d’empathie et les mécanismes cognitifs participent à l’élaboration des compétences sociales. Nous les étudions plus spécifiquement.

 

Déficit en empathie

 

Un fonctionnement social correct est lié aux possibilités d’empathie qui consistent à comprendre le point de vue des autres et à s’intéresser à ce qu’ils ont à dire.

L’empathie associe :

1.     La capacité cognitive à comprendre le point de vue d’un autre ;

2.     La capacité affective à ressentir l’émotion d’un autre ;

3.     La capacité comportementale à agir avec compassion.

Le manque d’empathie est considéré comme une caractéristique des personnalités psychopathiques. Réciproquement, l’empathie est un inhibiteur des comportements agressifs des enfants et des adultes.

L’empathie peut s’évaluer par des auto questionnaires : « Empathy Scale » de Hogem, (1969), « Emotional Empathy Scale » de Mehrabian et Epstein (1972) ou « Interpersonal Reactivity Index » de Davis (1983) [51].

Ces instruments sont basés sur une vision de l’empathie comme un trait stable et global chez un même individu. Les études mesurant ainsi l’empathie retrouvent inconstamment une diminution d’empathie chez les agresseurs sexuels comparés aux autres délinquants (Geer, 2000) [78].

La recherche d’un déficit spécifique à un stade donné du processus d’empathie a donc été proposée. Le premier stade est celui de la reconnaissance et de l’interprétation de l’émotion de l’autre. Le deuxième stade est la mise en perspective, l’intégration du point de vue de l’autre. Le troisième stade est la réponse comportementale.

 

Interprétation des émotions

Chez les violeurs, des commentaires de films montrant des relations hétérosexuelles montrent que la peur est interprétée comme de la surprise, la colère confondue avec le dégoût et l’assurance avec l’hostilité. Un comportement amical est ressenti comme séducteur [83]. 

 

Mise en perspective

Cette aptitude est décrite comme déficiente chez les violeurs, mais elle ne l’est ni chez les abuseurs d’enfants, ni chez les agresseurs sadiques [83].

La capacité à se mettre à la place d’un autre varie selon la circonstance. Trois situations sont testées, impliquant, soit la victime d’un accident, soit la victime d’un abus sexuel, soit sa propre victime. Les agresseurs sexuels ne diffèrent des témoins que dans la dernière situation [83]. Le déficit en empathie est donc sélectif à l’égard de ses propres victimes. Cette sélectivité reflète les distorsions cognitives de l’abuseur.

 

Réponse comportementale à l’affect perçu

Une bonne perception de la détresse de sa victime n’exclut pas un échec dans la réponse appropriée. Les agresseurs sexuels peuvent être semblables aux témoins dans les 2 stades précédents mais opter pour une poursuite du comportement [80]. Là encore, des distorsions cognitives interviennent.

 

La population des agresseurs sexuels est hétérogène dans le domaine de la capacité d’empathie. Une mauvaise interprétation des signaux émotionnels ne concerne que les agresseurs violents dont la psychopathologie se rapproche de la psychopathie. Les abuseurs d’enfants témoignent d’un niveau d’empathie comparable aux témoins, excepté à l’égard de leur propre victime (mais ce résultat renvoie plutôt aux distorsions cognitives qu’à la capacité d’empathie). Le modèle de Finkelhor (1984) sur le pré-conditionnement des pédophiles (cité par Fisher et Howells [98]) intègre même une forme d’empathie à l’égard de l’enfant victime, comme participant à la motivation de l’abuseur. Cette motivation n’inclut pas seulement une excitation sexuelle. Une congruence émotionnelle, c’est-à-dire qu’au-delà de l’attrait sexuel, une satisfaction dans les relations émotionnelles et affectives avec l’enfant, est importante et résulte d’un blocage dans le développement des relations sociales avec ses pairs (en particulier dans les relations intimes).

L’acuité dans la perception des émotions de sa victime est également un facteur favorisant l’agression sadique dont la motivation est d’humilier et de dégrader sa victime.

Par conséquent, il paraît judicieux de centrer les programmes de traitement qui visent à développer l’empathie sur le sous-groupe des abuseurs violents non sadiques.

Nous avons évoqué le lien entre empathie et distorsion cognitive. Nous abordons à présent la question des mécanismes cognitifs.

 

Mécanismes cognitifs

 

Distorsion cognitive

Ce mécanisme consiste en une mauvaise interprétation des faits ayant trait à l’abus. L’offense est avouée, mais l’intention des 2 parties est distordue. L’objectif est de minimiser sa part de responsabilité.

Webster et al. [84] proposent une étude originale pour évaluer les distorsions cognitives des agresseurs d’enfants. Les 31 sujets de l’étude sont départagés en abuseurs intra-familiaux et abuseurs extra-familiaux. La méthode consiste à leur faire écrire une lettre d’excuse adressée à leur victime et à analyser cette lettre selon une grille de lecture prédéfinie. Il en résulte que les abuseurs tentent d’éviter de se confronter à l’empathie qu’ils pourraient éprouver à l’égard de leurs victimes en utilisant des distorsions cognitives. Tout en reconnaissant leur responsabilité, ils tentent d’induire un doute quant à celle de la victime. Cette distorsion consiste à faire basculer la responsabilité vers l’abusé. Se présenter soi-même comme victime est une autre distorsion fréquente. La justification par une causalité sociale se retrouve également souvent. Lorsque les groupes intra-familiaux et extra-familiaux sont comparés, il apparaît que les premiers ont tendance à minimiser leur acte, tandis que les seconds blâment volontiers leur victime.

