Facteurs de risque
et vulnérabilité......
vulnérabilité
et facteurs de risque
Editorial - M. Falk-Vairant
Risques, vulnérabilité et suicide.
G. Darcourt
Risque pour lindividu et risque
pour la population. F. Chapireau
Facteurs de risque, de
vulnérabilité et addiction(s). D. Velea
Etat de stress post traumatique :
facteurs de risque, de vulnérabilité et
de protection. JM. Thurin
3ème symposium Internet et Psychiatrie
Projets retenus sur programme sciences biomédicales, santé, société
2ème Colloque "Stress et Immunité
Abonnement
Comité de Rédaction et remerciements
La pratique médicale est un art qui relève de la science. Cest le paradoxe du
savoir et du savoir-faire. Peser le pour et le contre, élaborer une stratégie, cibler
les enjeux dune décision constituent le quotidien de la pratique courante. La prise
en compte des facteurs de risque et du concept de vulnérabilité font partie
intégrante de cette démarche médicale.
Le risque est une notion probabiliste. Lexpression facteurs de risque est
empruntée à la terminologie épidémiologique et résulte également dun traitement
statistique de données. La notion de vulnérabilité est intriquée à celles de facteurs
de risque et entre dans le cadre dune recherche étiologique des maladies.
Depuis un certain nombre dannées plusieurs modèles ont été proposés pour
tenter de mieux comprendre lapparition et lévolution des maladies mentales.
Parmi ceux-ci, on retrouve des modèles intitulés « modèles de vulnérabilité ».
Introduisant une autre manière de penser la psychose et par extension les autres
maladies mentales, ce sont des modèles qui tentent darticuler les facteurs
génético-biologiques et les facteurs psychosociaux.
Ces modèles offrent un grand intérêt pour définir les attitudes thérapeutiques à
prendre en fonction dune multitude de facteurs évolutifs selon la vie du patient et
le cours de sa maladie.
Le médecin, en pratique courante, intègre toutes ces manières de penser, toutes
les données dordre général pour les adapter au cas particulier de son patient en
procédant à une recombinaison personnelle en fonction de ses connaissances et
de son expérience.
Les prises de décision reflétées dans la rédaction des certificats dhospitalisation
sous contrainte sont souvent le résultat de cette recombinaison, sorte dalchimie
procédant dune logique que lon pourrait qualifier de floue, mais qui nen est pas
moins pragmatique. Dans un certificat, on pourrait lire par exemple : « compte tenu
de la vulnérabilité psychique de ce patient, nous préconisons le renouvellement
dune sortie dessai dans le cadre de lhospitalisation doffice »... Une telle
décision, exprimée dune façon formelle, résulte de la synthèse de données
cliniques, génétiques, biologiques, cognitives, contextuelles et psychodynamiques
dans lesquelles les facteurs de risque et la notion de vulnérabilité prennent une
place importante.
Si lexpérience clinique, lintuitif et la logique floue jouent un rôle prépondérant
dans la pratique quotidienne, la progression dans la connaissance des maladies
mentales nécessite une démarche scientifique. Leffort dobjectivation de cette
démarche ne doit pas méconnaître la pratique. Cet aller-retour constant entre
cliniciens et chercheurs fait la richesse de notre discipline et la réflexion sur les
notions de facteurs de risque et de vulnérabilité en est une illustration
supplémentaire.
On pense parfois que le concept de facteur de risque est du
domaine de lépidémiologie et non de celui de la psychiatrie.
On parle en effet de facteur de risque lorsque, dans une population,
on constate une corrélation entre un phénomène et la
fréquence dun trouble. Sa valeur prédictive concerne la population
et ne vaut pas pour tel ou tel individu.
La conférence de consensus sur « La crise suicidaire :
reconnaître et prendre en charge »
, organisée par la
Fédération Française de Psychiatrie en octobre 2000 [1] a mis
en évidence, avec une insistance particulière, la valeur diagnostique
de ces facteurs de risque. Dans ses recommandations,
le jury rappelle que la crise suicidaire a souvent un caractère
non spécifique : il sagit de signes dépressifs légers souvent
masqués par des symptômes dallure somatique ou de
changements de comportement banaux. Ce qui mettra sur la
voie dun risque suicidaire, ce sera dune part la présence
didées suicidaires (dont la signification est trop souvent sousestimée)
et dautre part lexistence de facteurs de risque. Le
jury a signalé lintérêt de saider de listes comme celle que
lOMS [2] a établie pour le risque de suicide. Elle comporte des
facteurs individuels (antécédents suicidaires, problèmes de
santé mentale, pauvreté de lestime de soi, impulsivité...), des
facteurs familiaux (violences et abus physiques, conflits, pertes
et abandons précoces, pathologie mentale des parents...) et
des facteurs psychosociaux (isolement, pertes, deuils, difficultés
socio-économiques...). Cette liste nest pas une échelle
dévaluation quantifiée, elle est équivalente à une liste de
symptômes dans la tradition clinique classique.
Les psychiatres ont parfois une autre difficulté avec les facteurs
de risque. Ils estiment quil ne leur est pas possible de
faire des recherches sur eux. Cela nest que partiellement vrai.
Ils nont évidemment pas les moyens de mener des enquêtes
prospectives en population générale, mais ils peuvent réaliser
des études rétrospectives. Un grand nombre de connaissances
ont été acquises par cette méthode. Le schéma général des
protocoles est la plupart du temps le suivant : 1. élaboration
dune hypothèse concernant un possible facteur de risque ;
2. choix dune méthodologie pour lidentifier le plus objectivement
possible ; 3. constitution de deux groupes, celui des
patients ayant fait une tentative de suicide et groupe témoin ;
4. comparaison entre la fréquence de ce facteur de risque dans
chacun des deux groupes ; 5. vérification statistique que cette
différence est significative. En voici quelques exemples parmi
ceux rapportés par un expert de la conférence,
A. Batt ([1]
p :45-65) :
- Fernando et Storm [4] - 1. hypothèse : les pertes, maladies
ou décès dun parent au premier degré ou dun ami proche
dans lannée écoulée sont des facteurs précipitant pour le suicide
; 2. méthode : étude des dossiers ; 3. constitution de deux
groupes, celui des patients suicidés au nombre de 22 et
regroupement de 22 témoins, appariés sur lâge, le sexe, la
date et les conditions dadmission, le traitement, léquipe thérapeutique
; 4. résultat : pertes chez 55% des suicidés versus
18% des témoins ; 5. différence statistiquement significative.
