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Espace Cliniciens

L'hypnose n'est donc pas un sommeil provoqué, c'est la suggestibilité mise en oeuvre et exaltée … L'hypnose n'est pas un état contre nature, elle ne crée pas de fonctions nouvelles … elle exagère à la faveur d'une concentration psychique normale (?) la suggestibilité normale que nous possédons tous à un certain degré ; elle développe un état de conscience nouveau avec prédominance des facultés d'imagination et diminution de l'initiative intellectuelle à la faveur duquel nous réalisons avec plus déclat et de netteté les idées, les impressions, les images provoquées.
Bernheim.Le Temps, 29 janvier 1891

« Sans technique, un don n'est rien qu'une sale manie. »
Georges Brassens. Extrait de la chanson Le mauvais sujet repenti

« La technique la plus parfaite est celle que l'on ne remarque pas .» Pablo Casals

« L'art est une émotion supplémentaire qui vient s'ajouter à une technique habile. » Charlie Chaplin (Extrait Ma vie)

... Le sens de l'existence est celui d'une métamorphose que l'homme normalement, constitue ou conduit par la propre organisation de son être, c'est à dire sa manière de penser et, en dernière analyse sa manière de parler. Quand de cette métamorphose il n'est pas ou il n'est plus capable, quand il tombe dans les formes psychopathologiques de l'existence, c'est la parole de l'autre qui doit alors l'aider à devenir conscient, c'est à dire à utiliser le pouvoir de passage (de transfert) du ça au moi qu'il a à être, à devenir.
H Ey. La conscience, p. 474

L'importance de la psychanalyse se résume dans les deux données suivantes : 1. Grâce à une technique adaptée aux phénomènes psychologiques, elle a développé une théorie de la personnalité cohérente et fondée sur l'expérience, théorie qui peut servir de base à la compréhension et à la thérapeutique des troubles mentaux. 2. Par des investigations détaillées des corrélations entre les processus physiologiques et psychologiques, elle a illustré le fait que les êtres vivants sont des unités et des entités psychobiologiques". p 26
…La technique du traitement psychanalytique repose sur ces premisses. Elle vise à remplacer les restrictions automatiques du refoulement par une détermination consciente. Une vaste expérience thérapeutique a montré que cette entreprise est sans danger chez les sujets atteints de psychonévrose, car leur moi est capable de contrôler leur vie instinctuelle lorsqu'ils établissent le contact avec elle. p 264
…Le véritable problème thérapeutique est de dénouer la névrose de transfert. Selon moi, nous continuons encore à améliorer la technique du maniement de la névrose de transfert, et les principes énoncés ici ne sont pas définitifs. p 267
Alexander Franz, Principes de psychanalyse, Petite bibliothèque Payot 123

Ce qui importe n'est donc pas tant la stricte obéissance du patient à la règle fondamentale analytique que les conflits qui en résultent. C'est justement cette oscillation de l'observation entre le ça et le moi, cette double orientation de l'intérêt vers les deux faces du sujet analysé, qui constitue, à la différence de la technique hypnotique trop exclusive, ce que nous appelons psychanalyse. Les autres procédés de la technique analytique s'organisent ensuite sans contrainte suivant l'une ou l'autre direction de l'observation comme des mesures complémentaires.
Freud Anna. Le moi et les mécanismes de défense. PUF 1969. Chapitre II - Application de la technique psychanalytique à l'étude des instances psychiques, p17


[Transfert chez l'enfant] Vous savez que, chez les adultes, il est possible de se tirer d'affaire pendant longtemps avec un transfert négatif, que nous utilisons en vue du but poursuivi en l'interprétant et en le ramenant à ses origines. Mais, chez l'enfant, ses mouvements négatifs dirigés contre l'analyste, quelque révélateurs qu'ils puissent être sous bien des rapports, sont surtout gênants. Il faut les renverser et les atténuer aussitôt que possible. Le travail fructueux ne s'accomplira qu'à la faveur d'un lien positif entre l'analyste et l'enfant.
Freud, Anna. "Rôle du transfert" in Le traitement psychanalytique des enfants. PUF 1969 (1ère édition 1951), p 46

A propos du cas de Melle Elisabeth V. R.…
Ce fut là ma première analyse complète d'une hystérie. Elle me permit de procéder pour la première fois, à l'aide d'une méthode que j'érigeai plus tard en technique, à l'élimination, par couches, des matériaux psychiques, ce que nous aimions à comparer à la technique de défouissement d'une ville ensevelie. p109
Freud S., Breuer J., Etudes sur l'hystérie. PUF, 1956, 7ème édition 1981

Je vous ai dit : la psychanalyse a fait ses débuts en tant que thérapie. Toutefois ce n’est pas en tant que thérapie que je voulais la recommander à votre intérêt, mais en raison de son contenu de vérité, en raison des éclaircissements qu’elle nous apporte sur ce qui concerne l’homme au plus près, son propre être, et en raison des rapports qu’elle révèle entre ses occupations les plus diverses. En tant que thérapie, elle est une thérapie parmi beaucoup d’autres, mais prima inter pares bien sûr. Si elle n’avait pas sa valeur thérapeutique, on ne l’aurait pas découverte et développée pendant plus de trente ans au contact des malades.
Freud S. Nouvelles conférences, XXXIVe conférence, 1932