Les croyances font partie du contenu cognitif susceptible, comme les opérations cognitives, d’être distordu. Les violeurs ont des croyances peu distinctes de celles des autres délinquants. En revanche, les abuseurs d’enfants ont des croyances qui tendent à légitimer l’implication des enfants dans l’activité sexuelle, comme la vision d’un enfant en termes sexualisés.

Les pédophiles sont particulièrement concernés par les distorsions cognitives : nous leur consacrons un paragraphe en fin de chapitre.

 

Déni cognitif

Il consiste en un évitement de la reconnaissance de ses propres émotions, fantasmes, besoins physiques. Ce mécanisme est impliqué dans les expériences traumatiques, en particulier les abus sexuels. La victime utilise le déni pour faire face et prendre de la distance avec l’événement traumatique, en particulier lorsqu’elle n’arrive pas à lui donner du sens.

Une telle expérience, par son caractère imprévisible et le sentiment d’impuissance qu’elle entraîne peut s’accompagner de la conviction d’avoir peu de contrôle sur sa vie. L’abusé, futur abuseur, tente de retrouver un contrôle dans des fantasmes sexuels où il est actif dans la relation. Dénier les sentiments négatifs associés, comme la honte, la culpabilité, l’anxiété, permet alors d’initier ou de maintenir l’activité d’abus [85].

 

L’initiation de l’activité d’abus peut également impliquer un style de décision implicite. Ce type de décision est intuitif, avec une absence de conscience de la signification des actes et de leurs buts. Son traitement est automatique, par opposition au traitement contrôlé et analytique d’une décision explicite.

 

Planification implicite

 

Le modèle suivant est proposé par Ward et Hudson  [86]. Il s’applique aux phases précoces du processus cognitif menant à l’offense sexuelle. Deux types de planification implicite sont considérés : la simulation mentale et le script cognitif.

 

La simulation mentale

L’individu fantasme en s’imaginant une situation précisément et concrètement. La représentation mentale de la situation est ensuite coupée de ses intentions qui sont oubliées. La stratégie mise au point lors du fantasme sexuel est alors automatisée. Plus tard, un signal de l’environnement qui fait écho à la situation imaginée déclenche la réponse comportementale automatique. L’action est initiée immédiatement et sans intention consciente.

 

Le script cognitif

Les scripts cognitifs sont des modèles internes qui fonctionnent comme guide pour des actions routinières dirigées vers un but. Un script se déclenche sans effort ni contrôle conscient du comportement. Sa représentation siège dans la mémoire à long terme. Les scripts sexuels comprennent 3 niveaux : détecter un état interne et sa signification, un contexte interpersonnel et un contexte culturel. Ils sont utilisés pour créer l’accès à la victime et utiliser une stratégie d’approche. Le signal qui déclenche le script peut être interne (humeur négative) ou externe (information reliée à l’abus).

 

Les décisions implicites des agresseurs sexuels les placent dans des situations à haut risque d’abuser. Lutter contre ces décisions automatisées est difficile et nécessite un effort conscient. Ce contrôle conscient est levé en cas de surcharge cognitive : situation de stress, humeur négative.

Le relais d’une décision explicite, consciente de ses intentions, est toutefois nécessaire pour réaliser l’agression sexuelle.

 

Les modèles intégratifs

 

Modèle de Ward, Keenan, Hudson [87]

L’habileté à inférer des états mentaux (théorie de l’esprit) est un mécanisme central, dont la défaillance pourrait expliquer en partie les déficits dans les domaines suivants : empathie, affectif, cognitif.

La théorie de l’esprit se réfère à la capacité à attribuer des états mentaux aux autres et à soi-même pour tenter de comprendre et d’expliquer les comportements. Un état mental est une construction théorique. Nous avons une théorie selon laquelle il existe des états mentaux et nous les imputons à soi et aux autres.

Selon ce modèle :

Le défaut d’empathie correspond à une incapacité à attribuer des sentiments.

Les distorsions cognitives résultent d’une incapacité à attribuer des croyances.

Le manque d’intimité se rapporte à l’incapacité à attribuer des besoins et des désirs.

 

Modèle de Nezu, Nezu et Dudek [85]

Des variables statiques, invariantes, interagissent avec des variables dynamiques, susceptibles de changer, pour aboutir à une vulnérabilité d ‘abuseur.

Les variables statiques font référence à l’histoire ou à la constitution du sujet :

·       Le déficit intellectuel. Un fonctionnement intellectuel pauvre s’accompagne d’une relative incompétence socio-sexuelle. Un pattern déviant est alors favorisé.

·       L’antécédent d’abus sexuel. Une méta-analyse de 18 études retrouve un tel antécédent chez 28 % des agresseurs sexuels. Ce taux est plus élevé parmi les abuseurs d’enfants. Un déni peut se mettre en place à cette occasion et s’intégrer parmi les mécanismes cognitifs auxquels le sujet a volontiers recours, permettant d’initier l’activité d’abus.

Les variables dynamiques concernent des opérations cognitives :

·       Faible capacité à résoudre des problèmes sociaux.

·       Distorsion et déni cognitif.

Les variables statiques facilitent l’instauration des variables dynamiques. Ces dernières constituent le noyau de la vulnérabilité. Un facteur déclenchant, stress interne ou externe, peut alors favoriser l’agression sexuelle.

 

 

 

II - LES THEORIES BIOLOGIQUES (Dr Laurence Lemaitre))

 

 

Il s'agit pour ces théories de cerner les facteurs biologiques qui peuvent prédisposer un individu à commettre un délit sexuel. Les principaux aspects biologiques qui ont été explorés sont les aspects génétiques, endocriniens et neurologiques.