- Murphy et al [5] - 1. hypothèse : vivre seul est un facteur
de risque pour le suicide chez les alcooliques ; 2. méthode :
reprise des dossiers ; 3. constitution de deux groupes, celui
dalcooliques suicidés au nombre de 67 et celui de 106 alcooliques
vivants ; 4. résultat : les suicidés vivaient plus souvent
seuls que les autres (45% versus 17%) ; 5. différence statistiquement
significative.
Je citerai aussi un travail fait au Centre dAccueil
Psychiatrique de Nice par
M. Benoit et M. Jaubert [6]
avec
une méthodologie assez proche. Lobjectif était détablir les différences
entre les profils psychologiques des sujets faisant une
première tentative de suicide et des sujets récidivants pour
dégager les facteurs de risque de rechute. Les auteurs ont examiné
systématiquement 200 cas successifs dhospitalisation
pour tentative de suicide quils ont répartis en deux groupes,
celui des primo-suicidants (77) et celui des récidivants (une ou
plusieurs fois) au nombre de 123. Tous ont été examinés selon
un entretien codifié comportant un questionnaire détaillé et des
échelles psychologiques. Pour chacun des paramètres, les
auteurs ont comparé les deux groupes et ont calculé la significativité
des différences (que jindiquerai entre parenthèse).
Voici quelques unes de leurs constatations. Par rapport aux
primo-suicidants, les récidivants sont plus souvent en arrêt
pour maladie (P=0,016), plus souvent des inactifs (P=0,002),
ils ont plus souvent des antécédents psychiatriques
(P<0,0001) et dépressifs (p<0,0001), ils ont eu plus souvent
des sévices pendant lenfance (p=0,008), ils sont plus impulsifs
(avec léchelle irs de lecrubier et braconnier p=0,002, avec
lauto-questionnaire dimpulsivité de barrat p=0,001).
On voit que la vulnérabilité et les facteurs de risque pour le
suicide constituent un domaine de recherche largement ouvert
aux psychiatres.
- 1. Conférence de consensus « La crise suicidaire : reconnaître et
prendre en charge » (Paris, 19 et 20 octobre 2000) FFP et John-Libbey
ed. Paris, 2001
- 2. Organisation Mondiale de la Santé. Bulletin de lOrganisation
Mondiale de la Santé. Genève, 2000
- 3. Borg SE, Stahl M. Prediction of suicide. A prospective study of
suicides and controls among psychiatric patients. Acta Psychiatr.
Scand. 1982 ; 65 : 221-232
- 4. Fernando S, Storm W. Suicide among psychiatric patients of a
district general hospital. Psychol. Med. 1984 ; 14 : 661-72
- 5. Murphy GE, Werzel RD, Robins E, McEvoy L. Multiple risk factors
predict suicide in alcoholism. Arch. Gen. Psychiatry. 1992 ; 49 :
459-63
- 6. Jaubert M. Facteurs de risque des tentatives de suicide et de
leurs récidives ; étude épidémiologique et clinique dans un service
durgence. Thèse de Médecine, Nice Sophia-Antipolis, 1999
Dans lexemple 1 ci-dessus (Borg et Stahl), la moyenne des événements
de vie des patients suicidants est plus importante que celle
des témoins (26%>6%). Pour que cette différence soit significative, il
faut que si lon répartissait au hasard lensemble des 68 patients, on
ne risque pas daboutir à une distribution analogue en % du nombre
des événements, au sein des 2 groupes (26%, 6%), dans laquelle la
variable suicide ninterviendrait pas. Ce risque est particulièrement
important sur de petites populations. Une signification de P < 0,015
équivaut à 95% de chance que la différence ne soit pas dûe au
hasard.
Un élément important va intervenir, celui de lhomogénéité de
léchantillon. On peut imaginer que lon va trouver chez un suicidant
2 événements de vie et chez un autre 18. La moyenne sera 2 + 18 /
2 = 9 événements, ce qui na évidemment pas la même valeur que si
lun en a déclaré 8 et lautre 10, alors que lon en trouvera 3 en
moyenne dans le groupe témoin.
Ce facteur est mesuré par la déviation standard ou erreur standard
qui reflète la dispersion ou létendue des scores dans une distribution.
Cette déviation se calcule de la façon suivante :
- lécart est la différence entre le score le plus haut et le plus faible
dans la distribution (ici, 18 - 2 = 10). Cette approche est très visible,
mais son inconvénient est quelle nest basée que sur 2 mesures, la
plus élevée et la plus basse.
- La variance est égale au carré des différences par rapport à la
moyenne, divisé par le nombre de mesures (Figure 1, ci-dessous). La
variance sera égale à 0 si tous les scores sont de même valeur. Elle
sélèvera avec la disparité des scores par rapport à la moyenne.
- La déviation standard est la racine carrée de la variance.Elle prend
en compte tous les scores et est sensible aux extrêmes. J.M. T.
Dans un article de 1985 [1], lépidémiologiste britannique Geoffrey Rose sattache à poser les limites respectives de lapproche
individuelle des maladies, et de lapproche par population. Il construit son explication à partir de la notion de risque : le risque individuel
ne se définit pas de la même manière que le risque pour un groupe donné.
