COMITE D’INTERFACE INSERM-PSYCHIATRIE

Compte rendu de la réunion du 4 décembre 2000

Présents : P. Marchais, P. Moron, Ph. Jeammet, Ph. Mazet, J. Garrabé, B. Escaig, JM. Thurin, L. Dray, V. Demaria

En préambule, quelques informations générales :
S. Stoleru ne souhaite plus siéger au CI. C. Kordon, qui a animé le CI pendant plusieurs années au titre du CODIS a pris sa retraite et s’oriente vers d’autres activités. : Dominique Aunis remplace H. Korn.

1. Compte rendu de la réunion du 6 juillet ; réflexion sur les nouvelles missions des CI

Un texte définissant les missions des CI a été élaboré. Il souligne la position stratégique des Comités d’interface, entre les Sociétés savantes représentant la communauté médicale par discipline, et l’EPST chargé de la recherche biomédicale, et, à travers lui, les ministères de tutelle pour les questions de recherche. Cette position privilégiée doit être utilisée pour favoriser en particulier la recherche clinique. L’INSERM souhaite que les CI travaillent davantage en concordance avec ses stratégies de veille et d’animation et propose que les rôles des comités s’orientent autour de trois pôles :
- Participation à la veille scientifique et technique
- Emergence de projets et d’infrastructures de recherche
- Transfert de connaissances

Cette redéfinition est discutée avec les membres du CI, avec la précision de quelques points d’organisation particuliers.

La discussion est ouverte avec un bref compte-rendu par JM. Thurin de la réunion du 6 juillet (coordonnateurs des CI avec C . Griscelli, JP. Boissel, Mme Degail, L. Dray, A. Bisagni, Mme Postel-Vinay, ...).
Cette réunion a été effectivement une présentation du projet, sans qu’apparaisse réellement complètement s’il existait une véritable volonté politique de réaliser les idées ambitieuses qu’il contient. La question des moyens a été posée par différents participants et aucune réponse n’a vraiment été donnée à ce sujet. Dialogue : recherche, clinique, santé, qui était un bulletin d’interface apprécié, est supprimé, alors qu’il aurait pu évoluer (comme c’était prévu) vers une publication Internet. L’avenir des journées d’interface est incertain. Le projet d’une utilisation de Spemed (site des Sociétés de Spécialités Médicales conçu pour sa partie « Recherche » avec l’INSERM) pour être un pôle d’information et d’animation central dans cette politique d’interface ne semble pas actuellement vraiment soutenu. Une des « innovations » a été l’annonce d’une politique de réseaux, alors que ceux qui existaient ont été supprimés. En résumé, il existe une véritable potentialité (qui se mesure aussi à la représentation quasi complète des spécialités à cette réunion et qui se confirme dans les plaquettes de présentation des spécialités recueilles par la Fédération des Spécialités Médicales qui mentionnent en bonne place le CI dans leurs activités), mais sera-t-elle vraiment exploitée ?

Un des autres points abordés au cours de la réunion du 6 juillet est la promotion de jeunes talents détectés dans les spécialités.
A ce sujet, quel est le poids du CI pour pousser un candidat ?
L’INSERM a ses structures et ses procédures d’évaluation, mais le rôle des Sociétés et du CI va être de les détecter et de les soutenir pour qu’ils puissent entrer dans les critères de sélection de l’INSERM.
En aval, au sein des spécialités, c’est montrer l’importance de cette possibilité et faire apparaître qu’il peut y avoir des débouchés intéressants. Le nom de Sylvie Tordjman est évoqué parmi celui des personnes qui répondent aux critères.

Concernant la recherche médicale, elle recouvre en psychiatrie la recherche clinique. La psychiatrie française a été l’une des plus brillantes. Maintenant, l’évaluation se fait par rapport à un passage aux Etats-Unis. L’INSERM semble avoir complètement intégré l’idée que la bonne recherche est à l’étranger.
Cette idée est discutée et se conclut sur le principe que la psychiatrie française a incontestablement un rôle à jouer pour maintenir la clinique, mais que cela ne s’oppose pas à rester ouvert à d’autres recherches. Un institut national pour apprendre aux praticiens les méthodes est plus que jamais à l’ordre du jour.