Revenons au cas qui nous préoccupe. Un grand nombre de gens, en proie à des conflits qu'ils n'arrivent pas à résoudre, se réfugient dans la névrose en s'attirant ainsi par la maladie un avantage certain, encore que devenant à la longue trop onéreux. Que feront ces gens si leur fuite dans la névrose vient à être empêchée par les indiscrètes révélations de la psychanalyse ? Ils seront obligés d'être sincères, de reconnaître les pulsions qui s'agitent en eux, de tenir bon dans le conflit. Ils lutteront ou reonceront et la société, devenue tolérante grâce aux connaissances psychanalytiques, les aidera dans cette tâche.
Toutefois, rappelons nous qu'il ne faut pas adopter dans la vie, une attitude d'hygiénistes ou de thérapeutes fanatiques.
Avouons que cette prophylaxie idéale des maladies névrotiques ne serait pas avantageuse pour tous. Bon nombre de ceux qui actuellement fuient dans la maladie ne pourraient supporter le conflit, dans les conditions que nous avons posées. Tout au contraire, ils succomberaient rapidement ou bien commettraient quelque faute pire que leur propre maladie névrotique. C'est que les névroses ont justement une fonction biologique en tant que mesures défensives et une raison d'être sociale ; le "bénéfice de la maladie" qu'elles procurent n'est pas toujours purement subjectif. Qui d'entre nous n'a eu l'occasion, en discernant les motifs sous-jacent d'une névrose, de reconnaître que cette maladie était, dans les circonstances données, le moindre des malheurs possibles ? Convient-il vraiment de payer d'un tel prix l'extinction des névroses quand l'univers est tout empli d'autres misères inéluctables ?
Freud S. Avenir de la thérapeutique analytique. In La technique psychanalytique, PUF, 1970 p 33

"L'un de mes adversaires se vanta de fermer la bouche à ses patients dès qu'ils commençaient à parler de choses sexuelles, et déduisit évidemment de cette technique le droit de juger du rôle étiologique de la sexualité dans les névroses"
Freud S. Ma vie et la psychanalyse. NRF - p 62

"Ainsi la marche de ce traitement illustre un précepte depuis longtemps estimé à sa juste valeur dans la technique analytique.
La longueur du chemin que l'analyse doit refaire avec le patient, la quantité de matériel rencontrée en cours de route et dont il faut se rendre maître, ne sont rien au regard de la résistance à laquelle on se heurte durant le travail et n'ont d'importance qu'autant qu'elles sont nécessairement proportionnelles à la résistance."
Freud S. L'homme au loups. In Cinq psychanalyses, PUF, 1ère ed 1954, 4ème ed. 1970. p 329

Toute action psychanalytique présuppose donc un contact prolongé avec le malade. c'est une erreur technique que de jeter brusquement à la tête du patient, au cours de la première consultation, les secrets que le médecin a dévinés. Un pareil procédé a ordinairement pour effet fâcheux d'attirer sur la personne du médecin la franche inimitié du malade et d'empêcher toute influence ultérieure.
Freud S. A propos de la psychanalyse dite "sauvage". In La technique psychanalytique, PUF, 1970 p 41

Il y a différentes voies et manières de pratiquer la psychothérapie. Toutes celles qui mènent à la guérison sont bonnes …Jene regrette aucune de ces méthodes et en ferais usage si quelque occasion favorable se présentait. C'est pour des motifs purement subjectifs que je me suis réellement consacré à une seule forme de traitement, celle que Breuer a appelée "cathartique", et que je préfère, pour ma part, qualifier d'analytique"
Freud S. Collège médical de Vienne, 12 décembre 1904.

Si l'on considère la théorie de la technique psychanalytique, on se rend compte que le transfert en découle nécessairement.
Pratiquement du moins, on se rend à l'évidence qu'on ne peut éviter le transfert par aucun moyen et qu'il faut combattre cette nouvelle création de la maladie comme toutes les précédentes.
Mais cette partie du travail est la plus difficile.
Freud, S. Fragment d'une analyse d'hystérie (Dora) in Cinq psychanalyses, PUF 1ère ed 1954, 1970, p 87

La psychanalyse n'est pas un système à la manière de ceux de la philosophie, qui part de quelques concepts de base rigoureusement définis, avec lequel il tente de saisir l'univers puis, une fois achevé, n'a plus de place pour de nouvelles découvertes et de meilleurs éléments de compréhension. Elle s'attache bien plutôt aux faits de son domaine d'activité, tente de résoudre les problèmes immédiats de l'observation, s'avance en tâtonnant sur le chemin de l'expérience, est toujours inachevée, toujours prête à aménager ou modifier ses doctrines. Elle supporte, aussi bien que la physique ou la chimie, que ses concepts majeurs ne soient pas clairs, que ses présupposés soient provisoires, et elle attend de son activité future une détermination plus rigoureuse de ceux-ci.
Freud S. Psychanalyse et théorie de la libido. Oeuvres complètes. XVI (1921-1923), p203

