Groupe bibliographique

Repérage et évaluation de la crise suicidaire

Quels sont les éléments essentiels de l’évaluation clinique de la crise suicidaire et de son intensité ?

Existe-t-il des modalités d’évaluation sur les évaluations téléphoniques ? (expérience canadienne, expérience des samaritains anglais).

Dr Laurence Boski

I - Introduction

La crise suicidaire est une terminologie rarement retrouvée dans la littérature alors que, par opposition, on compte une profusion d’articles traitant du suicide. On peut entendre sous la dénomination " crise suicidaire " qu’il s’agit d’un phénomène limité dans le temps, comportant plusieurs phases, un début (voir un début brutal), un temps d’évolution variable, et une fin. Étant donnés le peu d’articles traitant de la " crise suicidaire ", nous avons élargi la recherche aux articles portant sur la problématique suicidaire à une phase aiguë avant un quelconque passage à l’acte (tentative de suicide).

Notre recherche a porté sur les questions 3) et 6) s’intéressant respectivement à l’évaluation clinique de la crise suicidaire et son intensité, et aux modalités d’évaluation sur les évaluations téléphoniques.

Il s’avère que ces deux questions sont complémentaires sachant que nous allons voir que certaines évaluations cliniques sont faites parfois par téléphone dans un premier temps.

Les études sur les évaluations téléphoniques, par ailleurs, précisent davantage le contenu de l’évaluation clinique, contrairement aux autres études qui décrivent partiellement ou pas du tout les critères cliniques de la crise suicidaire, et encore moins les éléments relatifs à son intensité.

Après une brève évocation du matériel et des méthodes employées, nous rapporterons une analyse de la littérature séparant les questions 3) et 6), enfin suivra une analyse détaillée de chaque article.

II - Matériel et méthodes

II. 1 : bibliographie

La recherche a été effectuée à partir de plusieurs bases de données. Cette recherche recouvre des publications de 1990 à 1999.

II. 2 : mode de sélection des articles

Une sélection initiale des articles a été réalisée à partir de 100 résumés d’articles, obtenus après la recherche bibliographique automatisée. Elle reposait sur le nom de la revue, le titre de l’article, le contenu du résumé. Seules les études réalisées en Anglais et en Français ont été retenues.

II. 3 : lecture des articles présélectionnés

60 articles ont été analysés selon les objectifs proposés, et ont été classés en 3 catégories : articles thérapeutiques, épidémiologiques ou articles de synthèse. La lecture de la section matériel et méthodes a permis un affinement de la sélection avant l’application de la grille de lecture et la rédaction de l’article de synthèse. Quarante articles ont été retenus pour la rédaction de l’article de synthèse.

III - Quels sont les éléments essentiels de l'évaluation clinique de la crise suicidaire et de son intensité ?

- L’étude de A. E. Crosby (1999) utilise une estimation randomisée par téléphone sur un an, pour évaluer l’incidence d’idées suicidaires, de plans de passage à l’acte, et de tentatives de suicide parmi des adultes Américains. Les comportements suicidaires ne sont pas anodins, et constituent un continuum depuis l’idéation suicidaire jusqu’au suicide accompli. Prévenir les comportements précurseurs non létaux pourrait prévenir les morts par suicide.

Les Conclusions mettent en évidence plusieurs faits :

- Pas de différence significative entre les sexes pour l’idéation suicidaire, alors qu’on la retrouve dans d’autres études (Moscicki et al. 1988).

- L’age jeune, le divorce, le célibat, sont des facteurs de risque de suicide en accord avec d’autres recherches (Cooper Patrik, Creum & Ford, 1994).

- Le résultat propre à cette étude est l’association de l’idéation suicidaire, avec le chômage, un bas niveau social (pauvreté). D’autres études ont étudié ces facteurs, mais n’ont pas constaté ce lien spécifique.

- 1/3 de ceux qui ont fait une tentative de suicide n’ont pas fait de plan suicidaire.

- On note la nature impulsive des personnes qui font un passage à l’acte suicidaire.

- Ceux qui imaginent un "plan suicidaire" généralement utilisent cette méthode imaginée pour faire une tentative de suicide.

  • Parmi ceux qui ont fait une tentative de suicide, presque la moitié a déjà fait plus d’une TS dans les 12 mois précédents.
  • - L’étude de R.Holden (1988) examine les facteurs déclenchants d’une tentative de suicide décrits par des patients eux-mêmes en crise.

    Parmi 251 patients hospitalisés dans une unité de crise, ceux qui ont fait une tentative de suicide et ceux qui ont des idées suicidaires , sont en accord sur 14 facteurs déclenchants. Parmi ceux-ci, deux principaux sont retrouvés : les facteurs " externes " ou de " manipulation " et les facteurs " internes ".

    Les facteurs " externes " ou de manipulation correspondent à la manière dont l’entourage traite ou " manipule " le patient. Les facteurs " externes " incluent aussi les expressions " négatives " du patient envers les autres (sentiment de crainte, de colère, de revanche).Les facteurs " internes " ou " intrapunitifs " correspondent à l’auto-dépréciation, l’autopunition. Les mesures des facteurs " externes " et des facteurs " internes " sont fiables et relativement indépendantes.

    Les facteurs " internes " sont corrélés significativement avec : le souhait du patient de mourir, l’évaluation par les médecins du désir suicidaire du patient, et surtout l’évaluation par le médecin du risque suicidaire général (probabilité de faire dans le futur un suicide complet).

    En conclusion, l’évaluation de ces différents facteurs doit être interprété au cas par cas et ne peut faire l’objet d’une règle générale.

    - L’étude suivante traite des paramètres utiles, pour l’évaluation et le traitement des enfants et adolescents ayant un comportement suicidaire. (Programme national Suédois pour le développement de la prévention du suicide.1995). Il faut signaler que cette étude est l’une des rares à évoquer la " crise suicidaire " et à évaluer son intensité.

    Les éléments cliniques sont classés en trois paragraphes comme suit :

    1) Comportement suicidaire non létal.

    -Les idées suicidaires sont communes chez les adolescents et ne sont pas forcément associées à une psychopathologie sous jacente. Une attention particulière est portée lorsqu’il y a une menace suicidaire.

    - Les troubles anxieux et les troubles de l’humeur augmentent le risque d’idées suicidaires.

    -Les attaques de panique peuvent déclencher des idées suicidaires ou des tentatives de suicide chez les femmes, alors que, chez les hommes, l’agressivité peut déclencher de tels comportements.

    - Intensité de la crise suicidaire +++ : Ceux qui ont fait une tentative de suicide diffèrent de ceux qui ont des idées suicidaires, car ils ont enduré plus de désespoir,

    2) Les tentatives de suicide.

    -Les tentatives de suicide sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes (1.6/ 1).

    - Intensité de la crise +++ :

    -Les troubles de l’humeur (trouble dépressif majeur), l’anxiété, l’abus de substance, les fugues augmentent le risque de tentatives de suicide dans les deux sexes.

    -Les jeunes qui font une tentative de suicide ont plus de troubles psychopathologiques associés que ceux qui ont juste des idées suicidaires. La tentative de suicide survient alors dans le cadre d’un comportement réactionnel bref.

    -Un antécédent de tentative de suicide augmente le risque de commettre un suicide chez les hommes mais pas chez les femmes.

    - Les homosexuels masculins et féminins et les personnes bisexuelles ont plus de risque de faire une tentative de suicide, ont plus de facteurs de risque (dépression, abus de substance, ATCD de tentative de suicide, abus sexuel, victimisation, conflits familiaux, rejet de l’école).

    - Il est très difficile de différencier un comportement suicidaire bénin ou grave (même pour de fins cliniciens).

    3) Évaluation de la crise suicidaire.

    Le risque suicidaire augmente si les facteurs suivants sont présents :

    - Patients de 16 à 19 ans (adolescents plus âgés)

    - Sexe masculin

    - Trouble mental actuel ou maladie mentale (dépression, hypomanie, psychose maniaco-dépressive, état mixte) compliqués d’abus de substance, d’irritabilité, d’agitation, de psychose.

    - Antécédents de tentative de suicide

    - Évaluer la suicidalité chez ces enfants et adolescents déprimés (fréquence des idées suicidaires). Investiguer la présence d’antécédents de tentatives de suicide, surveiller les idées suicidaires présentes.

    - Considérer l’origine culturelle du jeune (les taux de suicide sont différents suivant les communautés).

    -L’évaluation devrait provenir de plusieurs sources (adolescents, parents, école, proches).

    - Les questionnaires structurés ou semi structurés ont une valeur prédictive limitée. Ils ne doivent pas prendre la place d’une évaluation plus approfondie.

    Les praticiens devraient utiliser des questionnaires d’auto-évaluation pour rechercher les facteurs de risque suicidaire, notamment les travailleurs sociaux, les pédiatres, les conseillers scolaires, les psychologues pour la surveillance des populations à haut risque.

    - Le Programme national Suédois pour le développement de la prévention du suicide (1995) étudie les facteurs cliniques, psychopathologiques, socio-familiaux sous jacents aux comportements suicidaires.

    1) Epidémiologie.

    - Dans 10-15 % des cas, il y a de profondes réactions de crise suicidaire.

    - La mortalité par suicide parmi les gens atteints de maladies mentales est plus élevée que dans la population normale.

    2) Facteurs psychopathologiques.

    - Dans presque tous les cas, derrière le suicide apparaît une perturbation mentale, des dépressions essentiellement, mais aussi des psychoses, notamment des schizophrénies.

    - Parmi ceux qui ont fait des tentatives de suicide, 1/3 souffrent de maladies mentales chroniques, 1/3 de problèmes transitoires, 1/3 sont sains mentalement (Ces derniers facteurs sont aussi très importants).

    - On observe aussi un absentéisme important, une grande fatigue, un isolement, un comportement asocial.

    - Ceux qui se suicident lors d’une dépression sont presque tous soit non traités, soit non correctement traités.

    - On observe beaucoup de plaintes telles : malaises physiques, fatigue mentale, symptômes psychologiques et somatiques.

    - On retrouve des troubles de la personnalité, et différentes formes d’abus de substances.

    3) Facteurs psychosociaux et environnementaux.

    - Les tentatives de suicide et les idées suicidaires sont des signes importants de problèmes environnementaux et psychosociaux.

    - D’autres facteurs intercurrents se retrouvent, comme des problèmes dans les relations sociales, les blessures narcissiques, des problèmes socio-financiers et maladies physiques.

    - Personnes qui ont subi des pertes, des désastres.

    - Des situations familiales destructives.

    - Divorce.

    - HIV.

  • Violences sexuelles et physiques engendrant une anxiété généralisée, des idées de persécution, une dépression, un sentiment d’infériorité et de culpabilité, un isolement, des pensées et des actes suicidaires.
  • - L’étude de U. Magne-Ingvar (1999), s’intéresse au suivi réalisé par des proches sur des suicidants de leur entourage.

    Dans une étude précédente, ont été interviewé des personnes importantes et proches du patient (Sos) qui "suivaient" directement des patients qui avaient fait une tentative de suicide, leur témoignage faisant partie de l’évaluation psychiatrique.

    Dans l’étude présente, une interview de ces personnes proches, est entreprise un an après la tentative de suicide du patient.

    Méthode : Interviews semi-structurées de 84 personnes (Sos), par téléphone, pendant un an, centrées sur la situation du patient, sur les propres implications de ces personnes dans les soins et le traitement du patient, de même que leur propre bien être et leur besoin d’aide. 44 % de ces personnes sont des parents, 27 % des concubins, 29 % ont d’autres relations avec le suicidant.

    Résultats :Suivant les Sos, 63 % des patients ont des problèmes de santé mentale et 80 % ont d’autres sortes de problèmes (problèmes relationnels, problèmes financiers, chômage, abus de substance) pendant le suivi.

    Une majorité de Sos est ennuyée car ils ont le sentiment d’être de nouveau "blessés" par le patient. On constate que les informations données par les Sos et les patients sur les tentatives de suicide, pendant le suivi sont différentes. Beaucoup de Sos avaient des questions sur le comportement suicidaire, et presque la moitié a rapporté que n’a pas été abordée la question de la tentative de suicide avec le patient.

    Près de la moitié des Sos aurait souhaité avoir un conseil professionnel de préférence tôt après la tentative de suicide.

    Pour 2/3 des patients hospitalisés, et pour 90 % des patients ambulatoires, les Sos n’ont pas été impliqués dans les soins et traitement du patient, alors que la majorité des patients aurait souhaité une telle implication.

    L’état de santé des Sos est généralement bon, excepté pour un petit sous-groupe.

    Conclusion : + Les résultats fournissent avec évidence que les Sos donnent des informations valables sur le patient après une tentative de suicide.

    + Il est mis en évidence que les Sos eux-mêmes ont besoin d’aide.

    + Une communication insuffisante entre le patient et les Sos, indique le besoin de conseils juste après la tentative de suicide pour soulager le vécu angoissant des Sos.

    -L’étude de C.Bondu (1998) traite des " états de mal suicidaire ".