 

Précisons que jusqu'à présent, aucun paramètre biologique spécifique n'a pu être identifier comme étant commun à tous les agresseurs ni ne permet de prédire qu'un individu le deviendra. Ces recherches n'ont pas permis d' expliquer le comportement d'agression sexuel par une cause biologique unique.

 

Dans un article examinant les problèmes rencontrés par les chercheurs lorsqu 'ils étudient les facteurs biologiques participant à l'étiologie de l'agression sexuelle Berlin [88] insiste sur la nécessité pour la recherche biologique de se focaliser sur des sous-populations de violeurs homogènes aux motivations similaires. Car si selon l'aspect légal le violeur est défini par son seul comportement, en réalité les violeurs réalisent une population très hétérogène entre la personnalité antisociale, les retardés mentaux, le groupe appartenant aux déviances sexuelles aberrantes (paraphiles) ...

 

Par exemple, dans le cas des violeurs psychopathes non paraphiles, la recherche de facteurs biologiques corrélés à l'agression sexuelle entraînera plus une focalisation de l'attention sur des facteurs biologiques reflétant une tendance agressive générale comme un trouble de l'impulsivité plutôt que liés spécifiquement à l'agression sexuelle.

 

L'auteur suggère donc dans un premier temps, d'étudier plus précisément les différences dans le domaine sexuel qui permettraient de mieux distinguer les agresseurs sexuels, en particulier  le type de partenaire considéré comme attirant sexuellement ( âge, sexe, ... )  le type de comportement considéré comme excitant sexuellement  l'intensité du désir sexuel et les difficultés éventuelles rencontrées pour résister à ce désir sexuel  l'attitude concernant la nécessité d'essayer de résister ou non à un désir sexuel.  

 

a - les recherches en génétiques : portent essentiellement sur les anomalies chromosomiques prédisposant un individu à agresser et, plus particulièrement à agresser sexuellement. Deux syndromes génétiques ont été plus particulièrement étudiés : le syndrome XYY [89] et le syndrome XXY (ou syndrome de Klinefelter). Les chercheurs n'ont pu établir de liens formels entre ces anomalies chromosomiques et la délinquance sexuelle.   

 

b - Les recherches qui portent sur les hormones : Plusieurs chercheurs se sont intéressés aux hormones mâles dans l'agression sexuelle. Alors que les anti-androgènes sont utilisés dans le traitement de la délinquance sexuelle, le rôle de la testostérone demeure imprécis et n'a pas été démontré de façon certaine.   

 

c - Les recherches neurologiques : postulent que le comportement sexuel normal nécessite des composantes anatomiquement et fonctionnellement intactes.

 Plusieurs études ont cherché à évaluer les anomalies neurologiques potentielles auprès de population d'agresseurs sexuels.

Pallone et Voelbel [90] explorent les dysfonctionnements du système limbique fréquemment impliqué dans le comportement sexuel agressif auprès d'une population de 54 délinquants sexuels pédophiles incarcérés en utilisant un questionnaire développé par des chercheurs de l'université de Harward et Dartmouth : le LSCL-33 (Limbic System Check List - 33), et supposé mieux détecter des niveaux subcliniques d'altérations neurologiques que les batteries d'examens complémentaires habituellement utilisés. 33 % des pédophiles de l'échantillon aboutissent à un diagnostique d'altération probable du système limbique associé à certains troubles psychiatriques comorbides, en particulier  personnalité antisociale, troubles psychotiques et manie évalués à l'échelle MMPI. Les auteurs suggèrent que les troubles neuropathologiques et psychopathologiques interagissent ensembles et se potentialisent chacun en favorisant l'agression sexuelle.

 

Parallèlement au développement des méthodes de neuro-imagerie comme le PET-scanner, certains chercheurs tentent de caractériser plus précisément les régions cérébrales incriminées dans le comportement d'excitation sexuelle chez l'individu "normal". Réalisant une étude auprès de 9 hommes sains à qui sont présenté des stimuli visuels de nature sexuelle, une équipe de chercheurs de la CERMEP et de l'INSERM [91] ont localisé plusieurs zones cérébrales dont l'activation était associée à la présentation des stimuli visuels : la région du claustrum montrait la plus forte activation. Une activation était également présente dans la région paralimbique, le striatum et l'hypothalamus postérieur alors qu'une baisse du débit sanguin cérébral était observé dans plusieurs régions temporales. En se basant sur ces résultats, les auteurs proposent un modèle des différents processus cérébraux intervenant comme médiateurs dans les différents composants cognitifs, émotionnels, motivationnels et autonomes impliqués dans le comportement d'excitation sexuelle mâle. Les auteurs suggèrent que ces résultats relevés auprès de sujets sains pourraient permettre de mieux identifier les modifications fonctionnelles caractérisant les altérations pathologiques du désir sexuel chez l'homme.     