Voici donc notre pacte avec les névrosés : sincérité totale contre discrétion absolue. Notre rôle ne sera-t-il pas celui d'un confesseur mondain ? Non, car la différence est considérable. Nous ne demandons pas seulement au patient de dire ce qu'il sait, ce qu'il dissimule à autrui, mais aussi ce qu'il ne sait pas. C'est pourquoi nous lui expliquons plus en détail ce que nous entendons pas sincérité. Nous lui imposons d'obéir à la règle fondamentale analytique qui doit désormais régir son comportement à notre égard. le patient est obligé de nous révéler non seulement ce qu'il raconte intentionellement et de bon gré, ce qui le soulage comme une confession, mais encore ce que lui livre son introspection, tout ce qui lui vient à l'esprit, même si cela lui est désagréable à dire, même si cela lui semble inutile, voire absurde.
Freud S. Abrégé de psychanalyse. Paris PUF 1985:41-42

Nous donnons le nom de psychanalyse au travail qui consiste à ramener jusqu'au conscient du malade les éléments psychiques refoulés. Pourquoi l'avoir appelé "analyse", ce mot signifiant décomposition, désagrégatoin ? Ne fait-il pas penser au travail fait par le chimiste sur les substances qu'il trouve dans la nature et qu'il apporte au laboratoire ? Eh bien, parce qu'à un certain point de vue important l'analogie est réelle. Les symptômes du patient, ses manifestations morbides sont, comme toutes les activités psychiques, de nature fort complexe ; en fin de compte, les éléments qui forment ces combinaisons sont les émois instinctuels. Mais le malade ignore tout ou à peu près tout de ces facteurs élémentaires et c'est à nous qu'il appartient de lui faire concevoir la composition de ces formations psychiques si complexes. Nous ramenons les symptômes aux émois instinctuels qui les ont motivés et, de même que le chimiste décèle dans un sel l'élément chimique rendu méconnaissable par sa combinaison avec d'autres éléments, nous faisons apparaître dans les symptômes présentés par le malade, les facteurs instinctuels qu'il ignorait jusqu'alors.
Freud S.
La technique psychanalytique. PUF 1970, p132

De ce que nous appelons psychisme (ou vie psychique) deux choses nous sont connues : d'une part son organe somatique, le lieu de son action, le cerveau (ou le système nerveux), d'autre part nos activités de conscience dont nous avons une connaissance directe et que nulle description ne saurait mieux nous faire connaître. Tout ce qui se trouve entre ces deux points extrêmes nous demeure inconnu et s'il y avait entre eux quelque connexion, elle nous fournirait tout au plus une localisation précise des processus conscients sans nous permettre de les comprendre.
Freud S (1938). Abrégé de psychanalyse. PUF 1949, p 3

Le moi est affaibli par le conflit interne et il convient de lui porter secours. Tout se passe comme dans certaines guerres civiles où c'est un allié du dehors qui emporte la décision. Le médecin analyste et le moi affaibli du malade doivent, en s'appuyant sur le monde réel, faire ligue contre les ennemis : les exigences pulsionnelles du ça et les exigences morales du surmoi. Un pacte est conclu. Le moi du patient nous promet une franchise totale, c'est à dire la libre disposition de toute ce que son auto-perception lui livre. De notre côté, nous lui assurons la plus stricte discrétion et mettons à notre service notre expérience dans l'interprétation du matériel soumis à l'influence de l'inconscient. Notre savoir compense son ignorance et permet au moi de récupérer et de gouverner les domaines perdus de son psychisme. C'est ce pacte qui consitue la situation analytique.
Freud S (1938). Abrégé de psychanalyse. PUF 1949, p 40

Mais une fois ce pas franchi [la mise en place du pacte analytique], une première déception, un premier rappel à la modestie nous attendent. Pour que le moi soit, au cours du travail en commun, un allié précieux, il faut que malgré toutes les pressions qu'exercent sur lui les puissances ennemies [les exigences pulsionnelles du ça et les exigences morales du surmoi], il ait conservé une certaine dose de cohérence, quelque compréhension des exigences de la réalité. Or, c'est là justement ce que le moi du psychotique n'est pas capable de nous donner ; il ne saurait être fidèle à notre pacte, et c'est à peine s'il peut y souscrire. très vite, il nous aura relégués, nous et l'aide que nous lui apportons, dans ces parties du monde extérieur qui, pour lui, ne signifient plus rien. Nous constatons alors qu'il faut renoncer à essayer sur les psychotiques notre méthode thérapeutique. Peut-être ce renoncement sera-t-il définitif, peut-être aussi n'est-il que provisoire et ne durera-t-il que jusqu'au moment où nous aurons découvert, pour ce genre de malades, une méthode plus adaptée.
Freud S (1938). Abrégé de psychanalyse. PUF 1949, p 40-41

Gardons-nous bien cependant de croire que le rôle du moi [du névrosé] se borne à être passivement obéissant, à nous apporter le matériel demandé et à admettre les traductions que nous lui en donnons. Bien d'autres faits se produisent dont quelques-uns sont prévisibles tandis que d'autres ne laissent pas de nous surprendre. Le plus remarquable, c'est que le patient ne se contente pas de considérer son analyste sous le jour de la réalité, de le regarder comme un soutien et un conseiller, rémunéré de sa peine, qui se contenterait volontiers du rôle dévolu à un guide montagnard pendant une difficile ascension. Non, l'analysé voit en son analyste le retour, la réincarnation, d'un personnage important de son enfance, de son passé, et c'est pourquoi il transfère sur lui des sentiments et des réactions certainement destinés au modèle primitif.
Freud S (1938). Abrégé de psychanalyse. PUF 1949, p 42

