Utilisation du support électronique : où en sommes nous auiourd'hui ?
Etat des lieux dans les bibliothèques de C.H.S

Aurore CARTIER*

L'utilisation du support électronique suppose un équipement informatique minimum préalable. Il m'a paru indispensable de dresser l'inventaire actuel des moyens dont disposent les bibliothèques médicales de C.H.S. en matière d'informatique et de nouvelles technologies. Les données recueillies concernent les 62 bibliothèques d'ASCODOCPSY dont 45 en province et 17 en lle de France. L'enquête s'est effectuée en février 1998, par téléphone. Elle concerne:

1 - Les logiciels documentaires et / ou les logiciels de gestion de bibliothèques.

2 - L'accès à Internet.

3 - Les pratiques en matière d'interrogations de bases de données: en ligne, sur CDROM via le minitel.

Actuellement 27 bibliothèques sur 62 ont un équipement informatique. Sur ces 27 bibliothèques, 24 sont en province et 3 sur Paris.

On observe donc un net déséquilibre et un retard considérable des bibliothèques d'lle de France en matériel informatique par rapport à leurs homologues de province.

De façon générale, on note un sous équipement informatique global des bibliothèques de C.H.S. sur le territoire.

I - Logiciels de gestion de bibliothèques et / ou logiciels documentaires

Ces logiciels sont adaptés à l'ensemble des opérations de gestion bibliothéconomiques des bibliothèques. Ils gèrent les opérations de prêt, les acquisitions, le bulletinage (pointage et archivage des périodiques), le catalogue (description bibliographique, fiche d'identité d'un document) et les statistiques. Les logiciels documentaires permettent essentiellement d'exploiter un catalogue informatisé au niveau de la recherche la plus fréquente - la recherche par sujet et combinaison de sujets - lls gèrent les thésaurus et les listes d'autorités qui garantissent la cohérence de l'interrogation. Ces deux types de logiciels sont complémentaires et se présentent sous forme de logiciels intégrés ou sous forme de modules.

Sur les 27 centres bénéficiant d'équipement informatique,

- en province: 4 seulement possèdent ce type de logiciels :

3 Bibal

1 Alexandrie.

Les 20 Texto s'ils trouvent des applications documentaires, ne peuvent bénéficier de l'ensemble des opérations bibliothéconomiques, et ne peuvent gérer les statistiques. Ces centres étudient d'ailleurs une réinformatisation sur d'autres logiciels adaptés et compatibles. - à Paris :

Sur les 3 bibliothèques informatisées, une seule bénéficie d'un logiciel adapté:

1 AIRS (enrithis)

Viennent ensuite:

1 file maker pro

1 logiciel maison.

Nous pouvons noter qu'au sous équipement informatique s'ajoute la disparité des moyens et l'inadaptation de certains logiciels aux services des bibliothèques.

Il - L'accès à Internet

10 bibliothèques sur 62 ont actuellement « accès » à internet. Par accès, j'entends, peuvent utiliser internet, car tous les branchements ne sont pas dans les bibliothèques, mais en accès indirect dans les services informatiques de leur hôpital (3 sur 10 sont dans ce cas).

La répartition est équilibrée, 5 en province, 5 à Paris.

Prévisions :

10 bibliothèques (Paris) prévoient une connexion pour 1998. Au total la répartition serait la suivante:

4 / 45 (province)

1 5 / 1 7 (Paris)

Au total 20 connexions prévues sur 62 bibliothèques en 98.

Il semblerait que l'effet internet» soit plus prégnant en lle de France qu'en province.

D'autre part, I'enquête relève que pour certains, il n'est prévu aucune formation à l'outil, alors qu'ils n'ont pas de notions de bureautique et d'informatique.

- Une bibliothèque sur 20 concernées envisage « in situ » la formation des utilisateurs et un accès direct à la bibliothèque.

- Toutes les bibliothèques interrogées envisagent l'utilisation d'internet pour des interrogations de bases de données et la participation à des forums.

- Certains envisagent de créer des sites webs.

lll - Interroqations de bases de données

- Par abonnements à des serveurs en ligne

- Sur CDROM

- Via le Minitel

a) Aucune des 62 bibliothèques n'interroge des bases de données en ligne. La majorité n'envisage pas ce type d'utilisation pour des raisons économiques.

b) 5 bibliothèques sur 62 utilisent des CDROM

- Medline et Encyclopedia Universalis: 2

- B.O. et J.O. en texte intégra l: 3

La plupart des unités n'envisagent pas l'interrogation de bases de données sur CDROM pour des raisons économiques.

c) 36 bibliotheques sur 62 ont un minitel.