    Au CHRU de Lille, est étudiée une population de suicidants adultes, présentant une forme particulière d’enchaînements de passages à l’acte suicidaires dénommés "états de mal suicidaires". Ce néologisme inspiré de la clinique de l’épilepsie, regroupe des individus enchaînant sans rémission, sur une période courte, de trente jours maximum, les états de crise suicidaire. Les passages à l’acte successifs ne résolvent en rien la crise qui se perpétue alors. Les patients inclus dans cette recherche sont ceux qui ont présenté au moins deux crises suicidaires, tentatives de suicide ou constatation d’un risque d’autolyse, pendant le mois précédent.

    En ce qui concerne l’évaluation clinique, aux urgences ou pendant l’hospitalisation, l’étude s’intéresse ; aux rapports avec les soignants, au rôle de l’environnement familial et professionnel, à la prise éventuelle de toxiques, et enfin aux éléments qui selon le sujet ont concouru à générer puis à éradiquer les actes auto agressifs.

    On distingue deux cas de figures; dans le premierl’état de mal procède d’une faillite des fonctions adaptatives du sujet, c’est-à-dire que les sujets ne peuvent résoudre autrement la crise que par une tentative de suicide, ces sujets n’accèdent à aucun autre aménagement de la crise et recherchent obstinément dans la valeur cathartique de l’acte, l’apaisement de leurs pulsions suicidaires ; dans le deuxième casl’accueil, les réponses de soins contribuent eux-mêmes à la genèse de cet état de mal.

    - L’étude de L. Greenhill (1997) propose quelques critères diagnostics pour les adolescents suicidants.

    Bien que la plupart des adolescents qui font des tentatives de suicide, ne se suicident pas complètement, ils font partie des sujets à risque pour :

  • Une plus grande morbidité,
  • Un risque de mortalité plus importante.
  • La suicidalité n’est pas un diagnostic, et ne sert pas adéquatement comme première stratégie de classification pour des essais contrôlés. Un groupe de suicidants peut être assez hétérogène, avec des adolescents présentant des troubles de l’humeur, une pathologie schizophrénique, un abus de substance, des troubles du comportement, des troubles de la personnalité, des troubles anxieux, des troubles de l’adaptation (si les symptômes psychiatriques sont récents). Trouver un groupe contrôle comparatif pour un tel groupe hétérogène serait un vrai challenge.

    On conclue qu’il y a beaucoup de diversité dans les diagnostics suivant l’axe I, pour les adolescents à risque de suicide.

    - Le but l’étude de G.S.Alexopoulos (1999) est de trouver chez les patients âgés déprimés, les caractéristiques cliniques qui peuvent faire penser à une idéation suicidaire et d’évaluer leur pronostic.

    Méthode>; l’idéation suicidaire, le comportement suicidaire passé, la sévérité de la dépression, les distorsions cognitives, le passé médical, l’agressivité, et l’entourage social, ont été étudiés chez 354 patients déprimés âgés de 61 à 93 ans. Les patients ont eu des évaluations cliniques tous les six mois, et des évaluations téléphoniques pendant 1,8 ans.

    Résultats: Les idées suicidaires sont en relation avec des antécédents de tentatives de suicide, avec de sérieuses intentions suicidaires, avec la sévérité de la dépression, et enfin avec un entourage social pauvre.

    Les tentatives de suicide pendant l’année précédente sont particulièrement sévères, il y a peu d’activités instrumentales, et donc les activités sont limitées. Lors de l’évaluation initiale, la sévérité de la dépression, les tentatives de suicide précédentes, la sévérité de l’intention suicidaire pendant la tentative précédente sont prédictives de l’apparition de l’idéation suicidaire. Pendant le suivi, l’intensité de la dépression en cours est le facteur le plus déterminant de l’idéation suicidaire au-delà du temps.

    Conclusion> : les personnes âgées avec une dépression sévère, un passé de tentatives de suicide avec une forte intention suicidaire et un pauvre entourage social sont plus aptes à avoir des idées suicidaires. La sévérité de la dépressionest le facteur prédictif le plus fort du cours de l’idéation suicidaire.

    L’étude de L.S.Porter (1997) trace un portrait socio-démographique caractéristique des vétérans suicidaires du service militaire :(Le premier moyen utilisé pour le suicide est l’overdose, le deuxième est l’arme à feu).

    Porter ajoute quelques perspectives cliniques et théoriques :

  • Plus la méthode choisie est violente et douloureuse, plus le risque est grand: armes à feu, blessures, sauts, surtout s’il existe des tentatives de suicide antérieures.
  • - La tentative de suicide est plus sérieuse quand un mot est laissé.

    -Les tentatives de suicide génèrent communément des sentiments de responsabilité et culpabilité chez les autres (Adam,1985).

    - L’étude de K.E.Campbell (1995), apporte quelques éléments cliniques relatifs à un comportement suicidaire, ce sont les suivants :

    - Troubles mentaux

  • Difficultés scolaires ou familiales
  • Avenir professionnel incertain
  • Abus de substances
  • Activité sexuelle présente
  • Peu de capacité à résoudre les problèmes
  • Isolement.
  • On trouve une littérature assez riche sur les évaluations téléphoniques. Il s’agit d’articles thérapeutiques pour la plupart, mais on repère également des articles épidémiologiques, et des articles de causalité. On peut les regrouper en plusieurs catégories :

    - Les articles portant sur les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, économiques, socio-familiales des " appeleurs " qu’ils soient suicidaires ou non suicidaires.

    - Les articles s’intéressant à l’accueil, voir aux styles de réponses fournies par les " receveurs " au téléphone, leurs motivations, leurs caractéristiques, ainsi que leur gestion des appels.

    - Les articles centrés sur les effets thérapeutiques de ces interventions téléphoniques.

    - Enfin quelques articles descriptifs, comportant des données épidémiologiques et une description du fonctionnement des centres de prévention du suicide.

    Études portant sur les utilisateurs des lignes téléphoniques d’urgence.

    - Une première étude réalisée par Kreitman (F), s’intéresse à ce qui détermine des individus en détresse à aller soit trouver de l’aide dans des endroits appropriés, soit à avoir un comportement auto-agressif. Certains ont recours à l’organisation téléphonique des samaritains alors que d’autres adoptent un comportement suicidaire.

    Ceux qui utilisent les lignes téléphoniques sont considérés comme des individus " stressés ", utilisant le service de manière persistante et rationnelle. On dénombre parmi ceux-ci plus d’hommes que de femmes usagers des lignes téléphoniques. Parmi les hommes, on remarque qu’ils sont plutôt âgés et célibataires, vivant dans des conditions modestes, souvent au chômage. Certains d’entre eux reçoivent un traitement psychiatrique.

    En ce qui concerne les femmes, on trouve un excès de séparées, veuves, divorcées. Beaucoup vivent seules, certaines reçoivent un traitement pour symptômes psychologiques. Globalement il s’agit d’individus très isolés socialement.

    - Une étude de Barry Hall (N) porte plus précisément sur les appels multiples envahissant la ligne téléphonique de crise des samaritains. Ces personnes sont appelées les " repeat callers ". On retrouve à peu près le même profil de personnes que dans l’étude précédente. Les femmes sont typiquement : au chômage, célibataires, d’un âge avancé. Les problèmes sont en relation avec leur état émotionnel, leur état de santé physique, suivi de près par des problèmes sociaux et des difficultés maritales.

    En ce qui concerne les hommes, le premier problème retrouvé est l’alcoolisme ou la consommation abusive de médicaments, le deuxième problème est socio-familial. Le profil de ces hommes comprend plusieurs éléments dont les principaux sont le chômage et le célibat. On note deux particularités par rapport à l’article précédent à savoir que la majorité des appels sont effectués par des femmes, et que les hommes sont plutôt jeunes (contrairement à l’article précédent où ils étaient plutôt âgés).

    - L’article d'Alan L. Berman (B), discute l’intérêt d’utiliser de nouvelles technologies destinées à identifier les " appeleurs " et de garder la trace des appels.

    Certains pensent qu’opter pour ces techniques permet de préserver une vie si la personne est en danger, ou ne souhaite pas donner ses coordonnées. D’autres contestent le non-respect de l’anonymat et de l’autonomie de " l’appeleur ", et les problèmes de perte de confiance qui peuvent s’ensuivre. l’auteur conclut que l’essentiel reste la qualité de l’écoute proposée quels que soient les nouvelles techniques proposées.

    - L’étude de L.S. Porter (C) est une étude descriptive, corrélationnelle portant sur l’usage  par des vétérans du service militaire d’une ligne téléphonique d’urgence. Il s’agit de 271 vétérans du service militaire de 20 à 79 ans. Les données ont été établies à partir de notes d’infirmières. L’auteur retrouve plusieurs caractéristiques chez ces vétérans ; ils sont solitaires, alcooliques, célibataires, au chômage, divorcés, veufs, éloignés de leur famille ou atteints d’une maladie mortelle. Repérer ces caractéristiques permet la prévention du suicide, un usage optimal des lignes téléphoniques d’urgence, et une intervention adéquate.

    - L’étude de K. E. Boehm (E) est une revue des appels destinés à un service d’écoute téléphonique tenu par des adolescents pour d’autres adolescents. 11 152 appels ont été enregistrés entre 1987 et 1992, dont 441 en rapport avec le suicide. On compte une majorité de filles un peu plus âgées et de jeunes adolescents. La majorité des appels n’est pas inquiétante, il ne s’agit pas d’appels répétés. Les appels concernant le suicide sont plus tardifs et durent plus longtemps. Ceux qui sont concernés par le suicide évoquent également d’autres sujets, comme l’estime de soi, les problèmes familiaux, l’abus de substance. Les adolescents travaillant dans ce centre reçoivent une formation.

    Les éléments cliniques retrouvés, correspondant à un comportement suicidaire sont :

    *Les troubles mentaux.

    *Les difficultés scolaires ou familiales

    *Un avenir professionnel incertain.

    *Un abus de substances.

    *La présence d’une activité sexuelle.

    *Peu de capacités à résoudre les problèmes.

    *Personne à qui parler.

    L’auteur précise trois implications cliniques consécutives à ce service téléphonique :

    *Une aide à l’identification, à la référenciation des jeunes qui appellent le service.

    *Ce service sert de référent aux psychiatres traitants des adolescents.

    *Ce service sert à stabiliser la crise et peut proposer de brèves interventions.

    - L’article de Xiaolin Xie (1996), porte sur les lignes téléphoniques d’urgence en Chine. L’auteur souligne que ce service a pour but d’aider les gens ayant des problèmes psychiatriques, notamment des tendances suicidaires. Cette ligne a reçu environ 4000 appels sur les quatre dernières années. Certaines lignes sont destinées plus spécifiquement aux femmes et aux jeunes. Presque la moitié ont entre 20 et 30 ans, 14 % a entre 31 et 40 ans, 7 % a 40 ans et plus, 5 % a moins de 20 ans. Les questions relatives à la sexualité, au mariage et à la famille sont souvent abordées.

    Précédemment des études ont montré des phénomènes saisonniers et d’autres variations temporelles en rapport avec des cycles de suicide ou para suicide, de même qu’un rapport avec des facteurs environnementaux comme les conditions météorologiques. Cette étude a été menée afin de déterminer l’effet des variations temporelles et des facteurs environnementaux (conditions météorologiques, phases lunaires) sur l’utilisation du service téléphonique, dans un centre d’intervention de crise. Des variations temporelles (sur plusieurs longueurs de cycles) statistiquement significatives sont notées au niveau des appels téléphoniques, concordant avec les modèles bien connus des statistiques sur le suicide. Il y a un faible lien sans signification statistique entre l’utilisation du service téléphonique et les conditions biométéorologiques locales dans la même journée. L’auteur précise que de plus amples recherches sur les effets biométéorologiques par rapport à l’utilisation du service téléphonique doivent être faites.

    Études portant sur les volontaires recevant les appels sur les lignes téléphoniques d’urgence.

    Avec ces techniques non directrices, on constate une amélioration de la dépression chez les patients souffrant de troubles chroniques et aigus, ainsi qu’une diminution du taux d’urgences suicidaires, et un accroissement du nombre de contrats thérapeutiques avec les patients chroniques.

    Deux styles d’intervention sont caractérisés :

  • Le style " Rogerian"  ou style non directif, représenté par les caractéristiques suivantes : l’accueil, l’écoute, l’acceptation voire l’approbation des propos du patient, la modération du discours du volontaire.
  • Le style directif typiquement caractérisé par : l’orientation du patient, une investigation complète de la situation, l’apport de suggestions, de conseils, de réflexions, mais aussi moins d’empathie dans l’accueil.
  • L’analyse montre que le style de l’intervention téléphonique est davantage dépendant des caractéristiques des personnes qui appellent, que des caractéristiques des volontaires qui répondent au téléphone.

    Ainsi, on a pu constater qu’avec le style " rogerian " des volontaires, correspondaient des appels téléphoniques provenant de suicidants plus âgés, à risque de suicide moindre, de patients chroniques, de patients intoxiqués.

    Les facteurs qui augmentent le stress sont :

  • Le manque d’expérience
  • Le caractère d’urgence des appels, la somme totale des appels
  • Le sentiment d’être personnellement responsable
  • Le temps passé à répondre
  • L’absence d’étayage par l’équipe
  • Un niveau bas d’éducation
  • Des pensées magiques.
  • En revanche, des pensées positives (pensées optimistes) diminuent le stress.