Le risque individuel est une notion familière aux médecins. Un patient sera considéré « à haut risque » sil présente certains
caractères qui rendent la probabilité dun événement (une maladie, une complication de la maladie, etc.) notablement plus élevée
pour ce patient particulier que pour les autres. Le risque pour la population est une notion qui peut paraître plus abstraite. Nous
savons toutefois que lhypertension artérielle, par exemple, est plus fréquente dans certains pays quailleurs. Dans tous les pays,
le patient « à haut risque » pourra être défini par les mêmes caractères ; mais le risque pour la population ne sera pas le même
dun pays à lautre, et surtout, il ne relèvera pas des mêmes causes. De ce fait, les actions pour diminuer ce risque ne seront pas
les mêmes en Finlande et au Japon, par exemple. Quelles relations y a-t-il entre le risque pour lindividu et le risque pour la population ? Pour Geoffrey Rose, il est dautant plus
important de bien séparer les deux risques que les relations entre eux sont mal connues. Il prend la peine de rédiger un long développement
pour montrer que les personnes qui souffrent effectivement dune maladie relevaient souvent de la catégorie « à faible
risque » avant lapparition de la pathologie. Cest que les personnes de cette catégorie sont beaucoup plus nombreuses. La fréquence
de lévénement considéré est plus faible dans leur groupe, mais leur grand effectif conduit à un nombre élevé de cas.
Réciproquement, le fait de sintéresser en priorité aux patients « à haut risque » est très logique dans lintérêt de ces patients,
mais ne conduit à aucune action en faveur du grand nombre qui souffrira tout de même de lévénement considéré, sans avoir présenté
au préalable les caractères dun risque individuel élevé. Tout larticle de Geoffrey Rose a pour objectif daméliorer la compréhension de la notion de risque pour la population. Cette compréhension
est nécessaire pour chercher à diminuer les risques individuels faibles mais concernant un grand nombre de personnes.
Il a conscience de la difficulté de son entreprise : le point de vue individuel vient plus spontanément que le point de vue
collectif. La motivation pour laction collective est plus faible que pour laction individuelle. Une personne qui aujourdhui ne met
pas sa ceinture de sécurité augmente très faiblement son risque personnel de poly-traumatisme par accident de la route. Pourtant,
si 1 000 personnes font la même omission, un certain nombre va en souffrir gravement. Là où le risque individuel peut être considéré
comme négligeable, le risque pour la population ne lest certes pas. Geoffrey Rose réfute lidée selon laquelle il conviendrait de traiter tout le monde en faisant comme si chacun était à haut risque
individuel. Il réfute cette idée dabord pour des raisons pratiques faciles à comprendre, mais surtout parce quil sagit de deux problèmes
distincts. Il explique longuement que, le plus souvent, le risque pour une personne donnée nest pas de même nature que
le risque pour lensemble dune population (à la différence de lexemple de la ceinture de sécurité, choisi pour sa simplicité). En
pratique, les risques pour les populations ont été beaucoup moins étudiés que les risques pour les cas individuels. Ils sont moins
bien connus, ce qui ne signifie pas quils soient inconnaissables. Pourquoi les pathologies coronaires sont-elles nombreuses (incidence
élevée) en Finlande, et rares (incidence faible) au Japon ? Quelles actions entreprendre pour réduire lincidence globale
de ces pathologies ? Lépidémiologie et sa parente, la santé publique, sont des disciplines davenir. (F. Chapireau)
Laddiction est définie comme une conduite caractérisée par
la perte de contrôle, le besoin compulsif de recourir à lobjet
- physique ou symbolique - de la dépendance. Ce besoin persiste
malgré la notion de risque, labandon dactivités sociales
et familiales. Elle sexprime aussi par des signes physiques
caractéristiques de la tolérance et du syndrome de sevrage.
Pour certains auteurs, laddiction apparaît comme un processus
de régulation de léquilibre psychique du sujet et
comme un moyen déchapper à un inconfort interne. Les anglosaxons
décrivent souvent laddiction comme une excellente
manière de coping (en traduction littérale « faire face ») devant
des situations difficiles. Comme le soulignent M. Corcos et
Ph. Jeammet [2], « un moyen dassurer un certain équilibre de
lappareil psychique qui ne peut être obtenu par les moyens
habituels, en particulier de régulation par les ressources
internes du sujet ». Pour M. Valleur [9], « laddiction peut-être
perçue comme une forme paradoxale de résilience », étant
ainsi le meilleur compromis possible face à des situations difficiles. Pour BK. Alexander [1] la désorganisation sociale apparaît
comme un précurseur de l'addiction. Alexander avance cette
hypothèse en partant du concept d'intégration psychosociale
(EH. Erikson) [4], concept qui fait référence aux interactions
entre les expériences individuelles et de groupe, et la réaction
du groupe (acceptation, rejet) face aux individus. Une désorganisation
oblige les personnes à lutter pour la restauration de
l'intégration psychosociale ; dans certaines situations cette restauration
semble impossible et nécessite la création de
conduites d'adaptation, conduites qui représentent des substituts
de modes de vie (addiction, marginalité, criminalité, repli
sur soi, tentative de suicide). C. Olivenstein [7] insiste sur le modèle trivarié de la toxicomanie
: la rencontre entre lindividu et le produit à un certain
moment sociol-culturel. Ainsi, la compréhension des problématiques
addictives nécessite une approche pluridisciplinaire,
couvrant les domaines socio-culturel, neurobiologique et psychopathologique.
Dans le débat actuel sur les toxicomanies, la connaissance
des facteurs imputables dans le déterminisme et lentretien des
conduites addictives occupe une place importante. Voici une
présentation des grandes classes de facteurs de vulnérabilité
et de risque avec lobjectif de mieux situer leur rôle et déviter
la confusion souvent rencontrée dans la présentation de ces
éléments. Les facteurs impliqués dans lapparition des
conduites addictives sont variés, complexes et le plus souvent
intriqués.
