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Editorial - Dr Simon Daniel Kipman*


Depuis toujours - et bien avant que la psychiatrie n'existe en tant que spécialité autonome - les psychiatres ont été intéressés par l'environnement, thérapeutique ou pathogène, des malades dont ils avaient et ont la charge. De Coelius Aurélianus faisant écouter de la musique et offrant des activités agricoles à ses patients jusqu'aux développements de la psychothérapie institutionnelle, en passant par Pinel libérant les aliénés de leurs chaînes (et tant pis si l'anecdote n'est pas si belle que la légende), le souci de l'environnement a toujours été présent, comme partie intégrante du soin, si ce n'est du traitement.

On peut dire, à coup sûr - même si à l'époque cela n'a pas été suffisamment explicite - que la sectorisation a été essentiellement une prise en compte de l'importance de l'environnement, physique et affectif, dans le cheminement d'un malade.

Aujourd'hui (enfin ?) la question peut se poser plus nettement. Le point de vue de l'environnement s'est suffisamment développé et le psychiatre n'est plus - même si la tentation reste grande au travers des modèles opposés du psychothérapeute individuel et du médecin d'hôpital soignant un malade, ou pire un cas, isolé de ses connexions environnementales - seulement un soignant. Il a, comme l'entérine clairement le nouveau code de déontologie, une fonction d'expert en santé publique ; il a un souci de santé collective.

Celui-ci peut s'exprimer de diverses façons... mais la présence ou le souci d'un environnement non médical, non médicalisé, agissant puissamment sur les individus malades, susceptibles de le devenir, ou en phase de réhabilitation, ce souci est constant, omniprésent. Je dirai surtout nécessaire. Malheureusement encore peu connu, peu étudié, peu théorisé.

C'est pourquoi il convient de recentrer nos efforts autour de quelques axes :

- l'action de l'environnement - de ses altérations et de ses évolutions - sur la santé mentale, en particulier à long terme.
Par exemple quels effets aura la désertification des campagnes ; ou la paupérisation de certains quartiers des villes sur l'équilibre des futurs adultes ?

- la place que prend la culture, via les représentations psychiques, dans la compréhension, l'acceptation et l'utilisation des évolutions environnementales.
Par exemple, quelle est la place des peurs et fantasmes dans les craintes du nucléaire ?

- ajoutons-y l'évidence des actions des pollutions sur le fonctionnement cérébral.

Bref, quels que soient nos objectifs de réflexion, de recherche ou d'action, on peut dire, selon le point de vue qui est le nôtre aujourd'hui, que la santé - et la santé mentale - réside dans la bonne adéquation de l'homme à son entourage et à son environnement.

Et réciproquement, bien sûr.

Ce numéro de PLR montre la montée en puissance des efforts et réflexions concernant la santé mentale et l'environnement.

*Kipman S.-D. La santé mentale et l'environnement, en particulier chez l'enfant
in Rapport Mattéi, Assemblée Nationale, n° 2588


Sommaire Pour La Recherche n°10