 

III - LES THEORIES PSYCHODYNAMIQUES ET PSYCHANALYTIQUES (Dr Laurence Lemaître)

 

Nicolleau (maîtrise de psychopathologie et de psychologie clinique sur les agresseurs sexuels en milieu carcéral) [92] décrit des sujets dont les failles se situent surtout à un niveau narcissique du développement. Les insuffisances de la relation au premier objet, l'incapacité à intégrer la position dépressive, les incomplétudes identitaires poussent ces sujets à l' utilisation des moyens de défense de type psychotiques, à des compensations mégalomaniaques, à l'utilisation de clivage, ou à l'expression directe de l' agressivité. En s'interrogeant sur les moteurs, les motivations ou les angoisses inhérents à ces mécanismes, Nicolleau propose la perversion comme modèle explicatif du passage à l'acte dans l'agression sexuelle. Si tous les comportements violents sexuels rencontrés en milieu judiciaire ne relèvent pas tous de la perversion, il est pourtant nécessaire d'opérer des comparaisons avec la perversion afin de dégager leur spécificité psychodynamique. Ainsi certains de ces actes sont commis par des névrosés et s'accompagnent de culpabilité, d'autres sont le fait de psychotiques, ou encore peuvent survenir chez des psychopathes n'acceptant pas la frustration. Dans ces cas, on ne parle pas de structure de la personnalité mais d'aménagement pervers défensifs. Les relations précoces infantiles à la mère archaïques seraient source d'angoisse face à la relation et à la représentation féminine. La défaillance des mécanismes de défense entraînerait alors le passage à l'acte chez des sujets dont la résistance aux pulsions agressives et libidinales et à la frustration est marquée par la faiblesse d'un moi fragile.

Le contexte de fixation à ce stade de relation précoce, contigu à la phase de séparation-individuation avec la mère serait caractérisé par certains facteurs d'ordre familial : tentatives de séduction réelles ou imaginaires de la part de la mère, relations intimes marquées par l'incohérence affective, absence de relation avec le père et dévalorisation de celui-ci dans le discours maternel, présence de conflits familiaux graves, alcoolisme et violence familiale ... Plusieurs auteurs d'inspiration psychanalytique [93, 94] ont étudié plus précisément la place des figures parentales dans le développement des perversions sexuelles. 

 

Dans son article "vers une théorie des perversions sexuelles" Tardif [94] situe également les perversions criminelles dans le registre des problématiques préoedipiennes. Les auteurs de perversions criminelles présenteraient d'importantes failles de la structure identitaire qu'elle tente de retracer à travers différents axes ontogénétiques tels que : l' intrication des pulsions sexuelles et agressives, le fait d'être au prise avec des angoisses fondamentales, la non résolution de deuil infantiles et les avatars de la relation d'objet. L'articulation de ces éléments conceptuels permettrait de dégager les conflits de base qui sous tendent les symptômes pervers criminels. 

 

Dans un article sur les "agirs sexuels pervers : emprise et déni d'altérité" Coutanceau [95] nous invite à une clinique du passage à l' acte chez l'agresseur sexuel, "moment d'actualisation d'une dynamique perverse plus souvent que reflet d'une structure perverse ". Considérant "le viol ou acte sexuel violent faisant fi du consentement d' autrui comme une relation d'emprise déniant l'altérité d'autrui", Coutanceau propose une psychopathologie de l'agir sexuel en fonction de la personnalité sous-jacente de l'agresseur sexuel résumée dans le tableau ci-dessous.    

 

 

Névrotique

Immaturo-pervers

Pervers

Contrainte lors de l’acte

Reconnue

Reconnaissance indirecte ; négation banalisante

déni

Vécu surmoïque de l’acte

Culpabilité

Honte

Ni anxiété, ni honte apparente

Ressentiment possible pour la victime

Reconnu

Banalisé, minimisé

nié

Position face à la loi

Reconnue comme structurante

Acceptée avec difficulté

défiée

 

 

4) Les agresseurs sexuels pédophiles :  Dans une étude rétrospective analysant 97 agressions sexuelles d'enfants recueillies auprès des rapports de police, Canter et al. [96] identifient  trois profils comportementaux caractérisant les différents types d'interactions relationnelles entre l'agresseur pédophile et sa victime :  

 

relations très intimes entre l'agresseur et sa victime, l'enfant étant alors considéré comme une alternative à un partenaire sexuel d'âge approprié.  

 

relations dominées par l'agressivité, l'enfant est la cible de la et de la cruauté de l'agresseur sexuel. Dans ce type d'interaction, la force est souvent utilisée au delà de la force nécessaire pour obtenir la soumission de l'enfant.  

 

troisième type d'interaction opportuniste où l'agression sexuelle n'est qu'une des multiples formes d'activités criminelles chez l'agresseur sexuel. L'utilisation de la force n'excède pas ce qui est nécessaire pour obtenir la soumission de l'enfant et l'agresseur ne commet son crime qu'une seule fois avec la même victime qui n'appartient pas au système familial et gravite en dehors de son environnement proche et familier. Cette étude fournit des résultats permettant de considérer l'agression sexuelle pédophile à la fois comme une forme de criminalité et comme une forme de pathologie mentale (disposition stable à un modèle de déviance sexuelle ). 

 

 

 

Dans une étude réalisée auprès de 30 agresseurs sexuels pédophiles incarcérés, Swaffer [97] utilise l'interview semi-structurée de Neidigh et Krop (1992) afin d'évaluer les différents types de distorsions cognitives rencontrées parmi cette population d'agresseurs sexuels. Avant le programme de soins, il repère plusieurs distorsions cognitives caractérisées par une tendance à minimiser la gravité de leurs comportement et à légitimer les rapports sexuels entre enfants et adultes. Malgré l' efficacité du programme de soins qui s'accompagne d'une réduction des distorsions cognitives, la plupart des agresseurs pédophiles persistent cependant à ne pas accepter la pleine responsabilité de leur crime. Par ailleurs l'auteur échoue ici à monter un lien entre l'agression sexuelle et  l'agressivité, la colère qui ne sont pas utilisées par les pédophiles comme justifications de leurs actes. 