Les facteurs de risque dune conduite addictive peuvent être
rangés en plusieurs catégories.
1. Facteurs de risque individuels
Ils peuvent être distingués suivant leur spécificité. Ainsi, on
rencontre des facteurs hautemement spécifiques tels que :
Parmi les facteurs non spécifiques, on cite :
La plupart des toxicomanes présentent aussi des troubles du
sommeil, des passages à lactes (vol, violences, dégradations
et vandalisme, des fugues, voire dans certaines situations des
automutilations - de type scarifications rituelles - ou des tentatives
de suicide).
2. Facteurs de risques familiaux
On retrouve le plus souvent des dysfonctionnements familiaux
- ruptures, séparations, violences conjugales -, des com -
portements de consommation de substances psychoactives
(médicaments psychotropes chez les mères et alcool chez les
pères), une perte de valeurs identitaires consécutive à un phénomène
dacculturation et à limmigration, des dysfonctionnements
entre le jeune et sa famille (tension, manque dattache
et de compréhension) et souvent des deuils impossibles.
3. Facteurs de risque environnementaux
La perte de repères sociaux apparaît souvent comme facteur
de risque dans le développement des addictions. Il sagit des
conséquences de limmigration et du phénomène dacculturation,
mais aussi le chômage, les échecs scolaires à répétition
et lexclusion socio-professionnelle qui résulte, une détresse
économique, les mauvaises fréquentations - entourage exposé,
présence du trafic à côté de son habitation. Pourtant, dans
de nombreux cas, le toxicomane a été épargné dans sa jeunesse
dun tel environnement. Il sagit là de lexemple des
jeunes toxicomanes de « bonne famille », qui trouvent dans la
consommation de substances psychoactives le refuge et
léchappatoire dune existence quotidienne jugée trop monotone
et trop linéaire (la dimension de recherche de sensation
mentionnée plus bas). Un autre cas de figure est celui des professions
exposées au stress engendré par le travail, situations
dans lesquelles on trouve la consommation de substances
psychoactives comme un gage de la performance au travail.
Ils sont représentés par les facteurs génétiques, neurobiologiques
et les facteurs de personnalité.
Tous les auteurs saccordent sur limportance du fait quil
nexiste pas une mais plusieurs personnalités rencontrées
chez les toxicomanes. Pourtant, aucune étude ne peut préciser
avec certitude que la présence dun trouble de la personnalité
serait un marqueur fiable du développement dune conduite
addictive et de sa persistance. Les troubles de la personnalité
les plus rencontrés chez des toxicomanes sont la personnalité
antisociale (surtout chez des hommes) et la personnalité hystérique
(chez les femmes).
La question des comorbidités entre troubles psychiatriques
et toxicomanies est dactualité. On sait pertinemment que les
troubles de lhumeur et les troubles anxieux sont au premier
plan. Mais il faut avoir toujours à lesprit la possibilité de se
trouver face à un trouble anxio-dépressif secondaire à la prise
de produit, situation qui impose une anamnèse détaillée et un
certain recul dans la prescription dun traitement antidépresseur
ou anxiolytique.
Un des facteurs impliqué dans la vulnérabilité est le tempérament.
Le tempérament est biologiquement déterminé,
contrairement à la personnalité qui est définie surtout en rapport
avec les facteurs sociaux, et qui se développe à travers les
mécanismes de lapprentissage. Selon H J . E y s e n c k [ 5 ] ,
quatre dimensions du tempérament se trouvent incriminées
dans la prise de risque : extraversion, tendances antisociales,
impulsivité et anxiété. Ces dimensions du tempérament se
retrouvent dans les typologies dalcoolodépendants, étudiées
par CR. Cloninger [3, 6].
Un autre facteur important est lexistence dun score élevé de
recherche de sensation. Les recherches effectuées par
M. Zuckerman [10] dans les années soixante-dix, essaient
détablir un lien entre les phénomènes dactivation psychique
et la recherche de sensations. Celle-ci correspond au besoin
dexpériences nouvelles, complexes, intenses et variées et à la
volonté de prendre des risques physiques et sociaux dans le
but dobtenir et de maintenir un niveau optimal élevé dactivation
cérébrale. Léchelle de recherche de sensations -
Sensation Seeker Scale (SSS) - comporte quatre facteurs qui
définissent ce phénomène :
1. recherche de danger/aventure - attrait pour les sports et
les conduites à risques, impliquant vitesse et danger.
2. recherche dexpérience - attrait pour des activités intellec -
tuelles ou sensorielles.
3. désinhibition - attrait pour la boisson, lalcool, les excès
sexuels.
4. susceptibilité à lennui.
Les personnes qui présentent un score élevé, sont fréquemment
retrouvées parmi les grands pharmacodépendants, les
grands consommateurs dalcool, les grands fumeurs, les
auteurs des conduites à risques. Il existe une relation étroite -
mais non-spécifique et non-exclusive - entre addictions et
recherche de sensations.
Le stress apparaît comme un important facteur vulnérabilisant
dans la toxicomanie. Un aspect important est le fait que le
processus de sensibilisation peut être initié mais aussi entretenu
par lusage de substances psychoactives et/ou par les facteurs
stressants. Ainsi, lalcool et certaines drogues (cocaïne,
LSD, ecstasy), peuvent accélérer le processus de sensibilisation.
Dans cette situation, ces consommations créent un cercle
vicieux dans lequel la consommation initiale ayant comme
objectif lapaisement dun état de tension interne, entraîne finalement
dautres consommations (de la même substance ou de
substances réputées calmantes) qui cherchent à réduire le
nouvel état de stress.