2. Réflexion sur la «Veille »

V. Demaria présente le Service Veille Scientifique.
L’INSERM a pris conscience que les CI peuvent avoir un rôle important à jouer dans le processus de veille. Il leur demande de repérer les thèmes émergents dans leur discipline, les nouvelles technologies, de nouvelles équipes et de transmettre des informations pertinentes au Service de la Veille Scientifique (SVS). Un rapport annuel des CI sera collecté et analysé par V. Demaria, chercheur du SVS, chargé de l’interface avec les comités.

Le CI rappelle que régulièrement et à différentes reprises, il a fait des propositions précises de thèmes. Il faudrait qu’elles soient prises en compte et que soit envisagé concrètement s’il est possible de les rendre opérationnelles, et comment.
Il semble qu’il y ait une idée univoque des fonctionnements. Dans un partenariat il faut qu’il y ait des avantages des deux côtés. Actuellement, les retombées de l’action menées ne sont pas toujours très visibles.
Ph. Jeammet remarque toutefois que le rôle de la FFP, et en particulier celui de JM. Thurin, a été déterminant dans la valorisation de la profession à partir d’une action inscrite dans la durée. JM. Thurin est désigné comme «correspondant veille »

3. Réflexion sur des actions à mener et réflexion générale

Les thèmes suivants sont proposés :
- L’obésité chez l’enfant avec le comité d’interface Nutrition. Au niveau des différents centres prévoir une action locale de sensibilisation.
- Evaluation de la qualité des soins : des recherches sur ce thème font-elles partie des attributions de l’INSERM ?
- Evaluation des systèmes de santé : lancer une vaste étude posant le problème des inégalités régionales.
- Evaluation des psychothérapies
Ce thème n’a jamais été pris en compte par l’INSERM, alors que c’est non seulement une question majeure de santé publique concernant les indications et résultats des psychothérapies , mais qu’il devient une base de recherche fondamentale en étudiant par imagerie les modifications structurelles qui seraient produites par les psychothérapies, les lieux et les modalités de l’action psychothérapique (Kandel, prix de Nobel de médecine 2000, propose de développer une recherche neurobiologique sur la psychothérapie, en s’appuyant en particulier sur les travaux de Stern, Spitz, Bowlby) - Facteurs de risque et de résilience concernant l’entrée dans une conduite addictive ( de 11 à 15 ans ; de 15 ans à 19 ans). Un projet avait été développé dans ce sens impliquant des sujets dans différentes académies, investigation annuelle avec comme maître d’œuvre : M. Choquet. Cette recherche peut servir de modèle, M. Choquet est bien introduite à l’E. Nationale. Il s’agirait nécessairement d’un projet pluri-partenarial.

JM. T fait remarquer qu’il faudrait envisager pour la recherche un système semblable à celui des conférences de consensus avec un promoteur (la Fédération Française de Psychiatrie), un comité d’organisation (de pilotage de la recherche), une ressource méthodologique (l’INSERM et les CHU) et des financeurs. L’erreur est de vouloir tout adresser à un seul partenaire censé résoudre tous les problèmes. A ce sujet, ce qui vient de se produire dans le Nord est intéressant.

B. Escaig développe comment, dans le Nord à la suite d’un certain nombre d’interventions, au niveau de l’ARH, il a fini par être accepté que la recherche clinique n’est pas seulement une dépense mais aussi un profit.
Possibilité de prendre en compte non seulement le CHU mais également les CHS. Idée de centre fédératif de recherche clinique avec expertise de l’INSERM ou des CHU pour détecter les bons programmes.
Sous l’égide du CHU en psychiatrie, avec la collaboration de PH et de l’UNAFAM, ce centre fédératif aura la possibilité de financer des PH à mi-temps praticien et à mi-temps chercheur. Demande de connexion avec l’INSERM. Concernant les questions d’évaluation, le taux de rechute est un indicateur intéressant, dont il ne faut pas oublier qu’il est dépendant de la qualité des soins. On ne peut donc pas faire une étude dans l’absolu de l’évolution «naturelle» d’une pathologie sans prendre en compte cette dimension.

