Humeur : chronique quotidienne de Simon-Daniel KIPMAN



Archives Octobre 2000

Mardi 31 octobre 2000
Je suis en vacances. Les vacances de la pensée (immédiate, comme je le disais un jour précédent;) me font associer sur l'attention flottante. Celle-ci nous met en condition de reproduire tout le processsus de naissance et de developpement de la pensée? c'est à dire nous met en condition de penser vraiment, sans le carcan des presupposés et des schémas sociaux culturels obligapoires.SDK


Lundi 30 octobre 2000
Nul n'est prophete en son pays, dit-on. Mais sommes nous vraiment prets a entendre les prophetes venus d'ailleurs. J'ai sous le bras quelques ouvrages sud américains que pour des raisons mercantiles il parait bien difficile de faire publier en français.
On a aussi bien du mal a donner une suite au congrès du jubilé ou l'on a pu constater (en tous cas ceux qui s'y sont promené) combien nos collègues étrangers sont prêts à nous communiquer leur savoir. SDK


Dimanche 29 octobre 2000
Albert Camus vient à ma rescousse. " Notre tache d'homme est de trouver les quelques formules qui apaiseront l'angoisse infinie des âmes libres." ( Noces) C'est effectivement une tache répétitive, fastidieuse et jamais tout a fait terminée, même s'il faut toujours très vite passer à une autre angoisse, à une autre formule. SDK


Samedi 28 octobre 2000
Il est bien difficile d'échapper aux réalisations pratiques, surtout quand on se sent d'humeur à théoriser.Sans cesse une demande, une échéance, un probleme vient vous rabattre sur des actions quotidiennes, sinon répétitives.
Au dela du tale,t, des goûts ou des propensions de Les soignants sont de ceux la. SDK


Vendredi 27 octobre 2000
Guy Baillon, dans sa préface au livre de madame Quartier Frings écrit "on ne trouve pas les mots pour dire en quoi le malade est malade", c'est bien pourquoi il nous faut nous référer à un système hypothético-déductif logique, incomplet mais satisfaisant pour appuyer une clinique ce qui est malade ; ce qui ne l'est pas ; ce qui le devient, ce qui s'en éloigne. La description et le diagnostic ne peuvent s'établir qu'a partir d'un modèle. Certains sont plus dynamiques que d'autres. SDK


Jeudi 26 octobre 2000
Ce que je disais hier est verifié dès qu'on parle de clinique. Si on ne prend pas la précaution élémentaire de bien préciser ce qu'est une classification, si on ne classe pas celles ci dans des rubriques argumentées, on ne s'entend évidemment plus. SDK


Mercredi 25 octobre 2000
Je suis très souvent surpris parceque on ne peut débattre de rien sans être obligé de faire une sorte de rappel préalable de quelques idées épistémologiques simples. Sinon on ne fait que renforcer la cacophonie. Mais si on le fait, on devient un raseur et on n'est plus entendu. SDK


Mardi 24 octobre 2000
J'entend ce matin sur une radio, l'ineffable Jean maris Spaeth. Il dit " nous" (qui ? lui, la sécu? la CFDT? le MEDEF?) allons pouvoir, grâce aux moyens de la securité sociale "organiser" le système de soin qui "est trop individuel". Par exemple, les médecins de ville sont trop indépendants vis a vis de l'hôpital. Il va donc pouvoir organiser, grâce a l'argent retrouvé, "et même être plus près de la population " ( qui ? lui, la sec. soc. ? la CFDT? le MEDEF ? En tous cas pas les médecins trop individuels) Formidable. Enfin Monsieur Spaeth a compris quelque chose : il a compris ce qu'était le " managed care ", la réduction de la médecine a des procédures anonymes et collectives, au moindre coût . On parle de "santé morte" jeudi .... comptons sur lui pour tout faire, y compris des bêtises, pour la tuer. SDK


Lundi 23 octobre 2000
Que faire quand on n'a plus la clinique, si ce n'est se contenter de distribuer des soins et des traitements sans référence a quoi que ce soit d'autre que ce qu'il y a en stock ? SDK.