Si tenté que puisse être l'analyste de devenir l'éducateur, le modèle et l'idéal de ses patients, quelque envie qu'il ait de les façonner à son image, il lui faut se rappeler que tel n'est pas le but qu'il cherche à atteindre dans l'analyse et même qu'il faillit à sa tâche en se laissant aller à ce penchant. En agissant de la sorte, il ne ferait que répéter l'erreur des parents dont l'influence a étouffé l'indépendance de l'enfant et que remplacer l'ancienne sujétion par une nouvelle. L'analyste, lorsqu'il s'efforce d'améliorer, d'éduquer son patient, doit toujours respecter la personnalité de celui-ci. Le degré d'influence dont il pourra légitimement se servir doit être déterminé par le degré d'inhibition dans le développement actuel du patient. Certains névrosés sont demeurés à tel point infantiles qu'ils ne peuvent, même dans l'analyse, être traités que comme des enfants.
Freud S (1938). Abrégé de psychanalyse. PUF 1949, p 42

Comme le transfert reproduit l'attitude qu'avait eue le patient à l'égard de ses parents, il lui emprunte également son ambivalence. Il n'est guère possible d'éviter, qu'un jour ou l'autre, l'attitude positive à l'égard de l'analyste se transforme en une attitude négative et hostile, ce qui généralement constitue aussi une répétition du passé. La soumission de l'enfant à son père (s'il s'agit de ce dernier), la recherche de sa faveur ont leurs racines dans le désir érotique dont ce père était l'objet. Un jour ou l'autre, le même désir s'impose aussi dans le transfert, exige d'être satisfait, mais ne peut, dans la situation analytique, aboutir qu'à la frustration. Tout rapport sexuel réel entre les patients et l'analyste est exclu, et des satisfations plus délicates, telles que les témoignages de préférence, une certaine intimité, ne doivent être que parcimonieusement accordées.
Freud S (1938). Abrégé de psychanalyse. PUF 1949, p 43

L'analyste a pour tâche d'arracher le patient à sa dangereuse illusion, de lui montrer sans cesse que ce qu'il prend pour une réalité nouvelle n'est qu'un reflet du passé. Pour empêcher son malade de tomber dans un état dont aucun raisonnement probant n'arriverait à le faire sortir, l'analyste veille à ce que ni les sentiments amoureux ni les sentiments hostiles n'atteignent un degré excessif. Il y parvient en mettant de bonne heure le patient en garde contre ces éventualités et en n'en laissant pas passer inaperçus les premiers indices. Le soin avec lequel on veille au maniement du transfert est un sûr garant de succès. Lorsqu'on réussit, comme il arrive généralement, à éclairer les patients sur la nature véritable des phénomènes de transfert, on enlève aux résistances une arme puissante, on transforme les dangers en gains.
Freud S (1938). Abrégé de psychanalyse. PUF 1949, p 43

[Psychanalyse et données]
"Le matériel de notre travail nous vient de diverses sources : des dires du patient, de ses associations libres, de ses manifestations de transfert, de l'interprétation de ses rêves et enfin de ses actes manqués. Tout cela nous aide à faire des constructions concernant ses expériences passées, ce qu'il a oublié, aussi bien que ce qui se passe actuellement en lui sans qu'il le comprenne. Cependant en agissant de la sorte nous ne devons jamais confondre ce que nous savons, nous, avec ce qu'il sait, lui. Évitons de lui faire immédiatement part de ce que nous avons deviné parfois très vite, ou de lui communiquer tout ce que nous croyons avoir deviné. Réfléchissons longuement avant de décider du moment où il conviendra de lui faire connaître nos constructions, attendons l'instant propice qui n'est pas toujours facile à déterminer. En règle générale, nous attendons, pour lui communiquer nos explications, que le patient soit lui-même si près de les saisir qu'il ne lui reste plus qu'un pas à faire, celui de la synthèse définitive".
Freud S (1938). Abrégé de psychanalyse. PUF 1949, p 46

[Psychanalyse et résistance]
Nous savons déjà que le moi se défend contre la pénétration d'éléments indésirables venus du ça inconscient et refoulé, à l'aide de contre-investissements dont l'intégrité est une condition de son fonctionnement normal. Plus le moi se sent accablé, plus il se cramponne, comme saisi d'angoisse, à ces contre-investissements et cela dans le but de défendre tout ce qui lui reste contre d'autres irruptions. Or cette tendance défensive ne concorde pas du tout avec les buts du traitement. Ce que nous désirons, au contraire, c'est voir le moi, encouragé par nous, sûr de notre aide, tenter une attaque pour reconquérir ce qu'il a perdu. Pour nous, l'intensité de ces contre-investissements se traduit pas des résistances qui s'opposent à nos efforts. Le moi s'effraye des tentatives qui lui semblent dangereuses et menacent de provoquer du déplaisir. Afin d'éviter qu'il se déroble, il faut continuellement l'encourager et le rassurer.
Freud S
(1938). Abrégé de psychanalyse. PUF 1949, p 47

Weber "nomme "technique rationnelle" l'emploi des moyens "orientés de façon consciente et planifiée d'après des expériences et des réflexions…" Tant que les techniques ne sont pas spécifiées, avec leurs domaines d'application et la base d'expérience au vu de laquelle on puisse, le cas échéant, contrôler leur efficacité, le concept de "technique" demeure très général. Toute règle ou tout système de règles autorisant un agir susceptible d'être reproduit en toute sûreté constitue en ce sens une technique, que cet agir soit conforme à un plan ou bien à l'habitude, qu'il s'agisse d'un agir pronosticable par les parties prenantes de l'interaction, ou qu'il soit calculable pour l'observateur : "c'est ainsi qu'il y a une technique pour toute action suivant chaque type : technique de prière…, technique de pensée et de recherche… et toutes sont susceptibles de degrés de rationalité très différents."
Jürgen Habermas. Théorie de Max Weber in Théorie de l'agir communicationnel T. I, 1981, tr fr 1987, Fayard. p 184.