En conclusion, il faut insister sur limportance du modèle trivarié
de la toxicomanie qui souligne limportance de la rencontre
entre lindividu et le produit, à un moment socio-culturel
donné. Les auteurs saccordent sur le fait que les seuls
troubles de la personnalité ne peuvent pas expliquer la vulnérabilité
aux substances. On rencontre souvent dans notre pratique
des individus qui arrivent à contrôler la consommation de
substances psychoactives réputées très toxicomanogènes, et
dautres qui peuvent devenir rapidement dépendants, même
après des consommations brèves et occasionnelles. Lanalyse
du terrain et les explications génétiques et biologiques doivent
toujours compléter lexamen dun pharmacodépendant. La
complexité des interactions entre les différents facteurs nécessite
une analyse approfondie de tous les éléments en jeu.
- 1. Alexander BK. The Globalization of Addiction. A d d i c t i o n
Research 2000 ; 8, 6 : 501-526
- 2. Corcos M, Jeammet P. Conduites de dépendance à ladolescence.
Aspects étiopathogéniques et cliniques. Encycl. Méd. Chir.
(Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris) Psychiatrie,
2000 ; 37-216-G-30, 6p
- 3. Cloninger CR, Svrakic DM, Pryzbeck TR. A psychobiological
model of temperament and character. Arch Gen Psychiatry 1993 ;
50 : 975-990
- 4. Erikson EH. Childhood and Society. 2nd Ed, New York, Norton,
1963
- 5. Eysenck HJ. Neurotic conditions, in Tarter (ed) The child and psychiatric
risk. New-York, Oxford University Press 1983 ; 245-85
- 6. Limosin F, Gorwood P, Ades J. Dimensions de personnalité et
facteurs de vulnérabilité à lalcoolo-dépendance, Alcoologie et
Addictologie 2002 ; 24 (2) : 105-109
- 7. Olivenstein C. Clinique du toxicomane. PUF, 1987
- 8. Vanyukov A MM, Tarter RE. Genetic studies of substance abuse.
Drug and Alcohol Dependance 2000 ; 59 : 101-123
- 9. Valleur M, Matysiak JC. Les addictions. Dépendance, toxicoma -
nie : repenser la souffrance psychique. éd. Armand Colin, 2002
- 10. Zuckerman M. Sensation seeking: beyond the optimal level of
arousal. New York : Erlbaum Hillsdale, 1979
Les deux premiers symposia* qui se sont tenus à Munich en 2001 et
2002, ont jeté les bases dune réflexion et dun partage dexpériences
sur une question centrale de le-santé : Quels sont les béné -
fices et les risques dinternet pour les patients et les professionnels
dans le système de soin en santé mentale ?
Cest de nouveau sur ce thème que seront conviés à intervenir des
orateurs de différents pays avec cette année 5 grands chapitres :
1. Internet en développement : ce qui existe et se crée, satisfactions
et problèmes rencontrés ; recherche dinformation, possibilités
et limites ;
2. Internet en action : informations et éducation en santé ; formation
médicale continue pour les psychiatres et les professionnels de
santé mentale ; thérapeutique ;
3. Internet en évaluation : lexistant et son évaluation ;
4. Internet en question : aspects éthiques, rumeurs, sectes, accès
à linformation et fracture numérique, argent et édition ;
5. Internet en innovation : champs émergents ; recherche et innovation
technologiques.
* Compte-rendus affichés sur psydoc-france
Selon lOxford dictionnary, 1996, un facteur de risque est
« un attribut, une habitude ou une exposition à un événement
de lenvironnement qui conduit lindividu concerné à avoir une
plus grande probabilité de développer une maladie ». Selon
cette définition, le facteur de risque précède donc la manifestation
ou la pathologie associée et inclut la vulnérabilité individuelle
qui précède la rencontre du risque. La distinction est
souvent difficile, tant lintrication est grande entre vulnérabilité
et risque. Néanmoins, cette distinction est importante en clinique,
car si lon ne peut pas toujours réduire le risque, le travail
psychothérapique peut souvent réduire au moins partiellement
la vulnérabilité psychique dune personne, à tel point que
ce critère est utilisé dans les études évaluatives de résultats. La majorité des individus qui font lexpérience dun traumatisme,
même le plus extrême, ne développent pas un Etat de
Stress Post-Traumatique (ESPT). Après un événement important,
tel que ceux identifiés dans le DSM IV, 1/4 seulement des
personnes développent un ESPT. Quels sont donc les facteurs qui vont faire quun événement
traumatique ou une situation de stress va déterminer ou non
des conséquences pathologiques chez une personne, que ces
conséquences soient psychiques, somatiques ou associées ? 1. Ceux qui concernent lévénement
Sévérité de la menace vitale, importance de la blessure, des
pertes de vie et de propriété sont des éléments importants.
Néanmoins, limpact nest pas seulement lié à la réalité physique
de la catastrophe. Ainsi, le viol et la torture sont associés
à une prévalence plus importance dESPT que les désastres
naturels (tremblement de terre, incendie de forêt, cyclone) ou
que les accidents de voiture. Un cas encore plus particulier
concerne la négligence et labus physique durant lenfance qui
vont produire une vulnérabilité ultérieure très importante. Dans
le cas de la négligence, cette vunérabilité est consécutive non
pas à un excès mais à un défaut de manifestations et dinteractions
affectives. Certains événements peuvent être par
ailleurs durables ou répétés. Ainsi, il a été montré quil existait
une relation entre le nombre de combats auxquels des militaires
avaient été exposés et la sévérité de létat de stress posttraumatique
dont ils souffraient.
Beaucoup dautres facteurs interviennent, tels que lexpérience
antérieure, lentraînement, le contexte social immédiat,
le comportement des autres, la qualité des secours, etc. qui
vont agir comme facteurs de protection.
2. Ceux qui concernent lindividu
Tous les individus ne répondent pas de la même façon à un
événement identique, aussi dramatique soit-il. De façon générale,
les femmes y réagissent davantage que les hommes.