4. Information sur les « Essais thérapeutiques délaissés »
Présentation
Aucune institution ou fondation (en dehors du Royaume Uni), ni les programmes de la Commission de Bruxelles, ne peuvent financer à eux seuls une politique d’essais thérapeutiques en Europe. L’Inserm, avec le soutien logistique de la Fondation Européenne de la Science (ESF), a pris l’initiative de proposer la mise en place d’un dispositif de coordination des financements en Europe qui devrait être fonctionnelle fin 2000..
Le dispositif de veille thématique proposé par l’Inserm a pour objet d’identifier et de hiérarchiser des thèmes d’essais thérapeutiques dans les domaines délaissés.

Tous les thèmes d’essais thérapeutiques (prévention ou traitement curatif) sont éligibles, que le traitement envisagé soit un médicament, une thérapeutique physique, une psychothérapie, une stratégie combinant plusieurs interventions, etc. , et quel que soit l’objectif thérapeutique (de la survie à une meilleure qualité de vie), sous réserve que :
- le thème « n’intéresse pas les industriels suffisamment pour que l’un deux accepte de financer l’essai ;
- l’impact sur la santé publique soit important, par la prévalence et/ou la gravité de la maladie concernée ;
- un modèle thérapeutique cohérent soit possible
- il existe une description précise des retombées attendues en terme cognitif.

Thèmes proposés en psychiatrie
- Evaluation de la psychothérapie dans le traitement des agresseurs sexuels – Thurin
- L’information donnée au patient et l’observance en psychiatrie – J. Garrabé
- Evaluation et suivi des traitements des auteurs de délits et crimes sexuels – P. Moron
- Traitements et suivis des troubles d’apprentissage de la lecture – Ph. Mazet

5. Compte-rendu de la réunion conjointe de Juin 2000 à Paris
- Dépendance
échanges de bonne qualité fréquentation de la salle un peu réduite.

- Développement
c’est pareil, les intervenants ont fait connaissance et ont engagé des débuts de collaborations. Public un peu limité.

- Stress
Bon atelier, faisant apparaître l’implication de jeunes et de moins jeunes sur ce sujet. Abord précis sur les questions de méthodologie qui montrent encore une fois à quel point une structuration méthodologique par thèmes et une mise en relation des équipes est nécessaire.

- Internet (avec S. Mouchet)
L’INSERM a développé un travail important dans ce domaine portant sur les questions essentielles d’utilisation des nouvelles technologies pour la recherche (bases de données de recherche) et dans le domaine de l’édition électronique (relations avec les éditeurs, développement d’un pôle scientifique indépendant des logiques commerciales). Psydoc-France en a bénéficié et a développé les cyberconférences et congrès en ligne. Discussion de bon niveau par ailleurs avec la salle.

Au total, 2200 inscrits payants ont participé à ce congrès. La moitié était issue des pays francophones et l’autre moitié de pays non francophones. Les pays d’Europe du Nord étaient peu nombreux. Forte représentation de l’Amérique du Nord, du Japon et de l’Australie. Les 2/3 des communications ont été faites en français, 1/3 en anglais.

A l’occasion du congrès, il y a eu une réunion des revues internationales où le problème que les articles doivent être publiés en langue anglaise a été posé.

6. Réunion pluridisciplinaire en 2001 ?

Il est prévu qu’il n’y ait plus de brochure. Les programmes doivent explicitement faire référence à l’INSERM.

Le CI est totalement opposé à la disparition des Actes de colloques qui, pour un coût minime puisqu’ils étaient essentiellement composés en psychiatrie par la FFP, apportent une lisibilité importante. En outre, leur publication sur Internet leur offre une grande audience.
D’autre part, l’INSERM souhaite supprimer les réunions conjointes ayant pour but un transfert de connaissances et des rencontres chercheurs-cliniciens, pour favoriser des réunions pluridisciplinaires aboutissant à des projets de recherche ou la détermination d’axes de recherche à privilégier. Les propositions de programmes devront être soumises à la Mission Scientifique de l’INSERM (MSI). Pour aller dans ce sens le Comité propose les thèmes suivants :
- R. Jeaningros a proposé comme thème : «Neuroendocrinologie de la dépression», faisant intervenir les CI d’endocrino, de neurosciences et de psychiatrie (sept. Oct.)

