R de Beaurepaire
CH Paul Guiraud, 54, avenue de la République 94806 Villejuif
Une réaction de stress est constituée par un ensemble de réactions physiologiques dont le rôle principal est de mobiliser les ressources individuelles qui vont permettre de faire face à des événements inattendus et potentiellement menaçants.
En ce sens les réactions de stress sont importantes pour la survie des individus. Le cerveau est organisé pour faire face aux situations inattendues et menaçantes, et il a ainsi un rôle central dans les réactions de stress. Dans certaines circonstances, les réactions de stress peuvent devenir quantitativement et qualitativement pathogènes et délétères.
D’un point de vue neurobiologique, on peut proposer de classer les réactions pathologiques de stress en quatre catégories différentes selon les circonstances du stress :
1) les stress aigus intenses, ingérables du fait de leur violence,
2) les stress chroniques, délétères du fait de leur chronicité,
3) les stress normaux, mais qui surviennent chez des personnes vulnérables,
4) les stress précoces, qui perturbent la construction du cerveau.
Très schématiquement, les pathologies propres à chacune de ces réactions de stress sont respectivement :
1) le PTSD,
2) la charge allostatique,
3) les maladies mentales,
4) les troubles neurodéveloppementaux, rassemblés sous le terme de traumatologie développementale, ces troubles conduisant à la mise en place d’une organisation pathologique du cerveau qui expose à divers troubles cliniques.
Précisons que l’on individualise ces quatre catégories dans un but de clarté, mais que ces quatre catégories sont intriquées, et souvent simultanément présentes chez une même personne. Un facteur majeur d’intrication de ces catégories est le fait qu’un stress aigu intense peut laisser dans le cerveau des marques qui restent inscrites pour toute l’existence et fragilisent définitivement le fonctionnement mental (pour peu que ce stress intense soit survenu dans la petite enfance, il peut modifier le fonctionnement psychologique, et peut être somatique, d’une personne pour la vie entière).
Quelle que soit leur nature, les réactions de stress mobilisent constamment un certain nombre de structures cérébrales et de systèmes de neurotransmetteurs.
Les principales structures sont les suivantes : l’hippocampe, l’amygdale, différentes parties du cortex préfrontal, le noyau accumbens, l’hypothalamus et plusieurs noyaux du tronc cérébral.
Les neurotransmetteurs impliqués sont principalement la dopamine, la sérotonine et la noradrénaline, et plus accessoirement l’acétylcholine, le glutamate et le gaba.
Le mode d’action des médicaments psychotropes (neuroleptiques, antidépresseurs, thymostabilisateurs) constitue une des meilleures portes d’entrée pour comprendre les réactions de stress parce que les maladies mentales sont toujours liées à des anomalies des réponses au stress. Des données récentes apportées par l’étude du mode d’action des psychotropes (études biochimiques et études d’imagerie cérébrale) ouvrent des voies pour rendre compte du fait que certaines structures cérébrales sont plus vulnérables que d’autres aux effets du stress (ou sont vulnérabilisées par des stress antérieurs), ce qui pourrait favoriser la mise en place de réactions pathologiques au stress. On verra successivement les structures cérébrales mises en jeu dans les réactions de stress, les systèmes de neurotransmetteurs impliqués, et ce que nous apprend l’étude du mode d’action des psychotropes utilisés dans le traitement des maladies mentales.
Dernière mise à jour : jeudi 19 décembre 2002 19:13:49 Dr Jean-Michel Thurin