Dautre part, la perception subjective nest pas la même chez
chaque personne. Elle va dépendre pour une part de leffet que
cette perception aura produit sur elle, et pour une autre (souvent
négligée, mais essentielle) de la façon dont elle y aura
réagi.
- Génétiques (études de jumeaux monozygotes et dizygotes).
La réponse nest pas globale. Certains symptômes
auraient une héritabilité génétique de 30% (ré expérience, évitement),
alors quelle nest que de 10% pour dautres (souvenirs
douloureux). Dautre part, la recherche de sensation, limpulsivité
et lextraversion seraient fortement influencés par les
facteurs génétiques. De fait, les personnes peuvent dans ces
cas contribuer à leur propre environnement, en même temps
que dautres facteurs génétiques vont les rendre plus vulnérables
au déclenchement de certains symptômes ;
- Biographiques : à la négligence et au stress précoce, il
faut ajouter la violence familiale, lexposition traumatique antérieure
(en particulier labus sexuel, mais aussi les deuils et
lémigration), ainsi que lhistoire psychopathologique familiale
(suicide, toxicomanie dun proche, ...) ;
- Sociaux : le niveau de revenus, détudes, le soutien psychologique
et social après le traumatisme sont impliqués ;
- Familiaux : concernant ce facteur, rien de très convaincant
napparaît dans les études actuelles. Il existe un risque accru
de développement dun ESPT chez les sujets qui ont un
membre de leur famille qui, soit présente lui-même un ESPT,
soit souffre dune dépression ou dun trouble anxieux. La vulnérabilité
dépressive de la famille est plus importante que la
vulnérabilité anxieuse. Cette question peut être abordée
comme une vulnérabilité acquise, ou sous un angle génétique,
notamment comme une anomalie de la synthèse de la sérotonine.
- Neurocognitifs et intellectuels : le niveau éducation est un
facteur de protection, le QI serait un facteur de vulnérabilité. En
fait, il nest pas spécifique et pose des problèmes de relation
entre émotion et performance intellectuelle.
- Psychopathologiques : une comorbidité psychiatrique est
retrouvée chez environ 80% des personnes souffrant dESPT.
Cette comorbidité peut apparaître dans certains cas comme
une autre forme de conséquence du trauma ;
- Personnalité : introvertie qui va réduire la recherche de
soutien, extravertie qui peut conduire à sexposer au risque ;
- Epidémiologiques : facteurs démographiques et environnementaux
(facteurs cumulatifs qui peuvent renforcer le risque
dêtre confronté à des événements stressants et leur impact
sur la personne).
3. Ceux qui concernent la réaction au moment
de lévénément
Si certains événements produisent immédiatement et à court
terme des effets semblables chez la majorité des individus,
seuls certains dentre eux vont présenter encore certains
signes quelques mois ou années plus tard. La réponse peut
être plus ou moins durable. Les facteurs permettant une récupération
rapide semblent être déterminants. Il existe en effet
une période critique durant laquelle les processus neurobiologiques
qui conduisent au ESPT sont opérants.
- Physiologiques : élévation du rythme cardiaque associée
à une réaction déveil. Le taux de cortisol immédiatement après
le traumatisme aurait une valeur prédictive : cortisol bas, risque
dESPT, cortisol haut, risque de dépression.
- Psychologiques : dissociation traumatique, anxiété,
dépression, labilité de lhumeur, amnésie narrative, clivage des
souvenirs traumatiques de la conscience, interruption de la
mémoire narrative explicite, désorganisation, intrusion, évitement,
hyper vigilance, mutisme, stupeur, sentiment de manque
daide et dimpuissance.
- la dissociation psychique, labsence de réduction de
lanxiété 2 semaines après le traumatisme, linterruption de la
mémoire narrative de lévénement, la réapparition du traumatisme
sous la forme dexpériences somato-sensorielles (flashback)
visuelles, olfactives, affectives, auditives ou somesthésiques.
Seront considérés comme facteurs de protection :
- lexpression de laffectivité par rapport à lévénement ;
- la capacité de réaction : maintien du sens de la difficulté
personnelle, conservation de la capacité de recherche des
contacts sociaux, capacité de réunir les moyens nécessaires ;
- le comportement : selon les cas, comportement passif sil
ny a pas de possibilité daction sur la cause de stress ou au
contraire comportement actif si une action est possible.
A cette réaction « primaire », il faut associer comme facteur
secondaire le traumatisme psychologique associé au fait luimême.
Les flash-back peuvent être pour certains patients plus
terribles que la première expérience traumatique. Une exposition
à des évocations peut causer une exacerbation majeure
des symptômes.
En résumé :
- Lévénement et la prédisposition sont lun et lautre nécessaires
pour que la maladie se développe.
- Linteraction entre le risque de maladie et le stress ne peut
être conçue selon un mode linéaire : plus le stress est intense,
plus leffet est grand. Laspect «qualitatif » apparaît plus important
que laspect quantitatif en terme de choc subi. Certains
types dévénements produisent plus deffet que dautres, et cet
effet va intervenir sur le processus lui-même. Ainsi, létat affectif
associé (peur, honte...) intervient à la fois comme une manifestation
psychique, mais aussi comme un élément majeur du
traitement de linformation et des réactions somatiques dajustement.
La signification donnée à lévénement peut se situer à
différents niveaux : signal (analogique procédural) - signe
(interprétation) et impliquer ainsi des systèmes psychobiologiques
très différents.
- En définitive, il apparaît que les distinctions liées à la personne
et à son entourage sont plus importantes que celles qui
concernent lévénement lui-même. - Yehuda R (ed). Psychological trauma. Washington, American
Psychiatric Press, 1998, 218 p
- Yehuda R (ed). Risk fac tors for Posttraumatic stress discorder. .