"En un mot, la psychothérapie est une application de la science psychologique au traitement des maladies.
Une pareille psychothérapie existe-t-elle ? Son premier caractère devrait être de nous fournir des médications nombreuses et précises en nous indiquant exactement leurs effets, les modifications bien déterminées morales ou physiques qui suivent leur emploi. C'est ce que font assez bien les formulaires de la thérapeutique physique, quand ils nous parlent des médicaments calmants, soporifiques, purgatifs, altérants, etc. : le médecin peut choisir suivant les cas et les besoins. Il n'existe rien de tel en psychothérapie et certains prétendent même que toute classification de ce genre est impossible "parce que les traitements sont personnels et varient simplement avec chaque individu qui les applique." Cela est fort exagéré, l'originalité de chaque psychothérapeute n'est le plus souvent qu'apparente et il ne faut pas croire que son traitement est nouveau, parce qu'il le désigne par un mot nouveau. Mais il est certain que ces traitement étant connus et décrits d'une manière très vague, on voit difficilement les relations qu'ils ont les uns avec les autres.
Une thérapeutique fondée sur des lois doit surtout nous indiquer les conditions dans lesquelles telle ou telle médication doit être employée, nous montrer en un mot les indications de chaque traitement. Des indications de ce genre existent encore moins dans la psychothérapie. Chaque spécialiste vante son procédé qu'il prétend original et veut l'appliquer à tout, puisqu'il guérit tout. L'un moralise, l'autre hypnotise tout le monde ; celui-ci repose et engraisse et celui-là psycho-analyse à tort et à travers. Que penserait-on d'un médecin qui se vanterait de donner de la digitale à tous ses malades, tandis que son confrère aurait la spécialité de donner de l'arsenic ?"
P. Janet. Les médications psychologiques. 1919

Charcot avait apporté dans l'étude de l'hypnotisme une disposition d'esprit excellente qui manquait aux anciens magnétiseurs, l'esprit scientifique de précision et de méthode, le sens du déterminisme. Il voulait que l'on pût s'entendre quand on parlait de ces faits obscurs et pour cela il présentait des symptômes nets, des définitions rigoureuses ; il voulait que l'on put prédire et il établissait des lois amenant tel phénomène à la suite de tel autre. Tout cela était excellent, c'est ce qui séduisit les esprits scientifiques et les fit pour un moment renoncer à leurs prétentions contre le somnambulisme provoqué. Malheureusement il commit une erreur énorme en se figurant que les phénomènes hypnotiques étaient des faits physiologiques, simples, analogues à ceux qu'il observait dans la sclérose en plaques ou dans le tabes et en imaginant que l'on pouvait trouver ces définitions et ces lois dans des modifications des réflexes.
M Bernheim, au contraire, guidé par les descendants des anciens animistes, comprit admirablement que l'hypnotisme était un phénomène mental et que ces problèmes étaient des problèmes psychologiques : il avait complètement raison sur ce point capital et c'est ce qui lui donna aisément la victoire.
Janet P. L'histoire de la suggestion et de l'hypnotisme. Les médications psychologiques T I., p 187.

L'hypnotisme est une modification psychologique que l'on cherche à déterminer dans l'état mental du sujet. Quelle est en la nature, quelles en sont les conditions ?
Le premier caractère bien apparent et indiscutable c'est qu'il s'agit d'une modification de l'esprit artificielle, que l'opérateur peut produire au moment où il le désire et qu'il peut également faire cesser à volonté en ramenant le sujet à son état précédent. C'est ce caractère qui est évident dans toutes les pratiques employées pour hypnotiser ou pour endormir et dans celles qui ont pour effet de dˇhypnotiser ou de rˇveiller ; mais on s'entend beacoup moins sur la nature de la modification que l'on obtient par ces procédés"
Janet P. Les conditions de la suggestion. Les médications psychologiques T I., p 257.

"Il faut aider l'homme à se relever quand il tombe découragé …il faut être près de lui dans toutes les grandes crises de sa vie … il ne faut pas s'occuper seulement des idées qui flottent dans sa tête, de ses ennuis, de ses souffrances, mais aussi de ses relations personnelles, de ses amitiés, de ses affaires d'amour, de toutes ses affaires domestiques"
Hallock F K. Les méthodes d'éducation et de simple conversation, Psychotherapy de Parker, II, IV, p 5 cité par P. Janet