- Ph. Mazet propose une réunion sur «Les apprentissages», faisant intervenir les neuropsychogues, les pédiatres et les psychiatres

- JM. Thurin propose pour 2002 de solliciter E. Kandel pour un colloque sur «Mémoire, développement et psychopathologie», en relation avec le comité des neurosciences (intéressés pour faire partie du CO Ph. Mazet, P. Marchais,...voir également équipe Le Moal)

7. Actions

- réflexion sur la recherche en psychiatrie et actions du Comité
Le comité d’interface n’a pas été associé à la réunion qui s’est tenue à Ste Anne à la suite de celle qui avait été organisée par la CI avec H. Korn. B. Escaig fera parvenir à JM. Thurin le CR qu’il a reçu (cf. annexe 1).
A noter également les numéros 26 et 27 de Pour la Recherche, avec un article sur Place et enjeux de la recherche en pratique clinique sur l’avenir de nos pratiques (JM. Thurin) et en 27 plusieurs articles consacrés aux expériences positives et aux expériences difficiles de mises en place de recherches en psychiatrie. (MC. Hardy-Bayle, S. Dollfus, M. Corcos et Ph. Jeammet, R. Beaurepaire, M. Falk-Vayrant , M. Robin)
- stress et immunité : suites du colloque pluridisciplinaire d’octobre 1999
Un compte rendu avec perspectives paraîtra dans le dernier numéro de Dialogue (cf. Annexe 2).Un article est en cours de rédaction pour Médecine Sciences et revues psychiatriques (C. Jacque, JM. Thurin).
Il existe un projet d’ouvrage accepté, mais les auteurs sont difficiles à mobiliser.
Projet d’un séminaire de suite avec des objectifs précis de mise en œuvre de recherche, en posant les problèmes méthodologiques non seulement sur le fond mais sur la mise en œuvre précise.
- Autres points soulignés :
- Difficulté de l’articulation pratique entre recherche clinique et recherche fondamentale
- Plaidoirie pour des postes temporaires

8. Informations INSERM
- Une importante réunion interdisciplinaire se tiendra les 26 et 27 janvier 2001 à l’Institut Pasteur sur le thème : Du « bon usage » des diagnostics génétiques.
- Commission postes d’accueil 2000 : 5 postes intéressant la psychiatrie dont 2 psychiatres.
- 7 créations de CIC (Bordeaux, Grenoble, Montpellier, Strasbourg, Paris (Bichat) et Créteil (H. Mondor)).
- 6 nouvelles Intercommissions chargées de faire de l’évaluation (appels d’offre, chargés de recherche) et un rapport de conjoncture prospective. L’une d’entre elles concerne la santé mentale et les pathologies psychiatriques (cf. PLR 26)
9. Composition du CI
- Y ajouter MF. Poirier
- Impossibilité d’avoir des représentants des inter commissions (consignes du DG).
- Renforcer par Directeur d’Unité ou chercheur INSERM.

Date de la prochaine réunion : lundi 19 mars 2001 de 10h à 12h30

Annexe 1.

Compte-rendu de la réunion le 02 05 2000 à l'hôpital Sainte-Anne organisée par Pr MC Mouren-Simeoni et Pr JP Olié en présence du Pr H. Korn.

A la suite de la réunion du 30 mars, il était apparu intéressant de réunir les jeunes cliniciens et chercheurs directement impliqués. Etaient présents : E. Artiges; N Chabannes; E. Corruble; B Fallissard; M Flament; A Giersch; P Gorwood; MO Krebs; M Leboyer; JL Martinot; ML Paillère-Martinot; A Pellissolo; MF Poirier; S Tordjman; M Robin; L Robel; M Saoud; G. Villa.