 

Dans une revue de la littérature, Ward et al. [98] déclarent que les distorsions cognitives des pédophiles découlent de théories causales implicites des agresseurs sexuels pédophiles concernant la nature de leurs victimes et leur vision du monde en général.

 

A partir de l'ensemble des différentes distorsions cognitives recueilles dans la littérature médicale, ils "reconstruisent" cinq modèles de théories implicites susceptibles d'intervenir chez les agresseurs sexuels pédophiles :  

 

Les enfants sont considérés comme des objets sexuels.  

 

Du fait de leurs statuts supérieurs, certains individus ont le droit d' assouvir leur besoin sur d'autres alors que les désirs de leurs victimes sont ignorés ou considérés comme ayant une importance secondaire.   

 

Le monde est un endroit dangereux dans lequel il est nécessaire de se battre et d'affirmer sa domination sur les autres.  

 

Le monde est dominé par des facteurs extérieurs incontrôlables. Dans un sens, les désirs sexuels sont considérés comme extérieurs à l'agresseur qui n'est pas responsable de son comportement.  

 

Il existe des degrés dans le mal, et, considérant qu'il aurait pu commettre un acte beaucoup inacceptable et douloureux pour sa victime, l' agresseur estime qu'il ne doit pas être jugé trop sévèrement, d'autant plus que cette première croyance est associée à une deuxième qui considère que l' activité sexuelle ne peut être que bénéfique en elle même. En conclusion, les auteurs déclarent qu'il est possible de développer un modèle rendant compte des distorsions cognitives des agresseurs sexuels pédophiles en se focalisant sur les théories implicites qui sous-tendent leurs comportement délictueux, ce qui permettrait de mieux comprendre les liens entre cognition et comportement. 

 

 

Seto et al. [99], se sont particulièrement intéressés aux pédophiles incestueux. Dans une perspective théorique qui considère que le sexe avec son propre enfant biologique est paradoxal et que l'évitement des croisement consanguins fait partie des mécanismes régulateurs importants des relations parents-enfants, ils font l'hypothèse que l'inceste peut survenir lorsque ces mécanismes régulateurs sont submergés par d'autres facteurs comme un intérêt de nature pédophile. Dans une étude réalisée auprès d'un large échantillon de 733 agresseurs sexuels, ils échouent cependant à démontrer leur hypothèse : les pères biologiques sensés avoir été impliqué dans l'éducation de leurs victimes apparaissent comme le groupe possédant le plus faible intérêt pédophile aux mesures phallométriques comparativement aux groupe des pédophiles extra-familiaux, mixtes et aux violeurs dont la victime est adulte. L'agression sexuelle chez les pédophiles incestueux serait de nature plutôt opportuniste : n'ayant pas accès facilement à leurs cibles sexuelles préférentielles, ce type d'individu reporterait alors leurs cibles plus bas dans leur gradient de leurs préférences sexuelles. Les auteurs précisent cependant l'absence d'évaluation des soins parentaux précoces et des premiers contacts présumés entre le père et l'enfant, constituant une limitation à l'étude.  

 

 

Bibliographie  du chapitre 2

 

1.                  Craissati J, McClurg G. The  Challenge  Project  : Perpetrators of child sexual abuse in South East London. Child Abuse Neglect 1996 ; 20 : 1067-1077.

2.                  Van Gijseghem H. La personnalité de l'abuseur sexuel : typologie à partir de l'optique psychodynamique. Montréal : Méridien, 1988.

3.                  Johnston FA, Johnston SA. A  cognitive  approach to validation of the fixated-regressed typology of child molesters. J Clin Psychol 1997 ; 53 : 361-368.

4.                  Knight RA. A taxonomic analysis of child molesters. Ann NY Acad Sci 1988 ; 528 : 2-20.

5.                  Jamieson S, Marshall WL. Attachment styles and violence in child molesters. J Sex Aggr 2000 ; 5 : 88-98.

6.                  Proulx J, Perreault C, Ouimet M. ways  in  the  offending  process  of  extrafamilial  sexual child molesters. Sex Abuse 1999 ; 11 : 117-29.

7.                  Faller KC. Extrafamilial sexual abuse. Child  Adolesc Psychiatr Clin North Am 1994 ; 3 : 713-727.

8.                  Firestone P, Bradford JM, Greenberg DM, Serran GA. The  relationship  of deviant sexual arousal and psychopathy in incest offenders, extrafamilial child molesters, and rapists. J Am Acad Psychiatry Law 2000 ; 28 : 303-308.

9.                  Wilson RJ. Emotional congruence in sexual offenders against children. Sex-Abuse 1999 ; 11 : 33-47.

10.               Vander MBJ, Neff RonaldL. Adult-child incest: A review of research and treatment. Adolescence 1982 ; 17 : 717-735.

11.               Ballar D, Blair G, Deveraux S. In In : Horton AL, Johnson BL, Roundy LM, Williams D, eds. The incest perpetrator. London :  Sage Publications, 1990 : Sage publication,1990; 43-63.

12.               Raviart JF. In : Archer E ed. Agressions sexuelles : victimes et auteurs. Paris, Montréal  :  L’Harmattan, 1998 : 143-147.

13.               Blumenthal S, Gudjonsson G, Burns J. Cognitive  distortions  and blame attribution in sex offenders against adults and children. Child Abuse Neglect  1999 ; 23 : 129-143.

14.               Marshall WL, Serran GA, Cortoni FA. Childhood  attachments,  sexual abuse, and their relationship to adult coping in child molesters. Sex-Abuse  2000 ; 12 : 17-26.