[A propos de la différence entre information du patient et psychothérapie]
Un homme est devenu malade parce qu'il dort dans une chambre fermée où se trouve un poêle qui tire mal, le médecin le lui explique et le malade répond : "C'est bien, j'éteindrai mon poêle et j'ouvrirai ma fenêtre". Est-ce là un traitement psychothérapique ?
Une jeune fille se met à manger insuffisamment en croyant que cela est avantageux pour sa santé ; si elle était simplement dans l'erreur il suffirait de lui démontrer qu'une personne de sa taille brûle plus de calories et a besoin de plus d'aliments …
Le traitement ne consiste pas à lui donner tout simplement la démonstration des traités de physiologie et des bons conseils, mais à les lui donner d'une certaine manière qui n'est pas celle qu'on emploie dans les cours. C'est cette manière de donner les conseils qui constitue le traitement, mais nous sommes bien loin de l'enseignement pur et simple de la vérité
P Jane
t. Les médications psychologiques. T I, p 115-116

Est-il bien certain qu'il faille savoir la vérité sur le mécanisme d'une maladie pour en guérir ? Combien d'hommes se sont rétablis de la rougeole ou de la fièvre typhoïde sans y comprendre absolument rien. Il n'en est pas de même, répondra-t-on, pour les troubles mentaux où l'idée qu'on a de la maladie influe sur la maladie elle-même. Rien n'est moins démontré, le psychiatre le plus compétent peut tomber dans une dépression grave et avoir des idées fixes, il ne s'en débarassera pas mieux qu'un autre s'il en sait le mécanisme. …
En effet, nous nous trouvons ici en face de la plus grande difficulté : on veut guérir les malades en leur faisant connaître la vérité sur leur maladie, mais quelle est cette vérité ?
P Janet. Les médications psychologiques. T I, p 116-117

"Quand un sujet marche ou se couche, mange ou écrit au moindre signe de son médecin, il n'actionne pas des tendances différentes [que celles d'actes d'obéissance, de complaisance vis à vis d'une certaine personne] ; nous avons vu qu'il y a une aprtie incomplète dans chaque action, que c'est jusqu'à un certain point une activation de jeu pour chacune de ces tendances. La partie importante de l'acte c'est l'obéissance immédaite au signe de cette personne. Il n'est plus nécessaire de supposer une foule de tendances hypertrophiées, une foule de passions, il suffit d'en admettre une seule, l'hypertrophie de la tendance à la soumission".
Janet P. Les conditions de la suggestion. Les médications psychologiques T I., p 231.

Les théories sociales de la suggestion ont été rarement présentées avec netteté malgré leur intérêt. Liébault remarquait que "les travailleurs, les gens de la campagne, les enfants, les soldats, habitués à obéir, sont suggestionnés immédiatement". M Bernheim, en 1884, confirme la même remarque : "les gens du peuple, les cerveaux dociles, les anciens militaires, les artisans, les sujets habitués à l'obéissance passive m'ont paru, ainsi qu'à M. Liébault, plus pates à recevoir la suggestion que les cerveaux raffinés, préoccupés, qui opposent une résistance morale souvent inconsciente …"
Janet P. Les conditions de la suggestion. Les médications psychologiques T I., p 231-232.

Les moyens suivant lesquels les psychothérapies psychanalytiques produisent des changements chez les patients font actuellement partie des thèmes les plus débattus dans le domaine. Un nouveu modèle d'interaction tente de faire un pont entre les théories qui se focalisent sur l'insight et celles qui mettent l'accent sur la relation thérapeutique. Les structures d'interaction permettent de considérer l'interaction entre l'intrapsychique et l'interaction interpersonnelle en reconnaissant que l'intrapsychique est une base importante de ce qui devient manifeste dans le champ interactif.
E.E. Jones. Therapeutic action. Jason Aronson 2000

Quand la voix du magnétiseur se fera entendre à son oreille, l'esprit (du somnambule) reconnaissant les sons qu'il a résolu de remarquer concentrera son attention sur ces sons, les comprendra et y répondra. Si cette voix lui ordonne avec autorité de faire attention à ce qu'il éprouve dans différentes parties du corps, il obéira et distinguera les plus petites sensations, tandis qu'il demeurera insensible à des sensations plus fortes qu'il éprouvera ailleurs. Eh bien, endormez-vous avec l'idée que vous avez des punaises dans votre lit, les plus petites démangeaisons troubleront votre sommeil.
Jouffroy. Mélanges philosophiques, 1840

Le patient envieux n'accorde qu'à contrecoeur à l'analyste le succès de son entreprise ; s'il sent que l'analyste et l'aide qu'il apporte se trouvent détériorés du fait de sa critique envieuse, il lui devient impossible d'introjecter l'analyste en tant que bon objet ou d'accepter et d'assimiler ses interprétations avec une conviction suffisante. Une conviction réelle, telle qu'elle apparaît chez les patients moins envieux, comporte un sentiment de gratitude pour le don reçu. Le patient envieux peut encore se sentir indigne de bénéficier de l'analyse : il est coupable d'avoir déprécié l'aide qui lui fut prodiguée.
Il va sans dire que nos patients nous critiquent pour diverses raisons, dont certaines sont justifiées. Mais le besoin qu'éprouve un patient de dévaloriser le travail analytique, dont il vient de ressentir l'utilité, est l'expression même de l'envie.
Klein M. Envie et gratitude. Tel Gallimard 1968 p22.