Jeudi 19 octobre 2000
En effet, le groupe n'était pas nombreux, et la discussion difficile. Sans doute n'ai-je pas été assez clair dans l'énoncé (que l'on trouvera peut etre sur le site AFP, s'il n'a pas été transmis au site Psydoc-France ). Je suis un trop vieux militant de la psychiatrie pour ne pas me sentir stimulé par ces difficultés. SDK


Mercredi 18 octobre 2000
Je dois ce soir amorcer, avec Michel Botbol, un groupe de travail sur la clinique. Il me semblait que ces questions remuaient la majorité des psychiatres. Mais il y a fort peu d'inscrits. Sans doute faute de publicité ? ou d'intérêt? ou de manque de confiance des confrères sur mes aptitudes d'animation ? SDK


Mardi 17 octobre 2000
Il semble que le territoire des démences fasse l'objet d'un partage peu convaincant : aux neurologues l'assise diagnostique, et aux psychiatres la gestion du soin, les uns reculant devant leur fonction soignante, les autres ayant peur ( ?) de leur clinique. SDK


Lundi 16 octobre 2000
L'odeur du sang serait-il un puissant stimulant passionnel ? Les événements du Moyen Orient, comme il y a peu ceux de Yougoslavie (le sang africain parait moins excitant), entrainent les gens, et les journalistes qui sont des gens comme les autres, dans des pseudo analyses pleines de passion, sans sens commun et sans le moindre recul.
Quand nous, psychiatres, sommes confrontés a ce genre de difficulté, qu'il s'agisse de drames familiaux ou de difficultés de nos pratiques, parvenons-nous toujours a raison garder? SDK


Dimanche 15 octobre 2000
Dans quelques jours, les médecins vont fermer leur cabinets. C'est un préalable, pour se compter, pour évaluer la combativité des collègues. Mais ce n'est qu'un préalable car c'est une action necessaire, mais NEGATIVE. Il faut aller de l'avant, informer, élaborer des stratégies de sortie de crise et des strategies d'avenir.


Samedi 14 octobre 2000
Se poser des questions, entretenir la vie de la pensée, certes... mais ce ne saurait rester des débats académiques, de fin de soirée ou de fin de semaine. Cela ne devrait pas avoir d'autre issue que de déboucher sur un travail constructif, des propositions, des offres... SDK


Vendredi 13 octobre 2000
Comment garder l'espoir, qu'il s'agisse des espoirs placés dans la nouvelle économie, des espoirs de paix au Moyen Orient, des espoirs dans un renouveau de la psychiatrie quand tous se contentent de constater la dégradatiopn de la situation, de s'en plaindre sans fournir de solutions possibles ( si ce n'est des postes et des crédits). On se ridiculise a en rester là. SDK


Jeudi 12 octobre 2000
Faute d'arguments etayés, certains apotres d'une certaine médecine se contentent et se satisfont d'arguments d'autant plus virulents qu'ils sont faux. Je reçois par exemple, par le biais d'un confrère, le libellé paraissant plusieurs fois par an, où tout ce qui fait le systeme de distribution de soin francais (la securité sociale, les mutuelles etc) est taxé d'illégal, de répressif.
Ce n'est pas défendre ou promouvoir le libéralisme économique que d'utiliser ces arguments. C'est chercher a l'imposer de manière terroriste, en inhibant la pensée de l'autre. SDK


Mercredi 11 octobre 2000
Les scandales n'ont pas tous la même importance, mais le fait que le film d'Arnaud DESPLECHIN qui s'appelle Esther Kahn ne sorte que dans un seul cinéma, qu'il n'ait pas une presse dythirambique est, pour moi un scandale. Voila un film ambitieux, intelligent, qui rend compte de délicats problèmes psychiques en utilisant une fiction astucieuse qui va passer en silence ou presque, alors que non seulement il s'agit d'un film important, mais encore ( je ne perds pas de vue le lieu ou j'écris) il devrait passionner les psychiatres. Les phénomenes psychiques ne sont pas visualisables : allez voir Esther Kahn Le clivage ne se rencontre que dans des documents psychopathologiques : allez voir Esther Kahn; La discrétion est incompatible avec le cinéma : allez voir Esther Kahn. SDK


Mardi 10 octobre 2000
De temps en temps, on entend parler du modèle anglais, qui, après le passage du cyclone Thatcher, serait capable de rendre autant de service avec moins de psychiatres et pour moins cher. Il y a quelques temps, j'avais lu dans la presse que nos collègues anglais prenaient leur retraite avant l'âge. Maintenant, un autre écho annonce que les médecins anglais se suicident deux fois plus que la moyenne de la population, et les infirmières quatre fois plus. Bon signe, et bon modèle. SDK ( paru dans Impact médecin.)