Washington, American Psychiatric Press, 1999, 250 p
- Thurin JM. Une vie sans soi. Clinique et interprétation des maladies
psychosomatiques. Paris, Frison Roche, 1996, 240 p
- site sur "risque et vulnérabilité". Rapport canadien
http://www.hc-sc.gc.ca/hppb/sante-mentale/pubs/risque/chap1_f.htm
La connaissance des conséquences sur les enfants du traumatisme
subi par leurs parents est passée par plusieurs étapes :
1. Repérage clinique des différents symptômes : hyper vigilance, tristesse,
anxiété, désespoir et analyse rétrospective de lhistoire affective
de ces enfants, en particulier du côté de la négligence, de la violence,
voire de labus sexuel. Une partie de ces enfants est traumatisée
même si elle na subi aucun traumatisme.
2. Elaboration de questions : quest-ce qui ne va pas dans la descendance
des survivants de lholocauste ? Pourquoi présentent-ils
des symptômes ?
3. Analyse de la littérature
Nouvelles études concernant la vulnérabilité de cette descendance
dans des conditions particulières (guerre) et la prévalence de
troubles mentaux retrouvés chez les enfants de survivants de lholocauste
versusles enfants de ceux qui ny ont pas survécu.
- Les recours volontaires en urgence à la psychiatrie : un marqueur
des problèmes de prise en charge de la souffrance physique dans le
système français de santé mentale. Le système des urgences en santé
mentale sur la région Ile de France.
- Représentations de la santé mentale et de la souffrance psychique
par les médecins généralistes (Finistère et Cotes d'Armor).
- Les personnes suivies pour troubles mentaux graves : modes de vie et
itinéraires de prise en charge. Recherche sur un secteur parisien.
- Evaluation de l'efficacité d'une prise en charge en réseau pour les
soins des patients déprimés des Yvelines Sud.
- Les transformations de la place des usagers des services de santé
mentale.
- Connaissances et représentations de la schizophrénie en médecine
générale et scolaire.
- Déterminants de l'hétérogénéité des pratiques de prise en charge
des problèmes de santé mentale en médecine de ville : étude des prescriptions
d'antidépresseurs dans le cadre d'un panel représentatif de
médecins généralistes libéraux de la région Paca.
- Les usages sociaux du traumatisme psychique. Enjeux d'une catégorie
réinventée de la santé mentale.
- Les modes de coordination entre professionnels dans le champ de
la prise en charge dees troubles psychiques.
- Innovations organisationnelles et impératifs gestionnaires dans la
sectorisation psychiatrique : l'organisation sociale de la psychiatrie
dans un département français.
Réunion organisée par les Comités dInterface INSERM
Anesthésie et Réanimation, Cardiologie, Dermatologie, Endocrinologie-Diabète, Gastroentérologie-Hépatologie,
Médecine interne, Neurosciences, Orthopédie-Rhumatologie, Pathologie Infectieuse, Psychiatrie
Objectif : Réunir chercheurs et cliniciens de disciplines différentes afin de préparer ensemble des projets de recherche Programme et Inscription sur Psydoc-France Contacts :
Jean-Michel. THURIN : Paris, Mel : jmthurin@internet-medical.com -
Lise DRAY : Inserm, Département Animation et Partenariats Scientifiques, Paris
Tel : 01.44.23.61.31 - Mel : dray@tolbiac.inserm.fr
Dernière mise à jour : jeudi 7 novembre 2002 14:58:34
Monique Thurin
Editorial - Dr Muriel Falk-Vairant -
Risques, vulnérabilité et suicide
Pr Guy DARCOURT
En réalité, les psychiatres utilisent en permanence la même
notion mais dune manière différente. Le terme vulnérabilité
leur est familier, mais il a pour eux davantage le sens dune fragilité
de la personnalité que de la conséquence des facteurs de
risque. Quant aux facteurs de risque proprement dits, les praticiens
emploient souvent une autre terminologie pour les désigner.
Dans leur vocabulaire clinique, ils appellent les facteurs
primaires soit antécédents (les troubles psychiatriques, les
tentatives de suicide antérieures, lexistence de suicides dans
la famille, etc.), soit prodromes (la crise pré-suicidaire). Et surtout,
ils ne se placent pas dans une visée prospective mais
dans une visée rétrospective. Ils ne cherchent pas la valeur
prédictive de ces facteurs mais, face à un patient qui présente
des troubles peu spécifiques, ils recherchent si lhistoire du
sujet comporte de tels facteurs de risque. Leur présence et
leurs associations donnent alors un sens au tableau clinique.
Chez un sujet en difficulté psychique, la présence de facteurs
de risque secondaires (les pertes parentales précoces, les difficultés
familiales, professionnelles ou sociales, les ruptures,
les séparations, les pertes) fera craindre un passage à lacte
suicidaire. Et selon les facteurs tertiaires (âge, sexe) le risque
variera : par exemple, si le patient est un homme très âgé, il y
aura lieu dêtre plus vigilant que sil sagit dune jeune femme.
- Borg et Stahl [3] - 1. hypothèse : dans la population psychiatrique,
un grand nombre dévénements de vie, répertoriés
au moment de la première consultation, est un facteur favorisant
le suicide ; 2. méthode : étude rétrospective des dossiers
où étaient notés systématiquement à ladmission les événements
de vie des deux années précédentes ; 3. constitution de
deux groupes, celui de patients morts par suicide au nombre
de 34 et regroupement de 34 dossiers de patients appariés sur
lâge, le sexe, le diagnostic et le statut hospitalier et nayant pas
fait de tentatives de suicide ; 4. résultat : il y a 26% dévénements
de vie importants chez les suicidés versus 6% chez les
témoins ; 5. significativité : les résultats vont dans le sens attendu
mais la différence nest pas statistiquement significative.Références
Quentend-t-on par signification statistique ?
Comment déterminer ce qui nest pas
statistiquement significatif ?