Cette réunion a été introduite par le Pr H Korn et Pr MC Mouren Siméoni qui ont résumé les réunions précédentes et les rapports écrits (rapport conjoncture et prospective pour la psychiatrie, voir en annexe, réunion du 30 mars 2000). Le Pr H. Korn a rappelé la volonté de l'INSERM de promouvoir la recherche dans le domaine de psychiatrie, déjà concrétisée par la création d'une intercommission "Santé Mentale et pathologies psychiatriques : mécanismes biologiques, approches cliniques, facteurs de vulnérabilité et de protection."
La discussion est partie de 5 interventions, destinées à faire le bilan dans certains domaines en France :

Stratégies thérapeutiques (M Flament et M F Poirier)
C'est un domaine important pour la spécialité en terme de nombre de protocoles réalisés. Très vite s'est dégagée de la discussion la difficulté du financement et de la promotion des études thérapeutiques en dehors de projet à l'instigation de l'industrie pharmaceutique : insuffisance des sommes allouées par la PHRC, absence de l'INSERM. De plus, l'industrie reste propriétaire des résultats et peut décider de ne pas publier des résultats négatifs. Les besoins sont plus particulièrement marqués pour la pédopsychiatrie, la recherche de profil de répondeurs, les recherches en psychothérapie, les suivis de populations à risque.

Génétique (P Gorwood)
C'est un domaine actif - implication d'une quinzaine de services hospitaliers, une dizaine d'internes en psychiatrie ont une thèse en génétique et une dizaine sont en cours de cursus de thèse - et de qualité - bon niveau des publications. Ces recherches obtiennent relativement facilement des contrats publics (INSERM, CRC et PHRC) mais ces financements ne couvrent généralement pas les salaires ou les bourses nécessaires pour financer les cliniciens chargés du recueil des données, étape particulièrement importante et longue.

Imagerie en psychiatrie (JL Martinot)
Les demandes sont croissantes depuis deux ans : caractérisation anatomo - fonctionnelle au cours de tâches expérimentales (IRM), évaluation des thérapeutiques nouvelles (IRM ou TEP), traitement d'images acquises puis transférées. Le nombre d'équipes en France susceptibles de développer de tels programmes est également en augmentation, certaines ayant déjà acquis une expérience (Orsay, Rouffach, Strasbourg, Nice) d'autres débutant des programmes (Caen, Lyon) ou en passe d'en débuter (Ste Anne, H. Mondor ou la Salpetrière).
Il a été souligné la nécessité de personnes statutaires, capables de faire l'interface entre les aspects techniques et les aspects cliniques et neuropsychologiques.

Neuropsychologie (A Giersch)
Ce domaine est sous représenté en France, contrastant avec son développement dans d'autres pays. Ce déficit est en partie la conséquence du retard accumulé dans l'évolution des formations de Psychologie et du caractère actuellement exceptionnel du recrutement d'un psychologue à l' INSERM. Ceci limite de fait les possibilités d'interactions entre Psychiatres et Psychologues, alors que ce domaine requiert des compétences théoriques spécifiques.

Contrats et Publications (E Corruble)
Certaines thématiques prédominent : la psychose (schizophrénie et autisme confondus), puis troubles de l'humeur et addiction. Les contrats obtenus sont issus du PHRC (Direction de la recherche clinique), en tête, CNRS, Ministère de la recherche, INSERM et Direction Générale de la Santé. Quelques équipes ont des contrats avec des industries privées dont certaines financent des recherches à l'instigation des chercheurs, sans lien direct avec le médicament.

Psychopathologie quantitative (A Pellisolo)
C'est un aspect central de la recherche clinique en psychiatrie. De nombreux outils ont été développés et validés au cours de ces dernières années (interviews diagnostiques standardisées, échelle dimensionnelle). L'INSERM pourrait aider à l'édition et la diffusion de ces outils. Certains ont souligné l'importance de la prise en compte de la subjectivité des mesures.

En conclusion, toutes les personnes présentes ont insisté sur l'importance du temps clinique incontournable à toute recherche ayant pour objet les maladies psychiatriques et la difficulté pour financer des personnes formées à ces évaluations de façon durable. Dans d'autres pays (USA, Grande Bretagne) une partie de ces évaluations sont effectués par des psychologues de recherche, infirmière de recherche ou des enquêteurs non-médecin pour certains aspects. L'absence de personnels statutaires de ce type en France handicape lourdement la réalisation de recherche en psychiatrie. Il a également été souligné la difficulté croissante pour attirer les jeunes cliniciens vers un cursus de recherche par l'absence totale de débouché.

