SYMPOSIUM INTERNATIONAL

Organisé par le CIDEF (Centre International de l'Enfance et de la Famille)

Programme CEDRATE - 6 - 8 mars 1997, Paris


LES ENFANTS

DE LA GUERRE

Devenir, mémoire et traumatisme


  • Compte-rendu par Bernard DORAY

  • Synthèse des débats




    RECIT ET TRAUMA L'HISTOIRE D'UNE QUETE THERAPEUTIQUE DES PREMISSES DU RECIT POUR DES ENFANTS RESCAPES DU GENOCIDE RWANDAIS

    quand les thérapeutes deviennent les passeurs d'ombres

    Carine PLASCH et Antoinette CORREA

    Notre travail avec des enfants rwandais hébergés dans un centre d'accueil en Belgique et notre participation à ce symposium trouvent leur source dans notre intime conviction que ces enfants devaient retrouver leurs racines tranchées par le génocide, y être reliés ne fût-ce que symboliquement. Il s'est donc agi de les aider à retrouver la mémoire, leur mémoire, la mémoire de leurs racines, se réapproprier leur histoire en deçà et au-delà du génocide.

    Il nous incombait " d'entendre " ce récit dans sa valeur pour " l'enfant lui-même " et de le lui renvoyer dans tout son sens d'ancrage et d'amorce d'une évolution, et non de ficeler ce récit pour en faire " une chose finie ".

    A partir d'un support épistolaire ayant comme but les réunifications familiales (" tracing "), ce sont des évocations brèves, des images éparses, des mots, des bribes de récit qui affleurent, en fait des " prémisses " de récit, puisqu'il s'agissait de retrouver pour plusieurs de ces enfants les noms mêmes des parents, frères et soeurs dont ils avaient perdu leur souvenir ! Il y a eu véritablement une mise en route de mécanismes de filiation. Ce travail sur la mémoire a permis de commencer à relier l'individu à une frange de son histoire interrompue par le génocide, à lui permettre de se réapproprier son histoire et rendre son futur pensable.

    C'est là " la conviction pour pouvoir une jour transmettre " cette histoire aux générations suivantes et contribuer à maintenir vigilante la " mémoire collective ".

    C'est là toute la mesure de " l'effet thérapeutique " du récit de l'enfant qui se réapproprie son histoire : pouvoir investir son futur et transmettre le passé.

    C'est entre ce passé porteur du traumatisme qui se répète quotidiennement et ce futur encore impensable que nous avons installé nos repères dans une urgence psychique alarmante. Les thérapeutes ont joué un rôle de passeur (dans le temps, dans l'espace, dans l'imaginaire, dans la référence culturelle et dans la réalité) : réinscrire dans une filiation symbolique permet d'entamer un travail de deuil et transmettre. Rôle décodeur, dédoubleur, transmetteur.




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