LA CONSCIENCE ENTRE CLINIQUE ET RECHERCHE

(OBJET D'ÉTUDE, «CONSTRUCT», MIRAGE OU MYTHE?)

Coordonnateur : Dr Robert PALEM (France)

Notre groupe se propose, soutenu par les idées de H. Ey, d'initier une réflexion générale sur la conscience dans cinq communications à travers lesquelles on peut percevoir une progression naturelle ou didactique entre les formes primitives de la conscience, telle qu'elle émerge à partir de sensations corporelles, jusqu'à des formes «libres», ou prétendues tellles, de conscience réflexive.

Cela ne conduira pas à une synthèse du problème (en supposant qu'une telle chose soit possible) mais à de nouvelles orientations de recherche. Notre souhait est que d'autres rejoignent le groupe pour une discussion renouvelée sur ce sujet en d'autres lieux.

Jean-Claude COLOMBEL: La réanimation ou la conscience incarnée. p.9

Résumé: Lieu de crise, lieu de violence, lieu de dépendance extrême, tout service de Réanimation est d'abord un espace d'affrontement entre mourir et survivre. Dans cet entre-deux où l'urgence du geste répond à la plus grande détresse physiologique, toute complication induit un risque supplémentaire de dé-subjectivation du Patient.

Tout se passe comme si, poussé vers ses terres biologiques, l'appareil psychique n'avait d'autres moyens d'expression que la re-somatisation des affects.

Malgré l'amnésie ultérieure qui est la règle après un séjour en Réanimation, les quelques fragments mnésiques retrouvés lors de psychothérapies confirment cette " incarnation " de la conscience.

 

Pr Michel de BOUCAUD, J. BOUISSON L. SANCHEZ: Conscience de soi, conscience du trouble. p.21

Résumé: la conscience en tant que dynamique fondamentale de la vie psychique nous amène constamment à la problématique des rapports entre conscient et inconscient. La clinique psychiatrique et psychopathologique confronte le sujet à la conscience de soi. Et la conscience des troubles &endash;dont le niveau est très variable- concerne le vécu intérieur, l'évolution de l'attitude vis-à-vis des diverses thérapeutiques.

Nous proposons d'aborder les rapports entre conscience de soi et conscience des troubles dans des pathologies psychiques déréalisantes.

 

 

Patrice BELZEAUX: Le Négatif et le Positif dans "La Conscience" d'Henri Ey: forme, figurabilité et sens. p.35

Résumé:La distinction, issue de Jackson, des Troubles Négatifs et des Troubles Positifs, que deux ou trois générations de psychiatres ont fréquentée au travers du "Manuel" de Ey, Bernard, Brisset, a été très précocement associée par Ey aux troubles primaires et secondaires de Bleuler. Cet abord des troubles mentaux a fini par perdre son sens dans un systématisme trop classique. De même, les travaux contemporains reprennent cette distinction, mais dans le sens affaibli de troubles déficitaires et de troubles productifs. Nous aimerions sortir de ces deux écueils, qu'Henri Ey lui-même n'a pas toujours évités, pour gagner la compréhension du Négatif et du Positif telle qu'elle se trouve développée dans l'ouvrage majeur de Ey: "La Conscience". Sortant du modèle binaire Sommeil-Rêve, Organo-Dynamique au sens littéral, Ey ne propose rien de moins qu'une "philosophie" de la Forme, de la Figurabilité et du Sens. Esquisse de quelques conséquences où la clinique et la recherche scientifique ont tout à gagner.

 

Robert M. PALEM: A-t-on besoin d'une théorie de la conscience pour élaborer une théorie des délires? L'exemple d'Henri Ey. p.57

Résumé: Peut-on tirer parti de la connaissance clinique de la psychose pour mieux élucider la Conscience en général (nature, fonctions, corrélats, limites)? La longue méditation de Ey: exemple? modèle? impasse? ; actuelle? dépassée? prématurée?

 

Philippe PRATS: Conscience, volonté, désir. p.69

Résumé: On oublie trop souvent que la théorie psychiatrique Eyienne se double et se fonde dans une dimension de sens qui est proprement philosophique. Elle pose le problème de la possibilité d'une ontologie alors même qu'est mise en question la notion de conscience au profit de celle de «devenir conscient». Le devenir conscient instaure un arrêt dans le flux incessant de notre «soi-chair». Cette histoire qui est celle d'une Histoire naturelle de la folie est aussi celle d'une histoire naturelle du devenir conscient qui préfère sombrer dans la folie plutôt que de perdre sa seule liberté qui est celle d'actualiser son Moi en l'inventant. Le regard sur la folie en est renversé, elle est aussi une actualisation du Moi dans le devenir conscient.

LE SÉMINAIRE D'AULNAY SOUS BOIS:

Etienne Balibar: L'invention européenne de la conscience de soi. p.83

Le discours a une histoire dont on peut retracer la généalogie si ce n'est la structure. Ainsi, la conscience, ce concept populaire qui appartient au discours savant comme au discours commun, définit avant tout un rapport à soi. Cette référence au rapport à soi existait dans les langues anciennes: grec, latin. L'invention européenne de la conscience apparaît comme un grand mouvement historique, dans lequel s'enchaînent plusieurs épisodes appartenant essentiellement à la modernité, même s'il a des arrière-plans théologiques ou philosophiques plus anciens. Balibar retrace les traductions et passages de termes dans les différentes langues philosophiques européennes, qui reflètent ce mouvement Saint Paul, Saint Augustin, Locke, Malebranche, Freud, Merleau-Ponty...sont convoqués.

 

PSYCHIATRIE DES CHAMPS

Jacques Chazaud: Moreau et Ey p.107

Résumé: Moreau (de Tour) a-t-il été le Jackson français comme l'affirme H. Ey en 1947? Pas si sûr. Plus proche, semble-t-il, de Pinel et de Broussais pour l'importance donnée à l'Excitation, paradigme du moment.

Les rapports rêve-sommeil, hallucination-délire ne sont pas si simples, non plus. Ey y a trouvé son inspiration, mais y a aussi et surtout apporté ses idées, variables et évolutives selon les saisons (1932-34, 1943, 1946-47, 1975).

LE CABINET DE LECTURE:

Claude-Jacques Blanc: Langage et psychopathologie des délires; À propos de «Psychopathologie du discours-délire; L'un sans l'autre.» de Adolfo Fernandez-Zoïla. p.131

 

À propos de "Une psychiatrie philosophique; l'organo-dynamisme comme anthropologie" de Ph. Prats