15.               Levin SM, Stava L. Personality characteristics of sex offenders: A review. Arch Sex Behav 1987 ; 16 :   57-79.

16.               Stermac L, Hall K, Henskens M. Violence among child molesters. J Sex Res 1989 ; 26 : 450-459.  

17.               Haywood TW,  Kravitz HM,  Wasyliw OE, Goldberg J, Cavanaugh JL Jr. Cycle  of  abuse and psychopathology in cleric and noncleric molesters of children and adolescents. Child Abuse Neglect 1996 ; 20 : 1233-1243.

18.               Langevin R; Curnoe S; Bain J. A  study  of  clerics  who commit sexual offenses : Are they different from other sex offenders? Child Abuse Neglect 2000 ;  24 : 535-545.

19.               Bridges MR, Wilson JS, Gacono CB. A   Rorschach   investigation   of   defensiveness,   self-perception, interpersonal   relations,   and   affective  states  in  incarcerated pedophiles. J Pers Assess,  1998 ; 70 : 365-385.

20.               Gacono CB, Meloy JR, Bridges MR. A  Rorschach  comparison  of psychopaths, sexual homicide perpetrators and nonviolent pedophiles : Where Angels fear to tread. J Clin Psychol 2000 ; 56 : 757-777.

21.               Wakefield H, Underwager R. Female child sexual abusers: A critical review of the literature. Am  J Forensic Psychol 1991 ; 9 : 43-69.

22.               Grayston AD, De Luca RV. Female  perpetrators  of child sexual abuse : A review of the clinical   and empirical literature. Aggr Violent Behav 1999 ; 4 : 93-106.

23.               Travin S, Cullen-K, Protter-B. Female sex offenders: Severe victims and victimizers. J Forensic Sci 1990 ; 35 : 140-150.

24.               Balier C.  À  propos  des  agresseurs  sexuels  :  l'obligation  de  soins  comme nécessité clinique : Psychiatrie fin de siècle. Persp Psychiatr 1999 ; 38 : 96-99.

25.               Cordier B. Vers une criminologie interventionnelle. J Med Leg Droit Med 1999 ; 42 : 485-490. 

26.               Taylor LMW. The  role  of  offender profiling in classifying rapists: implications   for counselling. Counselling Psychol 1993 ; 6 : 325-348

27.               Ward T, Hudson SM, McCormack J. The assessment of rapists. Behav Change 1997 ; 14 : 39-54.

28.               Polaschek D-L, Ward-T, Hudson-S-M. Rape and rapists: theory and treatment. Clin  Psychol Rev1997 ; 17 : 117-44.

29.               Berkowitz A. College men as perpetrators of acquaintance rape and sexual assault: a   review of recent research. J Am Coll Health 1992 ; 40 : 175-81

30.               Thomas PBA, Howells K. The clinical investigation and formulation of forensic problems. Australian    Psychologist 1996 ;  31 : 20-27.

31.               Prentky RA, Knight RA, Rosenberg R. Validation analyses on a taxonomic system for rapists: disconfirmation and reconceptualization. Ann NY Acad Sci 1988 ; 528 : 21-40.

32.               Langevin R, Glancy GD, Curnoe S, Bain J. Physicians  who  commit sexual offences: are they different from other sex offenders? Can J Psychiatr 1999 ; 44 : 775-780.

33.               Meloy JR. The nature and dynamics of sexual homicide: An integrative review.  Aggr  Violent  Behav 2000 ; 5 : 1-22.

34.               Myers WC, Reccoppa L, Burton K, McElroy R. Malignant sex and aggression: An overview of serial sexual homicide. Bull Am Acad Psychiatry Law 1993 ; 21 ; 435-451.

35.               Simpson G, Blaszczynski-A, Hodgkinson-A. Sex offending as a psychosocial sequela of traumatic brain injury. J Head Trauma Rehabil 1999 ; 14 : 567-80.

36.               O’Shaughnessy RJ. Clinical aspects of forensic assessment of juvenile offenders. Clinical Forensic Psychiatry. 1992 ; 15  : 721-35.

37.               Jacob M. Les différentes pathologies sexuelles à l’adolescence. Rapport du groupe de travail sur les agressions à caractère sexuel. Ministère de la Justice, Canada. 1995.

38.               Vizard E, Monck E, Misch P. Child and adolescent sex abuse perpetrators: A review of the research  literature. J Child Psychol-Psychiatry 1995 ; 36 : 731-56.

39.               Aljazireh L. Historical, environmental, and behavioral correlates of sexual offending by male adolescents: A critical review. Behav  Sci Law 1993 ; 11 : 423-440.

40.               Galli V, McElroy SL, Soutullo CA, Kizer D, Raute N, Keck PE, McConville BJ. The psychiatric diagnoses of twenty-two adolescents who have sexually molested other children. Compr Psychiatry 1999 ; 40 : 85-88

41.               Shaw JA, Campo-Bowen AE, Applegate B, Perez D, Bernard Antoine L, Hart EL, Lahey BB, Testa RJ, Devaney A. Young boys who commit serious sexual offenses : Demographics, psychometrics, and phenomenology. Bull Am Acad Psychiatry Law. 1993 ; 21 : 399-408.

42.               Becker JV, Hunter JA. Understanding and treating child and adolescent sexual offenders. In : Ollendick TH, Prinz RJ. Eds. Advances in Clinical Child Psychology. New York : Plenum Press, 1997 : 177-97.

43.               Daderman AM, Lidberg L. Flunitrazepam (Rohypnol) abuse in combination with alcohol causes premeditated, grievous violence in male juvenile offenders. J Am Acad Psychiatry Law 1999 ; 27 : 83-99.