D Stern et ses collègues ont développé l’idée qu’il existe des moments de signification – moments d’interaction entre le patient et le thérapeute – qui représentent la réalisation d’une nouvelle forme de souvenirs implicites qui permettent à la relation thérapeutique de progresser à un nouveau niveau. Cette progression ne dépend pas de découvertes conscientes ; elle ne requiert pas, pour ainsi dire, que l’inconscient devienne conscient. On pense plutôt que des moments de signification conduisent à des changements dans le comportement qui augmentent l’éventail du patient, en termes de stratégies procédurales, pour faire et être. La croissance de ces catégories de connaissance conduit à des stratégies d’action qui se réfléchissent dans les façons dont une personne interagit avec une autre, y compris celles
qui contribuent au transfert.
Kandel E.
La biologie et le futur de la psychanalyse. Evol Psy, 2002

Ne sous-estimons pas la douleur et les souffrances du schizophrène. Elles sont difficiles à percevoir, car constamment masquées par l'usage défensif qu'il fait de la dispersion de ses affects. Pourtant moi-même et certains de mes collègues, parmi lesquels le Dr Davidson, le Dr Rosenfeld, le Dr Hanna Segal, qui avons analysé ou analysons des schizophrènes, restons optimistes quant aux résultats. Optimisme fondé sur l'existence, même chez ces grands malades, d'un désir intense d'intégration et d'une relation, pour rudimentaire qu'elle soit, au bon objet et au bon soi.
Klein M. Envie et gratitude. Tel Gallimard 1968 p126.

"Mon second exemple est emprunté à l'analyse d'une patiente dont le tableau clinique était marqué par de fortes tendances dépressives et schizoïdes. Des épisodes dépressifs s'étaient succédé pendant de longues années…
L'exaltation de la patiente à la suite de son succès professionnel fut annoncée par un rêve où son triomphe était sous-tendu par une envie destructrice à mon égard, pour autant que je représentais sa mère. Dans son rêve, elle planait au dessus de la cime d'un arbre, sur un tapis volant. De cette position élevée, son regard pouvait plonger à travers une fenêtre dans une pièce où une vache était en train de mâchonner quelque chose qui se présentait comme un ruban de laine, interminable. Dans un autre rêve, qu'elle fit cette même nuit, elle portait des culottes mouillées.
Ses associations permirent de comprendre que d'être perchée au sommet d'un arbre signifiait qu'elle m'avait dépassée d'une longueur et qu'elle regardait avec mépris la vache qui me représentait. Ceci n'était pas nouveau".
Klein M. Envie et gratitude. Tel Gallimard 1968 p53-54.

Certains patients, du fait de leur situation transférentielle, se mettent à critiquer une interprétation qui s'est avérée très utile jusqu'à ce que rien de bon n'en demeure. Voici un exemple : un patient, au cours d'une séance, parvient à résoudre un problème extérieur ; il commence la séance suivante en me disant "qu'il m'en veut" pour avoir éveillé en lui une angoisse intense en le confrontant avec ce problème. En fait, il se sentait accusé et dévalorisé par moi, parce que la solution ne s'était pas imposée à lui avant que nous n'ayons analysé son problème. Ce fut seulement à la réflexion qu'il put reconnaître l'aide effectivement apportée par l'analyse.
Klein M. Envie et gratitude. Tel Gallimard 1968 p 68.

Il ne serait peut-être pas mal que l’analyste donne un certain témoignage qu’il sait ce qu’il fait. S’il fait quelque chose, dire, il ne serait peut-être pas excessif d’attendre que, de ce qu’il fait, d’une certaine façon, il témoigne.
Lacan J : conférence à Genève sur le symptôme octobre 75 :

Le message réel derrière l'EBM se situe au niveau de la relation entre la pratique clinique et la recherche. Il y a souvent eu une implication suivant laquelle la recherche et la pratique clinique étaient deux activités presque séparées en médecine. Il est explicite que l'EBM produit des liens forts entre les deux et que l'utilisation de la preuve issue de la recherche est une façon explicite d'informer le jugement clinique. Cela aide les clinicien à ce centrer sur la qualité de la preuve pour les interventions qui sont utilisées. Mais cela a également de profondes implications pour les chercheurs et pour le type d'études qu'ils ont besoin d'effectuer pour renseigner la pratique clinique.
Lewis G. New evidence is required. British Journal of Psychiatry 1997, 171:227

"De même, il lui était impossible d'accepter comme immuables les règles techniques établies au départ, ou d'admettre que l'on transforme la théorie en dogme. Soutenir qu'un malade, qui ne pouvait pas être guéri en fonction de cette théorie et avec cette technique, était un malade inanalysable, lui paraissait insuffisant, et par ailleurs traumatisant en soi. Il estimait que tout malade qui demandait de l'aide devait en recevoir, et que c'était au psychanalyste d'inventer la manière de répondre aux problèmes qui lui étaient posés."
Dupont Judith . Avant-propos. In Sandor Ferenczi. Journal clinique. Sciences de l'homme Payot,1990, pp 31-32

Schiller à Goethe (23 aôut 1794)
Vous prenez la nature d'ensemble, dans sa totalité, et vous l'appelez à éclairer les détails particuliers ; vous demandez à la totalité de ses modes d'apparition de rendre compte de l'individu. Parti de l'organisation la plus simple, vous vous élevez, pas à pas, jusqu'à la plus complexe, pour construire finalement, de façon génétique, la plus compliquée de toutes, l'homme, au moyen des matériaux que vous a fournis l'édifice entier de la nature. Et ainsi, en créant pour ainsi dire à votre tour l'homme sur le type de la création naturelle, vous cherchez à mettre à nu les ressorts cachés de sa technique. Conception grandiose et véritablement héroïque, qui atteste à satiété combien votre esprit tient étroitement liée en une belle unité la riche moisson de ses représentations.
Goethe - Schiller. Correspondance 1794-1805. Tome I 1794-1797, Gallimard, 1994. p 44