Lundi 9 octobre 2000
Quelles associations sur Yom Kippour s'imposent à moi : le moment, unique, des bilans alors que je songe à réorienter mes activités (cela s'appelle la retraite ? mais c'est peut être aussi une offensive.), et la guerre de Kippour alors que les mêmes lieux sont soumis a des tirs croisés.
La psychiatrie n'est pas loin de ces associations . D'un coté, dans ce moment de mutation d'exercice nous devons nous interroger sur notre bilan : qu'avons nous fait pour permettre cette effarante invasion de l'économique et du marché dans nos pratiques ?
De l'autre, il nous faut tenir compte de cet environnement social et culturel (cultuel?) et réorienter nos pratques en en tenant compte : on ne peut plus réanimer, par exemple, le secteur, sans relier cette réanimation à la dérive entrepreneuriale des établissements. SDK


Dimanche 8 octobre 2000
Sans doute marqué par la journée de Grenoble, je ne peux que, avec des amis, passer les événements récents du Moyen Orient, que les passer à la moulinette de la même grille d'analyse que les soi disant progrès de la psychiatrie.
Cette grille n'est pas incompatible avec les données psychanalytiques, et même s'en inspire..... et pourtant cherche à se dégager des stimulations émotionnelles que nous dispensent les média et dont se servent les politiciens. SDK


Samedi 7 octobre 2000
Encore une réunion. Il y a très longtemps, des pères del'AFP/SPF m'avaient encouragé à devenir un VRP de la psychiatrie. Ce que je fais, trop au goût de certains plus paresseux ou plus conservateurs.
Il s'agissait, ce matin a Grenoble de participer a une journée organisée sur place pour l'AFP par Monique Vanin, et de confronter des points de vue sur la modernité en psychiatrie. Passionnant. SDK


Vendredi 6 septembre 2000
Je mets la derniere (ou l'avant derniere ) main au compte rendu de mon voyage a Lima, et je suis frappé par l'importance de l'attente ou de la demande de nos collègues sud américains. Ils nous surestiment certainement, mais cela nous crée des obligations de réponse.
Et je me rend compte qu'apporter une réponse, même partielle, même limitée à cette attente, nous impose pas mal de travail, bénévole et excitant.
Et quand je dis nous, cela signifie ni moi tout seul, ni quelques délégués sur lesquels on se dechargerait de nos responsabilités., mais l'ensemble des psychiatres francais dont tous les avis, toutes les productions sont lues et étudiées par nos collègues, par nos mais. SDK


Jeudi 5 octobre 2000
Je ne sais pas pourquoi, un retour sur mon passé me vient, et m'oblige à me demander pourquoi j'ai consacré tant de temps à (voila que je ne sais comment dire) "promouvoir la psychiatrie", et si ça a servi à quelque chose. De toute façon, ce n'est pas à moi de répondre ; aussi en resterai-je là. SDK


Mercredi 4 octobre 2000
Je ne sais pas si le monde est fou, mais entre la guerre au Proche Orient, les cassettes péruvienne et francaise, les bizarreries éléctorales en Yougoslavie ou en Guinée, il est difficile de croire à la possibilité d'une politique même partielle en faveur de la santé mentale.
Et pourtant nous devons croire à cette utopie pour continuer, de jours en jours, à recevoir des patients, à se décarcasser pour les aider, les soigner, les traiter, et résister aux contraintes qui nous sont faites. SDK


Mardi 3 octobre 2000
Je ne voufrais pas passer poiur un imprécateur. La psychiatrie, comme le reste du monde, fourmille d'imprécateurs qui sont d'abord CONTRE puis donnent des solutions simples, extrêmes et n'y participent jamais. Pourtant, il me semble que, actuellement, il faut crier, au détriment de la qualité du message, pour se faire entendre. Cela signifie qu'il faut peut être, sans doute, sortir et depasser nos pratiques syndicales habituelles. SDK


Lundi 2 octobre 2000
Le mouvement psychiatrique devant cette lame de fond visant a faire disparaitre le soin au profit (sic ) de la consommation déclenche un refus mondial (est-ce aussi cela ma "mondialisation ") des professionnels. C'est le sens de mes rencontres en Amérique du Sud, celui des remaniements de l'APA, celui des mouvements qui traversent l'Association mondiale de psychiatrie. SDK


Dimanche 1 octobre 2000
Jamais la psychiatrie n'est devenue aussi sociale, je veux dire politique, car nous somme pris dans les rets d'une politique néfaste à la santé . Les soins sont considérés comme de simples produits de vente, et les médecins comme des intermédiaires dont, si l'on pousse la logique à son terme, on devrait se débaraaser pour laisser la place à la vente directe ( des produits, des assurances) par quelques multinationales en lutte entre elles, par le biais de portails internets. On blémit, on frémit, on se révolte. SDK



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Dernière mise à jour : lundi 2 octobre 2000 18:58:43

Dr Jean-Michel Thurin