    Dans cet article, sont décrites les caractéristiques des volontaires, celles qui se dégagent sont les suivantes :

    - Ils ont entre 19 et 64 ans.

  • Une grande proportion d’entre eux a des antécédents de pensées suicidaires.
  • On rencontre fréquemment des antécédents de tentatives de suicide dans l’entourage des volontaires.
  • - Pour évaluer le risque suicidaire au téléphone, on utilise parfois un questionnaire d’intentionnalité suicidaire à 18 items (article de C.Aynaud-Bernage,1994) ou une échelle " the Suicide Status Form " (étude de Becker Lynne) définie par six critères d’évaluation :

  • Discours du patient.
  • Dysfonctionnement psychique.
  • Risque suicidaire.
  • Sentiment de "Pression".
  • Auto-dévalorisation.
  • Désespoir.
  • -Dans l’article de (C.Aynaud-Bernage), il s’agit d’étudiants en psychologie qui répondent sur une ligne " SOS-dépression ".

    Le mouvement pour la prévention du suicide notamment au sein des centres d’intervention de crise, débutèrent vers 1950 avec le développement des programmes Samaritains en Angleterre et en Irlande.

    1 )Macroanalyses sur l’efficacité des interventions concernant le suicide.

    Bagley (1968) et Day (1974) ont trouvé des taux de suicide très abaissés après l’implantation des centres de prévention du suicide.

    La majorité des études depuis ce temps-là, ne montre pas de résultats très différents sur les taux de suicide après l’implantation des centres (Greaves&Ghent,1972, Miller et al., 1984, Walk, 1967).

    Dew et al. (1987 démontre que les gens ayant recours aux lignes sur le suicide ont davantage d’antécédent de TS que la population générale. Il n’y a pas de différence sur le nombre de suicide dans les communautés possédant un centre de prévention et celles qui n’en possèdent pas. Cependant les communautés possédant un centre arrivent à cibler les populations à risque.

    Miller et al. (1984) constate une baisse significative des taux de suicide chez les femmes Caucasienne âgées de moins de 25 ans là où se trouvent des centres. Ce sont elles qui appellent le plus les centres d’intervention de crise et de suicide.

    *Discussion :

    Donc certaines études suggèrent que les programmes d’intervention ne sont pas toujours efficaces sur les taux de suicide.

    Pour expliquer les résultats positifs de certaines études (Bagley, Day et Miller), on peut penser qu’il y a eu des changements sociaux au sein des communautés, liés à l’implantation de ces lignes téléphoniques. Lorsque les résultats ne prouvent pas l’efficacité de ces interventions, on peut se demander si les changements sociaux liés aux taux de suicide élevés, sont indépendants de la création des centres, ou bien si les centres ont été créés car les taux de suicide étaient importants au sein de ces populations. (Auerbach&Kilmann,1977).

    *La satisfaction des utilisateurs des lignes téléphoniques :

    Une autre méthode a consisté à examiner les réactions des utilisateurs des services téléphoniques. Dans de nombreuses études (Getz, Fujita&Allen,1975 ; Gingerich, Gurney&Wirtz,1988 ;Hornblow&Sloane,1980 ; King,1977 ; Parker 1976 ; Rogers&Rogers,1978 ; Slaikeu, Tulkin&Speer,1975 ; Slaikeu & Willis,1978 ; Young,1987,1989), on demandait aux individus au bout de la ligne leur nom et numéro de téléphone, pour les recontacter ultérieurement. On leur demandait également leurs premières impressions à propos des premiers contacts avec le centre.

    Stein et Lambert (1984) ont remarqué que 2/3 des utilisateurs ont trouvé une aide grâce à ce service, et 1/3 ont rapporté que l’appel ne les avait pas aidé voir qu’actuellement le problème avait empiré.

    2 ) Microanalyse des compétences des personnes chargées de répondre sur ces lignes d’urgence téléphonique.

    1.Les appels simulés et les jeux de rôle.

    Une méthode courante d’évaluation des compétences des "répondeurs" "(volontaires) passe par l’utilisation d’appels simulés de crise ou de jeux de rôle.

    Les réponses des volontaires sont évaluées avec des échelles comme celle de Carkhuff’s (1969), faciles à utiliser.

    La majorité des études montre que les qualités d’empathie, de douceur, d’authenticité (critères répondant à la méthodologie Rogerian (Cg.Rogers,1975)), suggérées par les volontaires au téléphone, s’améliorent au cours du temps, à la fois grâce à la formation et à l’expérience (France,1975 ; Hart et King,1979 ; Kalafat, Boroto&France,1979 ; Lester,1970).

    Libow & Doty (1976) trouvent que les volontaires étudiants ont tendance à être plus actifs (et moins empathiques).

    Leenaars (1994) remarque que les patients ont besoin non seulement d’empathie mais aussi de prise en charge directive.

    Kalafat et al. (1979) explore la capacité des volontaires à cerner les problèmes des " appeleurs ", reconnaître leurs émotions, explorer les solutions pour les aider. L’auteur constate que ceux qui ont de l’expérience sont plus efficaces que les nouveaux.

    Ainsi, plusieurs études ont montré que l’expérience et la formation améliorent l’habileté des volontaires (O’Donnell & George,1977 ; Schinke, Smith, Myers&Altman,1979).

    Evans (1978), Mc Carthy1984, trouvent qu’avec l’expérience, les volontaires posent des questions plus ouvertes, donnent moins d’opinion personnelle, ont davantage confiance en eux, proposent des réponses pour résoudre les différents problèmes (D’Augelli et al,1978), et posent plus de questions sur le suicide (Schinke et al,1979).

    Les systèmes d’évaluation ont aussi été mesurés. Par exemple, Bonneson et Hartsough (1987) ont créé "the crisis Call outcome Rating Scale (CCORS)"(  Echelle d’évaluation des résultats après les appels d’urgence), en utilisant des jeux de rôle. Cette échelle est destinée à évaluer le destin de ces appels de crise, à savoir s’il s’avère favorable ou non. Cette échelle n’est pas très représentative ni très fiable.

    Wolber et McGovern (1977) montrent que la fiabilité des études sur l’évaluation des échelles, est en réalité liée aux personnes chargées de faire ce test (si elles ont un haut niveau de compétence et de communicabilité ou pas, ce qui signifie qu’il faut qu’elles soient très entraînées (jeux de rôle....).

    Les études se focalisent trop sur les qualités retrouvées dans les réponses (empathie..) et pas assez sur les qualités requises pour répondre à la crise suicidairetelle quelle.

    En fait peu de centres d’intervention de crise, utilisent les évaluations par jeux de rôle aussi bien pour évaluer l’efficacité du training que la qualité d’intervention des volontaires.

    2. Savoir et tests d’habileté :

    Coonfield, Nida et Gray (1976) ont élaboré le HELT (Human Empathic Listening Test) et ont montré que le HELT est une mesure valide de l’écoute empathique.

    Une autre mesure développée pour la sélection et l’évaluation des volontaires conseillers par téléphone est le Crisis Center Discrimination Index (CCDI ; Delworth&co,1972). Le CCDI peut être utilisé comme un instrument de sélection pour les centres de crise, ainsi que comme une mesure efficace de training.

    Homes et Howard (1980) ont développé un instrument d’évaluation, centré spécifiquement sur la capacité des travailleurs de crise, à reconnaître des signes de dépression ou un risque suicidaire potentiel. Les résultats évoquent la difficulté des volontaires à évaluer le risque suicidaire au téléphone.

    Les résultats montrent donc que les centres d’intervention de crise sur le suicide ne sont pas complètement d’intervention. efficace. Certes ils peuvent réduire faiblement l’incidence des suicides accomplis. La vaste majorité des centres de crise aux USA ne réalise pas d’évaluation systématique sur la compétence des équipes, donc les interventions peuvent être délétères plus que bénéfiques.

    Neim

    Conclusion : il n’y a pas de méthode singulière d’évaluation qui peut se distinguer dans le cadre de l’évaluation des processus d’intervention téléphonique sur le suicide. Les méthodes microanalytiques doivent être associées à d’autres méthodes afin d’affiner ces mesures.

    Les effets thérapeutiques de ces lignes téléphoniques d’urgence.

    - L’efficacité de la prévention du suicide par les interventions téléphoniques est démontrée (Becker Lynne,1997). On note une réduction significative de la suicidalité des appeleurs immédiatement et au cours du temps.

    -60 % d’appels trouvent une solution temporaire (ex : nouvel appel le lendemain)

    -10 % de réponses restent insatisfaisantes, correspondant à des déterminations suicidaires importantes, 5 à 6 % des cas demandent un accompagnement dans la mort

    -30 % des réponses entraînent l’intervention d’un psychiatre, une fois sur deux au domicile de l’appelant. La détermination suicidaire est moins marquée.

    Méthode : détermination du nombre de suicides parmi 12 135 sujets âgés connectés à ce service, en Italie dans la région de Venise de Janv 1988 à Dec 91, en comparaison avec le taux de suicide de la population générale dans cette même région.

    Résultats : seulement un mort par suicide a été trouvé parmi les sujets connectés au service téléphonique, comparé au chiffre de 7.44 pour la population générale.

    Conclusion : ce service d’aide téléphonique semble apporter un support très intéressant pour la prévention du suicide chez les personnes âgées.

    - L’article de E.Martha traite du suivi à long terme des adolescents suicidants dans une perspective clinique.

    Les recherches précédentes indiquent qu’une tentative de suicide à l’adolescence est un des risques majeurs de récidive et de suicide accompli.

    Beaucoup de recherches échouent dans la prévention du suicide de l’adolescent car ciblées sur les adolescents en général et non pas sur ceux à risque de suicide.

    D’autres études démontrent la difficulté pour ces adolescents de s’engager dans un suivi thérapeutique régulier. Les problèmes de non compliance au traitement et au suivi, ainsi que les problèmes de perdus de vue, rendent les études prospectives questionnables chez les adolescents. De plus la possibilité de développer et d’implanter une prévention effective, et un traitement pour cette population est très réduite.

    Le téléphone comme moyen de suivi.

    Seulement quelques études à ce jour, ont examiné l’efficacité du téléphone comme instrument à la fois clinique et de recherche pour le suivi.

    Paulsen, Crowe, Noyes, et Pfohl (1988) ont investigué les familles de patients présentant des attaques de panique. Une corrélation significative apparaît entre le diagnostic fait lors d’un entretien clinique, et lors d’un entretien par téléphone. Les auteurs concluent que les diagnostics "vivants" d’attaque de panique, de dépression majeure et d’abus d’alcool chez les adultes, pouvaient être faits en toute confiance, en utilisant les interviews téléphoniques auprès des familles des patients.

    Dans une autre étude Reich et Earls (1990) employant des interrogatoires psychiatriques structurés, ont comparé des groupes d’adolescents interviewés par téléphone et en entretien. Il n’y a pas eu de différences significatives dans le report des diagnostics, ou de l’information personnelle entre les deux groupes ; quoi qu’il en soit le groupe téléphonique rapporte moins de symptômes que le groupe interviewé en personne. Malgré cette différence, les chercheurs ont conclu que les interviews téléphoniques avec les adolescents "pourraient être une stratégie méthodologique utile dans les études quand les entretiens face à face sont difficiles voir impossibles à obtenir" (Reich&Earls,1990).

    Malgré ces taux élevés de réponse, quelques questions se posent quand à l’usage de ces interviews téléphoniques par rapport aux entretiens cliniques Spirito et al. (1992) se sont inquiétés que les interviews téléphoniques puissent limiter les personnes dans leur expression personnelle.

    Cependant, les résultats comme ceux présentés ici suggèrent que cette méthode peut être une alternative efficace par rapport aux interviews " en direct " pour plusieurs raisons :

    1) Comme les adolescents suicidants n’ont souvent pas accès aux soins de santé mentale, le recours au téléphone pourrait être une voie pour maintenir le contact, avec ceux qui autrement ne recevraient aucun service. Cela peut réduire les récidives, si un travail d’alliance peut être établi par téléphone, de telle façon que l’adolescent est plus susceptible de compter sur les services de santé mentale en temps de crise.

    2) Le taux de réponse par contact téléphonique est plus élevé que celui en interviews face à face, qui requièrent un rendez-vous clinique.

    3) Les adolescents peuvent se sentir plus à l’aise avec le téléphone en partie parce que ce mode de communication est plus communément utilisé par eux. (Reich & Earls,1990).

    4) Le contact téléphonique est intéressant au niveau du coût et de l’efficacité du travail d’un clinicien.

    Le but de ce chapitre est de considérer l’utilisation du suivi téléphonique comme une intervention clinique. Les prochains chapitres décrivent l’implantation d’une procédure de suivi téléphonique (PFPEP) dans une clinique, à l’intérieur d’une ville, pour des patients en ambulatoire, offrant des traitements à durée limitée (trois mois environ) pour adolescents déprimés et suicidaires. Par la suite, les suggestions pour l’utilisation du suivi téléphonique, comme forme de recherche clinique sont présentées.

    Implantation du PFPEP (suivi du patient et programme de protocole d’évaluation).