Risque pour lindividu et risque pour la population
1. Geoffrey Rose (1985) Sick individuals and sick populations. International Journal of Epidemiology, 1985 ; 14, 1 : 32-38
Facteurs de risque, de vulnér abilité et addiction(s)
Dr Dan VELEAFacteurs de risque
- Dépendance par rapport à lenvironnement et dépendan
ce affective ;
- Angoisse de séparation ;
- Intolérance à la frustration ;
- Incapacité dauto-contrôle ;
- Recherche de comportements nouveaux ;
- Goût prononcé pour la transgression ;
- Difficulté de verbaliser les affects négatifs ;
- Difficulté de gestion des tensions internes
- Discontinuité dans la vie relationnelle ;
- Simplicité des relations affectives ;
- Dévalorisation de soi, perception négative de son corps et
de ses compétences ;
- Agressivité ;
- Incapacité dadaptation aux stress sociaux et aux difficul
tés de la vie courante ;
- Incapacité détablir des relations satisfaisantes avec son
entourage.Facteurs de vulnérabilité
Le modèle neurobiologique le plus courant de laddiction est
celui du système de récompense dopaminergique (SRD). Les
spécialistes saccordent sur le rôle primordial de la dopamine
dans le développement des addictions, et ce dautant plus que
les neurones sérotoninergiques, opioïdes, cannabinoïdes et
autres interagissent avec les neurones dopaminergiques. Les
discussions sur la génétique sont sujettes à de multiples
débats, les études actuelles ayant déterminé que des modifications
au niveau du gène des récepteurs dopaminergiques
D4 et D2 en serait significatives [8]. Ces modifications dans le
génotype seraient en corrélation avec la recherche de sensations.
A lheure actuelle on décrit un « syndrome de déficience
de la récompense », susceptible dêtre compensé par les
patients par une consommation excessive de certaines substances
psychoactives, voire certains comportements.Références
11 et 12 avril 2003
3ème Séminaire International sur
« Internet, Psychiatrie et Santé Mentale »
Renseignements : Fédération Française de
Psychiatrie - 9, rue Brantôme - 75003 Paris
mthurin@internet-medical.com
Etat de stress post traumatique : facteurs de risque, vulnérabilité et de protection
Dr Jean-Michel THURIN
Ce trouble nest donc pas une réponse normale à une expérience
anormale. Rarement isolé, lESPT nest quun des
troubles qui peuvent se produire, impliquant au delà le rôle
dune matrice de facteurs de risque et de vulnérabilité qui
déterminent les différentes issues.Trois types de facteurs ont été étudiés
Les facteurs individuels impliqués (à partir des résultats des
recherches actuelles) sont les suivants :
Une importante recherche sur cette question a été réalisée
par léquipe de R. Yehuda, à propos des enfants des victimes
de lholocauste (voir encadré).
Cette réaction sexprime par des signes physiologiques et
psychologiques.
Parmi ces signes, on considère comme facteurs de risque :Bibliographie
Recherche de léquipe de R. Yehuda
sur les enfants de victimes de lholocauste
i. Qui permet de retrouver des anecdotes cliniques et des descriptions
ii. Fait apparaître des résultats discordants
- dun côté, des descriptions montrent les effets néfastes de lholocauste
dans la seconde génération ;
- dun autre, il est difficile de retrouver ces effets ailleurs
iii. Recherche de biais de sélection (on na observé que ceux qui présentent
des problèmes de santé)
iv. Presque toutes les études nont pas respecté les critères méthodologiques
de sélection des sujets et présentent dautres biais expérimentaux.
Projets retenus sur Programme Sciences biomédicales, Santé, Société (MiRE)
Thème 1 - 2002 Santé mentale
Responsable scientifique : JOUBERT Michel ; Unité : CESAMES
CNRS/Université Paris V. ; directeur : EHRENBERG Alain ;
Durée : 24 mois ; euros attribués HT : 43 800 ; financeur : MIRE
Responsable scientifique : HAXAIRE Claudie ; Unité : CESAMES
CNRS/Université Paris V, directeur : EHRENBERG Alain ;
Durée : 24 mois ; euros attribués HT : 21 600 ; financeur : MIRE
Responsable scientifique : VELPRY Livia ; Unité : CESAMES
CNRS/Université Paris V ; directeur : EHRENBERG Alain ;
Durée : 18 mois ; euros attribués HT : 20 000 ; financeur : CNRS
Responsable scientifique : YOUNES Nadia ; Unité : Centre hospitalier
de Versailles - Service hospitalo-universitaire de psychiatrie ; direc -
teur : HARDY-BAYLE Marie Christine
Durée : 24 mois ; euros attribués HT : 25 000 ; financeur : MIRE
Responsable scientifique : DODIER Nicolas ; Unité : CERMES ; direc -
teur : BUNGENER Martine ;
Durée : 24 mois ; euros attribués HT : 70 000 ; financeur : CNRS
Responsable scientifique : VERDOUX Hélène ; Unité : U 330
INSERM ; directeur : SALAMON Roger ;
Durée : 24 mois ; euros attribués HT : 50 000 ; financeur : MIRE
Responsable scientifique : MOATTI Jean-Paul ; Unité : U 379
INSER ; directeur : MOATTI Jean-Paul ;
Durée : 24 mois ; euros attribués HT : 40 000 ; financeur : INSERM
Responsable scientifique : FASSIN Didier ; Unité : CRESP - Université
Paris XIII / INSERM ; directeur : FASSIN Didier ;
Durée : 24 mois ; euros attribués HT : 35 000 ; financeur : MIRE
Responsable scientifique : DEMAILLY Lise ; Unité : IFRESI - CLER ;
directeur : DUPREZ Dominique ;
Durée : 24 mois ; euros attribués HT : 28 000 ; financeur : MIRE
Responsable scientifique : HENCKES Nicolas ; Unité :CERMES ;
directeur : BUNGENER Martine ;
Durée : 24 mois ; euros attribués HT : 15 000 ; financeur : MIRE
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