44.               Langstrom N, Grann M, Lindblad F. A preliminary typology of young sex offenders. J Adolesc 2000 ; 23 : 319-329.

45.               Myers-Wade-C, Blashfield-Roger. Psychopathology and personality in juvenile sexual homicide offenders. J Am Acad Psychiatry Law 1997 ;  Vol 25 : 497-508.  

46.               Wieckowski E, Hartsoe P, Mayer A, Shortz J. Deviant sexual behavior in children and young adolescents: Frequency and patterns. Sex  Abuse 1998 ; 10 : 293-303.

47.               Boyd NJ, Hagan M, Cho ME. Characteristics of adolescent sex offenders : A review of the   research. Aggr Violent Behav 2000 ; 5 : 137-146.  

48.               Edens JF, Skeem JL, Cruise KR, Cauffman E. Assesment of « juvenile psychopathy » and its association with violence : A critical review. Behav Sci Law 2001 ; 19 : 53-80.

49.               Looper AB, Hoffschmidt SJ, Ash E. Personality Features and characteristics of violent events committed by juvenile offenders. Behav Sci Law 2001 ; 19 : 81-96.

50.               Lies-N. Boys who became offenders. A follow-up study of 2203 boys tested with projectives methods. Acta Psychiatr Scand Suppl 1988 ; 342 : 5-122.

51.               Burke DM. Empathy in sexually offending and nonoffending adolescent males. J Interpers Violence 2001 ; 16 : 222-33.

52.               Hunter JA Jr, Figueredo AJ. The influence of personality and history of sexual victimization in  the prediction of juvenile perpetrated child molestation. Behav Modif 2000 ; 24 : 241-63.

53.               Butz C, Spaccarelli S. Use of physical force as an offense characteristic in subtyping juvenile sexual offenders. Sex Abuse 1999 ; 11 : 217-32.

54.               Daleiden EL, Kaufman KL, Hilliker DR, O’Neil JN. The sexual histories and fantasies of youthful males : A comparison of sexual offending, nonsexual offending, and nonoffending groups. Sex Abuse 1998 ; 10 :195-209.

55.               Graves RB, Openshaw DK, Ascione FR, Ericksen SL. Demographic and parental characteristics of youthful sexual offenders. Int J Offender Ther Comp Criminol 1996 ; 40 : 300-317.

56.               Hummel P, Thomke V, Oldenburger HA, Specht F. Male adolescent sex offenders against  children: Similarities and differences between those offenders with and those without a history   of sexual abuse. J Adolesc 2000 ; 23 : 305-17.  

57.               Jonson-Reid M, Way I. Adolescent sexual offenders : Incidence of childhood maltreatment, serious emotional disturbance, and prior offenses. Am J Orthopsychiatry 2001 ; 71 : 120-30.

58.               Worling JR. Personality-based typology of adolescent male sexual offenders : Differences in recidism rates, victim-selection characteristics, and personal victimization histories. Sex Abuse 2001 ; 13 : 149-66.

59.               Friedrich WN, P. N. Gerber PN, B. Koplin B, M. Davis M, Jeff Giese J, C. Mykelbust C, D. Franckowiak D. Multimodal Assessment of dissociation in adolescents : inpatients and juvenile sex offenders, sexual Abuse 2001 ; 13 : 167-177.

60.               Pithers WD, Gray A, Busconi A, Houchens P. Five empirically-derived subtypes of children with sexual behaviour problems: Characteristics potentially related to juvenile delinquency and adult criminality. Ir J Psychol 1998 ; 19 : 49-67.

61.               Veneziano C, Veneziano L, LeGrand S. The relationship between adolescent sex offender behaviors and victim characteristics with prior victimization. J Interpers Violence 2000 ; 15 : 363-374.

62.               Koss MP, Dinero TE. Predictors of sexual aggression among a national sample of male college students. Ann NY Acad Sci 1988 ; 528 : 133-47.

63.               Lim S, Howard R. Antecedents of sexual and non-sexual aggression in young Singaporean men. Pers Individ Differences 1998 ; 25 : 1163-82.

64.               Hanson RK, Harris AJR. Where  should  we  intervene? Dynamic predictors of sexual offense   recidivism. Criminal Justice Behav 2000 ; 27 : 6-35.

65.               Hammer F. Symptoms of sexual deviation : Dynamics and etiology. Psychoanal Rev 1968  ; 55 :  5-27.

66.               Tardif M, Van Gijseghem H. Les perceptions des figures parentales des pédophiles hétérosexuels et homosexuels : réalité factuelle ou virtuelle. Bull Psychol 1999 ; 52 : 597-604.

67.               Elroy SL, Soutullo CA, Taylor P Jr, Nelson EB, Beckman DA, Brusmann LA., Ombaba JM, Strakowski S.M, Heck PE Jr. Psychiatric features of 36 men convicted of sexual offenses. J Clin Psychiatry 199 ; 60 : 414-20.

68.               Raymond NC, Coleman E, Ohlerking F, Christenson GA, Miner M. Psychiatric comorbidity in pedophilic sex offenders (see comments). Am J Psychiatry 1999 ; 156 : 786-8.

69.               Lalumière ML, Quinsey VL. Sexual deviance, antisociality, mating effort, and the use of sexually coercive behaviors. Pers Individ Differences 1996 ; 21 : 38-48.

70.               Holt SE, Reid Meloy JR, Strack S. Sadism and psychopathy in violent and sexually violent offenders. J Am Acad Psychiatry Law 1999 ; 27 : 23-32.