    The Patient Follow-up and Program Evaluation Protocol (PFPEP) a été implanté à cause du risque à long terme de récidive chez les adolescents suicidaires, et parce que beaucoup de ces individus n’étaient pas compliants avec des rendez vous en ambulatoire. Le PFPEP a été implanté pour prévenir les récidives, et à la fois en maintenant les relations avec les sujets à haut risque (suivant les recommandations de SHAFFER,1990), ainsi que pour évaluer les effets du traitement au niveau clinique. L’établissement du PFPEP a constitué un traitement à part entière dans le maintien du contact avec la population à risque.

    L’intention du PFPEP était d’élucider deux choses : investiguer l’aide clinique apportée sur le comportement suicidaire, les symptômes dépressifs, le fonctionnement familial et psychosocial ; et déterminer l’intérêt d’un suivi téléphonique plus rapproché sur les récidives et un suivi ultérieur.

    Tous les adolescents en contact avec la clinique ont été suivis, par téléphone après leur contact avec la clinique.

    Ils ont étés contactés pour une interview téléphonique structurée à six mois et à un an après le dernier contact avec la clinique. L’interview comprenait une évaluation de la dépression et de la symptomatologie suicidaire (en utilisant des sous-échelles de la K-SADS : Schedule for Affective Disorders and Schizophrenia - Children’s version ; Chambers et al, 1985). La moitié des adolescents participant au PFPEP a été contactée tous les mois de la première année en plus des entretiens plus complets à six mois et à un an.

    Ce contact mensuel était bref et consistait en une évaluation de la dépression et de l’idéation suicidaire et des questions sur un éventuel changement d’adresse ou de numéro de téléphone.

    Résultats de l’implantation du PFPEP

    - Le PFPEP accroît significativement la compliance au suivi téléphonique.

    -Diminution de la dépression et de la suicidalité à six mois de suivi, ainsi que l’accroissement de la satisfaction dans les relations interpersonnelles.

    -La fréquence du contact pendant les six premiers mois du PFPEP n’affecte pas la compliance au suivi (il n’y a pas de rapport). Cependant de fréquents contacts sont efficaces pour aider des adolescents à accéder à des services psychothérapeutiques souvent pour la première fois.

    -Le PFPEP a permis de garder une relation avec les adolescents qui n’auraient reçu aucune intervention de santé mentale autrement. (SHAFFER ET AL 1990,1991 ; VIELAND 1991).

    Conclusion

    Bien que l’intention du PFPEP était d’évaluer l’efficacité du traitement dans la clinique, et d’évaluer l’effet du suivi téléphonique sur la récidive, il devint vite clair que beaucoup d’adolescents contactés avaient besoin d’une intervention clinique rapide pour des états aigus.

    De même que Tausig et Freeman (1988) et que Reich et Earls (1990) cette étude a trouvé que le téléphone était un moyen efficace de contacter les adolescents et leur famille.

    Un certain nombre d’adolescents se sentaient rassurés de savoir qu’il y avait quelqu’un à leur écoute.

    Bien que beaucoup d’adolescents ne soient pas compliants aux traitements psychiatriques, certains ne se contentent apparemment pas de ces services téléphoniques mais demandent des traitements plus poussés ; le contact avec le PFPEP les aide à accéder à cela. Le programme permet également un accès direct et précis aux adolescents à risque (Shaffer et al. 1990-1991).

    Pourquoi les adolescents sont si peu compliants au traitement, alors qu’ils reconnaissent avoir besoin d’aide ? Car les institutions de santé publique dans la ville où était implanté le PFPEP avaient des listes d’attente de 3 mois, ce que les adolescents ne pouvaient tolérer car cela engendrait trop de frustration pour eux. Donc les entretiens par le PFPEP ont permis de prendre en charge les adolescents et leur famille, et d’anticiper l’accès difficile aux soins.

    Deuxièmement l’ambivalence des adolescents et leur famille, par rapport aux soins, était en rapport avec la crainte de devenir plus suicidaire s’ils parlaient de leurs problèmes. En réponse à cela les entretiens téléphoniques éduquèrent les participants sur le procédé et les bénéfices d’une psychothérapie, en abordant les résistances, afin d’initier le processus thérapeutique.

    Troisièmement l’implication des parents est un important facteur de compliance au traitement. En effet, beaucoup de parents se sentent submergés et sans aide, se sentant des "mauvais parents". Le contact téléphonique est un moyen pour beaucoup d’entre eux de recevoir de l’aide et de recevoir des conseils utiles pour aider leurs adolescents.

    Il ne fait pas de doute que de plus amples recherches sont nécessaires pour déterminer plus définitivement si les interventions téléphoniques actuellement font décroître le risque de suicide chez les adolescents à haut risque. Le travail fait ici, ne nous informe pas sur les conséquences à long terme des entretiens téléphoniques. Néanmoins les vignettes cliniques décrites suggèrent fortement que l’impact à court terme est positif dans beaucoup de cas, et que la fréquence et le temps des entretiens téléphoniques ont accru significativement la compliance.

    Analyse détaillée de tous les articles

    L’étude de M.Voracek (1999) montre quelques variations au sein d’un centre d’intervention de crise en fonction des changements temporels.

    Précédemment des études ont montré des phénomènes saisonniers et d’autres variations temporelles en rapport avec des cycles de suicide ou parasuicide, de même qu’un rapport avec des facteurs environnementaux comme les conditions météorologiques. Cette étude a été menée afin de déterminer l’effet des variations temporelles et des facteurs environnementaux (conditions météorologiques, phases lunaires) sur l’utilisation du service téléphonique, dans un centre d’intervention de crise. Des variations temporelles (sur plusieurs longueurs de cycles) statistiquement significatives sont notées au niveau des appels téléphoniques, concordant avec les modèles bien connus des statistiques sur le suicide. Il y a un faible lien sans signification statistique entre l’utilisation du service téléphonique et les conditions biométéorologiques locales dans la même journée. L’auteur précise que de plus amples recherches sur les effets biométéorologiques par rapport à l’utilisation du service téléphonique doivent être faites.

    L’étude de L. Greenhill (1997) propose quelques critères diagnostics pour les adolescents suicidants.

    Bien que la plupart des adolescents qui font des tentatives de suicide, ne se suicident pas complètement, ils font partie des sujets à risque pour :

  • Une plus grande morbidité,
  • Un risque de mortalité plus importante.
  • La suicidalité n’est pas un diagnostic, et ne sert pas adéquatement comme première stratégie de classification pour des essais contrôlés. Un groupe de suicidants peut être assez hétérogène, avec des adolescents présentant des troubles de l’humeur, une pathologie schizophrénique, un abus de substance, des troubles du comportement, des troubles de la personnalité, des troubles anxieux, des troubles de l’adaptation (si les symptômes psychiatriques sont récents). Trouver un groupe contrôle comparatif pour un tel groupe hétérogène serait un vrai challenge.

    On conclue qu’il y a beaucoup de diversité dans les diagnostics suivant l’axe I, pour les adolescents à risque de suicide.

    ARTICLE : LONG-TERM FOLLOW-UP WITH SUICIDAL ADOLESCENTS

    A CLINICAL PERSPECTIVE. (MARTHA E &WOODARD, ZIMMERMAN). ID 1217.

    Suivi à long terme avec les adolescents suicidants : une perspective clinique.

    Les recherches précédentes indiquent qu’une tentative de suicide à l’adolescence est un des risques majeurs de récidive et de suicide accompli.

    Beaucoup de recherches échouent dans la prévention du suicide de l’adolescent car ciblées sur les adolescents en général et non pas sur ceux à risque de suicide.

    D’autres études démontrent la difficulté pour ces adolescents de s’engager dans un suivi thérapeutique régulier. Les problèmes de non compliance au traitement et au suivi, ainsi que les problèmes de perdus de vue, rendent les études prospectives questionnables chez les adolescents. De plus la possibilité de développer et d’implanter une prévention effective, et un traitement pour cette population est très réduite.

    Le téléphone comme moyen de suivi.

    Seulement quelques études à ce jour, ont examiné l’efficacité du téléphone comme instrument à la fois clinique et de recherche pour le suivi.

    Paulsen, Crowe, Noyes, et Pfohl (1988) ont investigué les familles de patients présentant des attaques de panique. Une corrélation significative apparaît entre le diagnostic fait lors d’un entretien clinique, et lors d’un entretien par téléphone. Les auteurs concluent que les diagnostics "vivants" d’attaque de panique, de dépression majeure et d’abus d’alcool chez les adultes, pouvaient être faits en toute confiance, en utilisant les interviews téléphonique auprès des familles des patients.

    Dans une autre étude Reich et Earls (1990) employant des interrogatoires psychiatriques structurés, ont comparé des groupes d’adolescents interviewés par téléphone et en entretien. Il n’y a pas eu de différences significatives dans le report des diagnostics, ou de l’information personnelle entre les deux groupes ; quoi qu’il en soit le groupe téléphonique rapporte moins de symptômes que le groupe interviewé en personne. Malgré cette différence, les chercheurs ont conclu que les interviews téléphoniques avec les adolescents "pourraient être une stratégie méthodologique utile dans les études quand les entretiens face à face sont difficiles voir impossibles à obtenir" (Reich & Earls, 1990).

    Malgré ces taux élevés de réponse, quelques questions se posent quand à l’usage de ces interviews téléphoniques par rapport aux entretiens cliniques Spirito et al. (1992) se sont inquiétés que les interviews téléphoniques puissent limiter les personnes dans leur expression personnelle.

    Cependant, les résultats comme ceux présentés ici suggèrent que cette méthode peut être une alternative efficace par rapport aux interviews " en direct " pour plusieurs raisons :

    1) Comme les adolescents suicidants n’ont souvent pas accès aux soins de santé mentale, le recours au téléphone pourrait être une voie pour maintenir le contact, avec ceux qui autrement ne recevraient aucun service. Cela peut réduire les récidives, si un travail d’alliance peut être établi par téléphone, de telle façon que l’adolescent est plus susceptible de compter sur les services de santé mentale en temps de crise.

    2) Le taux de réponse par contact téléphonique est plus élevé que celui en interviews face à face, qui requièrent un rendez vous clinique.

    3) Les adolescents peuvent se sentir plus à l’aise avec le téléphone en partie parce que ce mode de communication est plus communément utilisé par eux. (Reich & Earls,1990).

    4) Le contact téléphonique est intéressant au niveau du coût et de l’efficacité du travail d’un clinicien.

    Le but de ce châpitre est de considérer l’utilisation du suivi téléphonique comme une intervention clinique. Les prochains chapitres décrivent l’implantation d’une procédure de suivi téléphonique (PFPEP) dans une clinique, à l’intérieure d’une ville, pour des patients en ambulatoire, offrant des traitements à durée limitée ( trois mois environ) pour adolescents déprimés et suicidaires. Par la suite, les suggestions pour l’utilisation du suivi téléphonique, comme forme de recherche clinique sont présentées.

    Implantation du PFPEP (suivi du patient et programme de protocole d’évaluation).

    The Patient Follow-up and Program Evaluation Protocol (PFPEP) a été implanté à cause du risque à long terme de récidive chez les adolescents suicidaires, et parce que beaucoup de ces individus n’étaient pas compliants avec des rendez vous en ambulatoire.Le PFPEP a été implanté pour prévenir les récidives, et à la fois en maintenant les relations avec les sujets à haut risque ( suivant les recommandations de SHAFFER,1990), ainsi que pour évaluer les effets du traitement au niveau clinique. L’établissement du PFPEP a constitué un traitement à part entière dans le maintien du contact avec la population à risque .

    L’intention du PFPEP était d’élucider deux choses: investiger l’aide clinique apportée sur le comportement suicidaire, les symptômes dépressifs, le fonctionnement familial et psychosocial ; et déterminer l’intérêt d’un suivi téléphonique plus rapproché sur les récidives et un suivi ultérieur.

    Tous les adolescents en contact avec la clinique ont été suivis, par téléphone après leur contact avec la clinique.

    Ils ont étés contactés pour une interview téléphoniques structurée à six mois et à un an après le dernier contact avec la clinique. L’interview comprenait une évaluation de la dépression et de la symptomatologie suicidaire (en utilisant des sous-échelles de la K-SADS : Schedule for Affective Disorders and Schizophrenia - Children’s version ; Chambers et al, 1985). La moitié des adolescents participant au PFPEP ont été contactés tous les mois de la première année en plus des entretiens plus complets à six mois et à un an.

    Ce contact mensuel était bref et consistait en une évaluation de la dépression et de l’idéation suicidaire et des questions sur un éventuel changement d’adresse ou de numéro de téléphone.

    Résultats de l’implantation du PFPEP

    - Le PFPEP accroît significativement la compliance au suivi téléphonique .

    -Diminution de la dépréssion et de la suicidalité à six mois de suivi, ainsi que l’accroissement de la satisfaction dans les relations interpersonnelles.

    -La fréquence du contact pendant les six premiers mois du PFPEP n’affecte pas la compliance au suivi (il n’y a pas de rapport). Cependant de fréquents contacts sont efficaces pour aider des adolescents à accéder à des services psychothérapeutiques souvent pour la première fois.

    -Le PFPEP a permis de garder une relation avec les adolescents qui n’auraient reçu aucune intervention de santé mentale autrement. (SHAFFER ET AL 1990,1991; VIELAND 1991).

