La Conscience II. Unité et pluralité de la conscience

 

Préambule

 

R.M. Palem : Les deux consciences d'Henri Ey... et les autres.

Prenant le prétexte d'une présentation de la réédition d'un texte peu connu de Ey, l'auteur dit n'avoir d'autre ambition que de repérer dans le gôta scientifique de ce début de 3ème millénaire les auteurs qui expriment des idées qu'aurait pu faire siennes le Maître de Bonneval, au vocabulaire prés. Et de rappeler des préceptes eyiens qui pourraient éclairer ou élargir leurs pratiques ; ce qui revient au même. L'accent est ici mis sur le susbstratum cérébral et biologique de la conscience pour un Organodynamisme qui soit vraiment un terrain de rencontre acceptable pour les interlocuteurs du jour : les spécialistes des neurosciences réunis en congrès à Paris, par l'Académie Européenne Interdisciplinaire des Sciences, en avril 2002, auquel l'association était invitée (voir plus loin).

Mots-clés : Organodynamisme, H. Ey, Modèle, Neurosciences,Neurobiologie, Conscience, Edelman

 

H. Ey : Des troubles de la conscience à la structure de l'être conscient.

Un an avant la parution de son maître livre (La conscience, 1963) et en hommage à M.Bleuler, H.Ey évoque la particularité de sa conception de la conscience, reposant sur les deux sens extrêmes du mot (en latin et en allemand). Et pour résumer et conclure avec force que " C'est la temporalité qui est l'essence de la conscience ".

Mots-clés : Conscience, BewuBtsein, Loi morale, Raison, Vécu, Déstructuration, Temporalité, Organisation,

 

J. Birenbaum : Des monistes ontologiques aux dualistes opératoires

Etrange texte que celui de J. Birenbaum, en hommage sincère à son maître, reprenant, dans son langage, l'antique question des rapports entre l'Esprit et le corps, devenue plus précisément celle des rapports cerveau-Psyché. Séduit, chez Ey, par les arrières-pensées dynamiques et ouvertes (influence de Bergson) et d'isomorphisme complémentaire du champ de la conscience et de l'organisation du cerveau (influence de Ruyer) ; mais semblant trouver dans le nécessaire (?) clivage de la pratique thérapeutique le démenti de ses choix ontologiques, pour le plus grand bien du malade. Tout est donc (presque) bien qui finit bien.

Mots-clés : Conscience, Organisation, Isomorphisme, Monisme, Dualisme, Organodynamisme, H. Ey, Modèle.

 

Petit courrier des lecteurs de La Conscience 1963 (Archives)

Extraites des Archives H. Ey voici quelques lettres d'éminentes personnalités adressées à H. Ey lors de la parution de la première édition de la conscience. en 1963. P. Fraisse, Cl. Levi Strauss, R. Ruyer, P. Guiraud, M. Jouvet, G. Siménon...etc

Mots-clés : Archives, Histoire, Documents, H. Ey, Conscience.

 

Cl.J. Blanc : Le Sujet, l'être et le devenir conscient. A propos de la 2°édition de « La conscience » de H. Ey.

Le sens et la portée de cet article sont résumés par CJ.Blanc lui-même dans une post-face écrite en juin 2002 à laquelle le lecteur est donc prié de se reporter (Vide infra) Toutefois, on peut y voir exposés aussi, sous l'œil aigu du disciple, les trois principes clés de la neurobiologie anthropologique de Ey : 1° le principe d'inscription des théories finalistes dans lesquelles le cerveau est instrument, système effecteur… 2° le cerveau n'est ni un objet, ni même un organisme vivant comme les autres. Il est le générateur et l'ordinateur de la liberté, du choix et des valeurs 3° l'isomorphisme complémentaire.

Mots-clés : Conscience, H. Ey, Anthropologie, Ontologie, Organodynamisme, Structure, Modèle, Ricoeur, Freud,

 

Ph. Prats : Ey après Locke et Hume

Ph.Prats, philosophe, nous indique que Hume, à son avis, a une importance au moins égale et une parenté plus assurée avec l'inspiration de Ey. Question ouverte sans doute, si l'on veut bien observer que l'œuvre de Ey se dresse actuellement comme l'ultime rempart contre la déferlante des modèles nord-américains (DSM) dont on ne cesse de répéter qu'ils sont le pire condensat des courants empiriste et pragmatique auxquels sont associés, habituellement, les noms de Wittgenstein…et de Hume. Affaire à suivre donc et, déjà, une amorce de dialogue ici engagé avec les psychanalystes.

Mots-clés : Conscience, Organodynamisme, Ontologie, Descartes, Identité, Sujet, Empirisme, Imagination, La personne,Le langage.

 

Discussion : Locke entre Balibar, Prats et Chazaud.

R.M. Palem ouvre un débat-commentaire sur les positions de Locke, Hume, Ey et Freud, concernant la conscience, l'empirisme et le refoulement primaire.

 

 

J.Cl. Colombel : Eveil et conscience, dans un jardin perdu.