71.               Berger P, Berner W, Bolterauer J, Gutierrez K, Berger K . Sadistic personality disorder in sex offenders : Relationship to antisocial personality disorder and sexual sadism. J  Pers Dis 1999 ; 13 : 175-86.

72.               Chesterman P, Sahota K. Mentally ill sex offenders in regional secure unit. I : Psychopathology and motivation. J Forensic Psychiatry 1998 ; 9 : 150-60.

73.               Phillips SL, Heads TC, Taylor PJ, Hill GM. Sexual offending and antisocial sexual behavior among patients with schizophrenia. J Clin Psychiatry 1999 ; 60 : 170-75.

74.               Smith D. Motivation and psychosis in schizophrenic men who sexually assault women. J. Forensic Psychiatry 2000 ; 11 : 62-73.

75.               Peugh J, Belenko S . Examining the substance use pattern and treatment needs of incarcerated sex offenders. Sex Abuse 2001 ; 13 : 179-95.

76.               Marx P, Gross M, Adams E. The effect of alcohol on the responses of sexually coercive and noncoercive men to an experimental rape analogue.  Sex Abuse 1999 ; 11 : 131-44.

77.               Seto C, Maric A, Barbaree E. The role of pornography in the etiology of sexual aggression. Aggression Violent Behav 2001 ; 6 : 35-53.

78.               Fisher D, Howells K, Gudhonsson GH. Social relationships in sexual offenders. Paraphilias. Sex Marital Ther  1993 ;  8 : 123-136.

79.               Hudson SM, Ward T. Interpersonal competency in sex offenders. Behav Modif  2000 ; 24 : 494-527. 

80.               Geer JH, Estupinan LA, MangunoMire GM. Empathy,  social  skills,  and  other  relevant cognitive processes in rapists and child molesters. Aggr Violent Behav  2000 ; 5 : 99-126.

81.               Marshall WL. Intimacy, loneliness and sexual offenders. Behaviour  Research  &  Therapy;  1989 ; 27 :  491-503.

82.               Marshall WL. The role of attachments, intimacy, and loneliness in the etiology and maintenance of sexual offending. Sex Marital Ther 1993 ; 8 : 109-21.

83.               Ward T.  Sexual offenders' cognitive distortions as implicit theories. Aggr Violent Behav  2000 ; 5 : 491-507.

84.               Webster SD, Beech AR. The  nature  of sexual offenders' affective empathy: A grounded theory analysis. Sex  Abuse  2000 ; 12 (4), P: 249-61.

85.               Nezu CM, Nezu AM, Dudek JA. A   cognitive   behavioral  model  of  assessment  and  treatment  for   intellectually disabled sexual offenders. Cogn Behav Pract 1998 ; 5 : 25-64.

86.               Ward T, Hudson SM. Sexual offenders' implicit planning: A conceptual model. Sex  Abuse  2000 ; 12 : 189-202.

87.               Ward T, Keenan T, Hudson SM. Understanding  cognitive,  affective,  and intimacy deficits in sexual   offenders: A developmental perspective. Aggr Violent Behav 2000 ; 5 : 41-62.

88.               Berlin FS. Issues in the exploration of biological factors contributing to the etiology of the "sex offender", plus some ethical considerations. Ann NY Acad Sci 1988 ;  52 : 183-192.

89.               Hoffman BF. Two new cases of XXY chromosome complement : and a review of the literature. Can Psychiatr Assoc J 1977; 22 : 447-55.

90.               Pallone NJ, Voelbel GT. Limbic system dysfonction and inventoried psychopathology among incarcerated pedophiles. Current Psychol 1998 ; 17 : 57-74.

91.               Stoleru S, Grégoire MC, Gerard D, Decety J, Cinotti L, Lavenne F, Le Bars D, Vernet-Maury E, Rada H, Collet C, Mazoyer B, Forest M, Magnin F, Spira A, Comar D. Neuroanatomical correlates of visually-evoked sexual arousal in human males. Arch Sex Behav 2000 ; 28 : 1-21.

92.               Nicolleau V. Auteurs de comportements sexuels violents [mémoire]. Bordeaux : Université de Bordeaux II, Maîtrise Psychopathologie et Psychologie Clinique, 1995-96.

93.               Hammer EF. Symptoms of sexual deviation : Dynamics and etiology. Pschoanal Rev 1968 ; 55 : 5-27. 

94.               Tardif M, Van Gijseghem H, Coslin PG, Ionescu S, Malewska-Peyre H, Peyre V. Les perceptions des figures parentales des pédophiles hétérosexuels et homosexuels : réalité factuelle ou virtuelle. Bull Psychol 1999; 52 : 597-604.

95.               Coutanceau R . Agirs sexuels pervers : emprise et déni d'altérité. Evol Psychiatr 1996 ; 61 : 113-24.

96.               Canter D, Hughes D, Kirby S. Paedophilia : Pathology, criminality, or both? The development of offence behaviour in child sexual abuse. J Forensic Psychiatry 1998 ; 9 : 532-49.

97.               Swaffer T, Hollin C, Beech A, Beckett R, Fisher D. An exploration of child sexual abusers cognitive distortions with special reference to the role of anger. J Sex Aggression 1999 ; 4 : 31-44.

98.               Ward T, Keenan T . Child molesters' implicit theories. J Interpers Violence 1999 ; 14 : 821-38.

99.               Seto MC, Lalumière ML, Kuban M . The sexual preferences of incest offenders. J Abnorm Psychol 1999 ; 108 : 267-72.