    Conclusion

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    Bien que l’intention du PFPEP était d’évaluer l’efficacité du traitement dans la clinique, et d’évaluer l’effet du suivi téléphonique sur la récidive, il devint vite clair que beaucoup d’adolescents contactés avaient besoin d’une intervention clinique rapide pour des états aigus.

    De même que Tausig et Freeman (1988) et que Reich et Earls (1990) cette étude a trouvé que le téléphone était un moyen efficace de contacter les adolescents et leur famille.

    Un certain nombre d’adolescents se sentait rassuré de savoir qu’il y avait quelqu’un à leur écoute.

    Bien que beaucoup d’adolescents ne soient pas compliants aux traitements psychiatriques, certains ne se contentent apparemment pas de ces services téléphoniques mais demandent des traitements plus poussés ; le contact avec le PFPEP les aide à accéder à cela. Le programme permet également un accès direct et précis aux adolescents à risque (Shaffer et al. 1990- 1991).

    Pourquoi les adolescents sont si peu compliants au traitement, alors qu’ils reconnaissent avoir besoin d’aide ? Car les institutions de santé publique dans la ville où étaient implantées le PFPEP avaient des listes d’attente de 3 mois, ce que les adolescents ne pouvaient tolérer car cela engendrait trop de frustration pour eux. Donc les entretiens par le PFPEP ont permis de prendre en charge les adolescents et leur famille, et d’anticiper l’accès difficile aux soins.

    Deuxièmement l’ambivalence des adolescents et leur famille par rapport aux soins, était en rapport avec la crainte de devenir plus suicidaire s’ils parlaient de leurs problèmes. En réponse à cela les entretiens téléphoniques éduquèrent les participants sur le procédé et les bénéficies d’une psychothérapie,en abordant les résistances, afin d’initier le processus thérapeutique.

    Troisièmement l’implication des parents est un important facteur de compliance au traitement. En effet, beaucoup de parents se sentent submergés et sans aide, se sentant des "mauvais parents". Le contact téléphonique est un moyen pour beaucoup d’entre eux de recevoir de l’aide et de recevoir des conseils utiles pour aider leurs adolescents.

    Il ne fait pas de doute que de plus amples recherches sont nécessaires pour déterminer plus définitivement si les interventions téléphoniques actuellement font décroitre le risque de suicide chez les adolescents à haut risque. Le travail fait ici, ne nous informe pas sur les conséquences à long terme des entretiens téléphoniques. Néammoins les vignettes cliniques décrites suggèrent fortement que l’impact à court terme est positif dans beaucoup de cas, et que la fréquence et le temps des entretiens téléphoniques ont accru significativement la compliance.

    STYLES D’INTERVENTION AVEC DES APPELS VENANT DE SUICIDANTS DANS DEUX CENTRES DE PREVENTION DU SUICIDE. (MARC S. DAIGLE, PHD, BRIAN L.MISHARA; SUICIDE &LIFE THREATENING BEHAVIOR, VOL25(2), 1995.) ID 1169.

    (experience Canadienne).

    abstract: ceux qui appelent les centres de prévention du suicide sont essentielement aidés par des volontaires, entrainés à faire face à ces situations de crise. Cette étude évalue le procédé de cette intervention, dans le but de mieux comprendre la nature de ces interventions et leurs déterminants. 617 appels ont été enregistrés et classés avec un instrument d’évaluation comportant 20 catégories, la Liste de Réponse des Volontaires. La synthèse de toutes ces analyses, a déterminé que les profils des 617 interventions comprend deux styles: 1) le style non directif ("Rogerian style"-391 appels) ou le style directif (226 appels). Des analyses plus poussées, ont indiqué que le style particulier de l’intervention, était davantage en relation avec les caractéristiques de ceux qui appelent qu’avec les caractéristiques des volontaires.

    Les volontaires reçoivent une formation spéciale (entrainement, guidage, techniques d’écoute active, apprendre à être interventionniste).

    La plupart des études se sont interéssées plus au devenir et résultats de ces interventions, qu’à leur procédé; ici on s’intéresse à ce qui se passe pendant l’intervention.

    Une synthèse des aspects techniques et cliniques des interventions téléphoniques sur plusieurs études est répertoriée.

    Méthode: deux centres de prévention du suicide (Montréal et Québec). Ces deux centres sont exclusivement identifiés comme des centres concernant le suicide, s’occupant de patients suicidaires uniquement.

    Styles d’interventions :

    - Le style Rogerian (non directif): est représenté par les catégories suivantes :

    acceptation, accueil, approbation, pensée incomplète.

    - le style directif: orientation/investigation, information/suggestion/conseils, reflexion, informations (renseignements sur le volontaire) et rejet.

    Les déterminants des styles d’intervention

    les variables des suicidants sont: age , TS antérieure, risque suicidaire, chronicité, intoxication et conssomation de médicaments.

    Pour les volontaires, seuls l’ âge et le sexe sont les variables retenues.

    résultats : avec le style Rogerian, les suicidants sont plus âgés et moins à risque de suicide, quelques autres chroniques, ou intoxiqués. Ces interventions non directives se font plus avec des gens médiqués, ou avec antécédant de TS. Les volontaires ont tendance à être plus vieux et à être des hommes.

    Discussion Ces interventions faites par des volontaires non professionnels, ne sont pas fondamentalement différentes d’interventions professionnelles.

    LES EFFETS DE DIFFERENTS STYLES D’INTERVENTION TELEPHONIQUE AVEC DES APPELS DE SUICIDANT DANS DEUX CENTRES DE PREVENTION DU SUICIDE: UNE INVESTIGATION EMPIRIQUE. ( B.L. MISHARA, M.C.DAIGLE; Am Journ of Community Psychology, vol 25, n°6,1997).ID 1190.

    abstract: pour déterminer l’efficacité relative des styles d’intervention par téléphone auprès des appels de suicidants, les chercheurs se sont penchés sur 617 appels de personnes suicidaires, dans deux centres de prévention du suicide, 110 volontaires "helpers", avec un instrument de mesure comportant 20 catégories.

    Les observateurs ont trouvé une baisse de l’humeur dépressive du début à la fin, dans 14% des appels, (pas de différence significative entre les chroniques et non chroniques), une diminution des taux d’urgence suicidaire du début à la fin dans 27% des appels, obtention d’un contrat dans 68% des appels, 54% de ces contrats étaient suivis par des rendez vous. Les contrats sont faits principalement avec les chroniques plutot qu’avec les non chroniques; le contrat inclue d’avoir un contact suivi avec le centre. A l’intérieur du contexte des interventions, relativement directives, une grande proportion de réponses "Rogerian"non directives étaient en relation significatives, avec plus de diminution de dépression. La diminution des urgences suicidaires et l’obtention d’un contrat sont liées de préférence avec les réponses "Rogerian"seulement avec les appels de personnes non chroniques (pour le contrat c’est le contraire juste au dessus ). Ca se comprend étant donné que les chroniques nécessitent une aide plus prolongée.

    C’est la première étude à fournir des données empiriques sur lesquelles les styles d’intervention puissent prouver leur efficacité sur les suicidants chroniques ou aigus. C’est pour mieux les aider chacun dans leurs particularités et leurs différences.

    Les appels proviennent uniquement de suicidants.

    discussion: Ce centre aide un nombre significatif de suicidants en réduisant l’urgence de la situation de crise. Les appels ont eu très peu d’effets négatifs.L’intervention téléphonique a aidé particulièrement en initiant un processus de prise en charge.

    Même les appels "rogerian" sont directifs malgré tout et insistent pour qu’un contrat soit fait.

    Moins les techniques "rogerian" sont directives, plus la dépression diminue et les contrats s’établissent. Ces techniques diminuent la dépression chez les chroniques et non chroniques.

    Ces techniques sont assez primitives comparées aux méthodes très évoluées des évaluations des psychothérapies. Néammoins c’est une étude dans son contexte naturel. C’est difficile d’imaginer de faire une comparaison avec un groupe controle, ayant les mêmes caractéristiques et les mêmes situations de crise.

    OBSERVATIONS SUR... L’INTENTIONNALITE SUICIDAIRE (C.AYNAUD-BERNAGE, F.BOUCHAMI, F DE BONVOISIN, McVELUT, D.CHINO; psychlolgie médicale,1994,26,spécial 11:1177-1180). ID 1170.

    Il s’agit d’un organisme "SOS dépression,"qui reçoit des appels téléphoniques de gens en difficulté. On note 60 appels par jour (la moitié en rapport avec le suicide), 15% d’appels d’adolescents. Ce sont des étudiants en psychologie, niveau maitrise, en cours d’analyse qui répondent au téléphone. La formation dure quelques semaines. Les appels proviennent de gens sur le point de commettre un geste suicidaire, ou ayant attenté à leur vie et souhaitant un accompagnement pour mourir ,ou à distance de leur passage à l’acte.

    -par jour sur 60 appels, 18 avant TS, 12 après

    -il faut évaluer la gravité somatique, l’intentionnalité du geste;

    -les réponses:

    -60% d’appels trouvent une solution temporaire (ex nouvel appel le lendemain)

    -10% de réponses restent insatisfaisantes correspondant à des déterminations suicidaires importantes, 5 à 6% des cas demandent un accompagnement dans la mort

    -30% des réponses entrainent l’intervention d’un psychiatre, une fois sur deux au domicile de l’appelant. Détermination moins marquée.

    discussion: évaluer l’intentionnalité suicidaire au décours d’une écoute téléphonique. Il semble important que les suicidants puissent joindre quelqu’un au téléphone, quand ils sont en détresse. Il est nécessaire d’évaluer le risque suicidaire à travers l’intentionnalité suicidaire. "SOS dépression" a élaboré un questionnaire à 18 items d’utilisation rapide et facile permettant une évaluation du risque suicidaire.

    DE L’EFFICACITE DE L’INTERVENTION SUR LE SUICIDE. (ROBERT.A.NEIMEYER, ANGELA M.PFEIFFER, department of Psychology, Memphis State University, Memphis, Tennessee, USA, 1994). (je pense que c’est un livre). ID 1172.

    abstract: Il s’agit d’une revue des stratégies d’évaluation, utilisées pour évaluer le procédé et le devenir de l’intervention sur le suicide. Premièrement, les auteurs établissent des " macroanalyses " concernant l’impact des services de crise sur les taux de suicide dans la communauté, deuxièmement des microanalyses portant sur la compétance des intervenants dans le domaine du suicide. Une attention particulière est portée sur le " Suicide Intervention Response Inventory " (SIRI) (inventaire des réponses dans le domaine de l’intervention sur le suicide). C’est un test autoadministré, portant sur l’habileté à donner des conseils dans ce domaine. La validité, la fiabilité,et l’utilisation pratique de ce test justifient son usage pour beaucoup de recherches et investigations appliquées.

    Le mouvement pour la prévention du suicide notamment au sein des centres d’intervention de crise, débutèrent vers 1950 avec le développement des programmes Samaritains en Angleterre et en Irlande.

    1 )Macroanalyses sur l’efficacité des interventions concernant le suicide.

    Bagley (1968)et Day (1974) ont trouvé des taux de suicide très abaissés après l’implantation des centres de prévention du suicide.

    La majorité des études depuis ce temps là, ne montre pas de résultats très différents sur les taux de suicide après l’implantation des centres (Greaves&Ghent,1972, Miller&al,1984, Walk,1967).

    Miller & co (1984) constate une baisse significative des taux de suicide chez les femmes Caucasienne âgées de moins de 25 ans là où se trouvent des centres..Ce sont elles qui appelent le plus les centres d’intervention de crise et de suicide.

    *Discussion :

    Donc certaines études suggèrent que les programmes d’intervention ne sont pas toujours efficaces sur les taux de suicide.

    Pour expliquer les résultats positifs de certaines études (bagley, Day et Miller), on peut penser qu’il y a eu des changements sociaux au sein des communautés, liés à l’implantation de ces lignes téléphoniques. Lorsque les résultats ne prouvent pas l’efficacité de ces interventions, on peut se demander si les changements sociaux liés aux les taux de suicide élevés, sont indépendants de la création des centres, ou bien si les centres ont été créés car les taux de suicide étaient importants au sein de ces populations. (Auerbach&Kilmann,1977).

    *La satisfaction des utilisateurs des lignes téléphoniques :

    Une autre méthode a consisté à examiner les réactions des utilisateurs des services téléphoniques. Dans de nombreuses études (Getz, Fujita&Allen,1975; Gingerich, Gurney&Wirtz,1988 ;Hornblow&Sloane,1980; King,1977; Parker 1976; Rogers&Rogers,1978; Slaikeu, Tulkin&Speer,1975; Slaikeu & Willis,1978; Young,1987,1989), on demandait aux individus au bout de la ligne leur nom et numéro de téléphone, pour les recontacter ultérieurement. On leur demandait également leurs premières impressions à propos des premiers contacts avec le centre.

    Stein et Lambert (1984) ont remarqué que 2/3 des utilisateurs ont trouvé une aide grâce à ce service, et 1/3 ont rapporté que l’appel ne les avait pas aidé voir que actuellement le problème avait empiré.