« Le peintre qui a trouvé sa technique ne m’intéresse pas… Je lui soupçonne un certain ennui propre à l’ouvrier vertueux qui continue sa tâche sans l’éclair imprévu de la minute heureuse. Il n’a pas le tourment sacré dont la source est dans l’inconscient et l’inconnu ; il n’attend rien de ce qui sera. J’aime ce qui ne fut jamais ».
Odilon Redon (Dictionnaire de citations françaises, Le Robert, Paris, 1995)

Nous avons besoin d'une nouvelle approche de la santé mentale, centrée sur les déterminants sociaux et existentiels de la santé mentale et physique. Elle devrait être offerte par des personnes qui sont politiquement et professionellement conscients des conditions humaines de base, et de l'interaction entre l'environnement psychosocial et la santé mentale et physique. Les professionnels de la santé mentale ont souvent abdiqué de leur responsabilité sociétale à cause d'un manque de ressources ou de mécanismes de récompense académique et économique qui favorisent aujourd'hui quelque peu la recherche "phrénologique"sur le cerveau et les stratégies exclusivement psychothérapiques. Après des temps de réductionnisme biologique et sociologique, les professionnels de pensée holistique doivent recécouvrir leur compétence et leur responsabilité en relation à un concept de santé mentale publique redéfini.
X. Rutz.The Lancet, 15 mai 2004

Venons-en à la technique psychothérapeutique. Que je décrive des aspects particuliers de ce sujet ou que je tente de le traiter dans sa totalité dans mon travail avec un schizophrène chronique, je constate chaque fois que l'accessibilité du thérapeute à des sentiments divers est la clé de la situation.
Dans un article qu'il a écrit sur les "Phases de l'interaction patient-thérapeute" : …{Je me suis aperçu} que la "technique" de la psychothérapie de la schizophrénie se définissait le mieux en termes de séquence évolutive, séquence d'engagements affectifs spécifiques et très profonds dans lesquels thérapeute aussi bien que patient se trouvent pris au cours…de l'évolution générale "normale" et prévisible de la psychothérapie du schizophrène chronique.
Searles H. L'effort pour rendre l'autre fou. Gallimard, coll Folio Essais, 1965, tr fr 1977, p 68

"Comment mieux assurer le futur ?
D’un côté, la psychanalyse est une théorie particulière du fonctionnement mental, largement issue de la pratique de la méthode psychanalytique, alors que d’un autre côté, la technique analytique peut être envisagée comme une application spécifique de notre théorie psychanalytique. Cette distinction entre la théorie et la pratique psychanalytiques est fondamentale. En spéculant sur le futur de la psychanalyse, nous avons besoin de nous demander sir nous sommes concernés par le futur de la théorie psychanalytique ou par le futur de la pratique psychanalytique.
Sandler Joseph. IPA, vol 7, n°1, 1998 

Il faut mettre dans l'esprit du malade l'image psychique de la guérison qui dissipera les troubles fonctionnels : c'est simplement une application de l'idéo-dynamisme, de cette aptitude du cerveau à recevoir, à évoquer des idées, à les réaliser.
Van Renterghem. Comptes rendus du Congrès de neurologie d'Amsterdam, 1907, p 858.
Cité par P. Janet. L'histoire de la suggestion et de l'hypnotisme. Les médications psychologiques T I., p 180.

Les rapports entre la théorie et la technique passent au premier plan des préoccupations de Freud et ce n'est pas par hasard si lors du Congrès International de Berlin en 1922, après avoir donné lecture de son rapport sur le Moi et le Ça, Freud proposa comme sujet pour un prix le problème des relations entre la théorie et la technique qu'il formule en ces termes : "Dans quelle mesure la théorie ferait-elle avancer la thérapeutique ?
Et inversement, dans quelle mesure une technique perfectionnée conduit-elle à de meilleures formulations théoriques ?
Serge Viderman. La construction de l'espace analytique, Gallimard, TEL, 1982. (1ère édition Denoël 1970), p 40.

Si l'on prenait patiemment en considération chacune des règles techniques élémentaires qui organisent le champ analytique on s'apercevrait que dans la première phase de leur élaboration elles visent à permettre l'émergence des contenus formels inconscients par l'abaissement de la vigilance du moi et l'accroissement de la poussée des représentations inconscientes qui se fraient les voies d'une expression de moins en moins déformée.
Serge Viderman. La construction de l'espace analytique, Gallimard, TEL, 1982. (1ère édition Denoël 1970), p 41

La prescription du symptôme (double contrainte visant à le faire disparaître) est une technique qui peut sembler en contradiction ouverte avec les principes de la psychothérapie d'inspiration psychanalytique qui proscrit toute intervention directe portant sur les symptômes. Pourtant, au cours de ces dernières années, les preuves se sont accumulées qui permettent de penser que si l'on se borne à faire disparaître le symptôme, il n'en découle aucune conséquence fâcheuse ; tout dépend évidemment de la manière dont on aborde le comportement symptomatique.
P. Watzlawick, J. Helmick-Beavin, D. Jackson. Une logique de la communication, Ed du Seuil, 1967, tr fr. 1972


Dernière mise à jour : 13/03/05
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