Besoins et Propositions :

- Une priorité absolue est reconnue unanimement : l'augmentation du nombre de chercheurs cliniciens en psychiatrie. Celle-ci pourrait passer par :
1°) La création de postes de formation à la recherche clinique en psychiatrique (sur une durée de 2 ans à 4 ans après réévaluation)

- soit sous forme de postes d'accueil "fléchés" en recherche clinique, attribuables à des unités travaillant en interface avec des unités cliniques et destinés à des cliniciens psychiatres ou psychologues à différents moments de leur formation (DEA, Thèse de science ou post-doctorat, praticien hospitalier (sans limite par rapport à leur nomination quitte à plafonner la dotation)

- soit sous forme de postes nouvellement désignés permettant de proposer une formation à la recherche clinique dans des structures dont la qualité d'encadrement est reconnue par l'INSERM sur la base de la présence de titulaire d'habilitation à diriger la recherche et de collaborations avec des équipes de recherche.

2°) La création de vacations INSERM pouvant couvrir jusqu'à un mi-temps, attribuables dans des structures telles que définies en a) ou b)

3°) La création d'un partenariat entre INSERM et institutions hospitalières pour la mise en œuvre de postes de praticiens hospitaliers (PH) mi-temps recherche, mi-temps clinique, destinés à assurer la continuité d'une interface entre recherche clinique et recherche en laboratoire. Ces postes seraient attribués pour une période de 4 ans, éventuellement renouvelables, réservés à des médecins PH (mi-temps ou plein-temps) titulaires, ayant déjà acquis une thèse de Sciences ou en cours de cursus doctoral.

4°) L'ouverture aux psychologues de recrutement dans le corps des ITA (définition d'un référentiel d'activité compatible) ou création de postes mi-temps recherche, mi-temps clinique, attribuables dans des structures comme défini en a) ou b).

L'augmentation et la stabilisation de chercheurs cliniciens devraient permettre rapidement l'émergence d'équipes ou d'unités mixtes et/ou la création de centre d'investigation clinique à composante psychiatrique.

- Il nous a été demandé de définir des thématiques prioritaires pouvant donner lieu à des projets transversaux et multidisciplinaires.
Le thème de la vulnérabilité est apparu comme l'un des points de rencontre. Beaucoup d'actions de recherches sont en cours sur ce thème. Les différentes méthodologies développées (génétique, imagerie, neuropsychologie, psychopathologie quantitative...) s'y intègrent parfaitement. Ces actions doivent être soutenues voire coordonnées.

L'aspect longitudinal, tout particulièrement le passage des troubles psychiatriques de l'enfance à ceux rencontrés à l'âge adulte, devrait également être soutenu par l' INSERM autour de projets prospectifs multidisciplinaires regroupant pédopsychiatres, psychiatres de l'adulte, épidémiologistes et équipes de chercheurs ayant accès aux méthodologies plus spécifiques.

Le thème des stratégies thérapeutiques est également à développer : critères de prédiction de la réponse thérapeutique, évaluation à long terme, évaluations des psychothérapies, évaluation des effets des traitements au niveau cérébral... Autant de thèmes que l'industrie pharmaceutique ne veut pas soutenir et qui nécessitent une logistique lourde pour leur réalisation.

Annexe 2.

Compte rendu du colloque « Stress et immunité »

Dr Jean-Michel THURIN

En octobre 1999, s’est tenu au Carré des Sciences une réunion conjointe interdisciplinaire consacrée au thème : « stress et immunité : de la clinique à la recherche », organisé par les Comités d’Interface INSERM-Neurosciences, INSERM-Psychiatrie et INSERM-Pathologies infectieuses.