    2 ) Microanalyse des compétences des personnes chargées de répondre sur ces lignes d’urgence téléphonique.

    1.Les appels simulés et les jeux de rôle.

    Une méthode courante d’évaluation des compétences des "répondeurs"(volontaires) passe par l’utilisation d’appels simulés de crise ou de jeux de rôle.

    Les réponses des volontaires sont évaluées avec des échelles comme celle de Carkhuff’s (1969), faciles à utililiser.

    La majorité des études montre que les qualités d’empathie, de douceur, d’ authenticité (critères répondant à la méthodologie Rogerian (Cg.Rogers,1975)), suggérées par les volontaires au téléphone, s’améliorent au cours du temps, à la fois grâce à la formation et à l’expérience (France,1975; Hart&king,1979; Kalafat,Boroto&France,1979; Lester,1970).

    Libow &Doty (1976) trouvent que les volontaires étudiants ont tendance à être plus actifs ( et moins empathiques).

    Leenaars (1994) remarque que les patients ont besoin non seulement d’empathie mais aussi de prise en charge directive.

    Kalafat&co (1979) explore la capacité des volontaires à cerner les problèmes des " appeleurs ", reconnaitre leurs émotioins, explorer les solutions pour les aider. L’auteur constate que ceux qui ont de l’expérience sont plus efficace que les nouveaux.

    Ainsi,Plusieurs études ont montré que l’expérience et la formation améliorent l’habileté des volontaires(O’Donnell&George,1977; schinke, Smith, Myers&Altman,1979).

    Evans (1978), Mc Carthy1984, trouvent qu’avec l’expérience, les volontaires posent des questions plus ouvertes, donnent moins d’opinion personnelle, ont davantage confiance en eux, proposent des réponses pour résoudre les différents problèmes (D’Augelli et al,1978), et posent plus de questions sur le suicide (Schinke et al,1979).

    Les systèmes d’évaluation ont aussi été mesuré. Par exemple, Bonneson et Hartsough (1987) ont créé "the crisis Call outcome Rating Scale (CCORS)"( Echelle d’évaluation des résultats après les appels d’urgence), en utilisant des jeux de role. Cette échelle est destinée à évaluer le destin de ces appels de crise, à savoir s’il s’avère favorable ou non. Cette échelle n’est pas très représentative ni très fiable.

    Wolber et McGovern (1977) montrent que la fiabilité des études sur l’évaluation des échelles, est en réalité liée aux personnes chargées de faire ce test (si elles ont un haut niveau de compétence et de communicabilité ou pas, ce qui signifie qu’il faut qu’elles soient très entrainées (jeux de rôle....).

    Les études se focalisent trop sur les qualités retrouvées dans les réponses (empathie..) et pas assez sur les qualités requises pour répondre à la crise suicidairetelle quelle.

    En fait peu de centres d’intervention de crise, utilisent les évaluations par jeux de rôle aussi bien pour évaluer l’efficacité du training que la qualité d’intervention des volontaires.

    2. Savoir et tests d’habileté:

    Coonfield, Nida et Gray (1976) ont élaboré le HELT (Human Empathic Listening Test) et ont montré que le HELT est une mesure valide de l’écoute empathique.

    Une autre mesure développée pour la sélection et l’évaluation des volontaires conseillers par téléphone est le Crisis Center Discrimination Index (CCDI; Delworth&co,1972). Le CCDI peut être utilisé comme un instrument de sélection pour les centres de crise, ainsi que comme une mesure efficace de training.

    Homes et Howard (1980) ont développé un instrument d’évaluation, centré spécifiquement sur la capacité des travailleurs de crise, à reconnaître des signes de dépression ou un risque suicidaire potentiel. Les résultats évoquent la difficulté des volontaires à évaluer le risque suicidaire au téléphone .

    Les résultats montrent donc que les centres d’intervention de crise sur le suicide ne sont pas complètement d’intervention .efficace. Certes ils peuvent réduire faiblement l’incidence des suicides accomplis. La vaste majorité des centres de crise aux USA ne réalise pas d’évaluation systématique sur la compétence des équipes, donc les interventions peuvent être délétères plus que bénéfiques.

    Neim

    Conclusion: il n’y a pas de méthode singulière d’évaluation qui peut se distinguer dans le cadre de l’évaluation des processus d’intervention téléphonique sur le suicide. Les méthodes microanalytiques doivent être associées à d’autres méthodes afin d’affiner ces mesures.

    COMPORTEMENT DE DETRESSE: UNE ETUDE SUR UNE SELECTION D’UNE PART DE CLIENTS DES SAMARITAINS ET D’AUTRE PART DES PARASUICIDE ( PATIENTS QUI ONT FAIT UNE "TS"). Norman Kreitman et Nilima Chowdhury.(british J. Psychiatrie (1973),123,1-8.

    Deux groupes: 1) cherchent de l’aide auprès de l’organisation téléphonique des Samaritains.

    2) "parasuicide" (Kreitman,1969)

    Résumé: deux groupes d’individus en détresse ont été investigués.

    1) <Le premier groupe comprend 121 clients des Samaritains qui ont eu 2 contacts avec l’organisation pendant une période de 2 semaines pour un tel problème.Ils ont été considérés comme des individus stréssés, utilisant le service destiné à les aider de manière persistante et rationnelle.

    <En contraste, le deuxième groupe comprend une séléction de 93 premières admissions au Centre Régional de Désintoxication d’Edimbourgh, dont le comportement de crise a été considéré comme désorganisé de manière pathologique et moins rationnel.

    2) Le groupe Samaritain comprend significativement plus d’hommes.

    3) Parmi les hommes, le groupe client est le plus vieux significativement, contenant une grande proportion de non mariés. Proportionnellement la plupart vivent dans une auberge ou dans une chambre de bonne, et sont souvent au chômage. Souvent un certain nombre reçoivent un traitement pour symptômes psychiatriques. Il n’y a pas de différence significative entre les groupes sur les classes, sociales, ne de différences sur les plaintes sur l’absence d’amitié, et dans le type du stress environnemental.

    4) Pour les femmes, un excès relatif de séparées, veuves et divorcées fut trouvé dans le groupe client, quoi que les deux groupes ne soit pas égaux en âge.

    Plus de clientes (samaritaines) que de patientes (Hopital) vivent seules, et quelques unes sont avec leur famille. Quelques unes reçoivent un traitement pour symptômes psychologiques. Comme avec le groupe des hommes, les deux groupes de femmes, ne diffèrent pas sur un sentiment subjcctif de solitude ni sur leur caractère ou les facteurs courants de stress.

    5) Il faut pointer que les deux groupes ne peuvent pas représenter tous les clients Samaritains ni tous les "parasuicide" de la ville.

    6) Il faut porter une attention particulière au rôle de l’isolement social, surtout parmi les clients des Samaritains.Il est suggéré que le contact avec l’organisation des Samaritains peut être plus "efficace" que l’acte expressif des parasuicides.

    7) Les implications possibles de ces recherches pour des services de prévention sont brièvement discutées.

    Taux bas de suicide associés à un service téléphonique d’aide et de surveillance pour les personnes âgées à domicile. (Diego De Leo, Giovanni &co; Am J Psychiatry 152:4,April 1995; 152:632-634).ID1205.

    Objectifs: le but de l’auteur est de déterminer l’impact sur le comportement suicidaire du "tele help/telecheck", un service téléphonique déstiné à apporter une assistance à domicile aux personnes âgées. Le service d’aide est constitué par une alarme que le client peut activer pour appeler; en ce qui concerne la surveillance par téléphone, le client est contacté deux fois par semaine pour l’évaluation du besoin d’aide et d’aide psychique.

    Methode: détermination du nombre de suicides parmi 12 135 sujets âgés connectés à ce service en Italie dans la région de Venise de Janv 1988 à Dec 91, en comparaison avec le taux de suicide de la population générale dans cette même région.

    Résultats: seulement un mort par suicide a été trouvé parmi les sujets connectés au service téléphonique, comparé au chiffre de 7.44 pour la population générale.

    Conclusion: ce service d’aide téléphonique semble apporter un support très interéssant pour la prévention du suicide chez les personnes âgées.

    Efficacité de la prévention du suicide par des interventions téléphoniques . (Becker Lynne Anne, temple University,1997,141pp). ID 1218.

    L’éfficacité de la prévention du suicide par des entretiens téléphoniques sur la réduction de la suicidalité des appeleurs est étudiée. Cette étude examine le changement dans le niveau de stress des appeleurs, et l’urgence suicidaire au cours du temps, afin de déterminer si un soulagement notable du stress a été noté immédiatement et plus tard. Les participants sont 129 individus, 50 hommes et 79 femmes de 14 à 66 ans, qui rapportent tous une idéation suicidaire à un conseiller téléphonique. Les appeleurs évaluent leur expérience subjective à l’aide d’une échelle ("the Suicide Status Form) défini par six critères; la psyché, les perturbations, la létalité, la pression, l’autodévalorisation et le désespoir. Ces mesures ont été obtenues au début des interventions téléphoniques, à la fin puis une semaine plus tard. Le centre de prévention du suicide par téléphone réduit significativement la suicidalité des appeleurs immédiatement et au cours du temps. Il n’y a pas de différence de genre au niveau des réponses ce qui révèle un changement social. Ces résultats divergent des études précédantes sur le genre et le comportement suicidaire.

    Les lignes téléphoniques en Chine: un moyen d’aider la population chinoise (Xiaolin Xie et Lawrence Weinstein, psychological Reports,1996,78,90). ID 1198.

    Les lignes téléphoniques d’urgence ont été établi pour fournir un moyen de communication pour la population chinoise au cours des cinq années passées. Ce service a comme but d’aider les gens ayant des problèmes psychiatriques, notamment des tendances suicidaires. Cette ligne a reçu presque 4000 appels dans les quatre dernières années.

    Certaines lignes sont ciblées pour les femmes et les jeunes. Sur la ligne des femmes, les questions relatives à la sexualité, et des attitudes plus libérales par rapport au mariage et à la famille sont notées. Presque la moitié ont entre 20 et 30 ans, 14% a entre 31 et 40 ans, 7% a 40 ans et plus, 5% a moins de 20 ans. 51% des appeleurs sont des hommes et 49% des femmes. Des études scientifiques doivent être faites pour évaluer les taux de succès.

    Les appels multiples et la ligne téléphonique de crise des Samaritains ; une expérience Canadienne. (Barry Hall, Hilde Schlosar, crisis,16/2 (1995)).ID 1203.

    Abstract: les lignes téléphoniques de crise rendent beaucoup de services au sein de la communauté, aux gens seuls, déprimés , suicidaires. Les volontaires Samaritains de cette ligne de crise sont ouverts à tous, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Cette disponibilité dans l’instant de ce service anonyme, attire certains appeleurs qui utilisent la ligne de manière inappropriée, on les appele et on les identifie comme les "repeat callers"( appeleurs incessants). La majorité sont des femmes, typiquement au chômage, célibataires, d’un âge avancé. Le profil des hommes est celui de quelqu’un au chômage, célibataire d’un age moyen plutot jeunes. Parmi les femmes, les problèmes sont en relation avec leur état émotionnel, des problèmes physiques, suivi de près par des problèmes sociaux, et difficultés maritales. Pour les hommes, le premier problème est "chimique"(alcoolisme, conssomation de médicaments) le deuxième émotionnel, puis marital, romantique puis les problèmes sociaux. Les Samaritains se sont apperçus que ces appeleurs créaient de sérieux problèmes à la fois pour les volontaires et pour le personnel médical. Ce fut une dure tache d’établir une politique pour réduire ces appels, tout en ne rejetant pas ces personnes. Cet article examine les caractéristiques des appeleurs à répétition, et suggère une manière de les prendre en charge. Des mesures de restriction ont été prises: deux appels par jour, 15 minutes maximum, pas d’appel entre minuit et 8 heures du matin. Le nombre d’appels a chuté de manière considérable (172.2 heures de téléphone contre 82.3 heures après la restriction). On constate également des tentatives de manipulation par les appeleurs chroniques sur les nouveaux volontaires inexpérimentés.

    Il n’y a pas de groupe controle, des limites sont posées à la généralisation de cette étude.

    Au cours des années, les services d’écoute et de conseils par téléphone sont devenus prégnants dans le monde. Particulièrement les Samaritains établis à Londres en 1953.

    L’utilisation d’un service téléphonique dans un centre d’intervention de crise: quelques résultats en rapport avec les variations temporelles. (M. Voracek, G. Sonneck; Archives of suicideResearch 5: 125-139,1999). ID 1162.

    Des études précédentes ont fréquemment montré des phénomènes saisonniers et d’autres variations temporelles en rapport avec des cycles de suicide ou parasuicide, de même d’un rapport avec des facteurs environnementaux comme les conditions météorologiques. Cette étude a été mené dans le but de déterminer l’effet des variations temporelles sur l’utilisation du service téléphonique dans un centre d’intervention de crise de même que ses relations avec des facteurs environnementaux (conditions météréologiques, phases lunaires). Des variations temporelles (sur plusieurs longueurs de cycles) statistiquement significatives sont notées au niveau des appels téléphoniques, concordant avec les modèles bien connus des statistiques sur le suicide. Il y a un faible lien sans signification statistique entre l’utilisation du service téléphonique et les conditions biométéorologiques locales dans la même journée. De plus amples recherches sur les effets biométéorologiques par rapport à l’utilisation du service téléphonique doivent être faites.