Suffit-il d'ouvrir les yeux pour s'éveiller, c'est-à-dire pour devenir un sujet supposé voir ? Suffit-il de retrouver sa pleine conscience pour saisir un présent descriptible et le relier au passé par dessus le coma ? A partir de l'observation d'une Patiente victime d'un anévrysme de la communicante antérieure, on découvre de multiples superpositions dans les évocations qui se présentent spontanément lors des entretiens psychothérapiques. Ces évocations ne sont soutenues par aucune association, ce qui pose la question de l'étendue de l'amnésie, mais également celle de la répétition inconsciente d'un traumatisme. Cependant, le caractère quasi hallucinatoire de ce qu'elle éprouve ne manquera pas d'être souligné. On notera la qualité particulièrement scénique de ce qui lui apparaît, émanant d'éléments de son cadre de vie antérieur, de l'accident vasculaire et/ou de la Réanimation, de l'effort qu'elle fait pour les rapprocher, de ses rêves de reconstruction. La question essentielle tourne autour de la notion de " continuité d'être " et de la cassure réalisée par un événement ayant soumis un sujet à un risque de mort.

Mots-clés : Agonies primitives, coma, conscience, hallucination, souffrance psychique.

R.M. Palem : La prise de conscience du point de vue du psychologue.

Prise de conscience de quoi ? avec ou sans le langage ? Anticipant Ey : " plutôt le langage pour la conscience que tout pour le langage ". Prise de conscience pour quoi faire ? et comment (par cadrage ou centrage ?), etc, Diverses opinions sur la question, dont beaucoup ont fait l'objet par le passé de débats et les beaux jours des sociétés savantes sont évoquées ici pêle mêle.

Mots-clés : Conscience, Langage, Psychothérapie, Piaget.

 

P. Belzeaux : La prise de conscience, entre le Sujet et la personne. Ey, Lagache, Lacan.

Un dialogue à trois dans les années 60 autour du Rapport de D. Lagache (Psychanalyse et structure de la personnalité) Rendant, comme J. Lacan, un hommage appuyé à ce travail, H.Ey va développer sa conception du Moi (opposée à celle de J. Lacan). L'homme ne peut être sans un Moi dans lequel le Sujet pourra se reconnaître, mais c'est au prix d'un incontournable devenir : " je suis ce que je dois devenir ". Il s'agit donc pour Ey d'être ce que je ne suis pas encore et que je ne serais jamais totalement. Nous sommes donc loin d'une conscience fascinée par un Moi, pontifical, autosatisfait, unitaire et complet comme le voudrait la vulgate. La conscience est un devenir conscient marquée par l'incomplétude. La " prise de conscience " dans le travail psychothérapique ou psychanalytique obéit aux mêmes limites : tension constante entre la reconnaissance symbolique et la précipitation renouvelée dans l'imaginaire. Le présent travail propose d'explorer ces coordonnées (Moi-Idéal et Idéal du Moi ; Œdipe et Négation ; Négativation et Liberté ; Structure et prise de conscience, Position dépressive…) au travers de quelques exemples cliniques issus de la pratique.

Mots-clés : Prise de conscience, Stade du miroir, Structure de la personnalité, Moi, Je, Devenir, Refoulement. Clinique psychanalytique.

 

M. de Boucaud : Conscience du trouble, conscience du temps: la dynamique du Sujet.

Le projet de ce travail est de situer la conscience du trouble et la conscience du temps au sein même de ce qui fait l'émergence du Sujet. Seront convoqués K.Jaspers et surtout H.Ey pour éclairer cette difficile question de la définition et de la constitution du Sujet, de son Moi et de son Corps. L'existence et la conscience du temps seront ensuite examinés dans la clinique de l'alcoolisme et ses modes d'organisation de la personnalité comme en témoigne la structure et l'analyse de leur récit. Le « Sujet de l'existence » dans sa relation à Autrui et « l'expérience du présent » permettent de mieux articuler la structure complexe du Sujet appelé par l'Autre dans un Temps constamment en devenir mais s'en saisissant dans la présentification.

Mots-clés : Conscience, Phénoménologie, Ontologie, Moi, Sujet, Etre, Temps, Alcoolisme, Récit, Présent, Présentification.

 

A. Fernandez-Zoïla : Langage et théorie de l'esprit. Psychopathologie et pragmatique.

L'auteur propose une analyse du langage, de sa place, de ses effets et de ses productions dans la clinique psychopathologique. Il invite à penser un triple renversement : le langage n'est pas un instrument au service de la pensée mais une activité créatrice de formes discursives, de forces illocutoire, de fines particules sensibles particulièrement dans les formes concrètes de l'affectivité. Parler est un acte ; dire c'est faire (Austin, Searle). La pragmatique rapportée au discours psychopathologique permet une microanalyse des effets créateurs des mots, des charges affectives qu'ils véhiculent, des intensités souteraines qu'ils véhiculent. La dialogie est une source complémentaire d'analyse du discours et du fait psychopathologique : des dialogies passives non saturées aux soliloquies, des intercommunications au discours intérieur, la place dévolue dans le langage aux pronoms personnels est d'une importance majeure dans le rapport du Je et de l'Autre, du Sujet et du Monde, de l'intrasubjectivité à l'intersubjectivité. C'est tout le " Sentir " humain qui se trouve créé et porté par ces microphénomènes énergétiques et affectifs inapparents , de l'illocutoire et du perlocutoire. Tout un champ à explorer dans une phénoménologie des actes et des effets du langage parlé.et de l'écriture.