En région parisienne, 12 sur 17 ont un minitel, 7 sur 17 interrogent les bases de données, les autres s'abstenant pour des raisons économiques.

Les bases de données interrogées sont:

- Pascal-Francis (CNRS)

- Medline

- E.M.C.

- Toxibase

- BDSP

- Electre

- C.C.N

- Panca

- Téléthèses

- Œdipe.

Il semblerait qu'en province un seul établissement effectue des recherches sur Minitel. Utilisation du support électronique: où en sommes-nous ?

A cette question nous pourrions répondre par une autre question: équipement informatique, où en sommes-nous ?

Au regard des chiffres évoqués, le constat concret que nous pouvons effectuer c'est que nous sommes sous équipés et très en retard.

D'autres questions se posent : à l'heure de la Formation Médicale Continue obligatoire (F.M.C.), comment les praticiens envisagent-ils le rôle des bibliothèques ?

Quelle sera de manière générale l'articulation entre la F.M.C et la fonction des bibliothèques médicales ?

Quelle sera la part obligatoire de formation et le libre choix de chaque utilisateur en matière de documentation professionnelle ?

La F.M.C. ne pouvant répondre à tous les besoins de formation et de développement de la recherche scientifique, même s'il y a lieu de bien distinguer les objectifs de la F.M.C. et ceux des bibliothèques médicales, on s'étonnera que celles-ci n'apparaissent à aucun des différents niveaux des programmes de formation continue...

L'effet internet et l'accès au document :

La signalisation des références bibliographiques constitue la première étape de la recherche documentaire, I'objectif étant pour l'utilisateur de se procurer le document primaire, lorsque celui-ci n'est pas en texte intégral :

- soit l'utilisateur utilise individuellement l'accès à des bases de données, il lui faudra donc repérer les éléments de localisation du document pour se le procurer,

- soit il utilise les services d'un organisme documentaire qui

effectuera les recherches pour lui et surtout la fourniture des documents. Dans tous les cas, I'obtention du document aura un coût.

- interrogation de bases de données, temps de connexion, photocopies du document.

Depuis que je bénéficie d'un courriel, via le minitel, j'ai observé une croissance des demandes de recherches bibliographiques ciblées qui m'étaient adressées par l'intermédiaire de Psydoc-France. Je me suis donc empressée de répondre aux premières, mais devant la multiplication, ayant tout de même un public intra-muros à desservir, je me suis interrompue, faute de temps et de moyens et en me posant quelques questions. Si intemet est effectivement virtuel dans le temps et dans l'espace, les interlocuteurs sont quant à eux bien réels, soumis aux contraintes économiques et aux missions de leurs tutelles.

Les bibliothèques d'hôpitaux n'ont pas à l'heure actuelle pour mission de desservir un public extérieur et d'imputer au budget de l'hôpital les coûts supplémentaires et exponentiels qu'entraîneraient les interrogations de bases de données, la fourniture de photocopies et le temps de leur personnel.

Ceci vaut également pour les bibliothèques universitaires qui ont un accès réservé, ainsi que certains centres de documentation.

C'est ainsi que se dessine une situation paradoxale : si l'accès à l'information est en voie de se démocratiser et de se multiplier, la configuration actuelle des organismes pouvant chercher et fournir les documents primaires exclut bon nombre d'acteurs de la santé mentale (plus de 600 psychiatres libéraux, psychanalystes, psychologues, etc.) de l'accès à la documentation professionnelle.

Le coût renforcé des photocopies, avec l'agrément du C.F.C. (Centre Française du droit de Copie) risque de réduire l'accès au plus grand nombre. Seules les bibliothèques pouvaient encore avoir cette mission qui risque d'être sérieusement compromise entre rigueur budgétaire, droit de copie et peut être droit de prêt.

Cette enquête laisse apparaître un certain nombre de zones d'ombre dont il me semblerait important de débattre pour l'avenir de l'accès à la documentation spécialisée en psychiatrie et de l'organisation de sa diffusion auprès des acteurs de la santé mentale. Peut être l'apparition de nouvelles technologies appliquées à la documentation professionnelle et scientifique nous font-elles mieux mesurer le chemin à parcourir dans l'organisation et le développement des services en place ?

* Bibliothécaire-Documentaliste - Institut Marcel Rivière (MGEN)
Membre du réseau ASCODOCPSY
Membre du Comité de Pilotage de Psydoc-France




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