    Management of suicidal behavior in children and adolescents (Laurence L.Greenhill, MD, and Bruce Waslick, MD, the psychiatric clinics of north america, vol 20, n°3, sept 97). ID 1192.

    Bien que la plupart des adolescents qui font des TS ne les réalise pas, ils sont à risque pour une augmentation de la morbidité, de la mortalité, de la dépression, une augmentation des troubles du comportement et des conduites délictueuses

    La suicidalité n’est pas un diagnostic, et ne sert pas adéquatement comme première stratégie de classification pour des essais controlés. Un groupe de suicidants peut être assez hétérogène, avec des adolescents présentant des troubles de l’humeur, une pathologie schizophrenique, un abus de substance, des troubles du comportement, des troubles de la personnalité, des troubles anxieux,des troubles de l’adaptation (si les symptômes psychiatriques sont récents). Trouver un groupe controle comparatif pour un tel groupe hétérogène serait un vrai challenge.

    On conclue qu’il y a beaucoup de diversité dans les diagnostics suivant l’axe I, pour les adolescents à risque de suicide.

    . DEVENIR A 6 MOIS DE 217 CAS SUCCESSIFS DE TS ADMISES AU CHG DE ROANNE. ETUDE PROSPECTIVE. POURRAT A, BOZON A &CO (psychologie médicale,1988,20,3: 368-370).

    Les auteurs ont étudié les réponses à un questionnaire adréssé à 217 suicidants, 6 mois après leur geste suicidaire.

    Au moment de l’hospitalisation suite à la TS:

    Fréquence élevée de chômeurs dans la population suicidante: 22% pour 10.3% de chômeurs dans la population généralede l’arrondissement de Roanne.

    48% des patients déclarent ne pas avoir d’activité de loisir.

    30% font du sport

    Objectifs de l’étude clairement définis

    Etude insuffisante au niveau de la méthodologie car le suivi n’est pas complet ni correctement réalisé; les modalités de constitution de la cohorte sont précisés, tous les patients de la cohorte sont identifiés au même stade de la maladie. Les critères d’inclusion et d’exclusion ne sont pas précisés. Résultats; l’interprétation de ces critères n’est pas objective

    LES PERSONNES IMPORTANTES (PROCHES)SO) POUR CEUX QUI ONT FAIT UNE TS: LEURS VISION AVEC LE TEMPS DE LA CONSULTATION PSYCHIATRIQUE EN URGENCE. (MAGNE-INGVAR, soc Psychiatry Epidemiol (1999)34:73-79. ID 421.

    L’évaluation psychiatrique après une tentative de suicide, pourrait se faire à l’aide des

    Les proches décrits par le patient, sont contactés juste après la tentative de suicide. Presque tous les patients (95%) ont fait appel à un travailleur social qui a contacté un proche, et tous les proches contactés (81 personnes) ont été d’accord pour participer à cette étude.

    Une interview semistructurée a été faite par téléphone ou en personne, au même moment que l’entretient avec le patient ou peu après.

    Cette étude trouve que les proches fournissent des informations valables en ce qui concerne la situation du patient. Quand on compare les interviews avec les suicidants, et leurs proches, on constate que les problèmes de solitude et de manque de confiance en soi sont évoqués davantage par les proches que par les intéressés.

    De plus les proches aident à repérer les suicidants, et les signaux suicidaires sont appréhendés par 41% d’entre eux. 57% des proches qui ont aidé psychologiquement et/ou par un soutien pratique les suicidants, avouent que cela a été un " fardeau " pour eux, surtout quand le patient avait des troubles psychiatriques autres que des troubles de la personnalité.Plus de la moitié des proches souhaitent des conseils individuels ou conjoints à ceux prodigués aux patients.

    Cette étude s’intéresse à la valeur de la coopération avec les proches après la tentative de suicide, à la fois dans l’évaluation immédiate du patient et dans les stratégies de traitements.

    LES DETERMINANTS CLINIQUES DU COMPORTEMENT ET DE L’IDEATION SUICIDAIRE DANS LA DEPRESSION DU SUJET AGE. (G.S. ALEXOPOULOS &CO; ARCH GEN PSYCHIATRY, VOL 56,NOV1999). ID 1183.

    Le but de cette étude est de trouver chez les patients âgés déprimés, les caractéristiques cliniques qui peuvent faire penser à une idéation suicidaire et d’évaluer leur pronostic.

    Méthode; l’idéation suicidaire, le comportement suicidaire passé, la sévérité de la dépression, les distorsions cognitives, le passé médical, l’agressivité, et l’entourage social, ont été étudié chez 354 patients déprimés âgés de 61 à 93 ans. Les patients ont eu des évaluations cliniques tous les six mois, et des évaluations téléphoniques pendant 1,8 ans.

    Résultats: Les idées suicidaires sont en relation avec des antécédants de tentatives de suicide, avec de sérieuses intentions suicidaires, avec la sévérité de la dépression, et enfin avec un entourage social pauvre.

    Les tentatives de suicide pendant l’année précédente sont particulièrement sévères, il y a peu d’activités instrumentales, et donc les activités sont limitées. Lors de l’évaluation initiale, la sévérité de la dépression, les tentatives de suicide précédentes, la sévérité de l’intention suicidaire pendant la tentative précédente sont prédictives de l’apparition de l’idéation suicidaire. Pendant le suivi, l’intensité de la dépression en cours est le facteur le plus déterminant de l’idéation suicidaire au delà du temps.

    Conclusion>
    Les personnes âgées avec une dépression sévère, un passé de tentatives de suicide avec une forte intention suicidaire et un pauvre entourage social sont plus aptes à avoir des idées suicidaires. La sévérité de la dépressionest le facteur le plus prédictif de l’idéation suicidaire.

    Les états de mal suicidaires. (C. Bondu, G. Vaiva&co; Ann Psychiatr, 1998,13,n°4,221-223). ID 1270.

    Au CHRU de Lille, est étudiée une population de suicidants adultes, présentant une forme particulière d’enchaînements de passages à l’acte suicidaires dénommés "états de mal suicidaires". Ce néologisme inspiré de la clinique de l’épilepsie, regroupe des individus enchaînant sans rémission, sur une période courte, de trente jours maximum, les états de crise suicidaire. Les passages à l’acte successifs ne résolvent en rien la crise qui se perpétue alors. Les patients inclus dans cette recherche sont ceux qui ont présenté au moins deux crises suicidaires, tentatives de suicide ou constatation d’un risque d’autolyse, pendant le mois précédant.

    En ce qui concerne l’évaluation clinique, aux urgences ou pendant l’hospitalisation, l’étude s’intéresse ; aux rapports avec les soignants, au rôle de l’environnement familial et professionnel, à la prise éventuelle de toxiques, et enfin aux éléments qui selon le sujet ont concouru à générer puis à éradiquer les actes autoagressifs.

    On distingue deux cas de figures; dans le premier ’état de mal procède d’une faillite des fonctions adaptatives du sujet, c’est à dire que les sujets ne peuvent résoudre autrement la crise que par une tentative de suicide, ces sujets n’accèdent à aucun autre aménagement de la crise et recherchent obstinément dans la valeur cathartique de l’acte, l’apaisement de leurs pulsions suicidaires ; dans le deuxième cas ’accueil, les réponses de soins contribuent eux mêmes à la genèse de cet état de mal.

    Une année de suivi, réalisée par les proches de personnes ayant fait une tentative de suicide. (U. Magne-Ingvar, A Ojehagen; Soc Psychiatr Epidemiol 1999,34: 470-476). ID 592.

    Dans une étude précédente, ont été interviewé des personnes importantes et proches du patient (Sos) qui "suivaient" directement des patients qui avaient fait une tentative de suicide, leur témoignage faisant partie de l’évaluation psychiatrique.

    Dans l’étude présente, une interview de ces personnes proches, est investiguée un an après la tentative de suicide du patient.

    Méthode: Interviews semistructurées de 84 personnes (Sos), par téléphone, pendant un an, centrées sur la situation du patient, sur les propres implications de ces personnes dans les soins et le traitement du patient, de même que leur propre bien être et leur besoin d’aide. 44% de ces personnes sont des parents, 27% des concubins, 29% ont d’autres relations avec le suicidant.

    Résultats:Suivant les Sos, 63% des patients ont des problèmes de santé mentale et 80% ont d’autres sortes de problèmes (problèmes relationnels, problèmes financiers, chômage, abus de substance) pendant le suivi.

    Une majorité de Sos est ennuyée car ils ont le sentiment d’être de nouveau "bléssés" par le patient. On constate que les informations données par les Sos et les patients sur les tentatives de suicide, pendant le suivi sont différentes. Beaucoup de Sos avaient des questions sur le comportement suicidaire, et presque la moitié a rapporté que n’a pas été abordé la question de la tentative de suicide avec le patient.

    Près de la moitié des Sos aurait souhaité avoir un conseil professionnel de préférence tôt après la tentative de suicide.

    Pour 2/3 des patients hospitalisés, et pour 90% des patients ambulatoires, les Sos n’ont pas été impliqués dans les soins et traitement du patient, alors que la majorité des patients aurait souhaité une telle implication.

    L’état de santé des Sos est géneralement bonne, excepté pour un petit sous groupe.

    Conclusion: +Les résultats fournissent avec évidence que les Sos donnent des informations valables sur le patient après une tentative de suicide.

    + Il est mis en évidence que les Sos eux mêmes ont besoin d’aide.

    + Une communication insuffisante entre le patient et les Sos, indique le besoin de conseils juste après la tentative de suicide pour soulager le vécu angoissant des Sos.

    Suicide : une revue des appels vers un service d’écoute téléphonique tenu par des adolescents pour d’autres adolescents (K. E. Boehm, N. B. Campbell ; Child Psychiatry and Human Development, vol. 26 (1), 1995). ID 1202.

    Abstract : Les appels à propos du suicide vers un service d’écoute téléphonique tenu par des adolescents sur une période de cinq ans et demi sont décrits. Il s’agit de premiers appels. La majorité de ces appels proviennent de jeunes filles un peu plus agées. Les contacts téléphoniques concernant le suicide sont plus longs et plus tardifs dans la soirée que les autres appels. Ceux concernés par le suicide évoquent également d’autres sujets comme l’estime de soi, les problèmes familiaux, l’abus de substances.

    Eléments cliniques relatifs à un comportement suicidaire :

    - Troubles mentaux.

    - Difficultés scolaires ou familiales.

    - Avenir professionnel incertain.

    - Abus de substances.

    - Activité sexuelle.

    - Peu de capacité à résoudre les problèmes.

    - Personne à qui parler.

    Méthodes et résultats :

    - Enregistrement de 11 152 appels entre 1987 et 1992 dont 441 portent sur le suicide.

    - Majorité de filles et de jeunes adolescents (15 - 16 ans).

    - Il ne s’agit pas d’appels répétés.

    - La majorité des appels ne semble pas être inquiétante.

    - Quand il y a un risque suicidaire, l’appel est reporté, noté.

    - Les adolescents qui travaillent dans ce service reçoivent une formation.

    Implications cliniques :

    - Aide à l’identification, à la référenciation des jeunes qui appelent le service.

    - Ce service sert de référent aux psychiatres traitants des adolescents.

    - Ce service sert à stabiliser la crise et peut proposer de brèves interventions (quand l’intervention d’un professionnel n’est pas nécessaire.

    Acteur de la prévention du suicide: SOS-Amitié à l’écoute (R. Danjoux; Psychologie Médicale, 1993,25,4: 293-294); ID 1174.

    - SOS Amitié est une association.

    - Plus de 600 000 appels par an.

    - 2000 écoutants bénévoles recrutés avec soin, formés par des professionnels.

    - 43 associations régionales.

    - Ecoute anonyme.

    - Ouvert 24 heures sur 24.

    - Chaque heure, un appel provenant d’une personne en train de se suicider ou sur le point de le faire.

    - SOS Amitié est indépendante de tout mouvement politique ou confessionnel.

    - Préformation des bénévoles par des psychiatres, psychologues.

    - Une collaboration avec le secteur Public Hospitalier va se concrétiser à Bordeaux.

    Support pour les crises suicidaires (Programme national Suédois pour le développement de la prévention du suicide).1995.

    Les facteurs cliniques sous jacents à la crise suicidaire:

    1) Epidémiologie.

    - Dans 10-15% des cas, il y a de profondes réactions de crise suicidaire.

    - La mortalité par suicide parmi les gens atteints de maladies mentales est plus élevée que dans la population normale.

    2) Facteurs psychopathologiques.

    - Dans presque tous les cas, derrière le suicide apparait une perturbation mentale, des dépressions essentielement, mais aussi des psychoses, notamment des schizophrénies.

    - Parmi ceux qui ont fait des tentatives de suicide, 1/3 souffrent de maladies mentales chroniques, 1/3 de problèmes transitoires, 1/3 sont sains mentalement (Ces derniers facteurs sont aussi très importants).

    - On observe aussi un absentéisme important, une grande fatigue, un isolement, un comportement asocial.