Mots-clés: Langage, Psychopathologie, Pragmatique, Austin, Dialogie, Illocutoire, Perlocutoire, Sentir, Phénoménologie.

 

M. Bitbol : Vivre ou décrire?

Prenant pour base de discussion le livre d'Edelman et Tononi (Comment la matière devient conscience) et la Neurophénoménologie de Francisco Varela, M. Bitbol souligne que décrire les conditions neuronales de la conscience n'est pas la même chose que les vivre. Il pense qu'une science de la conscience qui n'ait pas la conscience pour objet est concevable et compare les statuts des sciences physiques et des sciences de l'esprit. Il en tire des conclusions paradoxales et stimulantes.

Mots-clés: Conscience, Sciences physiques, Objectivité, Neurophénoménologie. Modèle. Edelman, Varela

 

R.M. Palem : Explosion actuelle de l'intérêt pour la Conscience...Etat, résultats, projets. A propos du Congrès International de Paris (25-27 avril 2002)

Où en est-on du vieux débat subjectif-objectif après le Congrès international pluridisciplinaire sur " Biologie et Conscience " de Paris (25-27 avril 2002, au Conservatoire des arts et métiers ?) auquel participaient, entre beaucoup d'autres, G.Edelman et B.Baars (San Diego), M.Jouvet et J.Delacour (France).

Notre correspondant, sans pouvoir rendre compte de toutes les communications faites (et marquant, semble-t-il, un intérêt particulier pour Edelman, Delacour et Bitbol) a cru relever : 1) un certain consensus général pour refuser l'irréductibilité (inviolabilité) de la conscience phénoménale 2) l'importance cruciale, structurale, de la Mémoire, " qui prend toute la place ", dit-il. On semble reporter sur la mémoire ce qu'on a retiré à la conscience comme instance organisatrice. L'être de mémoire devient ontologiquement parlant presque identique à l'être conscient, au devenir conscient (intégration du passé, projet, plus-être…). Mais on est beaucoup moins disert ou assuré sur les problèmes du Sujet, du Libre-arbitre et de l'Inconscient, toujours vacants.

Mots-clés: Conscience, Neurobiologie, Phénoménologie, Mémoire, Organisation, Ontologie.

 

Pages d'histoire:

 

J. Chazaud: John Locke et l'auscultation de l'entendement.

Locke a été remis à la mode (à juste titre) par Etienne Balibar et repositionné par rapport à Descartes, peu lu mais toujours cité. Les médecins ont un préjugé favorable pour Locke, qui était lui-même médecin. J.Chazaud nous en présente ici l'étonnante carrière, marquant qu'il est impossible de faire l'impasse sur l'intérêt médical de Locke (et sa pratique) sur l'élaboration de sa pensée.

Mots-clés : Conscience, Histoire de la médecine, médecine et philosophie, Association des idées, Self.

 

Ch.Poirel : Wilder Penfield et Henri Ey : deux grands destins entrecroisé de l'histoire de la Neurologie et de la Psychiatrie.

Penfield, comme Ey, a puisé dans l'expérience intériorisée de la souffrance humaine une véritable science de l'altérité fortifiée au creuset de la recherche médicale la plus rigoureuse. Plutôt que de voir dans leurs écrits l'organicisme (matérialiste ou dualiste) qu'imposerait tout naturellement la matérialité de la masse cérébrale chez le neurochirurgien, la pesanteur de la psychose chez le psychiatre, Ch.Poirel préfère expliquer pourquoi le chapître de l'Epilepsie (dont Ey a pu dire qu'elle était « la clé de voûte de tout le système psychiatrique ») tracera pour la recherche médicale une ligne de faîte mais aussi de rupture entre la neurologie et la psychiatrie. Il lie le paradigme de l'Organodynamisme au problème corps-esprit, mais pense que la validité conceptuelle de l' Organodynamisme peut aussi se fonder, sans référence à la psychiatrie, à partir de la seule psycho-physiologie. Par rapport aux développements actuels des neurosciences et de la neurophilosophie, l'Organodynamisme serait très relativement compatible avec le traitement substantialiste de la conscience mais radicalement incompatible avec le traitement logistique de la pensée.

Mots-clés : Neurochirurgie, Epilepsie, Histoire de la médecine, Médecine et philosophie, Anthropologie, H.Jackson, Organodynamisme, Corps psychique, Conscience, Centrencéphale, Epistémologie, Neurosciences, Psychophysiologie

 

Cabinet de Lecture

« Comment la Conscience contrôle le cerveau » de J. Eccles par R.M.Palem

« Conscience et cerveau. La nouvelle frontière des neurosciences » de Jean Delacour, par R.M.Palem

« Neurophilosophie » de Patricia Smith Churchland, par J. Chazaud

 

Informations

 

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