Ce colloque avait deux grands objectifs : dresser un premier état des lieux des connaissances, développer des recherches françaises dans ce domaine.
Un des intérêts de cette réunion a été de faire apparaître que des spécialités différentes et des pratiques différentes (chercheurs, cliniciens), qui s’inscrivent dans des niveaux d’approches différents, peuvent partager des structures de compréhension et d’analyse communes des processus impliqués dans une réponse de l’organisme. L’organisme n’est pas cloisonné et les mécanismes impliqués par le stress ne se réduisent pas à un organe ou à un système. Les différenciations en spécialités évolueront sans doute vers des compétences particulières participant au diagnostic, à la connaissance et au traitement de pathologies transversales s’exprimant chez un individu plutôt dans un système et chez un autre individu dans un organe ou une fonction. Un autre axe de réflexion est que des stress a priori aussi différents qu’un stress psychologique ou un stress infectieux peuvent partager des voies et des effets communs. Dans cette approche, de remarquables études chez l’animal complètent les données cliniques réunies par les cliniciens, et quelque fois les éclairent sous un angle différent, de même que les données de la biologie cellulaire. Ce qui était au départ un ensemble de faits isolés devient peu à peu un assemblage, un réseau, dont certaines voies et nœuds se dessinent et peuvent même parfois être visionnés à différents niveaux de grossissement et d’enchaînements. La structure centrale dont il a été beaucoup question était évidemment l’axe hypothalamo-pituito-adrénalien (axe HPA) dont les circuits de rétroaction régulatrice peuvent être influencés et perturbés par toutes sortes de facteurs, avec la stabilisation de réactions paradoxales en chaîne. Ainsi, une réaction de soutien des activités biologiques peut-elle se trouver perturbée au point de déséquilibrer les systèmes endocriniens et, par là, le système immunitaire et les neuromédiateurs. La conscience de certaines perturbations peut elle-même engendrer des mécanismes pervers d’adaptation comme le recours à des substances psychoactives telles que l’alcool qui vont à leur tour intervenir sur l’axe HPA. Le fonctionnement du système est donc inséparable d’une prise en compte de la temporalité (durée du stress, sa répétition, sa prolongation, ses intervalles) et aussi de l’histoire individuelle qui va avoir et stabilisé marqué le système sous une forme pathologique. Ainsi, des expériences chez l’animal font apparaître le rôle majeur du stress précoce par négligence ou abus. D’autres facteurs de risque, génétiques, endocriniens, immunologiques sont susceptibles de s’exprimer à un moment ou à un autre du processus. La description fine des sous-systèmes qui interviennent dans ce processus complexe peut permettre d’étudier l’impact d’une action aux principaux niveaux quand une prévention est impossible, en particulier celui du Cortico-Releasing-Factor (CRF) par des voies médicamenteuses et génétiques chez l’animal. La question de la restructuration progressive, par la psychothérapie, d’un système perturbé a également été abordée.

Quelles sont les recherches qui peuvent être menées ? Au niveau de la clinique humaine, il faudrait assurément arriver à croiser dans des études longitudinales prospectives des données événementielles, des données d’action, des données d’environnement et des données biologiques, concernant en particulier le cortisol et les paramètres immunologiques. Les autres niveaux concernent le répertoire de l’ensemble des acteurs potentiels (médiateurs de l’immunité, neuromédiateurs, hormones), leurs interactions, leurs conditions d’activation et d’inhibition et les processus corrélés, ainsi que les expérimentations animales qui peuvent tester un effet particulier . Des recherches fondamentales associées à des recherches cliniques et expérimentales sous forme de réseaux pluridisciplinaires de recherche apparaissent ici indispensables pour comprendre les interactions des différents processus biologiques et psychologiques reliant le stress et l’immunité, en fonction des différents types de stress et des nombreuses disciplines impliquées.

Les interventions de ce colloque peuvent être consultées sur le site Psydoc-France à l’adresse suivante :
http://psydoc-fr.broca.inserm.fr/colloques/cr/Stressimmunite/stressimun.html A la suite de ce colloque, les travaux suivants sont prévus :
- Un article en cours de rédaction pour Médecine Sciences et revues psychiatriques (C. Jacque, JM. Thurin).
- Un projet d’ouvrage à l’initiative des organisateurs du colloque
- Des réseaux de recherche à organiser. Un appel est lancé à tous ceux qui voudraient proposer des recherches dans ce domaine et s’y impliquer. Ils peuvent s’adresser à JM. Thurin (jmthurin@internet-medical.com) qui fera le relais.


Dernière mise à jour :

Dr Jean-Michel Thurin