    - Ceux qui se suicident lors d’une dépression sont presque tous soit non traités, soit non correctement traités.

    - On observe beaucoup de plaintes telles: malaises physiques, fatigue mentale, symptômes psychologiques et somatiques.

    - On retrouve des troubles de la personnalité, et différentes formes d’abus de substances.

    3) Facteurs psychosociaux et environnementaux.

    - Les tentatives de suicide et les idées suicidaires sont des signes importants de problèmes environnementaux et psychosociaux.

    - D’autres facteurs intercurrents se retrouvent, comme des problèmes dans les relations sociales, les blessures narcissiques, des problèmes sociofinanciers et maladies physiques.

    - Personnes qui ont subi des pertes, des désastres.

    - Des situations familiales destructives.

    - Divorce.

    - HIV.

    - Violences sexuelles et physiques engendrant une anxiété généralisée, des idées de persécution, une dépression, un sentiment d’infériorité et de culpabilité, un isolement, des pensées et des actes suicidaires.

    Paramètres utiles pour l’évaluation et le traitement des enfants et adolescents ayant un comportement suicidaire. (Practice parameters for the assessment and treatment of children and adolescents with suicidal behavior). (programme national Suédois pour le dévoloppement de la prévention du suicide.1995).

    Eléments cliniques :

    1) Comportement suicidaire non léthal.

    -Les idées suicidaires sont communes chez les adolescents et ne sont pas forcément associées à une psychopathologie sous jacente. Une attention particulière est portée lorsqu’il y a une menace suicidaire.

    - Les troubles anxieux et les troubles de l’humeur augmentent le risque d’idées suicidaires.

    -Les attaques de panique peuvent déclencher des idées suicidaires ou des tentatives de suicide chez les femmes, alors que chez les hommes l’agressivité peut déclencher de tels comportements.

    - Intensité de la crise suicidaire +++: Ceux qui ont fait une tentative de suicide diffèrent de ceux qui ont des idées suicidaires, car ils ont enduré plus de désespoir,d’idées suicidaires et également témoignent d’une aversion à parler de leurs pensées suicidaires.

    2) Les tentatives de suicide.

    -Les tentatives de suicide sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes (1.6/ 1).

    - Intensité de la crise +++:

    -Les troubles de l’humeur (trouble dépressif majeur), l’anxiété, l’abus de substance, les fugues augmentent le risque de tentatives de suicide dans les deux sexes.

    -Les jeunes qui font une tentative de suicide,associésque ceux qui ont juste des idées suicidaires. La tentative de suicide survient alors dans le cadre d’un comportement réactionnel bref.

    -Un antécédent de tentative de suicide augmente le risque de commettre un suicide chez les hommes mais pas chez les femmes.

    - Les homosexuels masculins et féminins et les personnes bisexuelles ont plus de risque de faire une tentative de suicide, ont plus de facteurs de risque (dépression, abus de substance, ATCD de tentative de suicide, abus sexuel, victimisation, conflits familiaux, rejet de l’école).

    - Il est très difficile de différencier un comportement suicidaire bénin ou grave (même pour de fins cliniciens).

    3) Evaluation de la crise suicidaire.

    Le risque suicidaire augmente si les facteurs suivants sont présents:

    - Patients de 16 à 19 ans (adolescents plus âgés)

    - sexe masculin

    - Trouble mental actuel ou maladie mentale (dépression, hypomanie, psychose maniaco-dépressive, état mixte) compliqués d’abus de substance, d’irritabilité, d’agitation, de psychose.

    - Antécédents de tentative de suicide

    - Evaluer la suicidalité chez ces enfants et adolescents déprimés (fréquence des idées suicidaires). Investiguer la présence d’antécédents de tentatives de suicide, surveiller les idées suicidaires présentes.

    - Considérer l’origine culturelle du jeune (les taux de suicide sont différents suivant les communautés).

    -L’évaluation devrait provenir de plusieurs sources (adolescents, parents, école, proches).

    - Les questionnaires structurés ou semi structurés ont une valeur prédictive limitée. Ils ne doivent pas prendre la place d’une évaluation plus approfondie.

  • Les praticiens devraient utiliser des questionnaires d’autoévaluation pour rechercher les facteurs de risque suicidaire, notamment les travailleurs sociaux, les pédiatres, les conseillers scolaires, les psychologues pour la surveillance des populations à haut risque.
  • Est ce qu’il y a des facteurs déclenchants aux tentatives de suicide ? (R. Holden, P. Kerr, Mendonca, Velamoor, Journal of Clinical Psychology, vol 54(5),569-576,1988). ID 454.

    Cette étude examine les facteurs déclenchants d’une tentative de suicide décrits par des patients eux- mêmes en crise.

    Parmi 251 patients hospitalisés dans une unité de crise, ceux qui ont fait une tentative de suicide et ceux qui ont des idées suicidaires sont en accord sur 14 facteurs déclenchants. Parmi ceux ci, deux principaux sont retrouvés : les facteurs " externes " ou de " manipulation " et les facteurs " internes ".

    Les facteurs " externes " ou de manipulation correspondent à la manière dont l’entourage traite ou manipule le patient. Les facteurs " externes " incluent aussi les expressions " négatives " du patient envers les autres ( sentiment de crainte, de colère, de revanche). Les facteurs " internes " ou " intrapunitifs " correspondent à l’autodépréciation, l’autopunition. Les mesures des facteurs " externes " et des facteurs " internes " sont fiables et relativement indépendants.

    Les facteurs " internes " sont corrélés significativement avec : le souhait du patient de mourir, l’évaluation par les médecins du désir suicidaire du patient, et surtout l’évaluation par le médecin du risque suicidaire général (probabilité de faire dans le futur un suicide complet).

    En conclusion, l’évaluation de ces différents facteurs doit être interprété au cas par cas et ne peut faire l’objet d’une règle générale.

    Incidence de l’idéation suicidaire et du comportement suicidaire aux USA; 1994.( A.E. Crosby, M. Cheltenham&co; Suicide and Life-Threatening Behavior,vol 29(2), summer1999. ID 1184.

    Cette étude utilise une estimation randomisée par téléphone sur un an, pour évaluer l’incidence d’idées suicidaires, de plans de passage à l’acte, et de tentatives de suicide parmi des adultes Américains. Les comportements suicidaires ne sont pas anodins, et constituent un continuum depuis l’idéation suicidaire jusqu’au suicide accompli. Prévenir les comportements précurseurs non létaux pourrait prévenir les morts par suicide.

    Les Conclusions mettent en évidence :

    - Pas de différence significative entre les sexes pour l’idéation suicidaire, alors qu’on la retrouve dans d’autres études ( Moscicki&al 1988).

    - L’age jeune, le divorce, le célibat, sont des facteurs de risque de suicide en accord avec d’autres recherches (Cooper Patrik, Creum& Ford,1994).

    - Le résultat propre à cette étude est l’association de l’idéation suicidaire, avec le chômage, un bas niveau social (pauvreté). D’autres études ont étudié ces facteurs, mais n’ont pas constaté ce lien spécifique.

    - 1/3 de ceux qui ont fait une tentative de suicide n’ont pas fait de plan suicidaire.

    - On note la nature impulsive des personnes qui font un passage à l’acte suicidaire.

    - Ceux qui imaginent un "plan suicidaire" généralement utilisent cette méthode imaginée pour faire une tentative de suicide.

    - Parmi ceux qui ont fait une tentative de suicide, presque la moitié a déjà fait plus d’une TS dans les 12 mois précédents.

    Evaluation et conseil par téléphone, sur les lignes d’urgence aux vétérans( du service militaire aux USA), suicidaires. ( L.S. Porter, M.Astacio, L.C. Sobong; Journal of Advanced Nursing, 1997,26,716-722). ID 1191.

    Les études montrent que le suicide survient plus fréquemment chez les gens âgés, de sexe masculin, célibataires, divorcés ou veufs, éloignés de leur famille, atteints d’une maladie mortelle.

    Les vétérans du service militaire appartiennent à cette population ; ils sont souvent seuls, incroyablement isolés. Cette étude descriptive "corrélationnelle" essaie d’identifier le profil caractéristique des vétérans qui utilisent les lignes d’urgence, de repérer les évènements qui déclenchent la crise, et si les méthodes utilisées communément pour réaliser les tentatives de suicide correspondent à certaines sortes de crise.

    271 vétérans su service militaire Américains de 20 à 79 ans sont observés.

    Les données sont établies à partir de notes des infirmières au sein des dossiers des services téléphoniques d’urgence d’aide au suicide.

    On retrouve un portrait socio-démographique caractéristique :(Le premier moyen utilisé pour le suicide est l’overdose, le deuxième est l’arme à feu).

    Ces résultats pourraient servir comme base de développement pour des programmes de prévention du suicide, et aussi pour faire un usage optimal des lignes téléphoniques d’urgence (évaluation et intervention à temps des personnes en grande crise).

    Perspectives cliniques et théoriques:

  • Plus la méthode choisie est violente et douloureuse, plus le risque est grand: armes à feu, blessures, sauts, surtout si en association avec des tentatives de suicide antérieures.
  • - La tentative de suicide est plus sérieuse quand un mot est laissé.

    -Les tentatives de suicide génèrent communément des sentiments de responsabilité et culpabilité chez les autres (Adam,1985).

    Cas de consultations. Les nouvelles technologies et les services téléphoniques d’urgence. (Alan L. Berman; Suicide and Life Threatening Behavior,vol 21(4),1991). ID 1177.

    Quelques nouvelles technologies téléphoniques vont affecter les opérations des services d’urgence téléphonique: l’identification des appeleurs(caller ID), qui dénombre chaque appel;qui empêchent la connection à certains numéros spécifiques; et la trace des appels qui retrouve instantanément les appels courants ou les plus récents.

    Qu’une ligne d’urgence choisisse ou non de faire usage de ces technologies, leur croissante utlité doit faire réfléchir sur l’utilisation et les conséquences de ces techniques.

    Quatre cas sont discutés en rapport avec l’utilité et l’usage de ces nouvelles technologies. Chaque cas est brièvement discuté.

    Commentaire:

    - Sont discutés le respect de l’autonomie et l’anonymat de l’appeleur par ces méthodes.

    - Certains pensent que rejeter ces techniques aide davantage les appeleurs en gardant leur confiance.

    - Les auteurs au contraire pensent qu’il ne faut négliger aucune précaution pour préserver une vie (notamment prendre automatiquement le N° de téléphone de l’appel).

    -Le numéro de téléphone est gardé confidentiel.

    -L’identification est importante quand la personne est en danger et ne peut ou ne veut donner ses coordonnées.

    - L’important reste l’écoute et les nouvelles technologies ne changeront pas la nature de l’intervention.

    Les interventions de volontaires dans un centre de prévention du suicide. (B.L.Mishara, G. Giroux; Suicide and Life Threatening Behavior,vol 23(3),1993). ID 1210.

    Abstract: cette étude s’intéresse au stress perçu par des volontaires lors d’interventions téléphoniques, dans un centre de prévention du suicide, avant le changement d’équipe, pendant la période d’appels téléphoniques la plus chargée en urgences et après le relai.

    80 des 82 volontaires ont rempli des questionnaires concernant le stress, les stratégies pour "faire face", les motivations pour le travail volontaire, et les expériences avec le suicide.

    Des analyses à régressions multiples indiquent qu’une seule variable (la somme des expériences téléphoniques avec des suicidaires), prédit le niveau de stress avant le changement d’équipe ; les volontaires avec davantage d’expériences ont tendance à être moins stressés. Le stress pendant les appels les plus urgents sont reliés, premièrement au niveau de l’urgence de l’appel, puis à l’addition de tous les appels reçus, suivi par des mécanismes de pensée magique, de détachement et le sentiment d’être personnellement responsable.

    Le niveau de stress , après le roulement est proportionnel au temps total passé à répondre aux appels, puis au nombre d’autres personnes présentes pendant le roulement (changement d’équipe). Le stress après le roulement est inversement proportionnel au degré d’éducation et au fait d’avoir des attentes réalistes à propos des interventions.

    La pensée magique est positivement reliée au stress, et le mécanisme de pensée positive est négativement relié. ( plus de pensées positives et moins de stress).

    Une grande proportion de volontaires ont fait une tentative de suicide, ont des antécédents de pensées suicidaires, et connaissent des personnes qui ont fait des tentatives de suicide ou sont décédées par suicide;

    Ces résultats sont discutés dans leur implication pour la sélection et la formation des volontaires dans un centre de prévention du suicide.

    Méthode:

    -Les volontaires sont recrutés par sélection après un training.

    - Sont âgés de 19 à 64 ans.

    - Ils remplissent un questionnaire d’informations générales et évaluent leur niveau de stress 1/2 heure avant le relai et décrivent leurs propres expériences sur le suicide.

    - Après que le relai ait pris fin, les volontaires reçoivent des questionnaires évaluant le stress perçu pendant l’appel le plus stressant. Une semaine après, on leur donne un questionnaire "the ways of coping checklist"(Lazarus& Folkman,1984) qui évalue la manière dont ils ont géré le stress depuis la semaine précédante.

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    Dernière mise à jour : dimanche 29 octobre 2000 19:36:11

    Monique Thurin